Il n’a pas définitivement tourné la page de l’Equipe nationale, mais il n’est pas encore prêt à répondre à l’appel de la «tanière» qu’il a quittée depuis la dernière Coupe d’Afrique des nations 2006. Ferdinand Coly, l’ex-capitaine des Lions, qui estime avoir retrouvé toute une bonne forme physique après sa blessure en Egypte, a décidé de se consacrer pour l’instant à son club de Parme Ac dont le championnat de Série A italienne débute aujourd’hui.
On est en fin de préparation dans un contexte très particulier avec le scandale des matches truqués qui éclabousse le Calcio. Pour l’instant, j’ai hâte de reprendre le championnat. La forme est là et je me sens très bien. J’ai tellement envie de reprendre le dimanche parce que je suis d’attaque. Je suis aussi très motivé comme toujours à la veille de la compétition.
On vous sent animé d’une volonté de vous imposer enfin à Parme…
J’ai fait une très bonne préparation et je suis très en forme. C’est vrai qu’à un moment donné j’ai voulu quitter le club pour voir ailleurs. Mais, les dirigeants n’ont pas du tout voulu que je parte. D’ailleurs, ils veulent prolonger mon contrat jusqu’en juin 2008. Pour eux, je suis intransfèrable parce que je suis un joueur très important dans le dispositif actuel du club. Donc, j’ai accepté de prolonger jusqu’en 2008. Tout ça pour vous dire que ma volonté et mon ambition ne vont pas changer. Car, un professionnel joue toujours pour s’imposer dans son club.
Mais la concurrence s’avère toujours redoutable dans un club comme Parme…
Vous savez dans ce milieu, la concurrence est permanente, quotidienne et fait partie de notre travail. Elle est à tous les niveaux de la vie. Que ce soit en club et partout ailleurs, si on craint la concurrence, il ne sert alors à rein de jouer au football. Donc, cela ne change en rien dans notre volonté. Elle nous permet d’être plus persévérant et davantage motivé.
Vous y allez pour dépasser les maigres statistiques de la saison dernière (8 matches joués)…
La saison dernière est un peu spéciale pour moi. C’était une saison très difficile. Car, j’avais une vilaine blessure qui m’avait éloigné des terrains pendant plusieurs mois. Maintenant, je suis en train de retrouver mes sensations avec cette bonne préparation que j’ai faite. J’espère que je vais reprendre du bon pied et je suis en train de gagner ma place. C’est ce qui est le plus important pour moi, parce que j’ai envie de jouer avec mon club qui compte en son sein de très bons joueurs.
Vous y allez alors comme un titulaire en puissance ?
Nous avons un groupe assez important avec de très bons joueurs. Et puis, nous avons un calendrier très chargé cette saison. Nous allons jouer la Coupe de l’Uefa, le championnat et la Coupe d’Italie. D’ici décembre, le rythme sera assez soutenu parce que nous allons jouer tous les trois jours. Ça nous fera 27 matches d’ici à décembre. C’est vraiment très énorme. Donc, nous avons besoin de tout le monde pour jouer sur les trois tableaux.
Votre club compte certainement jouer les premiers rôles en Série A ?
Non ! Pour nous, il s’agira de faire mieux que l’année dernière en terminant très bien la saison. C’est vrai que le public demandera certainement mieux que ça. Si on arrive à assurer le maintien, c’est déjà bien. Après, on essaiera de voir si on peut jouer un rôle plus important. Il faut d’abord assurer le maintien avant de revoir nos objectifs de fin de saison.
Parme ne pourra donc pas rivaliser avec le Milan Ac, l’Inter et l’As Rome qui semblent être les favoris de la saison après la relégation en Série B de la Juventus de Turin ?
Non ! Pour l’instant, nous allons jouer notre championnat sans se poser de questions. Il est vrai que le championnat se jouera entre ces clubs. Nous allons jouer notre rôle sans se soucier des autres équipes et essayer de faire la meilleure saison possible. Il y a la coupe d’Europe aussi, le championnat et la coupe d’Italie. Nous allons jouer crânement nos chances pour ne pas avoir des regrets à la fin de la saison. Donc, on se focalise sur notre saison sans se poser des questions.
