L'Afrique unie derrière ses représentants

Depuis quelques jours, les médias reviennent fréquemment sur les mésaventures des sélections africaines engagées dans cette Coupe du Monde de la FIFA 2010. De leur côté, les joueurs concernés rappellent volontiers aux journalistes que la solidarité africaine n'est pas un vain mot. En somme, chacun suit avec intérêt les résultats et les performances des cinq autres représentants du continent.

Cinq des six équipes engagées dans la compétition ont déjà disputé deux rencontres. Dimanche, la Côte d'Ivoire aura la lourde tâche de donner la réplique au Brésil. Pour l'heure, l'ensemble des formations issues de la CAF ont glané sept points en 11 sorties. En outre, le Ghana reste la seule équipe africaine à avoir gagné un match. Il y a quatre ans, les Black Stars étaient déjà l'unique formation africaine présente en huitièmes de finale. Malgré ces débuts laborieux, l'ensemble des représentants du continent peuvent encore espérer accéder à la suite du tournoi, à l'exception du Cameroun, éliminé hier soir après sa défaite contre le Danemark. 

Quoi qu'il advienne par la suite, les Africains ont fait preuve d'un remarquable esprit de corps depuis le début de la Coupe du Monde de la FIFA 2010. On avait annoncé un continent uni derrière ses six représentants, on ne s'était pas trompé. Buteur lors des deux premières sorties du Ghana, Asamoah Gyan livre sa version au micro de la FIFA : "Nos pensées vont aux autres pays africains car cette Coupe du Monde est très, très importante pour nous. Nous devons tout faire pour aller encore plus loin cette année", explique l'attaquant rennais, en référence aux parcours du Cameroun et du Sénégal, quarts de finalistes en 1990 et 2002. "C'est l'ambition de tous les Africains et pas seulement des Ghanéens". 

Chaud au coeur
L'Ivoirien Didier Zokora a souvent eu l'occasion d'évoquer l'importance de cette première édition africaine à ses yeux. De toute évidence, l'ancien Stéphanois est sur la même longueur d'ondes : "C'est la première fois que la Coupe du Monde a lieu en Afrique. En tant qu'Africain, je suis vraiment très heureux de prendre part à cette grande fête du football. Pour nous, il est très important de donner une bonne image de notre continent. La victoire du Ghana sur la Serbie m'a fait chaud au cœur. Je pense avant tout à la Côte d'Ivoire mais je souhaite que tous les pays africains brillent pendant le tournoi". 

L'Afrique du Nord n'est évidemment pas en reste. Les joueurs algériens, qui sont pour beaucoup nés en France, font eux aussi preuve d'une solidarité à toute épreuve. Les Fennecs n'ont qu'une idée en tête : voir leur continent atteindre de nouveaux sommets. "C'est important car l'Afrique a beaucoup donné au football", estime Antar Yahia, alsacien d'origine. "Cette Coupe du Monde est une source de fierté pour tous les Africains. Représenter l'Algérie dans cette compétition sur le sol africain, c'est vraiment quelque chose d'extraordinaire."

Fans et admirateurs
De leur côté, les supporters sud-africains, tout de jaune vêtus, ont mis tout leur enthousiasme et toute leur bonne humeur au service des Bafana Bafana et des autres sélections africaines. Pour le Ghanéen Derek Boateng, rien d'étonnant à cela : "L'Afrique sera toujours l'Afrique. Nous sommes tous solidaires. Je sais que les gens d'ici nous soutiendront toujours. C'est pour cette raison que je suis très content que cette Coupe du Monde ait lieu en Afrique". 

Les joueurs sont également sensibles au fait que la compétition se déroule en Afrique du Sud, pays symbole de la lutte contre l'exclusion et le racisme. "C'est un honneur pour mon équipe et pour moi", confiait récemment Didier Drogba à la FIFA. "Du temps où j'étais encore écolier, nous avons longuement étudié l'histoire de l'Afrique du Sud. Les professeurs nous parlaient de l'Apartheid et du rôle très important joué par Nelson Mandela. Aujourd'hui, nous sommes là, nous avons la chance de le rencontrer, de lui parler. Cela donne encore plus de poids à tout ce que j'ai appris et ça me rend très fier."

Si l'avantage du terrain ne trouve pas de traduction évidente au niveau des résultats, beaucoup de footballeurs africains affirment avoir l'impression de "jouer à domicile". Mais au-delà des sentiments, le football est aussi et surtout une affaire de buts, de victoires et de points. Pour l'heure, il faut donc se contenter de l'unique succès ghanéen. Plutôt que de se laisser abattre, les joueurs du continent préfèrent se concentrer sur le positif, fidèles à leur habitude. "Cette victoire est très importante pour nous et pour toute l'Afrique", assure Richard Kingson, le gardien des Black Stars. "Je crois qu'elle a apporté beaucoup de bonheur aux gens."