(Ramallah, envoyé spécial) - Pour Jérôme Champagne, le Sénégal a les moyens de battre le Cameroun, le 4 juin prochain à Yaoundé, pour le compte de la 4e journée des éliminatoires de la Can-2012. Ce serait une catastrophe pour les ‘Lions indomptables’ (3e, 4 pts), qui sont à cinq longueurs de leur futur adversaire. Dans cet entretien qu’il nous a accordé, la semaine dernière à Ramallah, l’expert de la Fifa, pour défendre son point de vue, signale que le Sénégal ‘possède actuellement l’une des meilleures équipes du continent africain’. Mais Jérôme Champagne demande aux ‘Lions’ de se méfier de l’excès de confiance, qui a perdu la ‘Génération de 2002’.
Wal fadjri : En 2008, le football sénégalais avait touché le fond au point de nécessiter l’intervention de la Fifa et l’avènement d’une structure d’exception, le Comité de normalisation, à la mise en place duquel vous avez joué un rôle central. En jetant un regard dans le rétroviseur, que retenez-vous ?
Jérôme Champagne : Je suis très fier de la contribution que j’ai apportée au Sénégal pendant cette période de crise. Le football sénégalais qui allait en dents-de-scie, à un certain moment, a fini par tomber dans une profonde crise, avec la démission presque générale des membres de l’ancienne Fédération sénégalaise de football. Avec les membres du Comité de normalisation, qui avaient été choisis par les autorités de l’Etat du Sénégal, on avait comme boulot de procéder à une réorganisation du football sénégalais. J’avoue que c’était très difficile comme tâche. Mais, nous y sommes finalement parvenus avec l’engagement et la détermination des uns et des autres. Si on regarde ce qu’est devenu aujourd’hui le football sénégalais, je pense qu’on a fait du bon boulot. La ligue professionnelle fonctionne bien. La Fédération sénégalaise de football a maintenant une très bonne réputation sur le plan international. En plus, on a réussi à intégrer le Navétane dans le chapeau fédéral.
Ce ne fut pas facile…
Intégrer le Navétane n’a pas du tout été facile. Certains s’étaient vivement opposés à ce projet, mais je suis parvenu à convaincre le président de la Fifa, Sepp Blatter, ainsi que les membres du comité exécutif de l’intérêt que le Navètane suscite et représente au Sénégal. Il y a eu tout un travail qui a abouti aujourd’hui à la mise en place de cette nouvelle Fédération sénégalaise de football.
Quels étaient les arguments avancés pas les opposants à l’intégration du Navétane dans l’architecture fédérale ?
Il ne faut pas chercher à remuer le couteau dans la plaie. Je pense que ça ne vaut vraiment pas la peine de revenir sur tout ce que nous avons enduré au cours de ce processus de normalisation. Ce qui est intéressant à retenir, c’est que nous avons su faire face à tous les obstacles pour les surmonter. Ce que je retiens, c’est l’excellent boulot réalisé par les membres du Cnf pour aboutir à la mise en place d’une nouvelle Fédération sénégalaise de football.
‘Intégrer le Navétane dans l’architecture de la Fédération sénégalaise de football n’a pas été facile. Certains s’étaient vivement opposés à ce projet.’
Actuellement, les ‘Lions’ sont en tête du groupe E des éliminatoires de la Can-2012. Que vous inspire ce retour au premier plan ?
Avec son potentiel de joueurs talentueux, c’est sans surprise pour nous de voir le Sénégal prendre son envol au niveau continental. Le Sénégal possède actuellement l’une des meilleures équipes du continent africain. Mais, il faudra beaucoup faire attention à l’excès de confiance et à l’euphorie. Le football sénégalais était tombé, au sortir de la Can 2008, dans une profonde crise parce que justement les gens pensaient être au-dessus de la mêlée. Sans se mettre au travail, les Sénégalais croyaient être les meilleurs en Afrique. C’est pourquoi, après le brillant parcours à la Can et au Mondial 2002, l’équipe a sombré d’année en année, avant de toucher le fond du trou. Il faudra alors éviter de retomber dans les mêmes travers.
