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Moustapha GUEYE se confie : 'Gris Bordeaux doit affronter Yékini'

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Moustapha GUEYE se confie : 'Gris Bordeaux doit affronter Yékini'

Après la victoire de Gris Bordeaux dimanche dernier sur Bombardier, Moustapha Guèye sort de sa réserve et nous fait revivre ses émotions avant, pendant et après le combat de son poulain. Dans l’entretien qu’il nous a accordé hier à son domicile situé sur la Vdn, le ‘Tigre de Fass’ est revenu sur les préparatifs du combat, sur ses relations avec Gris Bordeaux, le leadership dans l’écurie de Fass, sa succession ou la cohabitation dans l’écurie avec celui qu’il considère désormais comme le nouveau leader. Il se prononce également sur les perspectives qui s’ouvrent pour Gris Bordeaux, son combat avec Yékini, de même qu’avec les lutteurs de sa génération, sa nouvelle vision de la lutte, les talents nouveaux de l’arène qui frappent avec insistance à la porte des ténors, ses restes dans l’arène, et sur l’après-Moustapha Guèye. Entretien

Wal Fadjri : Gris Bordeaux vient de battre Bombardier en 39’’. Comment avez-vous vécu ce combat ?

Moustapha Guèye : Ce fut dur, très dur même. C’est l’un des moments les plus durs de mon existence, car c’était mon combat, et non pas seulement celui de Gris Bordeaux. J’ai pleuré comme un gamin, avec joie, au terme du combat. Parce que j’y croyais, et Gris plus que moi. Nulle part, je ne l’avais senti effrayé ou doutant de sa victoire sur Bombardier. En aucun moment, il n’a flanché, ni eu peur de son adversaire. C’est ce qui m’a fait plaisir dans cette victoire. Ce qui était un plaisir pour nous, c’est aussi de voir ce gamin aller vers la consécration.

Wal Fadjri : A quel moment avez-vous senti que ce combat allait être gagné ?

Moustapha Guèye : Je peux dire que c’est depuis la signature du contrat, lorsque nous sommes rentrés à la maison, que Gris Bordeaux s’est senti soulagé. Simplement parce que l’opportunité lui était enfin donnée de montrer des facettes de ses potentialités. C’est avec enthousiasme qu’il s’est mis, dès le lendemain, au travail et sans relâche, jusqu’à la veille du combat, avec les entraîneurs de l’écurie de Fass. D’ailleurs, dans son ‘touss’, Gris Bordeaux a montré une assurance à toute épreuve. La veille du combat, vers minuit, lorsque nous étions seuls chez lui, j’ai vu un lutteur prêt, à tous les niveaux, à en découdre avec Bombardier. Mentalement, il avait les épaules sur terre et était prêt à vendre chèrement sa peau et celle de Fass. C’est une armoire à glace qui s’est tenue devant moi et qui m’a alors dit : ‘Grand, va dormir tranquillement et fais de doux rêves, ton poulain ne te décevra jamais. Tu as fait ce que tu devais faire, toi et les techniciens. Les responsables m’ont mis dans les conditions optimales pour travailler et les coéquipiers m’ont soutenu dans le travail sur le terrain. Tu peux leur dire que je suis fin prêt pour relever le défi dimanche. S’il plaît à Dieu, le sourire sera sur toutes les lèvres des supporteurs de Fass et, comme tu l’avais demandé, sur celles des membres des 12 pinthies et au-delà des populations lébous de la communauté du Cap-Vert naturel. Je répondrai présent mentalement, physiquement, techniquement et psychologiquement. N’oublie pas grand que ma mère aussi est dans cette maison, et je suis prêt pour lui faire plaisir, pour toute son œuvre envers moi. Je ne vous décevrai pas.’ C’est en ces termes que nous nous sommes quittés un peu après minuit. N’empêche, je n’ai pas pu dormir convenablement de la nuit. En fait, je n’ai pu dormir qu’hier (lundi, Ndlr). Pour la première fois depuis qu’il est à l’écurie de Fass, je suis allé prendre Gris Bordeaux chez lui, pour l’accompagner dans l’arène, en prenant place dans sa voiture. Et dans le véhicule, on s’est parlé. Et ce sont les mêmes paroles que Gris m’a répétées, surtout lorsqu’on est sorti de la maison pour aller au stade Demba Diop, avec le monde fou qu’il y avait au-devant de sa maison familiale et constitué uniquement de jeunes garçons et filles. Quand nous avons emprunté son véhicule pour nous rendre au stade, en voyant devant certains pas de maisons de vieilles femmes et des pères de famille lui souhaiter la victoire, je lui ai dit que tout ce monde n’avait d’yeux que pour lui. Que jamais de ma vie, je n’avais vu une telle mobilisation, pour un lutteur de Fass, dans les rues de Dakar qui étaient noires de monde (et Moustapha Guèye s’est mis à pleurer, Ndlr). Ce qui me surprenait le plus, c’est qu’à des heures du combat, ils étaient tous joyeux et fiers de l’accompagner au stade, dans une ambiance folle, comme s’il avait déjà gagné. C’est une escorte motorisée, constituée de véhicules de tout genre, dont des ‘cars rapides’ et ‘Ndiaga Ndiaye’, qui nous a accompagnés, à pas de loup, jusqu’au stade Demba Diop. C’était affolant et rassurant à la fois.

