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MAMY NDIAYE INTERNATIONALE SENEGALAISE «Quand je vois certains lions jouer, j’ai envie de leur arracher le maillot»

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MAMY NDIAYE INTERNATIONALE SENEGALAISE «Quand je vois certains lions jouer, j’ai envie de leur arracher le maillot»

Habillée en ensemble jean, les cheveux décoiffés renvoyant à Didier Drogba, Mamy Ndiaye l’internationale de l’équipe nationale féminine nous a rendus visite. Très décontractée, le sourire souvent en coin, elle lève un coin du voile de sa vie footbalistique. Le foot c’est plus qu’une passion, elle l’a «dans le sang». D’où cette fougue : «quand je vois certains lions jouer, j’ai envie de leur arracher le maillot ». Mamy est unique dans son genre. Entretien

On a comme l’impression que quand vous regardez les hommes jouer vous-avez envie de péter les plombs…

Je le jure. (Elle hausse le ton) c’est vrai que quand je regarde parfois certains Lions jouer, j’ai envie de leur arracher le maillot. Le maillot de l’équipe nationale doit être un produit dopant pour un joueur. Tu sais, je suis devenu une vraie lionne avant d’intégrer la tanière parce que mon nom de famille c’est Ndiaye. (Rire). . En équipe nationale, il n’y a pas quelqu’un qui prend ses responsabilités pour débloquer la situation quand les choses ne marchent pas.

Une fois, le bus des « lionnes » est tombé en panne en pleine circulation …

(Elle éclate de rire). C’est vrai et c’est honteux !. Franchement j’ai honte, c’est la raison pour laquelle je ris. On est restées là-bas pendant presque une heure pour prendre après des taxis pour aller au regroupement.

En ce moment n’avez-vous pas envie de claquer la porte ?

Oui, dès fois, parce qu’on a le cœur gros. Mais on finit par renoncer.

Où en sont vos contacts avec l’Olympique lyonnais ?

C’est vrai que j’avais des contacts avec Lyon. L’équipe m’avait envoyé tous les papiers. Je me suis acquittée de toutes les formalités administratives, mais l’ambassade de France a refusé de me délivrer le visa. Ils ont rejeté ma demande deux fois au mois de novembre. Par la suite, j’ai tout arrêté.

Etes-vous allée vers les dirigeants pour décanter la situation ?

Les autorités n’étaient pas au courant, c’est pourquoi ils n’ont pas pu intervenir pour m’aider. Les Lyonnais étaient en contact avec les dirigeants de mon club les Aigles de la Médina. Ils discutaient directement avec les responsables de mon club. Je pense que les dirigeants de la fédération n’ont pas été sollicités.

Ce transfert raté a t-il porté un coup à votre moral ?

Pas du tout ! Je suis une croyante, donc je ne peux que respecter la volonté divine. Dieu a décidé que je n’y vais pas. Un jour viendra, il m’ouvrira les portes de l’Europe et du professionnalisme.

Jusqu’où, comptez-vous aller dans le football ?

Devenir professionnelle comme mon père (Nguessiame Ndiaye). C’est un ancien footballeur du Jaraaf et de l’équipe nationale. Il a été international et tout. Donc, il a tout pour que je le prenne comme mon idole. Je suis ses traces. Mon rêve le plus grand, c’est de devenir un jour professionnelle.

Parlez-nous de votre expérience en équipe nationale ?

Je suis en équipe nationale depuis 2002. j’ai été sélectionnée pour la première fois à l’âge de 15 ans. Ce que j’avais ressenti est indicible. Je me suis enfermée dans ma chambre pour pleurer. Je n’ai jamais cru pouvoir porter un jour le maillot de l’équipe nationale.

Croyez-vous aux chances de qualification de cette équipe pour la Can ?

On a 95% de chance de se qualifier. Après avoir sorti la Guinée on doit rencontrer la RDC au mois de juillet. C’est vrai qu’on ne connaît pas l’adversaire mais on a la chance de se déplacer et de le recevoir pour le dernier match. On aura l’occasion de le jauger à l’extérieur et de jouer notre chance à fond à domicile. On fera tout pour se qualifier et marquer l’histoire du football féminin. Parce qu’une qualification en coupe d’Afrique sera une grande première dans l’histoire du football féminin pour le Sénégal.

L’équipe nationale féminine a-t-elle la considération qu’elle mérite ?

