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Frédéric MENDY : ‘Même s'il fallait mourir sur le terrain, j'étais décidé à gagner ce match’

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Frédéric MENDY : ‘Même s'il fallait mourir sur le terrain, j'étais décidé à gagner ce match’

Désigné par ses pairs ‘homme du match’, samedi dernier, Frédéric Mendy aura rayonné par sa rapidité, ses dribbles et ses accélérations. Dans l’entretien qu'il nous a accordé hier, Frédéric Mendy est revenu largement sur la prestation d’ensemble des ‘Lions’ face aux ‘Etalons’ du Burkina Faso, avant de nous parler de son rêve : celui de gagner la Coupe d'Afrique des nations pour son pays et le qualifier à la Coupe du monde de 2010. Entretien...

Wal Fadjri : Avec le recul, comment avez-vous vécu votre large victoire devant le Burkina Faso ?

Frédéric Mendy : Avec beaucoup de joie. C'est un match qu'on devait gagner. On l'a fait. Et on l'a même fait avec la manière. Aussi bien les supporters sénégalais, que nos familles et nos amis sont très contents. Et ce fut plaisir un plaisir de rendre heureux tout un peuple. On est vraiment très content d'avoir gagné ce match contre le Burkina Faso.

Wal Fadjri : Mais ça a été, quand même, une victoire acquise dans la douleur…

Frédéric Mendy : (Rires). Vous faites, certainement, allusion à la première mi-temps du match. Elle a été difficile. On a eu des difficultés parce qu'on n’avait pas serré les lignes. Il y avait des écarts entre la défense, le milieu de terrain et l'attaque. Du coup, les Burkinabés ont profité des espaces qu'il y avait pour nous poser des problèmes. Ils nous ont ainsi posé d'énormes difficultés avant que l'arbitre ne siffle la fin de la première mi-temps. Il faut aussi remarquer que nous avons manqué des occasions nettes de buts dans cette première partie. En premier, j'ai raté une occasion qu'il ne fallait pas manquer. Les autres aussi. Et le fait de rater ces nombreuses occasions de buts a mis l'adversaire en confiance. Et surtout le fait qu'il revienne, entre-temps, au score. Les choses sont devenues, dès lors, très compliquées pour nous. L'adversaire a pris le match à son compte. Ce fut un moment très pénible pour nous sur le terrain. Quand on joue contre des équipes comme le Burkina Faso, il faut mettre très tôt deux ou trois buts pour se mettre à l'abri. C'est pourquoi, on a voulu plier très tôt le match. Malheureusement, on n’a pas mis au fond toutes les occasions qu'on a eues. Et la tâche s'est avérée très compliquée pour nous vers la fin de la première période. Après leur égalisation, ils ont pris le match à leur compte en nous dominant.

Wal Fadjri : Et comment avez-vous vécu ces moments ?

Frédéric Mendy : C'était très pénible. On était éparpillé. On courait dans tous les sens sans respecter les positionnements. On errait. Cela n'allait pas du tout. On n’avait aucun repère sur le terrain. On faisait, à la limite, du n'importe quoi. Malheureusement, au lieu de bénéficier en ce moment-là des encouragements des supporters, ils se sont mis à nous huer, nous compliquant la tâche. Les huées et les sifflets ont affolé les uns et les autres. C'était trop dur à vivre. Heureusement, nous avons tenu le coup jusqu'à la mi-temps. Le coup de sifflet de l'arbitre a provoqué un grand ouf de soulagement dans nos rangs.

Wal Fadjri : Le doute ne vous a-t-il pas, par moments, envahi durant cette première mi-temps ?

Frédéric Mendy : Bien sûr. Personnellement, après avoir raté cette occasion de but qu'il ne fallait pas, le doute m'a tout de suite envahi. Surtout que nous avons, pratiquement, manqué toutes les occasions de buts que nous avons eues à la pelle, en première période. Et quand on a marqué, ils ont égalisé pour nous poser aussitôt d'énormes problèmes. Je me suis tout de suite dit que ça allait chauffer aujourd'hui. Si on ne gagne pas ce match, on ne sortira pas vivant de ce terrain. Parce que les supporters qui commençaient déjà à nous huer, ne nous feront aucun cadeau. Je me suis tout de suite référé à l'issue du match contre le Togo en 2005. En pensant à ce match, je me suis ressaisi pour m'engager personnellement à gagner ce match contre le Burkina Faso. Même s'il fallait mourir sur le terrain, j'étais décidé à faire gagner ce match. Parce qu'un nul ou une défaite pouvait engendrer une situation regrettable. Dieu merci, on a gagné pour nous qualifier à la Coupe d'Afrique. Et les supporters qui nous criaient dessus quelques instants plus tôt, ont été très contents. C'était ça l'essentiel.

