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Henri CAMARA : ‘Il nous faut un entraîneur qui a du caractère’

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Henri CAMARA : ‘Il nous faut un entraîneur qui a du caractère’
Après avoir assuré le maintien en Premier League de son club Wigan cette saison, l'international sénégalais Henri Camara entend profiter de ses vacances. Ce qui passe par des tournées quotidiennes en boîte de nuit, la plage et les retrouvailles entre amis. C'est dans le fief de la ‘Tanière’ des ‘Lions’, à l'hôtel Ngor Diarama, non pas pour honorer une nouvelle sélection nationale, mais plutôt pour un ‘tennis ballon’ avec ses frères et amis dont l'international Alassane Ndour, que nous avons trouvé Henri Camara. Une occasion de revenir sur les moments difficiles de la Can, les parts de responsabilité des uns et des autres et les leçons au futur patron de la ‘Tanière’.

Wal Fadjri : Vous venez de réaliser l'une de vos meilleures saisons depuis que vous êtes en Angleterre. Qu'est-ce qui vous a motivé ?

Henri Camara : C'est vrai que j'ai effectué une bonne saison. La meilleure saison depuis que j'évolue en Angleterre. Même les journalistes en ont parlé en Angleterre. Mais, cette année, il y avait un défi à relever. Un signe indien à vaincre. Vous n'êtes pas sans savoir que chaque année où je changeais de club, mon équipe terminait en seconde division. Ce qui me faisait mal. Malheureusement, les gens en ont fait une habitude...

Wal Fadjri : Vous parlez de qui ?

Henri Camara : De certains Sénégalais en particulier. Au Sénégal, les gens aiment ce genre de commentaire : ‘Il va encore descendre avec son équipe.’’ Ce n'est pas bien d'entendre ce genre de choses. Etant un professionnel, je sais comment les prendre. Seulement, c'est la triste mentalité de certaines personnes... Cette année, il fallait leur prouver que c'était une fausse idée qu'ils avaient de moi. Surtout que cela m'est arrivé à deux reprises. Il y a des choses que l'on ne maîtrise pas dans la vie. Je me suis donc tué pour assurer le maintien de mon club (Wigan-Premier League). Je crois qu'ils n'ont plus rien à dire. Je rends grâce à Dieu et je vais profiter de mes vacances... Je suis un joueur qui n'est pas chanceux. J'ai du mal à avoir un grand club. Sinon, les joueurs que l'on voit évoluer dans les grands clubs, ne sont pas plus efficaces ou plus forts que moi. C'est juste qu'ils ont plus de chance que moi. Le football, c'est aussi de la chance. Si on analyse bien les douze buts que j'ai eu à marquer cette saison, c'est grâce à un travail personnel. Dans les grands clubs, ce n'est de la sorte que cela se passe. Les grands buteurs ont de très bons passeurs. Des gens qui les mettent dans de très bonnes conditions. Je suis un joueur qui aime les intervalles. A partir de là, il suffit d'avoir quelqu'un qui te met sur orbite à chaque fois et tu assures le reste. Ce dont je suis capable. Malheureusement, souvent dans mon club, je suis obligé d'aller chercher le ballon et le mettre au fond des filets. Cela peut se comprendre dans la mesure où Wigan n'est pas un grand club.

Wal Fadjri : En dehors de la satisfaction personnelle, il y a également celle d'une bande qui avait un objectif commun : rester en première division ?

Henri Camara : C'est clair ! On s'était fixé l'objectif de rester en première division pour cette année. Nous avons réussi à bousculer tout le monde et au finish, on termine dans le milieu du tableau. Pour une équipe qu'on n'attendait pas, c'est grandiose. L'objectif atteint, il va falloir miser plus haut, l'année prochaine. Pour cela, il faudra que les dirigeants pensent à renforcer beaucoup plus l'équipe. Cette année, on sera attendu. Ce ne sera pas comme l'année dernière où personne ne pensait qu'on allait occuper la deuxième place durant plusieurs journées. Que ce soit en défense, au milieu ou en attaque, il faut qu'il y ait la concurrence. Cela nous permettra de mieux nous renforcer. Et la sélection de notre défenseur Pascal Chimbonda, en équipe de France pour la Coupe du monde, est déjà une bonne chose pour l'équipe.

