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MOTS CROISES - Pape Malickou Diakhaté, Nguirane Ndaw, Badara Sène et Demba Touré : «Nous faisons la fierté de tous les villages lébous»

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MOTS CROISES - Pape Malickou Diakhaté, Nguirane Ndaw, Badara Sène et Demba Touré : «Nous faisons la fierté de tous les villages lébous»

Dans la quiétude du hall de leur refuge du Méridien-Président, où les autres Lions déambulent tranquillement, les Ouakamois ne se cherchent pas beaucoup. Ils se retrouvent facilement. Tee-shirt jaune assorti de short noir, la communauté léboue dicte la loi de la majorité dans la «tanière». Déjà, Pape Malickou Diakhaté (défenseur, As Nancy Lorraine, L1 française) et Nguirane Ndaw (défenseur ou milieu, Sochaux, L1 française) avaient fini de se familiariser avec les Sénégalais depuis quelque temps, voilà que Badara Sène (milieu récupérateur, Sochaux, L1 française) et Demba Touré (attaquant, Grasshopper Zurich, D1 Suisse) sont venus renforcer le contingent ouakamois de l’Equipe nationale du Sénégal. Une consécration pour ces am-bassadeurs du peuple lébou qui affichent toute leur fierté et bonheur de représenter tout un village ravi devant la réussite presque insolente de ses enfants. Et les quatre Lions de Ouakam ne se sont pas fait prier pour laisser éclater leur joie à cœur ouvert, pour parler de cette chapelle de naissance où ils ont fourbi presque ensemble leurs armes de footballeur avant «l’exil» européen. Comme une après-midi au Penc.

Qu’est-ce que cela vous fait de vous retrouver en Equipe nationale ?

Nguirane Ndaw : «Cela fait plaisir de se retrouver ensemble parce qu’on a tous joué à Ouakam et on se retrouve en Equipe nationale. Cela fait du bien pour Ouakam, pour nous et j’espère que ça va continuer.»

Malickou Diakhaté : «Comme Nguirane l’a dit, c’est vrai que cela fait énormément plaisir. Du moment qu’on a joué très jeune ensemble. Donc, le fait de se retrouver ici, cela fait plaisir pour nos familles, pour Ouakam. Maintenant voilà, c’est quelque chose d’acquis. Il ne faut pas se reposer sur ça, il faut qu’on revienne ici tout le temps, nous serrer les uns contre les autres. Car, le fait de se parler au téléphone en France, c’est bien mais le fait de se retrouver ici c’est mieux.»

Demba Touré : «C’est vrai que cela fait vraiment plaisir, ce sont des potes, on s’est connu il y a longtemps. Donc le fait de les retrouver en Equipe nationale, cela fait très plaisir.»

Badara Sène : «Je crois qu’ils ont pratiquement tout dit là, je n’ai presque rien à rajouter. Parce que c’est clair que cela fait super plaisir. On a mangé du Thiep (riz) ensemble autour du bol, il y a très longtemps quand on était petits et puis là, on se retrouve là à table à manger avec des fourchettes et tout. Cela fait plaisir.»

Depuis quand êtes-vous ensemble ?

B. Sène : «On était ensemble en catégorie cadette, ensuite on a joué chez les juniors et puis on a joué à peine en séniors avec Ouakam. Cela fait longtemps, car on se connaît depuis qu’on est tout petits. Donc, de se retrouver ici avec des grands joueurs, avec des superbes joueurs, c’est incroyable. Car, tout jeunes, on rêvait de jouer à un haut niveau et comme Ass (Pape Malikou) a dit, on ne va pas s’arrêter en si bon chemin, on va continuer et aller ensemble très loin.»

D. Touré : «Je me souviens d’un match qu’on avait joué contre la JA, en demi-finale du championnat de Dakar et on avait perdu sur la marque d’un but à 0 et c’était vraiment très dur pourtant en match de poule on les avait battus.»

