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Khadim Samb, communicateur traditionnel : « Des VIP risquent une année blanche »

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Khadim Samb, communicateur traditionnel : « Des VIP risquent une année blanche »

Vêtu d’un grand boubou traditionnel de couleur marron assorti de babouches, il arrive dans une pâtisserie de la place, le téléphone scotché à l’oreille. A la fin de sa conversation, il vient directement vers nous pour nous saluer avant de commander une tasse de café chaud qu’il sirotera tout au long de l’entretien. Lui, c’est Khadim Samb. Animateur très rompu, il procure du bonheur tous les lundis aux milliers de téléspectateurs adeptes de son émission « Caxabal » sur la Rts1. Dans cette interview, il parle de ses débuts dans l’animation de lutte, des problèmes des cachets, l’actualité de la lutte sénégalaise, entre autres.

Présentez-vous d’abord à nos lecteurs.

Avant tout, permettez-moi de remercier le bon Dieu ainsi que son prophète. Je salue toutes les Sénégalaises et Sénégalais non sans leur souhaiter, par anticipation, une bonne fête de tabaski (NDR : l’entretien a été réalisé à la veille de la fête). Ceci dit, je pense que je ne suis plus une personne à présenter aux Sénégalais. Néanmoins, je vais leur rappeler mes origines. Je m’appelle Khadim Samb. Je suis né dans une bourgade dénommée Ndiopane, dans le département de Mbacké, vers les années 50. Je suis présentement un homme à trois casquettes. J’anime aujourd’hui des émissions de lutte à la Rts1 et à Sud Fm. Je suis aussi un boucher.

Comment avez-vous vécu votre enfance ?

J’ai eu une enfance plus ou moins mouvementée. Ainé d’une famille très modeste, j’ai trop tôt pris mon destin entre les mains pour aider mes parents. C’est à l’âge de 14 ans que j’ai quitté mon village natal pour rallier la capitale sénégalaise, en quête de revenus. Je ne pouvais plus supporter le dur quotidien de mes parents. J’étais déterminé à les faire sortir de la misère. Une fois à Dakar, j’habitais chez mon oncle, à Pikine. La vie n’était pas du tout facile. J’ai embrassé plusieurs métiers avant d’être l’homme que je suis devenu aujourd’hui. J’ai été portefaix au marché de Thiaroye, avant d’exercer le métier de jardinier. Après un bref séjour dans la banlieue, j’ai posé mes baluchons à la Médina. C’est dans cette localité que j’ai été initié au  métier de boucher. 

Donc vous n’avez pas fait les bancs ?

Non. Je n’ai jamais été à l’école française. Je suis issu d’une famille griotte bon teint. Donc, j’avais l’obligation de connaitre la lignée des nobles pour chanter leurs louanges. Par contre, j’ai appris le Coran pendant 6 mois. J’étais dans le même Daara que Oustaz Alioune Sall. C’est plus tard que mon grand père m’a retiré du Daara pour me contraindre à aller connaitre l’histoire de nos « Guer ». Toutefois, je parle la langue de Molière. Savez-vous pourquoi ? Parce que je n’ai pas le complexe de faire des fautes. 

Comment avez-vous intégré le monde de la lutte ?

Tout a commencé dans notre village. J’étais un lutteur pétri de talents et je le démontrais toujours, lors des cérémonies de lutte qu’on organisait à la fin des récoltes. Dès le bas âge, je connaissais déjà la lutte. En plus, la dibiterie Doudou Ndiaye Rose, à l’époque gérée par Demba Dieng, était un lieu de rencontre des spécialistes de la lutte sénégalaise. Chaque jour, la lutte faisait le sujet de nos discussions. Je faisais des analyses pertinentes. C’est là-bas que j’ai connu Babacar Touré, fondateur du groupe Sud communication. Quelques années plus tard, il me confia  l’animation de l’émission  « Méga Sport ». Il me faisait confiance et savait que je pouvais conduire cette émission très loin. Je peux dire aussi qu’Abdou Latif Coulibaly a beaucoup contribué dans ma carrière. Il a été mon premier professeur. Pendant plus d’une dizaine d’années que nous avons travaillé ensemble, il ne cessait de me prodiguer de conseils. Quant à la Rts, j’y suis entré grâce à Babacar Diagne. Lui aussi, c’est un ami que je ne pourrais jamais remercier autant. Il y a eu beaucoup de spéculations qui font croire nous ne sommes plus en de bons termes, mais nos relations sont au beau fixe. 