Wal Fadjri : Il vous reste deux ans de contrat avec Wigan. Allez-vous rester ?

Henri Camara : Je pense rester même s'il y a des clubs comme Portsmouth (Premier League) qui tapent à la porte. Le club a contacté mon agent. Ce n'est pas dans ma tête pour le moment. Je ne veux pas me compliquer la vie avec mes dirigeants. Je pense faire toute chose en son temps. A part ce club, il y a en d'autres qui veulent s'attacher mes services. Il ne s'agit pas d'un club français. Je ne pense pas à la France, à l'heure actuelle. Si je dois partir, ce sera dans un autre club anglais ou en Espagne. Même l'Italie ne m'attire pas trop. Mais je ne peux donner de nom pour l'instant. Aujourd'hui, c'est Wigan et rien que Wigan. A mon retour, je dois discuter avec eux sur les nouvelles orientations. Dans les clauses de mon contrat, il y a une possibilité de discuter à nouveau pour étudier certaines propositions. Donc, on verra sur place.

Wal Fadjri : Vous avez manqué le match amical des ‘Lions’ contre la Corée du Sud. Faites-vous partie de ceux-là qui auraient boudé la sélection ?

Henri Camara : Jamais, je ne bouderai la sélection nationale. Je ne pense pas qu'il y ait quelqu'un qui puisse aimer l'équipe nationale plus que moi. Je détiens, mine de rien, le record de sélections, actuellement. Cela fait douze ou treize ans que je suis dans la ‘Tanière’. Je crois que je n'ai plus rien à prouver en équipe nationale. Seulement, lors du dernier match qu'on a joué contre Arsenal, je me suis blessé. J'avais mal aux adducteurs. Je l'ai dit à Amara Traoré lorsqu'il m'a appelé. Il me fallait un peu de repos. Il leur fallait se tourner vers les jeunes. Il n'y avait aucun problème. Amara Traoré a bien compris.

Wal Fadjri : Comment avez-vous trouvé la prestation des jeunes ?

Henri Camara : Ils ont fait un excellent résultat. Ils ont prouvé à tout le monde qu'ils méritent d'être là. Et c'est une bonne chose pour l'équipe nationale. Au moins, demain, si on n'est plus là, on sait qu'on pourra compter sur eux. D'un autre côté, cela peut amener la concurrence et c'est une bonne chose pour l'équipe. Tant qu'il y a une concurrence, qui doit être saine, c'est l'équipe qui va en profiter. Les places vont se payer à prix d'or. Surtout avec l'arrivée du futur sélectionneur national. C'est donc une bonne chose de leur donner une chance de s'exprimer. C'est la même chose que font des équipes comme la Côte d'Ivoire, le Nigeria ou encore le Togo. Ce sont des équipes qui prennent aujourd'hui exemple sur le Sénégal. Elles ont vu une équipe qui a fait des merveilles dans le monde. Après avoir longtemps voulu faire comme le Sénégal, elles sont en phase de réaliser leur rêve. Il nous faut miser sur les jeunes qui sont là actuellement et qui seront également là demain.

Wal Fadjri : Comment avez-vous vécu les changements survenus à la tête des ‘Lions’ ?

Henri Camara : Tous les gens voulaient avoir un entraîneur expérimenté au sortir de la Can. Je crois que c'est chose faite maintenant puisqu'on parle de Kasperczak. Je ne sais pas s'il a signé ou pas. Ce sera une bonne chose pour nous. Je ne le connais pas personnellement, mais j'ai entendu dire qu'il a une bonne connaissance de l'Afrique pour avoir dirigé des équipes africaines. Il ne devrait pas avoir de problème. Concernant le départ des autres, je n'y ai pas trop pensé, à vrai dire. J'étais trop occupé avec mon club durant cette période. On me mettait toujours au parfum de ce qui se passait dans le pays. J'avais quand même d'autres priorités... Je dirai simplement qu'Ablaye Sarr et Amara Traoré ont fait leur boulot. Ils auraient pu mieux faire à la Can (2006).

