Le contrat de Laye Sarr et de Amara Traoré, devenu caduc depuis le 28 février, la «tanière» est sans chef. Le banc est vide. Officiellement, il est inoccupé. Et la sélection marche pour l’heure sans tête. Sans penseurs, sans techniciens choisis pour conduire ses destinées dans les éliminatoires de la Can 2008 qui débutent en septembre. Pour combien de temps encore ? Nul ne sait. Même si samedi, on en saura un peu plus. Car, le «Sénégal du foot» habitué aux interminables débats et autres palabres de ses dirigeants attend de voir. En attendant, rien ne se signale à l’horizon, sinon des questions sans réponses.
LAYE SARR ET AMARA TRAORE VONT-ILS CONTINUER ? Au soir du Sénégal-Norvège victorieux (2-1) de mercredi qui a remis en selle sa cote chez certains «fondus de la tanière», Laye Sarr, ému d’occuper peut-être l’espace médiatique pour la dernière fois, s’est permis d’entrebâiller la porte de l’avenir avec sa bande de jeunes Lions. «Comment à ce niveau de responsabilité, on ne peut pas avoir envie de continuer une œuvre qui n’est pas encore terminée. Etre à la tête de la sélection nationale, c’est une fierté», soufflait-il hier ému aux larmes. Soucieux peut-être de ne pas perdre sur un simple choix administratif, toutes ses années passées à poser les plots, à user ses culottes sur le banc de la «tanière». En tant qu’adjoint d’abord, en tant que coach ensuite. Des années de labeur au service d’ambassadeurs à la culotte courte qui lui ont procuré joies et peines, émotions et tristesses.
Tout un flot de sentiments diffus qui affluent au moment où on est tenté de lui désigner la porte de sortie. Au moment où il aspire à poser ses véritables empreintes sur «ses» malléables «Bisounours». Toutes choses qui poussent son adjoint, Amara Traoré, à encore réclamer du temps : «On ne peut pas faire des résultats en quelques mois. Cette équipe a besoin de grandir et il faut du temps pour ça», implore-t-il devant un peuple pressé qui crie sa soif de trophées. Mais cette quête d’un nouveau mandat ne poussera pas Laye Sarr et Amara Traoré à faire des «courbettes» devant les instances de décision. Auréolés de leur place de demi-finalistes à la dernière Can et de leur vécu dans la «tanière», ils refusent d’emblée de postuler comme des «débutants» pour (re)prendre les rênes de la sélection. «Nous n’allons pas déposer notre candidature. Car, nous avons prouvé ce que nous valons et les gens nous connaissent bien», soutient «Mamar». Préoccupé peut-être de montrer à l’opinion qu’ils ne sont pas seuls dans leur quête de statu quo. Que certains Lions roulent pour leur maintien.
POURQUOI LE SOUTIEN DES LIONS ? Il faut remonter loin dans l’histoire récente de la «tanière», aux derniers soubresauts de l’époque Metsu, pour retrouver cette réelle proximité entre joueurs et coaches. Durant leur court magistère (4 mois), Laye Sarr et Amara Traoré n’ont pas succombé au système libertaire de Metsu, ni tombé dans le froid rigorisme de Stephan. Maniant le bâton et la carotte, ils ont toujours su manœuvrer pour couver de leurs ailes protectrices des Lions, jeunes et moins jeunes. D’où, les expressions du genre : «Laye Sarr et Amara sont des grands frères pour nous» (Diouf).
En sus, ils ont joué sur leur statut précaire pour sensibiliser sur leur cas. Conséquence : ils sont nombreux, les Lions qui ne veulent pas se passer de leurs «sorciers noirs» après un si bref compagnonnage. A l’image de Diomansy Kamara, nouveau chouchou du «Sénégal du foot», révélé sous ses plus beaux atours sous l’ère Sarr-Traoré : «On a gagné pour les coaches, on est content d’avoir cette victoire, surtout pour eux. Car, pour nous, ils ont fait du bon travail et j’espère que cette victoire leur servira beaucoup», témoignait «Dio» au sortir de Sénégal-Norvège. En écho, le capitaine Diatta tirait dans le même sens. «Même si c’était un match de gala, c’était important de gagner ce match pour les enfants, pour nous, mais surtout pour les entraîneurs», se félicitait le sociétaire de Lyon. Que dire des «jeunes pousses» de la «tanière» qui ont eu le temps de pousser leurs premières feuilles sous les arrosages de ces deux jardiniers de leurs ambitions internationales. Ils «rêvent» tous de continuer à être bichonnés par ce «duo» afin de donner les fruits qu’espère tout le «Sénégal du foot». Dans ce déferlement pro-Laye Sarr, seul Moussa Ndiaye a préféré jouer en terrain neutre : «Je ne peux pas dire que je suis pour le maintien de Laye Sarr et Amara Traoré. Je ne suis vraiment pas habilité pour parler de ça. Je suis un joueur et non de ceux qui recrutent les entraîneurs. Mais quoi qu’il en soit, ils doivent privilégier les intérêts du football sénégalais.»
