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L'ARBITRE BADARA DIATTA RACONTE SA CAN

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L'ARBITRE BADARA DIATTA RACONTE SA CAN
Quelques jours après son retour d’Angola, où il a officié à deux matches de la Can 2010, l’arbitre international sénégalais, Badara Diatta, revient sur cette compétition qui a tant fait parler d’elle. Le niveau de l’arbitrage, le cas Kodja Coffi, Cabinda et le drame du Togo, l’absence du Sénégal… Le Sifflet d’Or 2009 ne laisse passer aucune action, mais se plait à jouer la carte du fair-play. Coup d’envoi.

Vous venez de rentrer d’Angola, où se déroulait la 27e édition de la Coupe d’Afrique des Nations. Comment avez-vous vécu cet événement ?
J’ai vécu intensément la Coupe d’Afrique qui s’est déroulée en Angola, comme tous les acteurs qui étaient sur place. C’était une compétition très importante pour l’Afrique, d’autant plus qu’elle se déroulait à quelques mois de la Coupe du monde que le continent aura l’insigne honneur d’organiser. Il y avait donc beaucoup de défis à relever, notamment celui de l’organisation. Il fallait prouver au reste du monde que l’Afrique était capable d’organiser de grands évènements et sur ce plan, je pense que l’Angola a réussi un grand coup. Il n’y a qu’à voir les beaux stades dont on a eu droit, même si la qualité de la pelouse était regrettable pour Luanda et Cabinda. Mais il faut avouer que l’Angola a fait beaucoup d’efforts pour être à la hauteur.

Vous décernez un satisfecit à l’Angola, alors qu’il y a eu beaucoup de bruits déplorant l’organisation de cette Can…
C’est vrai que ce n’était pas facile. L’Angola organisait pour la première fois une compétition de cette envergure. Nous avons, certes, tous été confrontés à des difficultés, d’abord, à l’arrivée. Les gens ont perdu beaucoup de temps à attendre à l’aéroport. Sur le plan du transport, il y a eu aussi des difficultés, peut-être pas pour nous les officiels de la Caf qui n’avions pas à nous plaindre. Il faut aussi déplorer le coût de la vie qui est très élevé dans ce pays. C’est une réalité que tout le monde vivait là-bas. Mais, au-delà de tout cela, le niveau de l’organisation était acceptable.

On ne peut évoquer l’organisation de cette Can en omettant ce qui s’est passé juste avant son démarrage, avec l’attaque du convoi de la délégation du Togo, à Cabinda, un des sites de la compétition. Sur place, comment avez-vous vécu ces évènements ?
Cela nous a trouvés sur place parce que nous sommes arrivés à Luanda une semaine avant la compétition, pour faire des stages de mise à niveau, avant le tournoi. Comme tous les sportifs, nous avons été très touchés par ces tristes évènements et c’est l’occasion pour moi de m’incliner sur la mémoire des disparus. La Caf aussi a été très touchée par ce drame que la délégation togolaise a vécu.

Pourtant cela n’a pas empêché à la Caf de sanctionner lourdement le Togo après ce drame. N’est-ce pas paradoxal de dire qu’elle a été touchée, malgré cela ?
Je n’aimerai pas porter un jugement sur la décision arrêtée par la Caf. C’est une instance souveraine, qui a ses règles de fonctionnement, et si elle applique la sanction que tout le monde connaît, je pense que c’est en conformité au règlement de la Caf. Donc, je n’ai pas de commentaire à faire par rapport à cette sanction. Ce n’est pas de mon ressort.

Avez-vous été à Cabinda ?
Oui, j’ai fait un tour à Cabinda. J’étais quatrième arbitre pour le match Côte d’Ivoire – Ghana (poule B, Ndlr).

Sur place, quelle atmosphère prévalait, avec toute cette tension autour ?
Il faut dire que, quand vous êtes sur place, vous ne sentez pas cet effroi que la presse a relayé. L’atmosphère n’est pas aussi lourde que les gens pourraient penser, vu de l’extérieur. C’est vrai que de loin, quand on entend des évènements de ce genre, on pourrait croire que les gens y sont barricadés chez eux, mais ce n’est pas le cas. À Cabinda, il fait bon vivre. Les gens sont très conviviaux. Ce qui s’est produit a eu lieu à des dizaines de kilomètres de la ville.

