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LIONS DU FOOT : Réflexion sur le choix d’un entraîneur étranger de haut niveau

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LIONS DU FOOT : Réflexion sur le choix d’un entraîneur étranger de haut niveau

Le Sénégal est à la recherche d’un entraîneur étranger de haut niveau. Les candidats se positionnent. La Fédération hésite, partagée qu’elle est entre la prudence et la méfiance. Le département de tutelle campe dans un rôle d’arbitre vigilant et un tantinet impatient d’en finir. La presse s’active et s’interroge.

Au total, tout se passe comme si au Sénégal l’équipe nationale de Football occupe, toujours, le devant de la scène ; comme si elle symbolisait à la fois le passé, le présent et l’avenir de la pratique sportive nationale. Les Ministres en charge du Sport ont beau refuser d’être des « Ministres du Football » qu’ils arrivent difficilement à convaincre, car le football demeure leur pain sinon leur « Thieubou Dieune » (riz au poisson) quotidien.

Daouda FAYE n’avait pas attendu la CAN égyptienne de 2006 pour clamer, haut et fort, sa préférence marquée et remarquée pour un technicien étranger en lieu et place d’un encadrement « typiquement sénégalais », convaincu qu’il est que l’expertise locale accuse toujours des faiblesses et a du mal à rompre avec certaines pesanteurs et certaines insuffisances qui à l’arrivée se payent cash.

EXIGENCE

Ce qui tenait pour lui d’évidence, prend, aujourd’hui, la forme d’une exigence au regard du bilan mitigé sinon relativement décevant de la CAN Egyptienne. Certes le Sénégal a terminé quatrième après avoir fait partie du carré demi-finalistes mais notre amour propre est quelque peu écorché par le fait que notre équipe a perdu quatre des six matches qu’elle a disputés. Un peu comme si les « mathématiques » ne reflètent pas finalement la réalité objective du terrain. Avec le recul, des questions se posent y compris au niveau des primes car verser 600 000 000 de francs à des joueurs qui n’ont gagné que deux matches sur six pose effectivement problème dans un pays comme le notre.

A l’heure du bilan, il faudra tenir compte de tous les paramètres et avoir le courage de regarder les choses en face.

En outre la prétention que nous avons d’avoir les joueurs les « plus techniques » et les « plus doués » de la galaxie fort africaine doit être relativisée, revue à la baisse.

En vérité, en face d’une équipe égyptienne soudée et séduisante ; d’une équipe ivoirienne solide et ambitieuse ; d’une équipe nigériane, expérimentée et accrocheuse, de Sénégal a présenté une sélection entre deux âges et deux styles. Le rajeunissement opéré par Laye SARR a été tardif et l’absence de matches de préparation a compliqué les choses. Résultat, la mayonnaise a mis du temps à prendre et le Sénégal s’est retrouvé, trop tard, en fin de tournoi. Notre meilleur résultat, apparu lors du match de classement, est d’avoir présenté à l’Afrique l’équipe du Sénégal montante de 2008. A mon sens, c’est le meilleur résultat de Abdoulaye SARR confirmé, du reste, par la victoire sur la Norvège en match amical. La relève est là. Toute la question est de savoir ce qu’on en fera et avec qui elle franchira les étapes de la maturation et de la consolidation.

L’encadrement technique sénégalais a-t-il été aussi convaincant et performant qu’on pouvait le souhaiter ? L’équipe a-t-elle bénéficié d’un climat et d’un environnement propice à la concentration et à l’exploitation optimum de ses possibilités et de ses potentialités ? La gestion tactico-stratégique du groupe a-t-elle été un modèle de rigueur ? L’équipe a-t-elle été techniquement et tactiquement irréprochable ? L’arbitrage a-t-il un modèle de régularité et de neutralité objective ?

En effet, les meilleurs tireurs de penalty ne sont pas sénégalais ; les meilleurs spécialistes des balles arrêtées (coups francs et corners) ne sont pas, non plus, sénégalais. Enfin, au plan de l’efficacité terminale c’est-à-dire de la concentration et de la précision devant les buts, nos attaquants sont encore loin des meilleurs. Alors, apprenons, avec nos joueurs, à être plus modestes dans nos jugements et appréciations, et surtout, plus rigoureux, tant en défense (le syndrome des cinq dernières minutes) qu’en attaque où le pourcentage de réussite est toujours désespérément faible par rapport au pourcentage d’actions sinon d’occasions créées.

Puisque le hasard n’existe pas en sport, nous sommes tentés d’interpeller, au-delà de nos techniciens, nos écoles de formation. L’expérience prouve, en effet, s’agissant des occasions qui se perdent en football comme des lancers francs qui rebondissent sur le panier en Basket, que les Sénégalais sont les champions d’Afrique.

Observation pour observation et réflexion pour réflexion, les Sénégalais tirent mal ou ne tirent pas assez aussi bien en football qu’en Basket. L’imprécision et le manque de concentration sont, donc, le lot quotidien de nos sportifs d’élite depuis la nuit des temps ? Pourquoi ? J’ai envie que les Profs de l’INSEPS dissertent sur la question et nous donnent une réponse technique et pédagogique appropriée.

