Le summum du ridicule

ON en rirait si cette ubuesque situation que vit actuellement le football sénégalais n’était pas simplement symptomatique d’une déliquescence à presque tous les niveaux. Et c’est pitoyable d’occuper ainsi le devant de la scène sportive autrement que par des performances sur le terrain ou en coulisses. Des clubs qui observent de leur plein gré une “ grève des stades ” et qui refusent d’en payer le prix, c’est comme vouloir faire des omelettes sans casser des œufs. Tout combat a un prix, les clubs boycotteurs devraient même se faire forts d’avoir perdu trois points “ pour la bonne cause ”, puisque celle qui sous-tend leur mouvement est bien légitime. Au lieu de quoi, ils s’accrochent à une re-programmation des rencontres perdues lors de ce fameux huitième tour comme condition sine qua non à la poursuite du championnat. Et comme la FSF fait la sourde oreille en programmant la dixième journée ce week-end (même si, dans le même temps, elle a chargé son président Mbaye Ndoye de rencontrer lundi les clubs bénéficiaires de ces forfaits), on semble aller tout droit vers un deuxième forfait de certains membres du CCPC. Et donc de leur relégation en D2, comme le prévoient les textes.

Huit clubs de D1 bientôt en D2, neuf de D2 en partance pour la D3, seize de D3 voués à la division régionale ! Et presque l’ensemble des équipes du championnat féminin entraînées dans le même processus de relégation, mais vers où ? Ce serait assurément une grande première mondiale. A moins qu’à travers ce “ mouvement ”, les clubs frondeurs ne cherchent à précipiter la chute de la FSF que la naissance annoncée pour la prochaine saison de la ligue professionnelle chargée de gérer le football national “ d’élite ”, risque de vider de l’essentiel de ses “ prérogatives ”. Cette FSF qui, elle aussi, a trop prêté le flanc en prenant des engagements qu’elle ne peut pas respecter et en faisant de temps à autre des appels de fonds du côté d’un ministère des Sports avec qui elle a constamment été en bisbilles.

Pendant ce temps, le football local f… le camp : les compétitions nationales dont le niveau est plus proche de zéro que du top se déroulent devant des audiences confidentielles ; les clubs engagés sur la scène internationale se font virer, dans le meilleur des cas, au bout de deux tours. Pendant ce temps, certains administratifs se montrent particulièrement actifs à s’impliquer dans des questions qui ne les concernent que de loin (“ l’affaire de l’UFOA ”), à moins que, comme nous l’écrivions ici même, il y ait anguille sous roche.

Ce week-end donc, notre football qui, à la notable exception de l’équipe nationale A, marche à contresens depuis de longs mois, risque de se retrouver dans une situation bien cocasse. Le summum du ridicule ! Mais ça, tout le monde semble s’en taper. Et c’est vraiment dommage…