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Les séances de tirs au but disséquées par la science

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Les séances de tirs au but disséquées par la science

Des dizaines d'études scientifiques ont été consacrées aux séances de tirs au but, à la meilleure manière de shooter dans la balle... ou de l'arrêter.

 

On ne ressassera pas cette douloureuse séance de tirs au but qui termina la demi-finale d'anthologie entre la France et l'Allemagne lors de la Coupe du monde de football de 1982, en Espagne. On revoit Maxime Bossis, hébété, rester accroupi après sa tentative manquée. On revoit Horst Hrubesch catapulter sans état d'âme le ballon dans les filets de Jean-Luc Ettori... Bref. Trente-deux ans ont passé et, entretemps, la Mannschaft n'a jamais perdu lors de cet exercice très particulier qui s'impose après un nul lors d'un match par élimination directe. Si le football fait son intrusion dans ce blog à l'occasion de cette Coupe du monde brésilienne, c'est parce que des dizaines d'études ont été consacrées à l'art difficile de tirer un penalty... ou de l'arrêter. Alors, avant ce France-Allemagne version 2014, si les Bleus me lisent (on peut rêver...), voici quelques conclusions tirées par la science, qui montrent que, contrairement à ce que prétend le Café du Commerce, la séance de tirs au but n'est pas une loterie.

 

Côté tireur


1. Où placer la balle ?

 

Qu'il sanctionne une faute commise lors du jeu et s'appelle alors un coup de pied de réparation (penalty kick en anglais) ou qu'il départage deux équipes en cas de match nul, cet affrontement entre le tireur et le gardien de but s'avère inégal. Les moyennes fluctuent suivant les compétitions mais on est toujours plus ou moins dans une fourchette allant de 70 à 85 % de réussite pour celui qui frappe dans le ballon. Cependant, si l'on en croit une étude israélienne de 2009 publiée dans la revue Soccer and Society, les tireurs sont loin de choisir la stratégie optimale. Ses auteurs, Michael Bar?Eli et Ofer Azar, ont analysé quelque 300 penalties tirés dans les championnats espagnol, anglais, français, italien, allemand, brésilien et argentin et lors de grandes compétitions internationales comme la Coupe du monde. Ils ont divisé le but en neuf cellules (trois en hauteur et trois en largeur), comptabilisé le nombre de fois où le ballon y était tiré et le nombre d'arrêts réussis par les "portiers". Première surprise : la stratégie la plus commune (tirer à ras de terre dans un angle du but) est aussi la moins efficace. Tandis que le taux de réussite, sur l'échantillon total, était de 85 %, il descend à un peu plus de 80 % dans ce cas de figure particulier car le ballon se heurte souvent au gardien qui a choisi de plonger d'un côté ou d'un autre. Deuxième surprise : les tireurs qui ont visé le tiers supérieur du but (comme sur la photo qui ouvre ce billet) ont obtenu 100 % de réussite, parce que le "goal" était en général à plat ventre. La troisième surprise n'est pas la moindre : tirer au milieu du but est plus rentable (près de 87 % de réussite) que de viser les angles inférieurs, là encore parce que le gardien a plongé. Ceci dit, il est difficile sur le plan psychologique de choisir d'envoyer le ballon dans la direction du gardien...

 

2. Attendre que le gardien de but plonge ?

 

Il y a deux manières d'aborder un penalty pour un tireur. Décider de sa cible et s'y tenir quel que soit le mouvement du gardien (qui bien souvent choisit d'anticiper pour se donner une chance de capter le ballon) ou bien attendre le départ de ce dernier pour le prendre à contre-pied. La première stratégie permet de se concentrer sur la zone visée et de l'atteindre avec plus de précision tandis qu'avec la seconde, ce que l'on perd en précision est gagné en assurance de tirer dans un espace vide (et aussi en plaisir d'avoir ridiculisé son opposant direct...). Tout est une affaire de "timing", comme l'a montré une étude britannique publiée en 2009 dans l'International Journal of Sports Science and Engineering. Les expériences menées par ses auteurs ont montré que cette stratégie était payante uniquement si le gardien plongeait 300 millisecondes au moins avant que la chaussure n'entre en contact avec la balle. Dans ce cas, le joueur avait le temps d'orienter son pied correctement pour placer le ballon du côté opposé à celui choisi par le "portier". D'où l'intérêt pour celui-ci de ne pas partir trop tôt.