M. Diakhaté : «Je pense qu’on s’est côtoyé dans les matches entre écoles de foot. Eux ils jouaient dans la même école, moi j’étais dans une autre école de foot. Eux ils étaient chez Pépé, moi à l’école de foot Aliou Camara et puis on se rencontrait souvent. Les finales, c’était entre nous, moi je perdais tout le temps, eux avaient la meilleure équipe. Donc, le fait qu’on se retrouve comme ça en Equipe de jeunes, ensuite en Equipe nationale de jeunes et maintenant chez les A, cela prouve que le travail paie. Ça, je le dis aux jeunes Ouakamois déjà. Je pense à eux et je leur dis que tout peut arriver. Qu’ils sachent qu’à force de travailler, tout finit par payer.»

Qui était le plus talentueux en catégories jeunes ?

N. Ndaw : «Bein, je ne sais pas… C’est vrai que ce n’est pas moi (rires). Peut-être les deux autres (Demba Touré s’était absenté momentanément).»

M. Diakhaté : «C’est vrai que les qualités n’étaient pas les mêmes, mais c’est vrai que Badara nous débloquait pas mal de situations avec Nguirane sur les coups de pieds arrêtés. On le surnommait Savicevic (Joueur de l’ex-Yougoslavie qui a joué au Milan Ac dans les années 90). Parce qu’il tirait bien les coups francs. Quand on était plus jeunes, Badara Sène était techniquement l’un des meilleurs. Moi, j’ai toujours eu une hargne défensive dans tout ce que je faisais. C’est ce qui a fait que j’ai toujours joué derrière et lui, Badara, comme milieu récupérateur. J’avais une telle confiance que je pouvais lui laisser la balle et le laisser faire ce qu’il voulait. Parce qu’il avait une telle qualité technique, ce qu’il a toujours. Nguirane, Pareil. Chacun avait ses qualités propres à lui.»

B. Sène : «On était tous trois bons. Parce que Ass, il jouait derrière, Nguirane sur le milieu ou sur le côté gauche. Donc, on ne produisait pas le même jeu. Pape Demba était notre attaquant ( «Ah Ouais !» acquiesce Malickou tout sourire. Il dit : «Peudeup» !). On lui donnait des ballons et il marquait, on était complémentaires. Jusque-là tout va bien, j’espère que cela va continuer.»

Comment les Ouakamois passent dans la «tanière» ?

B. Sène : «On se fait chambrer parce qu’ils disent maintenant qu’il y a trop de Ouakamois. C’est pour rire, mais c’est vrai que cela fait plaisir.»

Malickou : «Ce n’est que du bonheur de nous retrouver là. Parce que si on pense déjà que quand on avait les matches de juniors, on les préparait au stade de Ouakam, on jouait le matin et que c’était super dur…»

Comment s’est passé l’intégration des deux derniers Ouakamois, Sène et Touré, dans la «tanière» ?

D. Touré : «Cela s’est bien passé, je partage la chambre avec Nguirane, il me montre petit à petit les choses.»

B. Sène : «Je suis avec Malickou, on se retrouve dans une bonne ambiance et je ne suis pas dépaysé. Lui et Guirane, ils m’ont tous mis dans le bain.»

M. Diakhaté : «Avant cette sélection chez les A, chacun connaissait le fonctionnement d’une Equipe nationale. Quand ils viennent ici, ils savent la pression qu’il y a, ce qu’on attend d’eux. Du moment qu’ils savent tout cela, je pense qu’il n’y a rien à redire. Ce sont de grands professionnels, on ne les apprend rien par rapport au respect des horaires, le fonctionnement d’un groupe etc. Ce sont des gens très intelligents.»

Quel rôle a joué l’agent de joueurs, Amadou Ndoye Ndiaye «Zamadou» dans votre carrière ?

N. Ndaw : «Zamadou a joué un rôle très important dans notre carrière. Nous tous, c’est lui qui nous a permis de quitter Ouakam pour aller en Europe. Donc, on ne fait que le remercier et on espère qu’il va en prendre d’autres joueurs pour les amener en Europe.»

M. Diakhaté : «Avant tout, je n’utilise même pas le terme agent, c’est un grand frère pour nous. On l’a souvent au téléphone, on se parle beaucoup, je crois qu’il fait un travail très important à Ouakam et pour d’autres jeunes qui ne sont pas des Ouakamois. C’est une bonne chose, c’est important que le football sénégalais ait des gens comme ça pour pouvoir aider les jeunes à aller de l’avant. Je le considère comme un grand frère, c’est très important qu’il nous couve comme il le fait.»

