La finale de la coupe de la Ligue, qui devait opposer l’As Douanes au Casa Sports, ce samedi au stade Alassane Djigo de Pikine, a été reportée à une date ultérieure. La décision a été prise après que les supporters de l’équipe ziguinchoroise se sont opposés à l’accès de leur équipe à l’intérieur du stade où les joueurs adverses étaient en échauffement sur la pelouse.
Le coup d’envoi de la rencontre était initialement prévu à 17 heures précises avant d’être porté à 17 h 45, le temps d’essayer de faire revenir à de meilleurs sentiments les fans du Casa. Rien n’y fit. De 16 h à 17 h 45, les joueurs du Casa Sports sont restés ‘otages’ de leurs inconditionnels à bord du bus qui les convoyait à Alassane Djigo. Les démarches menées, entre autres bonnes volontés, par les responsables de la Ligue et les émissaires du parrain, le Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye, n’ont pas permis de débloquer la situation. Le report était ‘la décision la plus sage’ (voir par ailleurs, réaction du président de la Ligue, Louis Lamotte). Au grand dam du public qui avait commencé à affluer, notamment les supporters de l’As Douanes.
La déception était visible sur les visages de ceux qui avaient déjà acheté leur billet. L’annonce de la gratuité de l’entrée le jour de la reprogrammation de la finale ne semblait pas les consoler. Tout le monde est prié de vider les lieux. La mine défaite, le président de la Ligue avait l’oreille collée au téléphone. Visage tendu, Louis Lamotte avait l’air gagné par l’impuissance. D’autant que les responsables de la Ligue, chargés d’aller convaincre les supporters du Casa Sports de renoncer à leur action, ont frôlé le lynchage. ‘Ce n’est pas le moment de négocier quoi que ce soit. F… le camp d’ici. Vous êtes tous des complices, des voleurs’, ont balancé quelques fans ziguinchorois à la figure d’Abdoulaye Touré, 2e vice-président de la Ligue, et Badara Diop, le secrétaire général. Même le vice-président du Casa Sports, Attab Sambou, qui semblait chercher à sauver la situation, sera presque rabroué.
Comme s’ils avaient reçu l’ordre d’observer sans agir, les éléments de la police, lourdement armés, restèrent de marbre. Ils guettaient toutefois les moindres mouvements d’une foule immense mais calme. ‘C’est une manifestation pacifique. Nous ne pouvons pas intervenir sans l’ordre des organisateurs’, tente de justifier un de responsables des forces de l’ordre. Qui martèle, comme pour se dédouaner : ‘Le constat est là. Le bus est pris en otage par des supporters. Mais, il nous faut des ordres des organisateurs pour intervenir.’ L’ordre n’arrivera jamais. En revanche, le président de la Ligue annoncera le report de la finale à une date ultérieure. Au grand bonheur des supporters du Casa Sports, qui décident par la suite d’escorter leur équipe jusqu’à son lieu de regroupement, sis à la cité Damel, aux abords du stade Léopold Senghor (banlieue). Une action qui créa un embouteillage monstre sur l’autoroute à péage.
Le lendemain, dimanche, à travers les ondes de plusieurs radios, les responsables des deux équipes ainsi que ceux de la Ligue ont étalé leurs divergences au sujet de la reprogrammation de la finale. Du côté de l’organe fédéral, on s’arroge l’exclusivité du choix de la date et le lieu de la rencontre. Certains dirigeants du Casa Sports estiment qu’il est hors de question que la finale se tienne au stade Alassane Djigo, où l’As Douanes reçoit. Les Douaniers pour leur part menacent de bouder la finale. Ils comptent s’en ouvrir à la direction des Douanes.
Les frustrations du Casa Sports
Satisfaits de la tournure des événements, les supporters du Casa Sports ont entonné le même refrain : leur équipe est victime d’injustice. ‘Nous avons accumulé trop de frustrations cette saison. Nous ne pouvons plus continuer à supporter les injustices de la Ligue sénégalaise de football professionnel, qui est en train de tout faire pour casser le Casa Sports, accuse Aliou Mané, un des membres du club des supporters du Casa. Tout au long de l’année, la Ligue n’a cessé de se montrer partisane dans le traitement des litiges qui nous opposent aux équipes de Dakar ou d’ailleurs.’ Comme preuve de ces griefs, Aliou Mané convoque trois occasions.
Pour le compte de la troisième journée de la phase de poules de la Ligue, groupe B, le Port, qui ne s’est pas rendu à Ziguinchor, est déclaré forfait par le Casa Sports. La commission de discipline de la Ligue pro, saisie par les portuaires, décide de faire rejouer la rencontre. Aliou Mané rappelle dans les détails : ‘Nous avions contesté de façon catégorique cette décision. Il a fallu l’intervention de la commission de recours pour casser le verdict de la commission de discipline pour valider le rapport du quatrième arbitre et celui du délégué fédéral, qui étaient tous présents à Aline Sitoé Diatta pour constater ce forfait.’
Ensuite, s’ensuit la programmation de trois rencontres en une semaine pour le Casa Sports, respectivement à Ziguinchor (finale aller de la L1, le 24 octobre), Dakar (demi-finale coupe de la Ligue, le 28) et Saint-Louis (finale retour de la L1, le 31). ‘Dans l’intervalle des deux finales, aller et retour, contre la Linguère, la Ligue avait programmé la demi-finale de la coupe de la Ligue le mercredi à Dakar, contre l’Etics. Elle avait refusé de reporter cette demi-finale sous prétexte que le calendrier était trop chargé, dénonce le supporter du Casa. On a ainsi été obligé de jouer trois matches capitaux dans une même semaine. C’est inadmissible, mais on a fait avec pour ne pas fausser l’esprit de la compétition.’
La goutte d’eau qui a, semble-t-il, fait déborder le vase reste le litige ayant opposé le Casa Sports à l’As Douanes au sujet de l’évocation du cas du Douanier Ousmane Sarr. Aliou Mané, toujours : ‘A l’issue de notre match de 32e de finale de la coupe du Sénégal, on a fait une évocation sur ce joueur, suspendu par la ligue. Une institution qui se respecte n’avait même pas besoin d’être saisie sur ce cas. Ayant suspendu le joueur, la Ligue devait s’autosaisir pour trancher. Malheureusement, c’est en venant jouer cette finale (reportée) qu’on a été informé avoir été débouté. C’est la goutte d’eau de trop. Pour nous opposer à cette volonté manifeste de la ligue de favoriser les autres équipes à notre détriment, nous avons jugé nécessaire de boycotter cette finale.’
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