 

Côté gardien


1. Deviner de quel côté le joueur va tirer ?

 

Les gardiens connaissent les préférences des buteurs vedettes auxquels ils sont opposés. Mais, lors des séances de tirs au but, ils sont souvent confrontés à des joueurs sur lesquels ils ne disposent pas de statistiques significatives, les occasionnels du penalty, qui sont entraînés à l'exercice mais ont rarement l'occasion de mettre leur savoir-faire en pratique. Il n'empêche : les gardiens de but, pour peu qu'ils aient l'œil vif, peuvent, à partir de la posture du joueur juste avant qu'il ne tape dans le ballon, extraire des indices sur le côté choisi. Plusieurs études ont été effectuées sur ce sujet étant donné l'importance à la fois sportive et financier du penalty dans l'économie du football. Dans un travail publié en 2002 dans le Journal of Sports Sciences, une équipe britannico-néerlandaise a résumé ces indices. Le gardien doit regarder les hanches du tireur ou son pied d'appui. S'il choisit les hanches, il devra déterminer, en une fraction de seconde, si celles-ci sont parallèles au but ou pas. Dans le premier cas, il y aura toutes les chances pour que le joueur croise sa frappe et que, par exemple, un footballeur droitier tire sur la droite du gardien. Dans le second cas, le tir aura plus de chances d'être décroisé. Le goal peut aussi se concentrer sur le pied d'appui (pour peu que la pelouse ne soit pas trop haute...) qui indique en général la direction que prendra le ballon. On peut aussi regarder la position du buste pour avoir une idée de la hauteur du tir : en moyenne, un buste droit indique un tir à ras de terre et un buste en arrière dit que le joueur va lever le ballon.

 

2. Influencer le choix du tireur ?

 

La question peut sembler tout droit sortie d'un match de foot version amateurs ou cour de récré. Pourtant, des chercheurs de l'université libre d'Amsterdam et de l'université de Hongkong se la sont sérieusement posée dans une étude publiée en 2007 par Psychological Science. Au terme de trois petites expériences, ils ont conclu qu'un gardien se décalant de manière presque imperceptible du centre de ses buts (de seulement 6 à 10 cm) augmentait d'au moins 10 % la probabilité pour que le joueur tire vers le côté le plus ouvert...

 

3. Déconcentrer le tireur ?

 

On voit souvent des gardiens de but faire de grands gestes des bras avant que le tireur ne frappe la balle. On se souvient également d'un épisode mémorable de l'histoire du football, la victoire aux tirs au but de Liverpool face à l'AS Roma en finale de la Coupe des clubs champions européens de 1984, au cours de laquelle le goal des Reds, Bruce Grobbelaar, fit le guignol en flageolant face à l'un des joueurs italiens, lequel expédia son tir sur la transversale. Se remémorant cet épisode des "jambes spaghetti" des années plus tard, Grobbelaar expliqua qu'il n'avait pas voulu manquer de respect à ses adversaires : " Je voulais juste tester leur concentration sous la pression. Je suppose qu'ils ont raté ce test." Dans une étude publiée en 2010 par le Journal of Sports Sciences, des chercheurs britanniques ont montré que, chez des footballeurs amateurs, un gardien "remuant" était capable de distraire le tireur. Ce dernier regardait davantage le portier, perdait de la précision et voyait plus souvent ses penalties arrêtés.

 

Côté équipe


Manifester sa joie ?

 

Une séance de tirs au but peut sembler un exercice éminemment individuel, comme une somme de duels en un contre un. Ce n'est pas complètement le cas si l'on en croit une étude néerlando-norvégienne publiée en 2010 toujours dans le Journal of Sports Sciences. Ces chercheurs ont analysé une trentaine de séances de tirs au but en s'attachant moins à la technique de chaque tireur qu'à son langage corporel après sa frappe réussie  (bras levés, poings rageurs, sourire, tête vers le ciel, regard vers le sol, etc.). Ils ont noté que le succès final revenait plus souvent aux équipes ayant eu le plus de manifestations de joie et de domination. La corrélation ne fait pas forcément un lien de cause à effet mais les auteurs de l'étude émettent l'hypothèse d'une contagion émotionnelle, la gestuelle expressive des joueurs en réussite donnant un surplus de confiance à leurs partenaires.