OPTION DEFINITIVE

S’agissant de l’option prise par le Ministre de tutelle relativement au choix d’un entraîneur étranger nous devons à la fois être plus regardants, plus vigilants, et plus exigeants pour éviter de retomber dans les travers d’un passé récent.

Abdoulaye DiOP Makhtar avait cru bien faire en se déployant pour transformer en réalité un « poison d’avril », lequel avait consisté, à l’époque, à recruter Claude LE ROY dont l’expérience camerounaise touchait à sa fin.

Toutefois, l’expérience LE ROY au Sénégal s’est terminée sur un contentieux tout comme celui de Guy Stéphan qui avait pris soin de verrouiller le contrat juteux qu’on lui avait offert. En signant pour quatre ans, il avait, en effet, damé le pion à son ancien patron Roger LEMERRE que les tunisiens avaient obligé à signer pour un an, le temps de négocier la CAN Tunisienne de 2004 et de voir venir.

Le « départ précipité » de Bruno METSU a posé également un problème juridique si tant est qu’il aurait tenté d’obtenir de Jo NDONG qu’il lui gardât sa place au chaud, pour lui permettre d’aller gagner des petro dollars. Cette bien singulière demande de « mise en disponibilité » ne devait finalement pas aboutir et pour cause, elle aurait constitué une « première ».

De ces différentes expériences, il se dégage deux ou trois conclusions.

-  En donnant la préférence à ce qu’on pourrait appeler la « filière française », nos décideurs s’empressent des négocier et de signer des contrats qui ne sont pas toujours clairs mais encore à notre avantage. L’expérience se termine toujours mal, ... par un contentieux qui ne nous ne arrange pas et ne nous honore pas.

-  Les entraîneurs « franco-africains » de cette filière ont certes une assez bonne connaissance du football africain, mais répondent-ils toujours aux critères d’expérience, de compétence et de résultats en vigueur dans leur propre paye ? Les résultats attendus sont-ils aussi évidents qu’on pouvait l’espérer sinon l’exiger ?

-  L’intérêt porté par ces entraîneurs à notre pays coule de source. Le Sénégal a, en effet, de quoi séduire à partir de son expérience à la coupe du Monde Asiatique de 2004. S’y ajoute que nous avons un potentiel extraordinaire de bons joueurs dans l’Hexagone. Des joueurs qu’il suffit de motiver et de mettre en confiance pour espérer des résultats probants.

Voilà pourquoi, les « entraîneurs chefs d’escale » se bousculent à nos portes. Ils n’ont pas l’obligation de former des joueurs, ni même celle de résider au Sénégal, en ce sens que la matière sur laquelle ils travaillent se trouve hors de nos frontières.

Alors on en vient à recruter un entraîneur étranger pour gérer au Sénégal des joueurs évoluant en Europe et qu’on est obligé de regrouper de temps en temps en France. C’est bien de cela qu’il s’agit... Ayons le courage de le dire, de reconnaître, quelque part, que ce qui se passe au Sénégal est facile, trop facile.

Au fond, nous évoluons entre deux extrêmes, avec d’un côté des entraîneurs, nationaux pas ou peu responsabilisés, payés au tarif minimum et éjectés au moindre faux-pas et, de l’autre, des entraîneurs étrangers trop protégés, trop choyés et, à la limite, intouchables.

D’un côté comme de l’autre, nous faisons fausse route... Un entraîneur étranger, fut-il le meilleur du monde, ne peut faire à lui tout seul, le football d’un pays. La durée de vie d’une équipe est éphémère. C’est dans le travail en profondeur que réside la santé d’un football et ses capacités de renouvellement. Réduire le football sénégalais au choix d’un entraîneur, c’est fermer la porte à l’avenir ; c’est refuser le progrès. C’est escamoter le vrai débat.

En tout cas, que l’entraîneur étranger s’appelle KASPERZAK, HALILODJIC, PERRIN, PAREIRA, NEVEU ou autres n’enlève rien au fait que nous devons cesser de le placer sur un piédestal par rapport aux structures nationales et aux hommes qui les animent.

UNE TROISIEME VOIE

Pour le reste, nous faisons partie de ceux qui avaient attiré l’attention de Youssoupha NDIAYE, alors Ministre d’Etat en charge du Sport, sur le fait qu’une troisième voie... intéressante à plus d’un titre, s’était ouverte et s’offrait désormais à notre pays.

En effet, à côté des « entraîneurs locaux » qui ne rassurent pas toujours et des « entraîneurs étrangers » qui ne réussissent pas toujours , il y a les « Sénégalais de la diaspora » dont nul ne peut contester à la fois l’expérience et le sérieux.

Pour avoir eu le mérite de réussir à l’extérieur, doublement, c’est-à-dire en tant que joueur professionnel et en tant qu’entraîneur, ils méritent, eux aussi, qu’on leur donne une chance. Sénégalais ils sont, Sénégalais ils restent. Alors pourquoi les ignorer ?.

A cet égard, le Basket Ball sénégalais en période de reconstruction a certainement eu raison, de faire appel à Abdourahmane NDIAYE Adidas, élu « entraîneur de l’année » par le Jury du Lion d’Or.

*Journaliste A SUIVRE



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