Wal Fadjri : Comme quoi par exemple ?

Henri Camara : Ce n'est pas la peine de revenir sur certaines choses. Les gens ont eu à apprécier, juger. Mais comme je dis, ils auraient pu mieux faire.

Wal Fadjri : Qu'est-ce que vous leur reprochez concrètement ?

Henri Camara : Je n'ai pas une dent contre eux. Ce sont des gens qui m'ont soutenu, il y a longtemps. Abdoulaye Sarr m'avait quand j'étais junior. C'est un père pour moi. C'est vous dire les rapports que je peux avoir eux... No comment !

Wal Fadjri : Cela a un rapport avec la Can 2006 ?

Henri Camara : Bien évidemment qu'il s'agit de la Can.

Wal Fadjri : Ont-ils commis des erreurs graves ?

Henri Camara : Tout le monde commet des erreurs. Je ne devrais même pas en parler parce que les gens en ont déjà parlé. Je préfère donc ne pas en parler. D'autant plus que je n'ai pas une dent contre eux.

Wal Fadjri : Etes-vous satisfait de votre dernière Can ?

Henri Camara : Cela aurait pu être beaucoup plus intéressant si on avait ramené la coupe d'Afrique. Je suis quand même satisfait de ma prestation. Avant le début de la compétition, j'étais au meilleur de ma forme. Les gens en ont fait état d'ailleurs. Que ce soit à Dakar ou ailleurs, c'était la même chanson. Deux fois meilleur joueur, deux buts et des passes décisives, c'est un bilan satisfaisant.

Wal Fadjri : Y a-t-il un fait qui vous avez choqué à la dernière Can ?

Henri Camara : L'élimination en demi-finale contre l'Egypte. On était parti pour aller jusqu'au bout. Malheureusement, c'était contre le pays organisateur. Dans ce genre de situation, ce n'est pas évident. Une seule erreur peut être fatale. Malheureusement, on en a commis beaucoup. C'est quand on m'a fait sortir alors que je commençais à retrouver mes sensations. Il faut que ceux-là qui ont commis les erreurs, sachent qu'ils ont commis des erreurs... Lorsqu'on m'a demandé de sortir, je ne savais pas pourquoi. Ils m'ont fait comprendre que j'étais blessé. Mais, c'est la veille que je me suis blessé. Ce n'est pas méchant. Quand on a du respect envers certaines personnes, on ne peut rien faire. Je n'ai alors rien dit. Après le match, on en a parlé avec Ablaye Sarr. C'est du passé maintenant.

Wal Fadjri : Avez-vous revu le match ?

Henri Camara : A deux reprises ! Je vous dis que certains comme Amdy (Faye) étaient étonnés de me voir sortir. Au moment où je sortais, il est venu me demander ce que j'avais. Et je n'avais rien du tout. J'étais très bien dans ma peau. Cela m'a fait très mal. Comme je dis, c'est une erreur et c'est du passé pour moi.

Wal Fadjri : A la Can 2008 dont les éliminatoires vont bientôt démarrer, l'objectif sera encore de gagner la coupe d'Afrique. Comment y parvenir, selon vous ?

Henri Camara : Il faut à l'équipe du Sénégal un entraîneur qui a du caractère, de la trempe de Bruno Metsu. Quelqu'un qui peut nous aider. Le Sénégal dispose d'une très grande équipe, désormais. Il faut un entraîneur qui est expérimenté. Il faut quelqu'un qui puisse régler la situation. Je ne parle pas de quelqu'un qui va nous enfermer à longueur de journée. C'est plutôt un travail qui doit être axé sur les qualités et les défauts de chacun.

Wal Fadjri : Pensez-vous que Henry Kasperczak en sera capable ?