Wal Fadjri : Qu'est-ce que le staff technique vous a dit dans les vestiaires pour ramener la confiance dans vos rangs ?

Frédéric Mendy : Le coach et tous autres nous ont remonté le moral, en nous demandant de garder notre sérénité. Ils nous ont fait comprendre que c'est un match largement à notre portée. Il y a eu, certes, des problèmes en première période, mais ce match était à notre portée, a insisté le coach. Par conséquent, il fallait rectifier le tir. Le coach nous a demandé de resserrer les lignes qui étaient trop ouvertes. Et on a pris acte. Quand nous sommes revenus sur le terrain, on a appliqué ces différentes consignes, en serrant notamment les lignes et on a tout de suite fait la différence. On a marqué des buts, à la grande joie de nos supporters qui ont aussitôt oublié les difficultés que nous avons connues en première période.

Wal Fadjri : Sur quoi avez-vous travaillé pendant les séances d'entraînement pour remporter ce match ?

Frédéric Mendy : Le coach a insisté pour qu’on joue sur les côtés. Il nous a fait comprendre que nos adversaires avaient des difficultés à ce niveau. Par conséquent, en jouant sur les côtés, on pouvait très tôt faire la différence, nous a-t-il fait savoir. On a aussi bien travaillé les coups de pied arrêtés sur lesquels l'encadrement a beaucoup mis l'accent pendant la semaine. Et tout ce travail a été payant. Tous les buts que nous avons marqués contre le Burkina, sont passés par les côtés. On peut dire que le travail de la semaine a été satisfaisant.

Wal Fadjri : Ayant réussi la qualification pour la Coupe d'Afrique de Ghana 2008, sur quoi devez-vous travailler davantage pour améliorer le rendement de l’équipe ?

Frédéric Mendy : Le Sénégal doit travailler sur tous les plans pour faire une bonne Coupe d'Afrique des nations. On doit éviter de prendre des buts dans les premières minutes d'un match. Au contraire, on doit se préparer à marquer très tôt des buts pour nous mettre en confiance. C’est sur ces deux aspects que l'encadrement technique devra mettre l'accent afin d'améliorer la qualité de notre football qui n'est toutefois pas mauvaise. (Rires).

Wal Fadjri : Cette équipe du Sénégal est-elle capable de revenir avec la Coupe d'Afrique ?

Frédéric Mendy : Bien sûr. On a une très bonne équipe capable de jouer les premiers rôles à la prochaine Coupe d'Afrique. On a une bonne équipe pour réussir une très belle Can au Ghana. Et réussir une belle Coupe d’Afrique veut dire, pour moi, revenir au Sénégal avec le trophée. Nous avons déjà été finaliste, demi-finaliste et quart de finaliste dans les Can passées. C'est déjà bien. Mais il reste encore quelque chose. Ce qui nous reste à faire, c'est revenir au pays avec la couronne. Et ceci est bien possible avec le groupe que nous avons. Personnellement, si je suis retenu dans l’équipe devant participer à la Can, c’est pour aller au Ghana et revenir avec la coupe au Sénégal. Mon rêve, c'est de remporter une Coupe d'Afrique pour mon pays et le qualifier, une seconde fois, en Coupe du monde. C'est cela ma plus grande ambition pour mon pays. Je demande seulement au peuple sénégalais de s'unir pour prier pour nous. Parce qu'avec cette équipe, il est bien possible de réussir de belles choses.

Wal Fadjri : Comment vivez-vous la sélection nationale ?

Frédéric Mendy : Avec beaucoup de joie. On est comme une famille. Il n’y a aucun problème entre nous. Il y a de bons rapports entre les dirigeants et les joueurs qui se considèrent comme des frères engagés pour une seule et unique mission : Faire plaisir au peuple sénégalais. Porter le maillot national n'est pas donné à n'importe qui. Par conséquent, il faut se donner à fond pour le mériter. L'équipe nationale n'appartient à personne. Il n'y a pas de titulaire indiscutable en équipe nationale. N'importe quel joueur sénégalais peut y trouver sa place. Il suffit juste d'être sérieux au travail. Parce que le maillot national est un lourd fardeau à porter. Personnellement, je viens en sélection pour mouiller le maillot. Je donne le meilleur de moi-même pour faire plaisir à toute la nation. Et c'est ce que je tente de faire à chaque fois que je suis sur le terrain. J'espère continuer dans cette voie pour apporter beaucoup de joie aux supporters sénégalais.