 

Côté entraîneur

 

1. Comment choisir les tireurs ?

 

Dans un monde footballistique qui laisse de moins en moins de place au hasard, le douzième homme, l'entraîneur, a aussi son influence sur le déroulement d'une séance de tirs au but, même s'il ne chausse pas les crampons ni n'enfile les gants. C'est dans le choix des tireurs et dans l'ordre dans lequel ils passent que cette influence s'exerce. Une étude néerlandaise publiée en 2007 dans le Journal of Sports Sciences a noté que les joueurs qui réussissaient le mieux l'exercice du tir au but étaient en général les plus jeunes et aussi ceux qui étaient entrés en cours de jeu. Ce travail aborde aussi la fameuse question de l'ordre des tireurs et montre que le taux de réussite baisse systématiquement entre le premier joueur à frapper et le quatrième, avant de remonter brusquement pour le cinquième. Cela trahit-il la montée en pression des footballeurs qui craquent face à l'enjeu ou bien est-ce le signe d'une stratégie fréquente qui consiste à faire passer les meilleurs techniciens en premier ? Dans un article publié dans la même revue en 2000, deux chercheurs britanniques, en s'appuyant sur un modèle mathématique, ont affirmé que l'entraîneur devait au contraire faire passer ses cinq tireurs de penalties dans l'ordre inverse de leurs performances, quitte à prendre le risque que le meilleur ne participe pas à un exercice qui s'achève parfois avant le cinquième essai...

 

2. Changer de gardien ?

 

Dans la même étude, les auteurs évoquent une autre question de "coaching", plutôt osée, en expliquant que, s'il dispose sur le banc des remplaçants d'un gardien très fort pour arrêter les penalties, l'entraîneur doit le faire entrer en jeu avant la fin des prolongations... On laisse à Didier Deschamps le soin de réviser les statistiques en la matière d'Hugo Lloris, de Mickaël Landreau et de Stéphane Ruffier, les trois gardiens de l'équipe de France, et de s'interroger sur le risque qu'il y aurait à prendre pareille décision.



4 Commentaires

  1. Auteur

    Nonpasdidier

    En Juillet, 2014 (07:43 AM)
    non ce n'est pas le probleme de didier cette fois-ci,ce sont les joueurs qui doivent se laisser aller a un barrou d'honneur pour dire cette fois-ci nous allons vaincre le signe indien devant les aallemands s'ils ont la chance qu'on les traine jusqu'a cette epreuve ,sinon c'est en cour de jeu et durant le temps reglementaire que l'on va les defaire comme apres le debarquement des africains en normandie..... neeena fess la france n'estpas reconnaissante. mais ne dites pas que je n'aime pas la france et ses francaises   <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/cool.gif" alt=":cool:">  
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  2. Auteur

    Vrai

    En Juillet, 2014 (08:36 AM)
    N'importe quoi !! Y a rien de scientifique ds le sport !!!
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    Auteur

    Deug

    En Juillet, 2014 (10:45 AM)
    j ai l impession que les français ont fait appel a un élément mystique!!! encore les négres!!!!
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    Auteur

    Aramen

    En Juillet, 2014 (11:23 AM)
    Nous habitants des HLM Las Palmas de Guédiawaye demandons de l aide, des jeunes passent tout leurs temps à jouer au terrain de basket de 21h a 4h du matin personne ne dort et personne n’assume, Même le maire aida Sow Diawara ne dit rien, Son époux également ne dit rien, avec surtout avec sa fougue qu’on lui connait .Personne ne dort aux alentours, les gens sont fatigués et la police ne fait rien. Les honnêtes c citoyens ne dorment plus .Nous demandons a tous les gens qui vont lire cette note de transmettre ce message a la police , a l’état , a la police , a la gendarmerie pour que les habitants des HLM puissent enfin retrouver le sommeil. AIDEZ NOUS AIDEZ NOUS

    AIDEZ NOUS AIDEZ NOUS AIDEZ NOUS AIDEZ NOUS AIDEZ NOUS AIDEZ NOUS AIDEZ NOUS CAR NOUS SOMMES DES HOMMES ET DES FEMMES A LA RETRAITE QUI ONT BESOIN DE REPOS ET MEME YA DES GENS QUI TRAVAILLENT ET SE LEVE TOT…





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