Personnellement, comment avez-vous vécu les deux rencontres (Malawi - Algérie, poule A et Nigeria - Algérie, 3e place) que vous avez eu à diriger ?
Intensément ! Avec beaucoup d’émotions. Notamment le premier qui était le deuxième match de la compétition après le match d’ouverture. Le contexte était particulier, sous une forte chaleur (le match s’est déroulé à 14h30, Ndlr). Ensuite, le peuple sénégalais attendait beaucoup de moi, car, malheureusement, notre Equipe nationale n’était pas de la partie. Après avoir vécu les Can 2006 et 2008 en Egypte et au Ghana où le Sénégal était qualifié, j’ai ressenti, en Angola, un certain vide autour de moi avec l’absence de notre Equipe nationale. Mais, à travers ma modeste personne, le Sénégal était représenté à cette compétition et j’ai senti les prières des Sénégalais et c’est l’occasion de remercier tous mes collègues arbitres, tous les sportifs et le peuple sénégalais de manière générale.

L’arbitrage a été pointé du doigt comme étant une des taches noires de cette Can. Quel regard portez-vous sur la prestation de votre corporation durant ce tournoi ?
La Caf, depuis 3 ans, a mis en place un programme, initié par le président de la Commission d’Arbitrage de la Caf, le Malien Amadou Diakité, avec ses collaborateurs, dont notre compatriote Badara Mamaya Sène, que je remercie au passage. Ce programme qui permet aux arbitres d’élite de se réunir en séminaires d’harmonisation, de mise à niveau, a été appuyé par la Caf au plus haut niveau, qui a mis les moyens nécessaires pour permettre aux arbitres africains d’exercer dans d’excellentes conditions, d’avoir le niveau de formation et les compétences requises pour officier dans les matches de haut niveau. Vous avez certainement remarqué qu’en Angola, les arbitres ont officié avec de nouveaux systèmes de communication (oreillettes, Ndlr). C’est dire tous les efforts que la Caf est en train de faire.

Oui mais, malgré tout cela, le niveau de l’arbitrage n’a jamais été autant décrié…
L’arbitrage, c’est une œuvre humaine, donc elle est toujours perfectible. Mais je pense que le jugement qu’il faut porter, il faut le faire d’une manière un peu plus globale. Il ne faut pas mettre l’accent uniquement sur ce qui a été négatif. Sur 32 matches de la Can (29 en fait, à cause du retrait du Togo, Ndlr), s’il y a un ou deux matches dans lesquels il y a eu des erreurs d’arbitrage, il faut mettre cela dans le cadre d’une œuvre humaine qui n’est jamais parfaite. Et, personnellement, je pense que l’arbitrage a été globalement à la hauteur durant cette compétition.

Votre collègue, le Béninois Kodja Coffi, a beaucoup fait parler de lui. Mais en mal. Quel témoignage pouvez-vous porter sur lui ?
Il faut dire que Coffi est un arbitre confirmé. S’il a eu à participer à 2 Coupes du monde, ce n’est pas le fait du hasard. En lui confiant ce match que l’on savait tendu (Egypte-Algérie, Ndlr), la Caf a confirmé ses capacités. Maintenant, que sa prestation soit décriée, cela peut arriver à tout le monde. Dans un match, il y a des choses qui vous échappent, mais cela n’enlève en rien son mérite. Il restera le Coffi que tout le monde a connu en Afrique.

Si vous aviez à juger l’arbitrage africain, à quel niveau le placeriez-vous sur l’échelle mondiale ?
Dans tous les tournois de la Fifa, les arbitres africains sont présents. Cela prouve leur niveau. La seule différence, par rapport à l’arbitrage, en Europe par exemple, c’est que là-bas, les arbitres sont placés dans des conditions d’apprentissage que nous n’avons pas ici. C’est encore le problème de moyens qui se pose. Autant le footballeur professionnel en Europe est mieux préparé que celui qui évolue en Afrique, autant l’arbitre qui officie en Europe est mieux préparé que son homologue qui est ici. Mais, en termes de compétences, les arbitres africains n’ont rien à envier aux autres.



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