Le Sénégal sera face au Cameroun lors de la prochaine journée. Quel est votre pronostic ?
Avec la première place qu’il occupe actuellement, à cinq longueurs de ses suivants immédiats, le Sénégal a bien son destin en main dans ces éliminatoires. Je ne serai pas surpris de voir le Sénégal battre à nouveau le Cameroun, même si le match retour se joue à Yaoundé.
Si l’équipe A du Sénégal a retrouvé le sommet du football africain, il le doit en partie à ses binationaux. Lesquels sont au centre de l’affaire des quotas qui a éclaboussé le football français. Comment avez-vous accueilli cette affaire ?
J’ai été terriblement choqué par les mots qui ont été employés par les uns et les autres au cours de cette réunion du mois de novembre dernier. C’est un scandale que des responsables d’un niveau aussi élevé de la Direction technique française de football puissent aborder un tel sujet. Quand en 2003, il s’est agi de modifier les règles de la Fifa pour permettre à des joueurs binationaux de prolonger leur carrière internationale dans l’équipe nationale d’un pays différent de celui qui les a formés, tout le monde a pris cela comme une mesure de justice. Personne n’avait crié au scandale. Parce qu’à l’époque, c’était globalement les pays du nord qui étaient plus concernés par ce volet. Ce sont ces pays qui avaient plus d’attraction pour les joueurs binationaux. J’ai été, personnellement, très heureux de voir des joueurs comme Frédéric Kanouté rejoindre l’équipe nationale du Mali pour poursuivre leur carrière internationale après avoir été zappés par la France.
‘J’ai été terriblement choqué par l’affaire des quotas. C’est un scandale que des responsables de la Direction technique française de football puissent aborder un tel sujet.’
Le cas Moussa Sow a plus fait parler…
Moussa Sow a été utilisé chez les espoirs français. Il n’a jamais été appelé en équipe de France A. Donc, c’est tout à fait normal qu’il choisisse de jouer pour le Sénégal qui est son pays d’origine. Moussa Sow n’a jamais été convoqué en même temps par la France et le Sénégal. Ce jeune n’a pas été confronté à un problème de choix. Et puis ce problème de binationaux n’est pas seulement spécifique entre l’Europe et l’Afrique. Il existe bien partout, surtout entre les Etats européens. C’est pourquoi j’insiste à dire que ce problème des quotas est un faux-débat. La France devrait, au contraire, être fière que des joueurs qui sont passés par ses circuits de formation puissent jouer pour d’autres équipes nationales. C’est un faux-débat dans la mesure où, depuis huit ans, seuls 102 cas de joueurs ont fait l’objet d’un changement de nationalité. Il faut que le football français réfléchisse à l’évolution de son niveau technique.
Peut-on dire que Laurent Blanc, qui a tenu des propos équivoques lors de la réunion de novembre, est raciste ?
C’est vrai que Laurent Blanc a tenu des propos qui ont été choquants et même blessants. Mais c’est quelqu’un de très compétent et il n’est pas du tout raciste. Il a démontré cela dans sa vie de joueur et d’entraîneur.
Quel regard portez-vous sur l’évolution du football africain en général ?
Il y a deux manières d’être africain. Soit on est né en Afrique ou, c’est l’Afrique qui est née en vous. Tel est notamment mon cas. C’est l’Afrique qui est née en moi, depuis de nombreuses années. Je suis un expert très dévoué pour la cause du football africain. Ce qui justifie mon engagement et ma détermination à mettre mon expertise à la disposition des responsables du football des pays africains. Il y a aujourd’hui une émergence d’une nouvelle classe de dirigeants qui peuvent bien faire la fierté du football africain dans un futur très proche. On voit aujourd’hui le Botswana être la première nation à se qualifier à la Can-2012. Ça paraît être une grosse surprise pour nombre d’observateurs. Mais, je n’ai personnellement pas été surpris par cette qualification du Botswana pour la prochaine Can. C’est vrai que le Botswana est loin d’être un grand pays du football africain. Mais, ce pays l’a réussi grâce justement à ses responsables qui ont fait un excellent travail à la base. Hormis le Botswana, il y a un excellent travail de redressement du football qui est en train d’être fait par les responsables du football des nations comme le Malawi, l’Angola, le Mozambique…
Comment de tels résultats ont pu être possibles ?
