Ferdinand Coly (Capitaine des "Lions") : "Ce serait formidable, si on pouvait gagner la Can "

A 32 ans, l'international sénégalais de Parme ne rêve que d'une chose : rentrer avec la coupe d'Afrique des nations à Dakar, en février prochain. Plus proche de la fin de sa carrière internationale, Ferdinand Coly qui participera, le 20 janvier prochain, à sa troisième Can consécutive, ne voudrait pour rien au monde rater ce grand rendez-vous continental. Dans l'entretien que le capitaine de l'équipe nationale nous a accordé, à la veille de la Tabaski, il revient sur la bonne intégration de la jeune génération montante, sur l'absence de certains cadres de l'équipe, sur le match amical de samedi contre la Rd Congo, entre autres...

Wal Fadjri : Comment est le moral du capitaine de l’équipe nationale du Sénégal que vous êtes, à quelques jours du match amical contre la Rd Congo et de l’ouverture de la Coupe d’Afrique des nations ?

Ferdinand Coly : Comme l’ensemble du groupe, on se prépare bien. Aujourd’hui (mardi), on a fait deux séances assez prenantes. C’était assez difficile au niveau physique. Mais c’était important de faire ces deux séances avant le match de samedi. C’est vrai que demain, c’est la Tabaski (Ndlr : l’entretien a eu lieu mardi), on va s’entraîner un peu plus tôt pour libérer les gens qui vont fêter la Tabaski en famille. Sinon, je pense qu’on monte en puissance. On va essayer de mettre les choses en place dès le match contre la Rdc pour trouver les automatismes.

Wal Fadjri : Est-ce un match important avant d’entamer la Can ?

Ferdinand Coly : C’est normal de faire ce genre de match avant la Can pour avoir des repères, prendre confiance. Je pense que c’est important de faire un match à Dakar avant de partir au Caire.

Wal Fadjri : Qu’est-ce que cela représente au plan personnel, d’hériter du brassard de capitaine pour la Can 2006 ?

Ferdinand Coly : Personnellement, je ne vais pas changer ma façon de faire. Que ce soit avec le brassard ou sans, cela reste un symbole. A part cela, on donne le maximum de soi et puis voilà. Pour moi, il y aura 23 capitaines au Caire et chacun aura un rôle à jouer.

Wal Fadjri : En tant qu’ancien de l’équipe, quelle est l’analyse que vous faites de la présente édition ?

Ferdinand Coly : La compétition sera difficile. On le sait tous. Mais on a les qualités pour faire bien. Le groupe est équilibré. On fait partie des prétendants, comme de nombreuses autres équipes.

Wal Fadjri : Le Sénégal ne part pas favori pour cette Can 2006. Est-ce un avantage ou un inconvénient ?

Ferdinand Coly : Je pense que c’est un avantage parce qu’on ne se focalisera pas sur le Sénégal. Il y a les équipes qualifiées pour le Mondial qui auront beaucoup plus à perdre que nous. On a ainsi une bonne opportunité de nous faire oublier et de surprendre de nouveau.

Wal Fadjri : Le favori de l’édition 2006, selon vous ?

Ferdinand Coly : C’est nous (rires). Il y a de bonnes équipes. Il y a la Côte d’Ivoire, toujours le Cameroun, le Nigeria, le Ghana, la Tunisie, l’Egypte qui sera difficile à battre chez elle. Ce sera une Can vraiment relevée.

Wal Fadjri : Comment trouvez-vous l’ambiance dans le groupe ?

Ferdinand Coly : L’ambiance est bonne. Avec la nouvelle vague de jeunes qui arrivent, c’est un bon mélange entre l’expérience et la jeunesse. Ce qui est normal parce qu’il faut aussi penser à l’avenir. Pour nous, les anciens, comme on dit, c’est peut-être notre dernière Can. Même si on va continuer dans nos clubs. Il faut commencer à préparer l’avenir et apporter petit à petit des retouches pour permettre, après nous, aux jeunes d'assurer la relève.

Wal Fadjri : Comment jugez-vous l’absence des anciens ?

Ferdinand Coly : C’est vrai que, par la force des choses, on vieillit tous. Il y a des choix qui sont faits. Je pense à Khalilou Fadiga, Aliou Cissé, Salif Diao… C’est trois choses différentes. Fadiga, on connaît les problèmes qu’il a eus. Aliou et Salif, ils ont préféré rester dans leurs clubs, même s’ils n’étaient pas compétitifs pour le sélectionneur. Ce sont des choix qui ont été faits. Personne n’est indispensable. Moi, j’étais absent en équipe nationale, sous l’ère Guy Stephan, un bon moment. On m’avait presque enterré. Comme j’ai dit, il faut croire en soi. Et puis, si on vous appelle, c’est bien. Si on ne vous appelle pas, il faut continuer son bout de chemin.

Wal Fadjri : Est-ce le discours que vous allez tenir au groupe qui est sur place ?