B. Sène : «Normalement, on n’utilise pas le terme d’agent avec lui. Car, c’est notre grand frère. Nguirane et moi, on habite avec lui à Sochaux, il nous exhorte à faire du bien. Il se comporte en vrai grand frère. Il a contribué à tout ça, à voir quatre Ouakamois en sélection. Il y a mes deux grands frères, les jumeaux Al Hassan et Al Housseynou Sène, qui ont joué avec lui, mais c’est lui qui a fait qu’on découvre la France, qu’on s’impose à Sochaux et puis là, qu’on soit en Equipe nationale. Ça lui fait plaisir. C’est lui qui a tout fait pour qu’on en arrive là.»

D. Touré : «Si on est en Europe et qu’on nous fasse appeler en Equipe nationale c’est grâce à Zamadou. Ça résume tout.»

Avez-vous senti un engouement à Ouakam avec votre présence massive en sélection ?

M. Diakhaté : «Oui ! Tout à fait. Les gens sont vraiment contents de cette présence ouakamoise dans l’équipe. Tous les Ouakamois sont vraiment contents que nous soyons aussi nombreux dans la sélection. Quand nous venons également, nous pensons surtout à eux. Tout se passe très bien. Nous savons que nous faisons la fierté de tout le village de Ouakam et aussi des autres villages Lébous de Dakar qui sont tous heureux avec nos sélections. Comme nous sommes leurs fils, ils sont tous derrière nous pour nous soutenir et encourager. Nous gérons tout ça sans problème. C’est à nous de rester également humbles, disponibles et polis, parce que c’est très important pour encore progresser. Tout se passe très bien.»

B. Sène : «Cela fait forcément plaisir à toutes les populations de notre quartier de nous voir ensemble en Equipe nationale. Cela fera également beaucoup de bonheur à nos amis. Ce n’est pas une première de voir des Ouakamois jouer en Equipe nationale. Mon frère Ousseynou Sène (coach Uso) a joué avec les Lions. Mais là, avec quatre Ouakamois, c’est tout simplement grandiose.»

N. Ndaw : «C’est vrai que c’est grandiose comme l’a dit Badara. Cela fait forcément plaisir de retrouver autant d’anciens joueurs de Ouakam dans la sélection nationale. C’est presque unique.»

D. Touré : «Je ne sais pas trop. Je ne suis pas parti là-bas depuis que je suis en Equipe nationale. Mais, je sais que cela leur fera vraiment plaisir de nous revoir ensemble dans l’Equipe nationale.»

Ouakam est décidément une belle école de formation ?

M. Diakhaté : «Nous avons eu la chance d’être encadrés par de très grands entraîneurs depuis les petites catégories. Ils ont toujours été là en train de nous parler, nous conseiller. Il y avait aussi cet engouement de toutes les populations du village qui venaient nous regarder jouer. Pour un jeune, cela reste forcément très encourageant. Il y a toujours du monde derrière même si on devait se retrouver à Pikine ou à Guédiawaye pour jouer un match. Toujours en petites catégories, les gens venaient nous suivre très régulièrement. Ce qui nous a permis d’aller peut-être aussi loin. Notre réussite symbolise l’histoire tout un village. C’est vraiment super d’avoir eu tous ces gens durant notre formation. Comme je l’ai dit, il faut toujours rester humbles, accessibles et rester proches des gens.»

N. Ndaw : «Tout à fait. Ouakam est réputé pour sa bonne formation dans la catégorie des jeunes. Il y a une tradition de football dans ce village.»

B. Sène : «Oui ! il y a plusieurs écoles de football à Ouakam comme celle de Moustapha Gaye qui est le président des écoles de formation. Ils organisaient des tournois de football à l’intention des jeunes depuis que nous sommes tout petits. C’est durant ces années que nous avons pris du plaisir à jouer au football. C’était la base, car nous avons pratiquement maîtrisé tout avant d’aller en Europe où nous avons appris que des choses tactiques. Tout le reste, on l’avait avec nous avant d’aller en France. Les écoles de football nous rappellent plusieurs choses comme nos matches contre l’équipe de Jean Mendez où évoluait Demba Touré. Il y avait du potentiel dans le village qui a été concrétisé par les centres de formation.»