Tout ça découle du travail de développement fait par la Fifa en synergie avec les responsables de fédérations de ces pays respectifs. L’Afrique a un immense potentiel. Il y a une nouvelle génération de jeunes dirigeants africains qui commencent à émerger. Ils sont très bien formés et ils commencent à marquer de leurs empreintes le football continental. C’est pourquoi, les résultats n’ont pas tardé à suivre dans leurs fédérations respectives.
‘Moussa Sow a été utilisé chez les espoirs français. Il n’a jamais été appelé en équipe de France A. Donc, c’est tout à fait normal qu’il choisisse de jouer pour le Sénégal qui est son pays d’origine.’
Vous êtes au cœur de l’organisation du football en Palestine. Quel est votre rôle ?
Je suis en Palestine, depuis que j’ai quitté la Fifa en janvier 2010. J’ai été appelé ici par le président de la Fédération palestinienne de football, Djibril Alrjoub. Ce dernier est, par ailleurs, le président du Comité olympique palestinien. Monsieur Djibril Alrjoub a fait appel à moi pour que je l’aide dans sa mission de construire le football et le sport palestinien en général. C’est une mission extrêmement passionnante qui porte à la fois sur la vision générale du développement du sport en Palestine. Il s’agit, entre autres, de la construction des infrastructures sportives, des stades de football. Mais, surtout, de chercher à aider les clubs à se construire et à développer. Je m’investis aussi sur l’action internationale pour obtenir pour la Palestine des matches internationaux. Je mets notamment au service du président Djibril Alrjoub mes connaissances et mes relations. Je suis en quelque sorte son conseiller sur le plan international.
Comment arrivez-vous à assurer votre mission dans une région en permanente tension ?
La mission est extrêmement difficile et compliquée. On bute notamment sur la liberté de mouvement des athlètes et des sportifs en général. Il est aussi très difficile de recevoir des équipes étrangères. Et même des donations matérielles de la Fifa, par exemple pour construire des infrastructures sportives. La tâche n’est pas du tout aisée pour nous. Mais, il nous faut fermer les yeux pour avancer. Le football et le sport en général sont très importants pour la jeunesse d’un pays. Voir la jeunesse palestinienne se livrer à la pratique du sport peut beaucoup contribuer à son éducation. Il faut toutefois reconnaître qu’il y a beaucoup de travail à faire. Il ne faut surtout pas oublier que le territoire palestinien souffre de l’occupation d’une partie de ses terres depuis de nombreuses années. Tout est à construire dans ce pays. C’est une entreprise lourde et compliquée.
13 Commentaires
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En Mai, 2011 (04:53 AM)Saliou
En Mai, 2011 (05:28 AM)Matay
En Mai, 2011 (05:44 AM)Abou sarr laniou wakh!!!!!!
Zzzz...
En Mai, 2011 (06:10 AM)Ne pas verser dans un exces de confiance injustifié
Le Senegal n'a encore remporte aucun titre, à la difference du Cameroun qui sera TOUJOURS un adversaire dangereux et difficile a manoeuvrer
Se concentrer, se motiver, et être vigilant jusqu'au bout, surtout en défense !
Bruce
En Mai, 2011 (07:19 AM)le Senegal bat les camerounais chez eux par 2 :0
Undefinided
En Mai, 2011 (07:40 AM)11
En Mai, 2011 (07:43 AM)Yebo
En Mai, 2011 (08:28 AM)L'camer
En Mai, 2011 (08:35 AM)Vive LES LIONS INDOMPTABLES DU CAMER,LES LIONS QUI ONT UNE HISTOIRE!!!!!!
Livoirien
En Mai, 2011 (10:57 AM)vive la cote divoire
a bas le putain de cameroun
Galsen
En Mai, 2011 (15:01 PM)sénégal en force
Camerounais
En Mai, 2011 (16:57 PM)Undefined
En Mai, 2011 (15:23 PM)Participer à la Discussion