Je suis mal placée pour dire certaines choses. Par contre pour ce qui est de l’équipe et de l’ambiance qui y règne, il n y a rien à dire. Les gens doivent se rendrent comptent qu’il n’y a pas que les garçons. Il y a les filles aussi. On nous demande de faire des résultats et pour le moment on réussit à le faire. Il faut que les gens aient un peu plus de considération pour nous. La moindre des choses, c’est la motivation parce qu’on en a besoin. On ne demande pas grand-chose mais le strict minimum. On aime le football. Porter le maillot national nous suffit, mais si l’on nous motive, ce sera un bonus pour nous et pour la nation dont nous défendons les couleurs.

Que pensez-vous du football sénégalais dans son ensemble ?

Le niveau du championnat est très bas. Pour preuve, tous nos représentants dans les compétitions africaines sont revenus bredouilles. La défaite du Port sur le score de 6-0 devant l’Asec d’Abidjan est très frustrante. C’est inadmissible.

Comment expliquez-vous la faiblesse du championnat ?

C’est parce que les dirigeants se focalisent trop sur l’équipe nationale A. Un exemple : chez les filles, on a des problèmes pour continuer notre championnat. On devait jouer ce week-end, mais je pense que, pour des problèmes d’argent, il n’y aura pas de match. On ne nous encourage pas.

Que préconisez-vous ?

Il n’y a pas que les garçons, il y a aussi les filles. Et je pense qu’elles sont plus vaillantes que les hommes. Nous, même si on nous perd, nous mouillons le maillot. Nous avons la rage de vaincre. Chacune se bat pour conserver son poste.

Comment vont les choses dans votre championnat de football féminin?

On (Aigles de Médina) est premier du championnat. On vient juste de commencer les matches retours. Pour la course au fauteuil de meilleur buteur, je suis en tête avec 9 réalisations en 4 matches.

Quand vous jouez, on voit en vous un Didier Drogba…

(Un sourire large). Oui, les gens me le disent souvent et même ma mère d’ailleurs. Didier je l’aime bien. Il se bat bien et j’aime beaucoup son style. Dans le rang de mes idoles, il vient en deuxième position derrière mon père. J’aimerais réussir ce que Didier Drogba est en train de réussir dans le football. Je sais que je peux le faire. Je ne me précipite pas. J’ai l’avenir devant moi et je sais que je peux réussir dans le football.

Vous considérez-vous comme une star ?

Rire. Pas du tout. Le mot star me gêne un peu. Je ne suis pas une star. Je suis Mamy tout court. (Elle éclate de rire).

Mais vous aimez haranguer le public ?

Oui, ça c’est vrai. J’aime haranguer le public. Ça fait du bien d’être adulé par la foule. C’est une source de motivation supplémentaire. Dans le terrain, je ne me comporte pas comme une star mais comme une vraie lionne. Rire.

Votre statut de footballeuse ne déteint-il pas sur vos rapports avec les autres ?

Pas du tout ! Le football, c’est un sport parmi tant d’autres. Il y a des filles qui font de la boxe. D’ailleurs je n’ai que des amis garçons. J’ai des copines, mais on n’est pas sur la même longueur d’onde. Mais j’avoue que la différence n’est pas grande.

Quel discours recevez-vous de votre père ?

C’est mon premier conseiller. Il est également un entraîneur pour moi. Il a confié à un journaliste qu’il se voit dans ma manière de jouer. Dès fois, il s’entraînait avec mes frères qui ne parvenaient pas à réaliser certains gestes qu’il leur demandait de faire. Et quand il faisait appel à moi, je les réussissais facilement. Pour vous dire que ce que je réussis dans le football, je ne l’ai pas appris. C’est un don. J’ai le foot dans le sang. Ce n’est pas seulement le foot que j’ai pratiqué : j’ai fait du basket du karaté. J’ai eu la ceinture noire avant d’arrêter. Je suis dans une famille composée de sportifs. Mon père est un ancien international et ma mère une ancienne athlète du Jaraaf. C’est vrai qu’au début ma maman était réticente mais en fin de compte, elle a fini par comprendre que le foot c’est ma passion et maintenant elle m’aide beaucoup.

Caractère social ?

Je suis sympathique. Naturellement je suis comme ça. Je m’adapte facilement. Mais je sais également être ferme. Je dirai même que je suis forte de caractère. Je ne peux pas avoir tout le temps mes 32 dents dehors. Quand on est international, on doit avoir du caractère même dans la vie ordinaire.

Et les études?

Non. J’ai arrêté les études en classe de troisième. Cette année, je devais commencer des cours d’informatique, mais j’étais partie en Tunisie. Et en plus, on avait beaucoup de camps d’entraînement. C’est pourquoi, je n’ai pas pu débuter..



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