Lac 2 et Eumeu : Le culte du fair-play

Gentlemen ! C’est ce que sont Eumeu Sène et Lac de Guiers 2. Les lutteurs des écuries Tay Singher et Walo, nous ont administré une belle leçon de fair-play qui devrait faire tache d’huile dans tous les combats de lutte. Eumeu Sène et Lac 2 ont démontré que les lutteurs ne sont pas des «ratés» de la société qui essaient de se convertir dans un sport exclusivement sénégalais.

 Ce ne sont pas que des montagnes de glace qui n’ont absolument rien dans la cervelle, comme on les dépeint souvent. Eumeu Sène et Lac de Guiers 2 ont été à la hauteur des attentes des amateurs, avant, pendant et même après le combat. Aussi bien dans le verbe que dans l’acte, ils ont su montrer qu’un lutteur n’est pas obligé d’agir comme un vulgaire délinquant poursuivi par la clameur publique et qui, pour se défendre, balance tous azimuts des insanités qui indisposent plus d’un lecteur, internaute, auditeur ou téléspectateur. 

«Eumeu Sène est un champion. Je souhaite que cette victoire lui serve de déclic pour qu’il atteigne les sommets. Ce que je dis ici, je le puise du plus profond de mon cœur. J’en profite également pour dire à mes supporters d’accepter la loi du sport qui veut qu’il y ait un vainqueur et un vaincu. Tout doit se passer dans la sportivité», a déclaré Lac 2 Guiers II. Echange de bons procédés, Eumeu Sène avouera à son tour que «Lac 2 est un grand homme, un grand sportif. C’est vraiment un gentleman. D’ailleurs, Gris Bordeaux et lui sont mes potes dans l’arène». Il s’en suivra de franches accolades entre les deux champions. L’image était belle ! Trop belle ! Elle devrait être reproduite dans tous les combats.

 Le Comité national de gestion (CNG), instance suprême de la lutte au Sénégal, devrait non pas en faire une règle générale car l’imposer dénaturerait sans doute le caractère spontané et sincère, mais du moins travailler à la cultiver. La structure que dirige le Dr Alioune Sarr n’a-t-elle pas mis fin à la « confrérisation » de l’arène ? Une mesure saluée par tout le monde. Cultiver le fair-play devrait ainsi être le prochain chantier. A l’instar du rugby, du football et d’autres disciplines sportives, le CNG peut aussi réussir à mettre de l’ordre dans l’arène. D’autant plus qu’on assiste de plus en plus à sa «régionalisation» voire de son «ethnicisation». 

Ce qui constitue de graves dérives dans un pays comme le Sénégal qui peut se targuer d’être un exemple unique dans le monde où Chrétiens, musulmans, juifs, animistes et athées vivent en harmonie. Nous avons tous fêté directement ou indirectement les fêtes de Pâques, dimanche dernier. Nous fêterons tous ensemble, la Korité, puis la Tabaski, Noël etc. C’est ça le Sénégal. Dans l’arène, la balle est désormais dans le camp de Balla Gaye 2 et Yékini qui, pour perpétuer cette image, n’ont pas le droit de faire moins que Lac 2 et Eumeu. 

Abdoulaye Thiam 

Source Sudonline.sn