Henri Camara : Bien sûr ! C'est quelqu'un qui est expérimenté et qui connaît bien le continent. Qu'on le laisse et lui donne le temps de travailler. Parce qu'en général, pour un rien, les gens te virent pour chercher un autre. Il pourra apporter quelque chose à l'équipe.

Wal Fadjri : Cette force de caractère dont vous parlez, faisait-elle défaut à la dernière Can ?

Henri Camara : Pas tellement ! Comme je l'ai déjà dit, le staff qui était là, a fait son job. Ablaye Sarr et Amara Traoré ont réussi à amener l'équipe jusqu'en demi-finale. Ils avaient leur caractère même si cela n'était pas suffisant. Un entraîneur expérimenté ne commet pas certaines erreurs. C'est dans ce contexte qu'il faut voir les choses. L'équipe nationale est sur une autre orbite, aujourd'hui. Elle a besoin d'un entraîneur qui est en mesure de lire ce qui n'est pas visible. Avec Bruno Metsu, on y allait les yeux fermés. Tout ce qu'il nous disait à l'entraînement ou nous demandait de faire, on le voyait sur le terrain. C'est ce qui nous a manqué ces derniers temps... Si cela ne dépendait que de moi, Bruno Metsu serait déjà revenu en équipe nationale. Mais il y a un entraîneur qui est choisi. Je crois qu'il saura nous guider dans cette direction.

Wal Fadjri : Y a-t-il des changements qu'il faudra opérer au niveau de l'effectif ?

Henri Camara : Beaucoup de changements même. Ces jeunes que je vois aujourd'hui, méritent d'être appelés en équipe nationale. Il faut de la concurrence si on veut aider cette équipe à aller de l'avant. J'ai confiance en ce groupe qui est là. Maintenant, prions que tout se passe bien, afin d'aborder les éliminatoires dans les meilleures conditions. On a le temps de remettre cette équipe sur les rails. Il faut se méfier des ‘petites’ équipes. L'histoire du Togo est là pour nous rafraîchir la mémoire.

Wal Fadjri : Qu'est-ce qu'il faut à Ablaye Sarr et Amara Traoré pour servir le football sénégalais ?

Henri Camara : Pourquoi ne pas leur confier les espoirs, les juniors, les cadets. On ne doit pas les laisser partir de la sorte... Si on donne à Amara, comme on le dit dans la presse, une place dans le staff, ce serait une bonne chose. C'est quelqu'un qui connaît les joueurs... Lamine Ndiaye ? Je l'ai connu étant jeune. Je le voyais jouer à la télé.

Wal Fadjri : Comment passez-vous les vacances ?

Henri Camara : Je suis à Dakar depuis trois semaines. Je dois rentrer le 11 juin. Je dois revenir avant la fin du mois pour encore rester pratiquement tout le mois de juillet... Je profite un peu de la plage avec mes frères, la famille, mes copains de quartier. Par contre, les joueurs, on ne se voit que dans les boîtes de nuit. Ce qui est tout à fait normal. A chaque fois que je suis en mesure d'y aller, j'y vais sans me gêner. On est tous en vacances, il faut donc en profiter au maximum avant le début de la saison. Car dès que cela commence, tu n'as plus le temps de sortir. Sinon, il y a Alassane Ndour que je vois pratiquement tous les jours. C'est quelqu'un que j'apprécie et respecte beaucoup pour sa simplicité. On est souvent ensemble. On joue chaque soir ensemble.

Wal Fadjri : Et le clip avec Viviane Ndour ?

Henri Camara : C'est Bouba Ndour, le mari de Viviane Ndour, qui est un ami, qui m'a contacté pour que je participe. J'ai hésité un moment parce que je suis quelqu'un de timide. Voilà ! Cela nous a pris trois jours. Je ne savais pas que c'était si difficile pour tourner un clip. Une scène, on la tourne plus de dix fois. Voilà quoi ! J'en ai quand même profité pour faire autre chose.



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