Ferdinand Coly : C’est vrai qu’entre les jeunes et les anciens, il faut quand même qu’il y ait ce discours. Et on a très bien débuté. Depuis trois à quatre mois, la cohésion est là. Après le premier tour, ce sont des matches perdus directement. Il faut jouer, surtout donner le maximum. Après, c’est le football. Que le meilleur gagne.

Wal Fadjri : On vous connaît gagneur. Etes-vous confiant pour la présente édition ?

Ferdinand Coly : Oui ! Je disais qu’on n’a pas fait ce déplacement pour rien. En laissant nos clubs en Italie, en France ou en Angleterre, on a beaucoup à perdre. On s’est tous battu durement pour gagner nos places et venir ici faire la coupe d’Afrique. Il va falloir, ensuite, regagner nos places en revenant. A partir de là, si on pouvait repartir avec le trophée, ce serait formidable. On ne partira plus, je crois (Rires).

Wal Fadjri : Vous n’avez pas trop joué en début de saison avec votre équipe, Parme. Comment avez-vous vécu ces moments ?

Ferdinand Coly : C’était difficile puisqu’on était seize ou quatorze joueurs titulaires à l’infirmerie. J’ai eu une blessure musculaire, en début septembre, avant de faire mon premier match. J’étais écarté des terrains pendant deux mois et demi. Ce qui était assez important. C’étaient des jeunes qui jouaient. Ce n'était donc pas facile sans la majeure partie des joueurs. Mais, aujourd’hui, le plus important, c’est d’être revenu au bon moment, puisque j’ai commencé à rejouer en fin octobre. J’ai enchaîné six bons matches en montant, à chaque fois, en puissance. Et puis, à l’image de Parme, on était sur le bon chemin. Je suis content de revenir à 100 %. Juste avant la trêve, on est sorti de la zone des relégables. Il y avait cinq équipes derrière nous. C’est une bonne chose, en espérant beaucoup pour la deuxième partie du championnat.

Wal Fadjri : Est-ce à dire que Parme a retrouvé la confiance et son groupe ?

Ferdinand Coly : Oui ! On est confiant parce qu’on joue bien. Et cela paye forcément.

Wal Fadjri : Ce n’était donc pas le moment idéal de quitter vos camarades pour la Can ?

Ferdinand Coly : Justement, cela a été difficile pour moi. Ils (les dirigeants de Parme) ont essayé de négocier jusqu’au dernier moment parce qu’on avait un match dimanche contre le Milan Ac. Moi aussi, je voulais jouer ce match, parce que venir me reposer ici, je n’avais pas forcément envie. On va à Saly (Mbour), alors que j’avais un match important avec mon club. Trois jours après, en coupe d’Italie contre l’Inter. Je rate donc deux gros matches. Mais je crois que tous les joueurs auraient préféré jouer leur dernier match avec leur club avant de partir en sélection. Mais c’est le règlement.

Wal Fadjri : Avez-vous essayé de négocier avec les responsables de la Fédération ?

Ferdinand Coly : Si, mes dirigeants ont essayé de négocier, mais elle (la Fédération) a dit niet. La logique voudrait que tous les joueurs soient au même rang.

Wal Fadjri : Ne craignez-vous pas de perdre votre place à Parme après la Can 2006 ?

Ferdinand Coly : Justement, c’est ce que je disais. En revenant, cela va être difficile parce que l’équipe aura joué sans moi. Après, ce sera à moi de regagner ma place. Si je ne la regagne pas, je vais ailleurs (Il rigole). Non, je plaisante. Je suis confiant parce que je crois en moi. Partout où j’ai été, je me suis imposé. Après, c’est le choix de l’entraîneur. Je sais de quoi je suis capable de faire. S’il a besoin de moi, je serai là. J’ai encore une autre année de contrat après celle-là. Mais dans le football, surtout en Italie, on ne sait jamais ce qui peut se passer. Surtout que Parme va changer de propriétaire. La famille Sanz va reprendre sûrement le club. Il va donc forcément y avoir des changements d’entraîneur, de staff… Un contrat, aujourd’hui, ne veut rien dire demain.

Wal Fadjri : Y a-t-il des propositions qui vous ont été faites ?

Ferdinand Coly : Un club m’a proposé un contrat jusqu’en 2009. Je ne peux dire le nom du club, pour l’instant. Je ne peux pas dire, non plus, que c’est en première ou deuxième division. Mais sachez que c’est toujours en Italie. Il faut dire qu’ils ont confiance en moi, parce que proposer à un joueur de 32 ans un contrat jusqu’en 2009, c'est qu'ils savent que physiquement, je suis bien et que je peux jouer un bon moment. Ce n’est même pas une question de durée pour moi, parce que le jour où j’en aurai assez, j’arrête. Pour l’instant, j’ai envie de jouer, donc je continue.

Wal Fadjri : C’est quoi votre plus grand rêve, aujourd’hui ?

Ferdinand Coly : Des fois, je m’imagine apporter la coupe d’Afrique des nations, ici, à Dakar. Ce serait vraiment formidable. Si jamais on remporte la coupe, c’est fini. Je ne sais même pas comment je vais réagir parce que ce sera terrible.