Wal Fadjri : Mais qu’y avait-il de si important pour vous dans ce combat pour que vous vous investissiez de la sorte ?

Moustapha Guèye : D’abord, Gris Bordeaux avait dit à Bombardier, lors de la signature du contrat, qu’entrer à Fass et y battre deux ténors, c’était impossible. Et il fallait faire en sorte qu’il tienne parole. Il est jeune, plein d’ambitions et il est entier. Ce combat était pour lui comme ses autres combats. Il n’en faisait pas une fixation ni une obsession. Alors que Bombardier est un champion confirmé, qu’on ne prend pas à la légère. Mais Gris Bordeaux était motivé à l’idée de le combattre. Un plus pour un lutteur qui a un challenge devant lui. C’était motivant aussi. Mais il fallait lui donner des recettes et faire en sorte qu’il n’ait pas de pression. C’est l’adversaire qui devait avoir la pression. C’est pourquoi j’ai tenu à être près de lui, et lui faire comprendre la conduite à tenir contre les tentations nuisibles, la discipline à observer avant le combat, afin qu’il soit sur ses gardes.

‘Je ne voudrai jamais que Gris fasse les mêmes bêtises que j’ai faites, durant ma carrière de lutteur. S’il veut régner dans l’arène et il a les atouts pour cela, il doit s’entourer de toutes les garanties pour y arriver’.

Wal Fadjri : C’est comme qui dirait que Tapha Guèye s’est assagi. Lui qui fréquentait les boîtes de nuit et autres mondanités organisées par les Youssou Ndour, Thione Seck, etc., au plus fort de son règne, conseille à Gris Bordeaux d’être sérieux, de ne pas fréquenter les boîtes de nuit et de se coucher tôt (il nous coupe court)…

Moustapha Guèye : Il ne faudrait pas que Gris Bordeaux dévie de son itinéraire. C’est mon devoir en tant qu’aîné de lui donner des conseils. Je ne voudrai jamais qu’il fasse les mêmes bêtises que j’ai faites, durant ma carrière de lutteur. S’il veut régner dans l’arène et il a les atouts pour cela, il doit s’entourer de toutes les garanties pour y arriver. Et pour cela, je suis prêt à m’investir, de jour comme de nuit, pour qu’il en soit ainsi. Personne n’entravera cela, car tous les responsables de l’écurie de Fass en sont conscients et travaillent dans ce sens. C’est pourquoi je serai derrière lui pour qu’il assume ses nouvelles responsabilités, en tant que leader de l’écurie de Fass.

Wal Fadjri : Qu’entendez-vous par assumer ses responsabilités en tant que leader, alors que tous les responsables de l’écurie déclarent que c’est vous le chef de file ?