D. Touré : «Ouakam a eu toujours une bonne politique de formation chez les jeunes, il y a eu toujours de bonnes écoles de formation. Nous avons joué ensemble pendant les tournois quand nous étions très jeunes.»

Comment se passe l’ambiance quand vous vous croisez sur les terrains de la Ligue 1 française ?

M. Diakhaté : «Il n’y a pas grand-chose à faire ou à se dire quand on doit se croiser en Ligue 1. Seulement, je suis très content de voir, quand je dois jouer contre Sochaux, trois Sénégalais sur la pelouse. Pour moi, c’est l’essentiel de voir un compatriote joué comme titulaire. C’était rare de le voir dans le championnat français avant la coupe du monde 2002 qui a coïncidé avec l’émergence du football sénégalais. Maintenant, le plus important est qu’on se croise sur le terrain presque tous les week-ends et que le meilleur gagne.»

N. Ndaw : «C’est très important de rencontrer un Sénégalais dans la pelouse de ligue 1. Ce que nous avons toujours souhaité dans la vie. On se sert la main, on discute, on se chambre avant le début de la rencontre. Mais, une fois sur le terrain chacun fait correctement son boulot. Après le match, on se retrouve pour échanger quelques propos avant de se séparer.»

B. Sène : «On se dit bonjour, on rigole et on se rappelle quelques souvenirs avant le début du match. Ça fait vraiment plaisir de se rencontrer. Toutefois, une fois sur le terrain, chacun veut gagner pour son club. Nous faisons correctement notre travail sans penser à l’adversaire. Dès que la rencontre se termine, on reprend nos habitudes, on se chambre avant de se séparer.»

D. Touré : «Je voudrais vraiment les rejoindre en Ligue 1 (il joue en Suisse). Mais, pour l’instant, je veux le (il s’adresse à Malickou) croiser en Coupe de l’Uefa dès les 16e de finale. (Ironique) Je ne lui ferai rien parce que je vais l’épargner pour me tourner vers les autres défenseurs de Nancy.»

Nguirane et Badara, vous êtes très liés. Racontez-nous un peu cette amitié ?

B. Sène : «Entre nous, c’est une amitié de longue date. Nous habitons ensemble à la cité Asecna. Nous avons fait la même équipe de football, fréquenté les mêmes catégories chez les jeunes avant de partir à Sochaux. J’étais devant et lui derrière moi et vice-versa. Je ne peux pas vous raconter tout ce qui nous lie sinon, nous allons passer la nuit ici.»

N. Ndaw : «C’est vrai que depuis l’enfance, nous sommes ensemble. Badara était mon capitaine en benjamins, minimes, cadets, juniors et espoirs. Nous sommes de très bons amis.»

Pourtant, vous êtes en concurrence au poste de milieu récupérateur à Sochaux. Comment vous le vivez ?

B. Sène : (Eclats de rire) «C’est vrai qu’on dispute du poste de milieu récupérateur à Sochaux. Parfois, il peut passer devant moi et comme je peux le faire. Tout se passe tranquillement. Il passe avant moi. Nous avons joué ensemble à ce poste contre le Psg cette saison et à plusieurs reprises dans l’équipe réserve de Sochaux. Tout le monde disait que nous pouvons constituer la paire du milieu défensif de Sochaux. Si on joue tous les deux, tant mieux parce que nous allons nous donner à fond. S’il joue et que je reste sur le banc, ce n’est pas important. D’ailleurs, il est le meilleur parce qu’il a débuté en Ligue 1 avant moi. Donc, il a su s’imposer avant moi.»

N. Ndaw : (Catégorique) «Je suis gaucher, il est droitier. Nous ne sommes pas en concurrence. Je joue maintenant derrière (en défense) le plus souvent. Le problème ne se pose pas vraiment.»



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