Mardi 16 Avril, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Sport

JOSEPH KOTO TIRE LE BILAN DU CHAN " Certains joueurs sont des poltrons "

Single Post
JOSEPH KOTO TIRE LE BILAN DU CHAN " Certains joueurs sont des poltrons "
L’entraîneur de l’Equipe nationale locale a essuyé des critiques de toutes parts, après l’élimination de ses protégés en demi-finales du dernier Chan. Dans cet entretien, il répond aux remarques qui lui ont été faites. Et les joueurs qui ne se sont pas gênés pour lui reprocher, de manière voilée, certains de ses choix, en ont pris pour leur grade. Dans cet entretien, Koto touche, sans prendre de gants, les plaies qui ont gangrené sa sélection, tout en gardant son optimisme pour l’avenir du groupe. Sur le banc des accusés, Koto plaide non coupable.

Coach, les critiques n’ont pas manqué de fuser contre vous après l’élimination des Lions. Certains joueurs vous reprochent même d’avoir tout voulu mettre sur leur dos…

Pour moi, même si le joueur ne fait pas un bon match, je peux comprendre, par contre, je ne peux pas tolérer qu’un joueur ne mouille pas le maillot. Je ne badine pas avec ça. Je peux comprendre qu’un joueur ne soit pas toujours en forme, cela arrive à tout le monde, mais dans ce cas, il faut montrer qu’on s’est battu, malgré tout, sur le terrain. Prenez le cas de Diamanka (Pape Maly), contre la Tanzanie, je trouve qu’il n’a pas mouillé le maillot. Après, je lui ai donné une seconde chance et il m’a donné satisfaction. Contre le Ghana, il a raté une balle de match très facile à mettre au fond, il suffisait juste qu’il mette le bon pied. S’il marquait ce ballon, on serait en finale. Pourtant, cela n’a pas empêché qu’on le titularise lors du match suivant. Parce que je considère qu’il a voulu bien faire et il a raté. En tant qu’ancien joueur, je sais que ça arrive à tout le monde. Diamanka, je l’ai responsabilisé. J’ai fait de lui le porte-parole des joueurs. Je l’amenais lors des points de presse, c’est vous dire l’estime que je lui porte.

Comment expliquez-vous que Mourchid Iyane Ly et Yalli Fall Guène, très bons avant le tournoi, n’aient pas beaucoup joué pendant le Chan ? Est-ce en rapport avec leurs tests en Occident ?

Mourchid (Iyane Ly) n’a pas dit qu’il a joué toute la deuxième mi-temps contre la Libye (Ndlr : dernier match amical avant le Chan, perdu 1-0) et qu’il n’a rien apporté, lors de ce match. En fait, il a pris de l’embonpoint. Le recruteur qui est allé le voir au Chan était même déçu, car on n’a pas vu le Mourchid qu’on a connu. Contre la Côte d’Ivoire, je l’ai mis partant et il n’a rien apporté. Il raconte des conneries. Il faut demander au Directeur technique national (Amsata Fall) ou à mon adjoint (Badara Sarr) ; avant de faire la sélection, je discute avec tout le monde. Si j’avais écouté tout le monde, les joueurs qui étaient partis faire des tests ne seraient pas sur la liste. Finalement, je les ai pris, mais ils n’ont rien apporté. Yalli Fall Guène est un peureux. Il n’a jamais pu rééditer le match qu’il a joué contre la Guinée (dernier match qualificatif au Chan). Pourtant, il a joué contre Oman et contre la Libye.

Mais la responsabilité du staff technique que vous dirigez n’est-elle pas, au lieu de les engueuler à tout va, d’arriver à mettre les joueurs en confiance ?

Je ne fais que ça ! Moi, les joueurs, je les cajole. Je discute constamment avec eux, car j’ai été joueur. Seulement, leur problème, c’est qu’ils se sont dit que «les recruteurs vont venir, donc le coach doit me faire jouer…». Mais il faut savoir que c’est au joueur de faire ce qu’il doit faire pour convaincre le coach. C’est au joueur de se battre pour avoir une place sur le terrain. Ce n’est pas moi qui joue. Je n’ai aucun intérêt à mettre sur le banc un joueur qui peut m’apporter un plus. Pourquoi mettrai-je sur le banc un joueur en forme ? Si l’équipe marche, j’en suis le premier bénéficiaire. J’ai de bonnes relations avec Mourchid comme avec les autres joueurs, mais un entraîneur doit savoir rester ferme sur ses principes. Il y a des choses que je ne permettrai pas. Même le capitaine, Sidy Ndiaye, il arrive que je l’engueule quand il fait quelque chose de déplorable. Mais on ne l’a pas entendu broncher ; ainsi que Mamadou Bâ et tous les autres. J’évalue la performance, et quand il y a des fautes, je les tance. C’est mon tempérament. Quand un joueur ne me donne pas satisfaction, j’ai la latitude de mettre quelqu’un d’autre à sa place. Si Mourchid avait convaincu, je n’allais pas utiliser Malick Fall. Quand je dis qu’être meilleur buteur ne veut pas forcément dire qu’on a le niveau, Mourchid ne doit pas se sentir visé. On a eu des meilleurs buteurs du championnat qui marquait beaucoup plus que lui sans faire partie d’une Equipe nationale parce que l’entraîneur estimait que d’autres donnaient plus satisfaction. Si, lors de ce tournoi, j’ai utilisé 22 joueurs, c’est parce que je n’ai pas eu cette satisfaction que je cherchais sur le plan offensif. Je vous fais une révélation : Gérard Dreyfus (Ndlr : journaliste sportif français à Rfi) m’a dit que si on avait des tueurs devant le but, on allait remporter le tournoi haut la main. Il m’a dit qu’il était émerveillé par le match tactique qu’on a fourni contre la Zambie au premier tour.