Moustapha Guèye : Je me conformerai aux décisions des autorités de l’écurie de Fass. Mais j’entends donner à mon protégé toutes les armes dont dispose un champion de sa carrure, donc les attributs lui donnent le droit de revendiquer sa place dans le gotha des champions de l’arène. Pour autant, je ne fuis pas mes responsabilités en tant que chef de file, mais Gris Bordeaux a sa place de leader de l’écurie, comme du temps des Mbaye Guèye, Mbita Ndiaye, Faga 2 et Mame Gorgui ou encore des Birahim Ndiaye, Toubabou Dior, Mor Nguer et moi-même après le départ du Tigre de Fass. Gris Bordeaux a dépassé les autres lutteurs de sa génération, de même que les anciens qui sont dans notre écurie et qui sont des champions confirmés. C’est son gabarit de super-lourd et son nouveau titre de ténor qui lui donnent cette place. Personne ne conteste les qualités intrinsèques des Ouza Sow, Rock Mbalakh qui sont ses aînés dans l’écurie, de Balla Diouf et Papa Sow qui ont confirmé dans leurs catégories respectives en battant de gros calibres de la lutte sénégalaise, sans oublier les Khadim, Forza et autres qui ont donné des satisfactions à l’écurie. C’est vous dire que l’écurie de Fass, c’est une université de la lutte. J’ai beaucoup de respect pour ceux que je viens de citer, qui nous procurent encore des joies dans l’arène. Et la dernière en date, c’est la veille du combat du dimanche lorsque Papa Sow ouvrait la voie en battant de fort belle manière le fougueux et puissant ‘Dounkhaf’, avec une technique de pointe, avant de venir dire à Gris : ‘C’est à ton tour de nous faire plaisir demain (le lendemain dimanche)’. C’est ça l’écurie de Fass. On se respecte mutuellement et l’on se voue une grande admiration.

Wal Fadjri : Revenons sur la préparation avant et pendant le combat de Gris Bordeaux, dont on vous impute une part importante. Comment l’avez-vous préparé ?

Moustapha Guèye : Permettez-moi de remercier vivement les entraîneurs de l’écurie de Fass avec à leur tête le principal Alassane Diakhaté, qui a compris ce que ce combat représentait pour moi et qui m’a confirmé pour diriger la préparation de Gris Bordeaux. Je me réveillais à 5 h du matin et le travail débutait avec Gris et se poursuivait l’après-midi avec les autres. Même lorsque j’étais en Espagne dans le cadre de la promotion d’un contrat que j’avais signé avec Tiger Production, durant ces dix jours, je n’étais pas serein, à l’idée que Gris Bordeaux prépare un combat important et que je me trouve en Europe. Et lui aussi il le sentait, puisque dès mon retour, le travail a repris de plus belle, les automatismes retrouvés, les contacts de même. Surtout qu’une nouvelle stratégie de préparation était au menu, qui consistait à lui trouver des sparring-partners parmi les lutteurs de la catégorie des légers, pour travailler sa mobilité et sa vivacité. En plus des séances de Mbaye Guèye tous les mardis et jeudis. Gris Bordeaux était, en fait, devenu un robot. Il avait accepté de souffrir et de se sacrifier. Et Dieu sait qu’il a souffert. Ce qu’il a enduré, aucun lutteur de Fass ne l’avait jusqu’ici vécu en terme physique, technique et mental. Et psychologiquement, il était préparé. Même Mame Gorgui Ndiaye, qui a cessé de faire des backs, venait lui en chanter pour le revigorer et le motiver davantage. Ce qui fait que nous étions tous dans une dynamique de réussir notre pari, de lui faire gagner le combat contre Bombardier. C’est le lieu de remercier tous ceux qui nous ont reçus dans leur intimité, à qui nous avons demandé de nous soutenir. Qu’ils trouvent, à travers ces quelques lignes, nos sincères remerciements.

‘Gris devait gagner ce combat pour faire taire les critiques infondées sur sa personnalité faite de courage, de témérité et d’ambition légitime à gravir les échelons, avec la manière’.