Vous êtes le seul Sénégalais évoluant en Série A cette saison et vous commencez à vous roder au Calcio…
C’est ma quatrième année en Italie. C’est vrai que je suis le seul Sénégalais à jouer en Série A. Il y a d’autres compatriotes qui jouent dans des clubs de deuxième division. Nous ne sommes pas très nombreux à jouer ici. Ce n’est pas aussi très important. Nous nous appelons régulièrement.
Vous avez certainement des échos de la «tanière» avec l’arrivée de Kasperczack et la victoire des Lions sur le Mozambique ?
Oui ! Bien sûr que je suis au courant. Je suis d’ailleurs ravi de la victoire des Lions sur le Mozambique. C’est une victoire extrêmement importante pour ce début des éliminatoires pour la prochaine Coupe d’Afrique des nations de football. Il est toujours bon de commencer par une victoire (2-0). C’est un bon début, il faut surtout continuer sur cette lancée positive pour aboutir à la qualification à la Can 2008.
Le nouvel entraîneur des Lions vous a-t-il appelé depuis sa nomination ?
Oui ! Je l’ai une fois eu au téléphone. Nous avons longuement discuté. Je lui ai carrément dit que je vais me consacrer pour l’instant à mon club. J’ai besoin de jouer des matches importants, de m’imposer. Je crois qu’à un certain moment de sa carrière, il faut se consacrer, se focaliser sur autre chose. Il est venu pour moi de jouer dans un premier temps pour mon club. Et puis, je vais voir comment les choses vont évoluer.
Cela veut dire que vous n’êtes plus prêt à répondre à l’appel de l’Equipe nationale ?
A vous écouter, vous êtes en train de réfléchir sur votre retraite internationale…
Tout le monde attend que je l’annonce ou j’en parle mais je ne suis pas obligé d’en parler. Ce n’est pas important dans le contexte actuel. Ma carrière internationale me préoccupe aussi. Pour le moment, j’ai un contrat avec mon club qui coule jusqu’en 2008. J’aurai 33 ans ce dimanche, mais je me sens très bien et très apte à encore jouer au football pendant encore plusieurs années. L’âge n’a aucune importance dans la carrière internationale d’un joueur, mais je vais me consacrer pour l’instant à mon club. Je ne suis pas obligé d’en parler.
Mais la «tanière» peut-elle encore compter sur vous ?
Il ne faut pas voir les choses de cette façon-là. Moi, je fais ce que je dois faire et je m’en limite là. Ce n’est pas aussi important que cela. Aujourd’hui, il y a de très bons joueurs qui sont sur place, il faut leur donner une chance. J’espère que la porte n’est pas fermée pour personne. Il y a des Sénégalais partout dans le monde. Seul mon travail m’intéresse et je ne me préoccupe pas du reste. Comme je l’avais dit, il faut toujours appeler les anciens pour qu’ils encadrent les nouveaux joueurs comme l’avait fait Guy Stephan quand les choses allaient moins bien durant les éliminatoires de la dernière Coupe du monde. Il faut vraiment penser à l’avenir et notamment pour la prochaine Coupe du monde qui se jouera en Afrique du Sud (en 2010). Il faut reconstruire avec tous les jeunes pour ne pas rater le prochain Mondial. Pour moi, c’est l’objectif de l’Equipe nationale.
Votre non-sélection contre la Côte d’Ivoire et le Mozambique ne vous a donc rien fait ?
Non, absolument rien. J’avais envie et besoin de compétir avec mon club après ma difficile saison de l’année dernière. Je me suis dit que j’ai besoin d’une bonne préparation d’avant-saison, surtout après mes multiples déplacements avec l’Equipe nationale. Ensuite, je me suis blessé assez sérieusement durant la Coupe d’Afrique. Il faut se relever de tout ça pour ensuite reprendre la compétition. Je dois prouver que mon club peut compter sur moi.
Est-ce qu’il n y a pas un problème de visibilité en Italie ?
Ce n’est pas mon problème que je sois visible ou pas. Je fais ce que je dois faire avec mon club. Tout le monde avait cru que j’avais disparu ou je serai enterré, il y a deux ans avec Guy Stephan. Mais je fais correctement mon boulot. Je vaux ce que je vaux. C’est à lui (Kasperczak) de voir de ce qui l’intéresse.