Sur la gestion de votre effectif, il n’y a pas que les cas Mourchid et Yalli qui ont fait débat. Il y a aussi Malick Fall qui a eu droit à plusieurs chances sans pour autant convaincre, alors que les autres attaquants, comme Sara Ndao et Benjelloune, ont été peu utilisés. Pourquoi ?

Malick Fall est certes limité sur le plan technique, mais il se bat. Sara Ndao, c’est un garçon que je connais très bien. Il n’a pas effectué toute la phase de préparation. Ensuite, c’est un garçon très émotif, donc je ne voulais pas le mettre dans des matches où il risquait de se noyer pour après ne plus revenir. J’ai voulu l’utiliser de façon à ce qu’il prenne confiance au fil des matches. Il a démarré le match le plus important, contre le Ghana. Et même lors de ce match, il a vendangé quelques occasions faciles. Benjelloune est passé à côté lors des matches amicaux avant le tournoi. Contre la Zambie, quand il est rentré, il est aussi passé complètement à côté. On lui demandait de conserver le ballon, il s’est mis à tirer n’importe comment, comme pour se débarrasser de tous les ballons qu’il recevait. Vous savez, on peut être bon au niveau national, mais quand on sort, c’est une autre histoire.

Finalement, si l’on vous suit bien, tous les attaquants sont passés à côté, mis à part, peut-être, Alpha Oumar Sow ?

Ah voilà un garçon pétri de qualités. Je considère même qu’il ne m’a pas donné ce que j’attendais de lui parce que je sais qu’il est capable de mieux faire. Il ne va pas assez au charbon, à mon avis. Son problème, c’est qu’il joue toujours à l’artiste, il veut jouer propre alors qu’un attaquant de pointe doit être très bagarreur, il doit user la défense adverse par ses courses, les duels, les appels de balles, les frappes, etc.

On vous a aussi reproché d’avoir été trop frileux sur le plan offensif. Qu’est-ce qui explique votre stratégie trop défensive durant tout le tournoi ?

Parce qu’on n’a pas d’attaquants. Ils n’étaient pas au rendez-vous. Une équipe, on la fait en fonction des éléments dont on dispose. Sachant que mon attaque ne marche pas fort, je suis obligé de mettre en place une stratégie pour m’appuyer sur ma défense, pour ne pas prendre de buts. Parce que la meilleure façon d’attaquer c’est de défendre (sic). Pour gagner, il faut garder le ballon devant. En football, il y a deux situations : quand on n’a pas la balle, on la cherche et quand on l’a, on la fait tourner. Mais on n’avait pas les attaquants qui pouvaient tenir le ballon. On perdait toujours le ballon devant et nos défenseurs étaient obligés de subir tout le match. Regardez, contre le Ghana, le but qu’on a pris, c’est Abou (Mamadou Baïla) Traoré qui perd le ballon et nos adversaires en ont profité. Contre la Zambie, lors de la petite finale, c’est Diamanka qui perd la balle sur le premier but qu’on a concédé.

Sur votre liste, il n’y avait qu’un seul milieu de terrain offensif axial, Diamanka, une défaillance de votre part ?

C’est parce que je considère qu’un joueur excentré doit pouvoir tenir le rôle d’animateur offensif. Le numéro 10 classique n’existe pratiquement plus dans le football sénégalais. Nous avons sélectionné en fonction de ce dont nous disposons. Citez-moi des joueurs non sélectionnés qui auraient dû être là.

