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ENTRETIEN AVEC… Pape Malick Diop, ex-capitaine des Lions (Guingamp, L2 France) : «Il ne me reste qu’un an ou deux…»

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ENTRETIEN AVEC… Pape Malick Diop, ex-capitaine des Lions (Guingamp, L2 France) : «Il ne me reste qu’un an ou deux…»

Même s’il est absent de la «tanière» depuis un an et demi, l’ancien capitaine des Lions n’hésite pas à poser son regard sur la sélection nationale. Pape Malick Diop analyse la Can 2006 de Laye Sarr et Amara Traoré, le choix du futur sélectionneur et les jeunes qui frappent à la porte. C’est un regard de capitaine, mais aussi celui d’un pré-retraité qui se verrait bien entraîneur dans quelques années.

Cela doit être dur de rester plus de 18 mois sans porter le maillot de l’Equipe nationale ?

Oui ! Cela me manque trop et c’est normal parce que je suis avec l’Equipe nationale depuis plus de 10 ans. Ma première sélection, c’était face au Mali juste avant d’aller jouer le Cabral en Mauritanie (en 1995). J’avais à peine 21 ans. Quand tu es habitué à la sélection, cela devient comme une drogue, tu ne peux plus t’en passer. Ce qui atténue ma déception, c’est de me dire que si je n’y vais pas, c’est à cause de mes blessures et non à cause de mes performances. J’aurais eu plus de mal à vivre une non-sélection si c’était dû à mon rendement sportif.

De toute façon, je garde tout le temps contact avec l’équipe, le staff et les joueurs. Je vais les voir souvent quand ils jouent. J’étais à Créteil lors du match Sénégal-Cameroun (0-1) et aussi à Dakar pendant les derniers matches des éliminatoires de la Can 2006. C’est aussi une façon de rester avec le groupe.

Vous aviez des nouvelles du staff pendant votre indisponibilité ?

Oui ! Abdoulaye Sarr et Amara sont venus jusqu’à Guingamp me voir. Une fois, je suis allé les voir à Paris, on a discuté de la sélection et de mon état de santé. C’était vraiment bien de leur part. Même pour la Can 2006, ils ne voulaient pas prendre trop de risques, parce que je recommençais à peine à courir, mais j’avais reçu ma pré-sélection en novembre. Malheureusement, je me suis blessé tout juste après.

Vous avez suivi la Can à la télé, qu’avez-vous pensé de l’Equipe nationale ?

C’est un peu compliqué (hésitant). Je ne sais pas… (il cherche ses mots). Au début, on était méconnaissables, mais on s’est ressaisis face à la Guinée (en quart de finale). On a fait un bon match. Même face à l’Egypte (en demi-finale), on a fait un très bon match. Mais, je ne sais pas, j’ai l’impression que certains joueurs n’ont pas été à leur niveau. On ne les a pas vus à cent pour cent. Diomansy (Kamara) m’a le plus surpris. Je trouve qu’il a été exceptionnel. Dans l’ensemble, l’équipe n’a pas été à son vrai niveau, c’était lié à la fatigue ou à autre chose. J’ai du mal à trouver ce qui n’a pas trop marché.

Est-ce que l’équipe n’a pas eu un problème de leaders avec votre absence, ou celle d’un Fadiga ou d’un Diao, etc. ?

Tout le monde est leader, comme tout le monde doit être capitaine, même si un seul porte le brassard. Chacun dans le groupe doit apporter sa contribution pour l’évolution de l’équipe. Le leader peut ne pas être le capitaine dans une équipe et ce sont les caractères qui doivent s’affirmer sur le terrain. Il faut toujours quelqu’un ou quelques-uns pour rameuter les troupes, comme Gattuso au Milan Ac qui n’est pas capitaine. A-t-on manqué de ça ? je ne sais pas… En tous cas, l’équipe ne pouvait pas manquer de leaders. Il y avait Lamine Diatta, Habib Bèye, Tony Sylva, Henri Camara, El Hadji Diouf etc. Ne me dites pas que ce ne sont pas des leaders. Normalement, ils doivent pouvoir résoudre tous les problèmes aussi bien techniques que psychologiques.

Pendant la Can, on a vu qu’il y avait, de la part de Abdoulaye Sarr, une volonté de rajeunir l’équipe. N’est-ce pas une façon de mettre la pression sur les cadres ?

La relève est incontournable en football. Le staff ne peut attendre que des joueurs prennent leur retraite pour préparer l’avenir. C’est maintenant qu’il faut le faire et cela ne doit pas nous faire peur. Cela me fait plaisir de voir Pape Malickou Diakhaté gagner la Coupe de la Ligue et faire de très bonnes performances en Ligue 1 et en Sélection. Franchement, je suis fier de ça, car je me dis que la relève est vraiment bonne et qu’elle peut valablement nous remplacer. Quand je vois Rahmane (Barry), je me dis que c’est le futur Fadiga. Grâce à Dieu, on a de bons jeunes joueurs, comme Babacar Guèye, Dino Djiba, «Papo» Diouf, et il faut s’en féliciter et préparer l’avenir avec eux. D’ici peu de temps, s’ils jouent plus ensemble, on peut avoir une bonne équipe.