Wal Fadjri : Au domicile, Frédéric Mendy fait, en général, de très bons matches, mais il n’en est rien à l'extérieur. A quoi sont dues ces performances en dents de scie ?

Frédéric Mendy : Il est clair qu'un match à domicile est très différent de celui qu'on joue à l'extérieur où la pression est d'un autre niveau et d'un autre cran. Ceci est valable pour toutes les équipes et pour tous les joueurs du monde. Quelle que soit la motivation d'un joueur, l'adversaire l'est toujours plus que lui sur son propre sol. Parce qu'il joue devant son public. C'est le problème que nous avons eu en Tanzanie et au Mozambique. On était motivé pour gagner ces matches, mais nos adversaires qui jouaient sous les yeux de leurs supporters, surtout de leur président de la République, l'étaient plus que nous. A l'extérieur, on subit tout. Il faut être très fort pour gagner un match ou réussir le nul. Contre la Tanzanie et le Mozambique, on a beaucoup subi les matches. Mais nous avons été très résistants pour réussir des matches nuls. Par contre, chez nous, on ne fait de cadeau à personne. On est déterminé à faire mordre la poussière à toute équipe sous les yeux de nos supporters. C'est peut-être ce qui explique mes états de forme que vous avez relevés. A Dakar, je suis déterminé à donner le meilleur de moi-même pour faire gagner l'équipe nationale.

Wal Fadjri : Comment expliquez-vous la question des primes qui s'est posée, tout dernièrement, dans la tanière ?

Frédéric Mendy : C'est regrettable. On a entendu toutes sortes de commentaires à propos de ce problème. Il est pourtant très simple. Ces primes sont notre dû. Depuis le retour de la Tanzanie et du Mozambique, on ne nous avait pas payé. C'est inconcevable. On ne pouvait pas laisser les dirigeants continuer à nous faire des promesses sans lendemain. Ces problèmes de primes avaient disparu de la ‘tanière’. Tout allait bien. Pourquoi, tout d'un coup, on veut nous faire revenir en arrière ? C'est assez léger. C'est comme si les gens ne nous respectaient pas. Tout travailleur a le droit d'être payé. On n'a jamais fait de chantage aux dirigeants. On tenait seulement à entrer en possession de notre dû. Et nous l'avons fait comprendre à qui de droit. Qu'on cesse de nous mettre en mal avec le peuple. Nous sommes des professionnels. Par conséquent, les dirigeants doivent arrêter l'amateurisme. Ces primes nous aident à régler les problèmes ponctuels que nous posent nos familles et nos proches. Et rien d'autre. On a toutes les faveurs qu'il nous faut dans nos clubs. Ce que nous exigeons, c'est du respect. L'équipe nationale est sacrée. On ne doit pas la gérer avec une certaine légèreté. Il faut donner du respect à tout ce qui tourne autour d'elle. Par conséquent, il faut qu'on évite ces histoires de primes aux conséquences préjudiciables pour le bon fonctionnement de notre équipe nationale.

Wal Fadjri : Et ça se passe comment dans votre club, à Bastia ?

Frédéric Mendy : Pour le moment, les choses ne vont pas bien. L'équipe n'a pas encore eu de bons résultats. On a enregistré deux victoires et trois défaites depuis le début du championnat (D 2 français Ndlr). Et ces résultats ne font pas plaisir à notre encadrement technique. Le coach est surtout mécontent de l'absence de rigueur dans notre défense. Elle prend trop de buts sur des actions anodines. L'adversaire ne nous pose pas des problèmes en général. Au contraire, c'est nous qui lui offrons le gain du match sur un plateau d’argent. Ce sont nos défenseurs qui donnent le soin aux attaquants adverses de marquer des buts. Par conséquent, nous traversons des difficultés. Mais, j'espère que les choses vont changer, au fur et à mesure. Personnellement, j'essaie toujours de faire le maximum pour gagner les matches pour mon club.

Wal Fadjri : C'est quoi l'objectif de votre club ?

Frédéric Mendy : Le club cherche à se classer parmi les dix premiers du championnat. Personnellement, ce n'est pas ça mon objectif. Je suis personnellement engagé à jouer la montée. C'est là mon ambition principale pour le club. De toute façon, je vais continuer à travailler pour faire de bons matches. Je ne vais jamais baisser les bras. Parce que tout va vite en foot. On ne sait jamais de quoi demain sera fait. Il y a le Mercato qui arrive, on ne sait jamais. En attendant, je vais continuer à bien travailler. Le reste viendra tout seul.

 



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