Wal Fadjri : Pourquoi avez-vous fait de cette victoire de Gris Bordeaux un point d’honneur ?

Moustapha Guèye : En fait, c’était plus qu’un point d’honneur pour moi. Gris devait gagner ce combat pour faire taire les critiques infondées sur sa personnalité faite de courage, de témérité et d’ambition légitime à gravir les échelons, avec la manière. Pour cette simple raison, ce combat était un challenge incontournable pour Gris et moi.

Wal Fadjri : Mbaye Guèye a déclaré dans la presse, ce que semblent corroborer les propos du président Momar Ndiaye, que Gris Bordeaux ne luttera pas contre Yékini. Etes-vous de cet avis ?

Moustapha Guèye : C’est à cause des déclarations de Yékini sur ma personne, lorsqu’il disait qu’il ne luttera plus avec Tapha Guèye, que les dirigeants de Fass en sont arrivés à ces déclarations. Je pense sportivement que Gris Bordeaux mérite d’affronter tous les ténors de l’arène, y compris Yékini. Il faut savoir dépasser les positions figées. Fass a des compétences qui réfléchissent et qui sont dans la dynamique de donner de fortes sensations à ses supporteurs et de faire d’autres grands pas dans l’arène. C’est ma conviction personnelle. Et je verrais mal Gris Bordeaux en découdre avec tous les lutteurs, sans affronter Yékini ! Toujours est-il que nous sommes des sociétaires d’une entité sportive qui a ses règles et son mode de fonctionnement basé sur l’éthique sportive, des sportifs disciplinés et accomplis, qui n’attendent que le mot d’ordre des dirigeants pour s’exécuter. Nous sommes dans l’arène pour lutter, avec n’importe quel lutteur, sans exception. Il leur appartiendra de prendre les décisions qui s’imposent. Mais il faudra faire avec Gris Bordeaux, dorénavant dans l’arène.

Wal Fadjri : Une nouvelle génération de lutteurs ambitieux comme Balla Gaye n°2, Issa Pouye, Lac de Guiers n°2, Eumeu Sène, Khadim Ndiaye n°2 frappent à la porte des ténors. Etes-vous prêt à leur donner leur chance ?

Moustapha Guèye : Je disais dans l’une de mes interview dans votre journal, que je détiens près de mille clés et prises en lutte. Et il me faut au moins faire plaisir aux amateurs, leur montrer la moitié de ces exploits techniques, avant de raccrocher. C’est pourquoi je suis prêt à leur donner leur chance. Ils sont talentueux et coriaces, et méritent notre respect. Ils disposent d’arguments convaincants pour entrer dans la cour des grands, comme l’a fait Gris Bordeaux. Qu’ils travaillent pour le rejoindre à ce niveau. Pour ma part, il faut avouer que je suis sur une pente devant me mener vers la sortie. Mais cela ne veut pas dire que je suis fini. On ne s’amuse pas avec Tapha Guèye. Je sais faire mal, non pas pour verser du sang, mais techniquement parlant, en donnant des sensations fortes à l’arène, par une prise ou une clé victorieuse. Surtout que maintenant, pointe le bout du nez de l’héritier de l’écurie de Fass, en la personne de Gris Bordeaux, qui est notre grande satisfaction et notre leader. Ce qui me donne plus de possibilités à libérer mes pulsions techniques. D’autant que Gris est là pour veiller sur le patrimoine de l’écurie de Fass. Il faudra que l’arène compte avec lui, avec son leadership.

Wal Fadjri : Peut-on parler maintenant de l’après-Moustapha Guèye ?

Moustapha Guèye : Pourquoi pas ! Je suis vers la porte de sortie. C’est évident surtout avec l’avènement de Gris Bordeaux. Mais j’ai encore quelques numéros de série à montrer, avant de partir. Je suis sûr que l’héritage de l’écurie de Fass sera en de bonnes mains, avec les Gris, Ouza, Rock, Balla, Papa, Khadim, Forza et autres. Mais j’attends avec impatience la nouvelle génération.

 



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