QUE RESERVE ALORS LA FEDE POUR SAMEDI ? Devant cette passe lumineuse d’un Moussa Ndiaye, pas très réputé dans le domaine, la Fédération sénégalaise de football (Fsf) a été confortée dans sa «tactique». Depuis la fin de la Can 2006, elle a refusé de s’emballer et d’entrer dans les débats stériles de fin de campagne. Elle a voulu prendre son temps de réflexion en attendant le précieux «bilan technique» que Laye Sarr et Amara Traoré ont déposé hier, vers midi, à son siège. «La particularité de la réunion (d’hier de la Fsf), c’est que nous avons à accueillir les deux coaches», renseigne Momar Ndiaye, vice-président chargé des compétitions nationales. Ainsi, la réunion du Comité directeur de demain devrait être décisive dans l’orientation que devra prendre l’avenir de la sélection nationale.
Mais on attribue à la Fsf une ferme volonté de doter une certaine linéarité voire logique à sa démarche. Elle aurait d’abord comme ambition de remettre sur pied une Direction technique nationale, laissée en jachère depuis la démission de Mama Sow, qui aura pour première mission de proposer des noms pour le poste de sélectionneur national. Momar Ndiaye confirme l’urgence fédérale : «L’un de nos chantiers les plus urgents est la mise sur pied d’une direction technique et, dès samedi, nous allons faire le tri des différentes candidatures.» Demain, la classe dirigeante du football sénégalais va statuer sur l’avenir de la «tanière». Avant de faire ses «propositions» à Daouda Faye, le ministre des Sports, à l’ouie tendue vers la réunion de samedi mais qui se garde encore de se «mouiller» dans une affaire de plus.
ET «VAVA» DANS TOUT ÇA ? L’opinion ne digère pas encore ces bisbilles entre la Fédé et la tutelle sur le choix du sélectionneur qui ont sérieusement ébranlé l’avant-Can 2006 des Lions sur la route des pyramides. Alors, à l’heure de se choisir un technicien pour conduire l’équipe dans la poule 7 des éliminatoires de la Can 2008 au Ghana, «Vava» semble avoir appris la dure leçon d’un désaveu récent. Il se refuse encore à créer une «crise artificielle» et de se «mouiller» dans une prérogative qui n’est pas dévolue au ministère. Publiquement, «Vava», comme subitement assagi, dit attendre «les bilans technique et administratif de la Fédé avant de voir, en compagnie du mouvement associatif, quelle orientation donner à l’Equipe nationale et au football sénégalais». N’empêche, le ministre des Sports pourra toujours sortir une de ses surprises dont il a le secret. Lui, qui n’a jamais caché son inimitié pour le tandem de coaches nationaux. Lui, le premier contempteur de sélectionneurs qu’il juge peu aptes à hisser le Sénégal vers les cimes du succès. Mais se risquerait-il d’entrer dans une énième crise aux conséquences imprévues ? En tout cas, «le Sénégal du foot» tend l’oreille pour écouter l’une de ses sorties comme celle d’hier où il se félicitait du jeu fourni par les Lions face aux Norvégiens. Sans piper un mot sur les coaches et leur avenir. Peut-être garde-t-il encore son plan secret ?
VA POUR UN «SORCIER BLANC» ? La volonté politique ne manque pas au sein de la tutelle. Et depuis la fin de la Can, les candidatures s’empilent au dessus de la «tanière». Parmi elles, celles de beaucoup de ces «sorciers blancs» qui rêvent de conduire la sélection sénégalaise.
Mais de sa main lourde, Mbaye Ndoye, le président de la Fsf, a vite fait d’écarter les poids plumes qui n’entrent pas dans son argumentaire lourdement sélectif : «Si on doit prendre un sélectionneur étranger, on ne choisira qu’un technicien compètent, avec un Cv respectable, qui a fait ses preuves ailleurs, capable de nous apporter un plus, comme gagner la Can 2008.» Exit donc, Bernard Lama qui, tout le long de la Can, multipliait les appels du pied à la Fédé. Exit Tom Sainfiet, ce belge de 33 ans, qui ne totalise qu’une maigre expèrience de 8 ans sur le banc sans jamais réussir un gros coup. Exit le fantasque Français Noel Tosi, ex-coach de…Amara à Gueugnon (L2, France).
Alors, derrière l’éternel Bruno Metsu, toujours hasardeusement présent quand le Sénégal se cherche un coach, il y a ceux qu’on cite toujours : Claude Le Roy (ex-sélectionneur de la Rdc), Henri Kasperzack. Et d’autres qui, à l’affût, attendent que la course au banc du Sénégal soit officiellement lancée.
En attendant, c’est encore le vide sur un banc des Lions, officiellement abandonné par un Laye Sarr qui ne rêve que d’y retourner.
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