Quelles sont vos relations avec les autres animateurs de lutte ?

J’entretiens de très bonnes relations avec tous les autres animateurs de lutte. Nous évoluons dans le milieu. Donc, il nous appartient de faire en sorte que tout se passe bien entre nous. Sincèrement, ils sont tous des amis, nous nous respectons tous. Cela fait des années que je suis dans le milieu, je n’ai plus rien à prouver. Ce qui me reste, c’est d’aider les autres afin qu’ils réussissent. 

Mais est-ce qu’il n’y a pas de jalousie entre vous ?

Ce sont des choses qui arrivent. Les gens n’ont pas la même vision sur les choses. En tout cas, moi, je n’ai jamais senti une quelconque jalousie émanant de mes collègues. En plus, je ne me suis jamais senti marabouté. Mieux, toute personne qui cherche à me faire du mal le regrettera. Elle n’arrivera jamais à ses fins. Je suis un musulman et je ne crois qu’en Dieu. 

N’avez-vous jamais connu de déception dans votre travail ?

Des déceptions, j’en ai connu. Aujourd’hui, il y a des animateurs qui sont dans l’arène, et à qui j’ai donné pour la première fois un micro afin qu’ils fassent valoir leur talent. Mais, ils ont été ingrats à mon égard. Ils ne sont pas reconnaissants et ne m’ont jamais remercié. Et pourtant, il n’y a aucun mal à être reconnaissant et à dire au moins merci. 

Comment voyez-vous la crise qui gangrène le milieu de la lutte aujourd’hui ?

A mon avis, il n’y a pas eu de crise dans l’arène. C’est un problème de cachet qui s’est posé et je pense qu’il peut être réglé. Tous les acteurs de la lutte doivent se réunir autour d’une table pour essayer de trouver une solution.   

Quelle analyse faites-vous de la décision des promoteurs qui ont décidé de plafonner les cachets à 75 millions de francs Cfa ?

Les promoteurs sont dans leur droit le plus légitime de revoir les cachets payés au lutteur. Cela ne doit pas être un problème pour organiser des combats alléchants au bonheur des amateurs. Si les promoteurs refusent de ne  plus payer une somme inférieure à 100 millions, c’est parce que cela ne les arrange plus. Certes la lutte évolue, mais auparavant les lutteurs ne touchaient même pas un cachet d’un million. Pourtant, ils faisaient de la lutte pure et dure. Donc, je pense que les lutteurs doivent revenir à la raison. 

Est-ce que des VIP ne risquent pas de connaître une année blanche cette saison, si toutefois les promoteurs campent sur leur décision ?

Les lutteurs ont mis sur place une association pour défendre leurs intérêts. Je trouve cela normale même s’ils l’ont fait tardivement. Ils devaient le faire très tôt mais. Ceci étant dit, je souligne que des lutteurs VIP risquent une année blanche cette saison. Les lutteurs doivent être plus réalistes. La vie est faite de hauts et des bas. Avant, les promoteurs dépensaient des sommes mirobolantes pour concocter des affiches alléchantes. Mais cette saison, ils ont décidé de procéder autrement. Ainsi, tout ténor qui refuse un cachet de 50 à 60 millions peut ne pas avoir de combat cette saison. 

Mais les amateurs ne privilégient-ils pas les combats entre ténors de l’arène ?

Les combats qui sont déjà ficelés sont des combats de ténors. L’affiche Zoss-Tidiane Faye sera époustouflante. Ce sont deux braves lutteurs qui régaleront bien les passionnés de la lutte. En plus, le combat Sa Thiès-Malik Niang est le plus attendu cette saison. Ce sont deux lutteurs qui n’ont jamais connu de défaite depuis le début de leur carrière. Donc, leur duel sera un choc et fera couler beaucoup d’encre. A ces combats, il faut ajouter celui de Baye Mandione contre Papa Sow, Amanekh-Ama Baldé, entre autres. Et tous ces lutteurs font partie des ténors. Avec ou sans les lutteurs VIP, on aura des combats alléchants, cette saison. 

