Vendredi 19 Avril, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Top Banner
Sport

HOMMAGE - Levée du corps et inhumation de Fanta Keïta : Il pleure sur Grand-Yoff

Single Post
HOMMAGE - Levée du corps et inhumation de Fanta Keïta : Il pleure sur Grand-Yoff

Une foule immense a rendu hier, un dernier hommage à la championne du judo Fanta Keïta (25 ans), décédée lundi d’une fracture de la vertèbre cervicale. L’émotion et la tristesse ont été les sentiments les plus perceptibles hier à l’arrière-cour de l’hôpital général de Grand-Yoff où a eu lieu la levée du corps. Le président de la République a pris tout le monde de court en octroyant une maison à la famille de Fanta Keïta et le Premier ministre Macky Sall l’a élevée au rang de Chevalier de l’Ordre national du Lion.

La grande dame pleure de toutes les larmes de son corps, elle s’oppose au démarrage de l’ambulance. Elle sanglote, crie. Son geste est imité par des dizaines d’autres femmes, de jeunes, d’amis, de proches qui ont pris d’assaut l’arrière-cour de l’hôpital général Grand-Yoff. L’ambulance s’ébranle sous un tonnerre de sanglots et un concert de sirène. La dépouille de Fanta Keïta, drapée aux couleurs nationales, quitte les lieux. Laissant derrière une foule triste, écrasée par l’émotion. La grande dame sanglote, tente un atone signe de la main au corbillard qui disparaît de sa vue. Qui épouse l’horizon.

Tout à l’heure, vers 14 heures ce jeudi noir, Fanta était pourtant là, raide, solennelle dans sa tenue pour l’au-delà, insensible aux «Lahila ilalala» de sa maman, vêtue d’un boubou traditionnel blanc. Insensible aux témoignages de la famille du sport qui pétillent comme des bulles de Fanta. El Hadj Dia, le président de la Fédération de judo, égrène un long chapelet de trophées et de médailles gagnés par Fanta Keïta avant la fatale fracture de la vertèbre cervicale. Il ne termine pas son speech, l’émotion le submerge, il cède, sanglote, pleure, quitte la scène. La maman de la défunte craque à son tour, mais dignement. Puis des hoquets se font entendre. Mbaye Boye Fall, dur réputé dans le milieu du judo, brise la carapace et écrase une larme pour sa «fille chérie». Le personnel de l’hôpital, sous la tente dressée pour l’occasion, assiste des femmes qui tombent en pâmoison. Difficile de placer un simple mot dans cette ambiance lourde.

Fanta est là, raide. Prête à rejoindre sa dernière demeure. Elle est là, immobile, insensible aux multiples témoignages des parents, des amis, des sportifs, des autorités. Elle reste inerte quand le Premier ministre Macky Sall se lève prestement de son fauteuil pour lui décerner à titre de Chevalier de l’Ordre national du Lion, devant une meute de photographes qui mitraillent l’évènement pour la postérité. Fanta est figée dans son cercueil. Des judokas du Judo Club de Grand-Yoff en kimono veillent sur la dépouille. Ils l’entourent de leurs muscles saillants, zen devant l’épreuve, mais décidés à rendre un dernier hommage à leur championne. A leur reine du tatami, à leur combattante des moments de galère. Mamadou Moustapha Sène a combattu avec elle lors des Jeux Africains (2003) à Abuja, au Nigeria, il a du mal à contenir ses sanglots. Ses phrases sont entrecoupées de pleurs : «C’est très difficile quand je vois les conditions dans lesquelles… les combattants sénégalais affrontent le haut niveau…» Il ne terminera pas sa complainte. Sa souffrance interne le lui a brutalement interdit.

Pourtant, selon le ministre des Sports Daouda Faye, le gouvernement a tout fait pour laisser éclore la fleur aujourd’hui asséchée : «Je ne reviendrais sur la brillante sportive qu’était Fanta Keïta, je vais simplement présenter mes condoléances au nom du chef de l’Etat Me Abdoulaye Wade, président de la République, de M. le Premier ministre ici présent, malgré les lourdes charges dont un Conseil des ministres (à tenir) dans une demi-heure, ceci témoigne de l‘intérêt que le gouvernement porte à la jeunesse et aux Sports. Nous avons fait notre devoir. Car comme l’a toujours dit le chef de l’Etat notre plus grande richesse, c’est notre jeunesse, nous devons l’encadrer, l’aider et la rendre utile à la nation c’est ce que nous nous efforcions de faire tous les jours et le seul regret que nous avons aujourd’hui c’est de ne pas pouvoir aller plus loin avec Fanta», halète «Vava», la voix mangée par l’émotion. Il n’est plus ministre. C’est un «père» pour la jeune fille de 25 ans, partie à la fleur de l’âge, qui hoquette : «Fanta Keïta, par le hasard, était devenue ma fille à l’occasion d’une audience que je lui ai accordé et je pense que la nation sénégalaise a perdu une grande championne, le judo sénégalais a perdu une grande championne», larmoie Daouda Faye.

EN ROUTE VERS LA DEMEURE

L’ambulance et le cortège funèbre s’ébranlent dans un concert funeste de gyrophares, vers la dernière demeure de la championne. Sur terre, Fanta avait toujours parlé de son rêve : construire une maison à sa maman. Un rêve qu’elle ne pourra pas réaliser, mais le président de la République Me Wade a tenu à l’accomplir à sa place. Daouda Faye prend toute l’assistance à témoin : «Le chef de l’Etat a décidé d’octroyer une maison à la famille de Fanta Keïta.»

En attendant, sa dernière demeure elle, ne perd pas de mine. Elle est faite d’une motte de terre. Tout court. Une foule immense l’accompagne, au rythme des «La ila ilahaha ilala» qui perturbent la quiétude des lieux. Un trou est déjà creusé et attend son propriétaire. La foule avance, Fanta s’approche de son nouveau domicile. L’on crie dans l’assistance : «Faites place aux personnes âgées !» «Reculez !» Le soleil, au zénith, salue le cérémonial de mille rayons. 15h40, un avion survole les lieux, l’on a fini de mettre «l’étoile éteinte» sous terre. Des prières, des pleurs, encore des pleurs. Puis la foule se disperse. Dernier à quitter la tombe, son petit-frère, Abdou Keïta, digne dans la douleur, vêtu d’un grand boubou vert témoigne : «Fanta était super bien avec moi, elle faisait tout pour moi. Elle était pétrie de qualités. Je suis au daara de Cheikh Abdou Dieng à Diourbel, mais à chaque fois que je venais à Dakar elle faisait tout pour moi. On ne peut que prier pour elle, elle aimait bien sa famille et sa maman.»

La foule se disperse et semble fuir les lieux. Cheikh Mbaye, lui, prie seul désormais devant la tombe de sa Fanta. Quand, il se relève, ses yeux sont embués de larmes. Il respire un gros coup et chuchote du mieux qu’il peut : «Cela ne fait pas longtemps que je l’ai connue, car c’est un de mes amis qui a épousé sa petite sœur Djeynaba Keïta. Mais en un laps de temps, elle s’est attachée à moi. Mais ce qui m’a le plus marqué chez elle, c’est sa disponibilité, Fanta se démultipliait, elle faisait les travaux domestiques sans rechigner. C’est une grosse perte pour sa famille, pour sa nation.» Un ange passe. Un autre avion passe aussi. 15h 55, Fanta Keïta est désormais seule dans sa dernière demeure. Sa dernière adresse de championne immortelle : «Tombe numéro 1, 31e série, 2e section spéciale.»



0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email