Il était le bouffon de l’arène. Un cabotin qui régalait son public par des phases sorties de nulle part et s’en glorifiait. Habit neuf déchiré, la tête enfouie dans le sable, Gouy Gui poussait l’excès jusqu’au ridicule. Cette façon de marquer sa singularité lui avait valu pourtant de la sympathie. Impossible de s’abstenir de rire quand il donne sa date de naissance : «10-10-86 au Thiénéba.» Et son français chahuté : «On a des jeunes. Qui travaille ti paye, qui travaille pas ti paye pas. C’est force natirelle !»
Ce comique a conquis les cœurs des amateurs. Même si son show délirant tient plus du cirque, l’audace qu’il a eue en se lançant, pieds joints, dans cet univers a créé un lien avec le public qui l’aime pour ce qu’il est. Lors des batailles psychologiques face à ses adversaires, tout ce qu’on attend de lui, c’est sa maladresse dans l’expression. Normal, nous dit le docteur en sociologie Hadiya Tandian. «C’était son style, compte tenu de son niveau. La communication demande des termes. Il y a des termes techniques dans la lutte. Et quand on fait une sortie publique, il y a des termes qu’il faut utiliser pour exprimer son talent. Quand le lutteur ne les a pas, il est obligé de trouver des raccourcis qui ne sont pas adéquats», explique le sociologue.
Aujourd’hui, le lutteura fini degagner sa place dans la lutte avec frappe. Mais il est rattrapé par une maturité sans précédent. Tout ou presque a changé chez lui. Sérénité et confiance en soi ont rythmé ses dernières sorties. Appelé, lors du dernier face-à-face de débriefing de la première journée du tournoi Tnt, à expliquer sa défaite devant Tapha Tine, Gouy Gui a fait preuve d’une lucidité presque suspecte. «Ma défaite devant Tapha Tine est normale. Je vais vous raconter une histoire. La première fois que je l’ai vu, c’était lors d’un tournoi de lutte simple à laquelle je participais. Il était l’invité. J’ai demandé qui c’était. On m’a dit que c’est lui Tapha Tine. J’avais dit en son temps que ce mastodonte risque de tuer quelqu’un dans l’arène, tellement il est costaud. L’avenir m’a donné raison. On l’a vu endommager le visage d’un adversaire qui pèse environ 200 kg (il fait allusion à Bombardier). Tout le monde craint sa force de frappe. Arriver à son niveau et l’affronter, c’est du mérite. Mais il était plus fort que moi et m’a terrassé. Dans ce combat, tout ce que je cherchais, c’était d’éviter que ses coups de poing m’atteignent. Ça au moins, je l’avais réussi. Après, je n’avais pas la clé pour l’envoyer au sol.» A cette maturité, s’ajoute une confiance en soi. A ceux qui ont tenu de rappeler que Zoss est l’un des plus rusé dans ce tournoi et que son ascendance psychologique sur Gouy Gui qu’il a terrassé à deux reprises risque de jouer en sa faveur, le fougueux a répondu par la sérénité. «Ce n’est pas possible. Cette fois, il ne me battra pas. Je n’imagine même pas une autre défaite devant Zoss», dit Gouy Gui dans un calme olympien qui ne lui était pas connu avant. Le Gouy Gui d’avant aurait sauté de sa chaise pour crier tel un fou furieux, juste pour dire le contraire. «Il s’est beaucoup amélioré sur le plan de la communication, chuchotent certains dans les coulisses. Ce n’est pas que sa communication qui a évolué. Sa façon de faire le show aussi. Le fougueux s’est bien assagi.»
L’histoire du marabout
Le changement de Gouy Gui n’est pas fortuit, son homme de confiance, Nass, trahit le secret. «Un guide religieux en est à l’origine. Ce dernier, invité dans une télé de la place, Canal Info en l’occurrence, avait fait une déclaration qui a beaucoup marqué le lutteur. Le guide religieux disait qu’il lui arrive rarement de suivre la lutte, mais qu’à chaque fois qu’il tombe sur le lutteur qui a la coiffure teintée en blanc, il prenait son temps pour le regarder. Il disait l’aimer sans connaître son nom. C’est son chambellan qui a dit qu’il s’appelle Gouy Gui. Et le marabout de déclarer qu’à chaque fois que ce lutteur est en compétition, il formule des prières pour lui. Gouy Gui n’avait pas suivi l’émission. On lui a fait voir la vidéo sur le Net. Depuis ce jour, il a pris conscience qu’il est suivi par des autorités et s’est promis de soigner son comportement. Ce fait a changé beaucoup de chose chez lui.» «Personnellement, affirme Nass, j’ai dit à Gouy Gui qu’à partir du moment où il y a des personnalités qui l’aiment bien, il doit tout faire pour ne pas commettre d’erreur dans sa communication ou son comportement devant le public.»
Déchirer ses habits ou se couvrir le corps de sable était la marque de fabrique de Gouy Gui. Plus maintenant. Explication ? «Un jour, Gouy Gui était l’invité de Lamine Samba dans l’émission «Jongante» de la Tfm. Une femme a appelé de la France pour lui supplier d’arrêter de déchirer ses boubous quand il fait ses spectacles. La dame a expliqué que son fils qui s’identifie à Gouy Gui passe tout son temps à déchirer ses habits comme le fait son lutteur préféré. C’est ce jour que Gouy Gui a pris la décision de ne plus déchirer ses habits», confie Nass. On peut même dire que tous ces changements ont même perdu Gouy Gui qui perd sa fougue et tout ce qui fait son attraction.
4 Commentaires
Anonyme
En Avril, 2015 (19:35 PM)Anonyme
En Avril, 2015 (20:51 PM)Anonyme
En Avril, 2015 (22:24 PM)Anonyme
En Avril, 2015 (20:25 PM)Participer à la Discussion