Que dites-vous à ceux qui annoncent la retraite de Yekini après son revers face à Balla Gaye2 ?

Ceux qui annoncent la retraite de Yekini ne connaissent pas la lutte. Ce n’est pas parce que Balla Gaye2 l’a terrassé qu’il doit quitter l’arène. Non. Yekini a encore du chemin à faire dans la lutte. Il lui reste au moins 5 ans dans l’arène. Yekini n’est pas un ancien. Il a eu la chance de lutter très tôt. Il y a beaucoup de lutteurs dans l’arène, qui sont plus âgés que lui. Lors de cette saison, il peut donner la chance aux jeunes comme il peut donner la revanche à ceux qu’il a déjà terrassés. 

Ne pensez-vous pas que l’arrestation de Luc Nicolaï pourrait avoir des répercussions négatives dans l’arène ?

Je ne veux pas parler de ce sujet. Je prie pour lui afin qu’il recouvre la liberté le plus rapidement possible. Je ne peux pas en dire plus. 

Qu’est-ce que vous aimez le plus dans la vie ?

La paix, encore la paix, toujours la paix. Sans la quiétude, rien ne marche dans un pays. 

Qu’est-ce que vous haïssez le plus dans la vie ?

Je suis arrivé à un stade dans ma vie où je ne prends plus beaucoup de choses en compte. Je suis dans un milieu où je suis un porteur de voix. J’essaye toujours d’être en parfaite harmonie avec les autres. 

Est-ce que vous écoutez de la musique ?

Pourquoi pas ? Je vais toujours aux soirées, pas pour danser, mais juste pour me détendre. Je suis un mélomane. Je n’écoute pas n’importe quelle musique. J’écoute de la belle musique.

Pensez-vous à votre retraite ?

Je suis appelé à prendre la retraite un de ces jours. Donc, j’y pense. 

Avez-vous un fils qui veut prendre la relève ?

Présentement, aucun des mes enfants n’a la prétention de devenir un animateur de lutte. Ils poursuivent pour l’instant leurs études. Je ne sais pas ce que l’avenir leur réserve. 

Avez-vous des projets dans le milieu de la lutte ?

Je suis en train de mûrir un projet qui surprendra les Sénégalais, une fois qu’il sera concrétisé. Dans quelques mois, les Sénégalais le découvriront.

Recueillis par Aliou DIOUF 

Le Pays au Quotidien



4 Commentaires

  1. Auteur

    Lol

    En Octobre, 2012 (11:58 AM)
    LES GUEWEULS ont honte du mot ou quoi?

    C´est quoi "communicateur traditionnel",

    ca me rapelle "Baleyeur" = "technicien de surface"

    TEUG= Frappeur de Fer /forgeron

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  2. Auteur

    Bounkhatab

    En Octobre, 2012 (14:31 PM)
    LES LUTTEURS VIP NE TOUCHENT QUE CE QUE LES PROMOTEURS SONT EN MESURE DE PAYER:SI C'EST 1O MILLIONS, ILS TOUCHENT 10 MILLIONS.SI C'EST 75 MILLIONS, ILS TOUCHENT 75 MILLIONS ET SI C'EST 100 MILLIONS , ILS TOUCHENT 100 MILLIONS.IL N Y A AUCUN PROBLEME, CES GOSSES VONT CONTINUER A LUTTER PARCEQUE, C'EST LEUR BOULOT.
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    Auteur

    Guewels?

    En Octobre, 2012 (15:06 PM)
    le mot guewel est trop vilain...motakh on prefer communicateur traditionnel. Point barre.
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    Auteur

    C,est Vrai

    En Octobre, 2012 (20:15 PM)
    a chaque perssonne est fiere de son ethenie ,les gnegnos, mangent bien riches ,belles maisons or bayilene sokhor ,
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