C’est vous le technicien, mais il y a certains dont les noms ont été agités, comme Pape Mabousso Mbaye du Jaraaf, Abdou Sagna du Casa, pour ne citer que ceux-là…

Abdou Sagna, je l’ai pris en présélection, il lui reste encore un peu à prouver. Ceux qu’on a convoqués étaient meilleurs que Pape Mabousso Mbaye. Nous avions pris les meilleurs, pourtant, certains sont passés à côté. Aujourd’hui, personne ne me dira que Yalli Fall Guène n’a pas mérité sa sélection. Au vu de ce qu’il a montré en championnat, il méritait d’être pris. Pourtant, il est passé à côté de son Chan. Je veux bien que l’on soit objectif dans les critiques. Contre la Tanzanie, ce n’était pas évident. On a gagné. Contre la Zambie (en match de poule), tout le monde nous donnait perdant, on a dominé les débats et le coach zambien a même reconnu qu’on a mieux joué. J’ai mis en place une stratégie qui a empêché aux Zambiens de voir le ballon. On a dominé pendant tout le match, mais nos attaquants n’étaient pas assez tranchants pour mettre les occasions au fond. Maintenant, Koto ne peut pas jouer à leur place. Si je pouvais le faire, j’allais mettre toutes les occasions au fond. Le problème en est que certains joueurs sont des poltrons. De grands poltrons !

Est-ce que ce débat ne risque pas de fermer la porte à certains joueurs ?

Ça ne ferme la porte à personne. Si cette perspective pouvait se poser, les joueurs dont on parle ne seraient pas convoqués au Chan. Moi, je ne suis pas rancunier. Ce sont, peut-être, eux qui ont des problèmes, mais pas moi.

Lors de la demi-finale contre le Ghana, vous avez surpris tout le monde en titularisant deux latéraux sur le côté, n’est-ce pas une raison supplémentaire de prouver que vous misiez trop sur la stratégie défensive ?

Ah voilà la question que j’attendais ! J’ai vu que vous me l’aviez reproché. Vous savez pourquoi j’ai agi de la sorte ? Parce que Cheikh Diallo est un ailier reconverti en latéral. C’est comme Pape Fall (Ndlr : ancien international sénégalais qui a joué à l’Om dans les années 90). C’était un ailier qu’on a transformé en latéral.

Vous trouvez que c’est une raison suffisante pour convaincre que vous n’êtes pas défensif, surtout pour un ancien joueur offensif de votre trempe ?

Mais, parce que les joueurs offensifs m’ont déçu. Ils n’apportaient pas ce que j’attendais d’eux. Je leur ai dit que même moi, à mon âge actuel, j’aurai mieux fait qu’eux si j’étais à leur place. Parfois en regardant certains jouer, j’avais même envie de pleurer ! Je ne peux pas concevoir des joueurs excentrés incapables d’éliminer leur vis-à-vis en “un-contre-un”, déborder et aller faire un bon centre. À l’entraînement, on faisait tous les jours des répétitions de phases d’attaque. Pour en revenir à Cheikh Diallo, je répète que c’était un ailier reconverti. D’ailleurs, au Port, c’est lui qui amène une grande partie des buts parce qu’il est très offensif. Ensuite, j’avais aussi observé l’ailier Ghanéen qui jouait à ce côté (Ndlr : Ibrahim Ayem) qui est très bon. Donc, il fallait aussi trouver une stratégie pour le contrer. Enfin, Cheikh Diallo, c’est un gaucher alors qu’on n’en avait pas beaucoup dans l’effectif. Ainsi, j’ai misé sur l’autre côté pour l’animation offensive, mais vous aurez aussi constaté que Dembélé (Moussa) n’a pas apporté grand-chose non plus sur ce plan. J’ai fait les deux écoles : française et allemande. Les détails, la rigueur, la conservation de la balle, tout ça c’est très important. Je ne suis pas un entraîneur défensif. Le problème, c’est au niveau des clubs que les gens doivent travailler. Il y a des trucs élémentaires qu’un sélectionneur national ne va pas apprendre à un joueur.

Vous semblez déçu par cette équipe que vous avez mise en place, est-ce à dire que leur avenir n’est pas aussi clair que beaucoup ne le pensent ?

Non, de manière générale, je suis satisfait des joueurs. Il y a certes certains qui sont passés à côté, mais cela ne veut pas dire qu’ils sont mauvais. C’est peut-être le fait que c’est la première fois qu’ils disputent un tournoi international de ce genre qui explique qu’ils étaient en deçà de leur niveau de performance habituel. Ensuite, avec tout le bruit (l’histoire des primes, les recruteurs, l’enjeu, la pression) fait au tour de cette compétition qu’ils venaient de découvrir, c’est compréhensible qu’ils veuillent trop bien faire et ça fait qu’ils ne jouent pas comme ils ont l’habitude de le faire. Ce premier Chan est une grande expérience pour eux. Ce qui est important, c’est qu’ils ont redonné l’espoir au football sénégalais. Si on travaille davantage avec eux, si le championnat devient encore plus régulier qu’il ne l’est actuellement, ces joueurs peuvent nous valoir beaucoup de satisfactions. Seulement, il faudra qu’ils fassent leur autocritique et qu’ils arrêtent de parler.



0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email