Si la logique continue, vous risquez de ne plus être appelé en Equipe nationale…

Ah oui ! (rires)

L’Equipe nationale, c’est peut-être fini pour vous donc ?

Je ne sais pas. Pour tout dire, je me donne encore un ou deux ans comme professionnel. Si j’ai la possibilité d’être rappelé en Equipe nationale, je serais très content de jouer. Aujourd’hui, Bocandé ne joue plus, il n’est plus appelé. Demain, ce sera mon tour. Il y aura un moment, même si on m’appelle, je leur dirais honnêtement que je ne peux pas. Même avec tout le patriotisme qui peut t’animer, il faut se dire qu’il faut céder la place aux jeunes et leur permettre de vivre ce que tu as vécu. Dans cinq ans, tu n’entendras plus parler de Fadiga ou de El Hadji (Diouf), d’autres auront pris la relève. C’est inévitable.

Comment analysez-vous le charivari autour du choix du futur entraîneur de l’Equipe nationale ?

(Ironique) Ils disent qu’ils cherchent un entraîneur ? Moi, vous savez ce qu’on me demande, c’est de jouer. Tout ce qui est, relatif au choix de l’entraîneur, au ministère, etc., je ne connais pas. Je ne veux pas rentrer dans les détails, je joue au football et c’est tout. Mais si c’est pour donner un avis, je dis chapeau à Abdoulaye Sarr et Amara. Ils ont conduit l’équipe jusqu’aux demi-finales pour leur première expérience comme titulaires. Franchement, chapeau !

Vous pensez qu’ils devaient rester à la tête de l’équipe ?

Ah oui ! Il fallait au moins leur laisser du temps pour voir s’ils allaient faire évoluer l’équipe ou pas. On ne peut pas faire une évaluation de leur travail en moins de 6 mois. Je suis bien d’accord qu’en matière de choix d’entraîneur, il ne doit exister de privilèges ou de sentiments, mais sincèrement je trouve qu’on ne leur a pas donné assez leur chance.

Le fait de vouloir prendre un entraîneur étranger, c’est un désaveu pour les techniciens locaux…

C’est le choix du ministère ou de la Fédération. Ils peuvent même aller prendre un coach chinois. C’est leur problème. Ils peuvent prendre un Hollandais, aller prendre Rijkaard (l’entraîneur du Fc Barcelone), s’ils veulent. Je ne sais pas quelle sera la décision, mais je sais qu’il faudra la respecter.

Vous avez connu Schnittger, Metsu et Stephan…

(Il ajoute) Et le duo Amsata Fall-Boucounta Cissé…

… Quel doit être le profil du futur sélectionneur ?

L’entraîneur qu’on doit prendre, c’est celui qui peut faire évoluer l’équipe.

Comment ?

On veut quelqu’un qui puisse faire progresser l’équipe dans le palmarès, dans le jeu, dans tous les domaines. La progression, c’est en fonction des résultats, il faut un entraîneur qui ne veut que la gagne, qui puisse emmener l’équipe vers le haut. Le futur entraîneur doit imprimer sa marque. C’est un entraîneur comme ça qu’il nous faut.

Pensez-vous qu’un entraîneur pourrait redonner à l’équipe son niveau de 2002 à court terme ?

C’est possible. Franchement quand je vois le niveau des jeunes, je crois que c’est possible d’avoir une bonne équipe. Il faut que ces jeunes travaillent et relèvent le défi. Il faut qu’ils se disent qu’ils peuvent faire les mêmes performances que Fadiga ou Diouf.

Les jeunes doivent prendre la relève, donc la génération 2002, la vôtre, touche à sa fin ?

Pratiquement. On se dirige vers la fin. Quand ? Je ne sais pas. Mais si tu es proche de la fin, tu le sens et tu le sais. Au plus tard, ce sera dans un an et demi, deux ans. C’est inéluctable.

Et quels sont vos projets après la retraite ?

J’aimerais bien entraîner. J’ai commencé à suivre en France des formations et des ateliers pour exercer ce métier avec l’Unfp (Union nationale des footballeurs professionnels). C’est surtout parce que beaucoup de gens comme Amara (Traoré) ou Guy (Stephan) me disaient souvent que j’avais le profil, mais à la base, cela ne me traversait pas la tête. De toute façon, c’est quelque chose de plus pour moi, ce sera une connaissance de plus et je pourrai m’en servir après ma retraite.

Vous vous voyez prendre un club ou même l’Equipe nationale après ?

Je ne sais pas. Pour le moment, je le fais comme ça. On verra par la suite. C’est comme un placement retraite. Je veux juste continuer à travailler après ma retraite, même si c’est pour devenir maçon ou boulanger. Aujourd’hui, mes plus beaux moments, en tant que footballeur, sont derrière moi. La Coupe du monde est mon plus beau souvenir et je ne la rejouerai pas, car dans quatre ans ce sera fini pour moi depuis longtemps.

Est-ce qu’il y a un regret par rapport à votre carrière ?

Aucun. Je remercie Dieu d’avoir vécu ce que j’ai vécu comme football et d’avoir eu une telle carrière. J’ai suivi mon destin et je suis fier aussi bien en club qu’en sélection, car j’estime avoir mouillé le maillot. Le jour où je ne pourrai plus le faire, je céderais la place.

 



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