Vous croyez que Kasperczak est capable d’atteindre les objectifs qui lui sont assignés ?
Je ne sais pas trop. Mais, il y a un problème au Sénégal, c’est que nous sommes impatients dans tout ce que nous faisons. Les gens sont très pressés. On demande trop à cette équipe sénégalaise. Il faut vraiment laisser au coach le temps nécessaire de travailler son projet sur le long terme. Cela ne sert à rien de fixer des objectifs à Kasperczak, de faire la pression sur les gens pour remporter la Coupe d’Afrique ou la Coupe du monde. Pour moi, il faut travailler pour 2008 mais surtout pour les horizons 2010. Il faut lui donner le temps nécessaire et rester surtout patient. Ce n’est pas comme ça qu’on va réussir. Il faut mettre l’équipe dans un climat de confiance et de sérénité.
En parlant de sérénité dans la «tanière», le ministère des Sports envisagerait de réduire les primes de match des Lions…
Il faut arrêter de parler des primes de joueurs. Ce sont vous, les journalistes, qui parlez assez souvent de ça. Les gens se préoccupent trop de ces questions inutiles. On perd du temps en essayant de savoir combien gagne un joueur, le montant de ses primes de match. Nous sommes en Afrique qui est dans une situation suffisamment difficile. Donc, il ne faut pas exposer les salaires, les primes des joueurs tout le temps dans la rue par rapport à une population qui est vraiment en difficulté. C’est toujours négatif de parler de tout ça. Je ne veux même pas en parler dans ce contexte de conjoncture. Il y a d’autres choses plus essentielles que la baisse des primes des joueurs. Ce n’est pas important de s’épancher sur cette question de primes de victoires des joueurs. Il faut penser à l’intérêt du football sénégalais. La baisse des primes est, pour moi, une question secondaire. Il ne faut pas débattre sur des choses qui n’ont aucun intérêt pour notre football, qui n’ont rien avoir avec le terrain
Comme tu le dis, le Sénégal est un pays difficile, est-ce que les Lions, qui ont des salaires royaux dans leurs clubs, ne pourraient-ils pas jouer sans contre-partie financière pour leur pays ?
Ce n’est pas une question de gratuité ou de rémunération. Partout dans le monde, les gens jouent au football. Ce n’est pas comme ça qu’il faut poser la question. Qui ose demander aux joueurs de venir jouer gratuitement dans leurs clubs ? Footballeur, c’est un métier, c’est une profession. C’est tout ! Si on nous demande de venir jouer un match de l’Equipe nationale, on viendra sans penser à tout ça. C’est notre pays, si on peut faire cet effort, on le fera. J’espère que les joueurs sont prêts à le faire mais, je pense que les journalistes ne devraient pas être les premiers à poser ces questions. Ça regarde la Fédération, l’Etat et les joueurs. 
Ferdinand, les blessures, qui ont gâché votre dernière campagne, sont-elles désormais de mauvais souvenirs ? Quel est votre état de forme à quelques heures de l’ouverture de la saison de Série A italienne ?
Ce n’est pas comme ça qu’il faut voir les choses. J’ai beaucoup donné à l’Equipe nationale. Depuis plus de quatre ans, je suis dans cette équipe, j’ai beaucoup travaillé pour elle. Aujourd’hui, il y a de nouveaux joueurs, qui sont talentueux et capables d’apporter beaucoup de choses à cette équipe. Il faut déjà penser à l’avenir de cette équipe sénégalaise. Il faut réfléchir sur le long terme. C’est vrai que moi, je me suis toujours donné avec âme et corps à mon pays. Ce qui est sûr c’est que je veux jouer pour mon pays, mais, je vous assure qu’il est temps de penser à l’avenir. Il faut mieux préparer cette équipe pour les prochaines compétitions en appelant les anciens pour qu’ils accompagnent les jeunes qui sont très nombreux à frapper à la porte de l’équipe pour 2008 qui se profile déjà à l’horizon. La présence de Ferdinand n’est pas aussi importante, l’essentiel est qu’il faut surtout penser à l’avenir de la sélection.
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