Vendredi 19 Avril, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Top Banner
Sport

Pape Cissé, de l’écurie Walo : «Lac 2» victoires

Single Post
Pape Cissé, de l’écurie Walo : «Lac 2» victoires

A 25 ans, il revendique neuf combats couronnés par autant de succès. Après avoir survolé le mini-championnat de Gaston Mbengue, Pape Cissé dit «Lac de Guiers 2» s’est définitivement révélé au «Sénégal de la lutte» par son talent indéniable. Désormais, il peut monter tranquillement vers le monde des «seigneurs». Mais avant, l’espoir de l’écurie Walo doit passer cet après-midi sur le ventre de Zoss. Ce qui est une autre paire de manche.

Sa lumière a soudain jailli pour illuminer l’écrin du «Sénégal de la lutte». Sa science a également subjugué le peuple de l’arène, complètement mis sous le charme du talent, toujours en décoffrage, des espoirs. On dirait même que son étoile brille au-dessus des cieux. Avec dynamisme, fraîcheur, spontanéité et puissance, il est monté sur la scène du «Sports de chez nous» en affolant les commentaires cette saison. En faisant presque l’unanimité autour de son talent encore à ses premiers balbutiements. En cette matinée ensoleillée, le quartier Fith Mith de Guédiawaye poursuit son réveil avec les cris des mômes qui pépient sous l’ombre des bâtiments. Les airs de musique qui s’échappent de certaines maisons inondent toutes les rues. Pape Cissé, jusque-là dans les bras de Morphée, sort d’une pièce du domicile familial, à la peinture délavée, avec des pas de géant. Le «Lac de Guiers» est visiblement très calme ce matin, alors que le Walo a fini de lui élever une statue pour services rendus à toute une communauté. Car, hormis la victoire du géant Abdou Diouf sur Malal Ndiaye (17 décembre 2006), l’écurie était presque à la diète forcée jusqu’à l’éclosion de ce joyau. Le «Lac de Guiers 2» est aujourd’hui aux confluents d’une jeune carrière qui laisse entrevoir un long conte de «faits» et de victoires après avoir survolé le mini-championnat de «Gaston Productions». Il dit juste avec un sourire juvénile qui barre son visage : «Pourvu que les victoires s’accumulent davantage et aussi longtemps que possible. C’est ce que je souhaite le plus au monde, même si je suis encore jeune.»

Aujourd’hui, il joue la finale du tournoi. Il aura en face de lui Zoss l’iconoclaste, un «lutteur imprévisible dans un combat où il s’attend à tout.» Le « show man de l’arène » lui servira-t-il de cobaye pour pousser la porte de la cour des grands ? «Je peux seulement dire que ce sera le combat le plus capital de ma carrière. L’adversaire est de taille même s’il est toujours difficile pour un lutteur d’être favori. Je dois gagner mon combat avec brio même si je m’attends à tout avec Zoss» prévient-il. En tout cas, Lac a forcé l’admiration par son audace, ses victoires depuis le début de la saison alors qu’il «admirait il y a quelque temps tous ces champions.»

Il a forcé l’admiration par son audace, ses victoires, alors qu’il «admirait, il y a quelques temps» ces champions qu’il a coiffés facilement au poteau. Sans forcer son talent. Comme c’est le cas avec Issa Pouye, qui cherchait à déchirer la brume du walo-walo dans laquelle Yékini Junior, Tapha Tine se sont égarés en se cassant les dents à leur tour.

ENFANCE EN CASAMANCE

Aujourd’hui, il est le seul lutteur du mini-championnat à garder son invincibilité. N’est-ce pas un acte unique en son genre à son âge ? «Non ! C’est la volonté de Dieu. Honnêtement, aucun combat n’a été difficile. Vous voyez que j’ai battu tous ces gens en moins de deux minutes. Personnellement, je ne peux pas dire que je suis surpris par mes résultats du tournoi», décrypte-t-il. Voilà le grand coupable : ce grand type un peu dégingandé, avec l’envergure d’un gladiateur grec. Pourtant, il n’est qu’un jeune lutteur qui a fini de surclasser sa classe de guerre, en empruntant ensuite des raccourcis, pour chambouler toute une arène et jeter un regard très loin dans sa carrière. «Je veux aller le plus loin possible dans la lutte», sourit-il. Il a vraiment le droit de rêver, Pape Cissé, qui se présente, ni plus ni moins, comme un véritable compétiteur, est avant tout un passionné de son sport favori : la lutte.

Il est né, il y a 25 ans, dans la verdoyante Casamance. Là-bas, il s’est forgé une solide culture après avoir fait ses humanités dans le bois sacré de Sédhiou. Il rallie ensuite la capitale après avoir arrêté ses études en classe de Cm1 «parce qu’il ne pouvait pas réussir à l’école». A Dakar, le jeune Papis embrasse le métier de frigoriste. Mais, sa passion et son amour pour la lutte l’emportent sur les autres métiers de la vie. Il décide alors de s’adonner à son sport favori après ses heures de travail pour prendre la même trajectoire que son frère qui continue de collectionner les médailles d’or en Karaté. Dans ce monde où les parents tracent d’autres voies de réussite à leur progéniture, lui n’a pas eu à affronter le veto familial dans son désir de troquer la tenue de frigoriste contre le nguimb. Au contraire, il a même reçu la bénédiction de son père et de sa maman. «Quand je lui ai dit que je voulais devenir un lutteur, il m’a tout simplement dit : est-ce que tu n’as pas peur des coups de poing qui pleuvent dans l’arène. Les gens sont costauds et frappent très fort. J’ai répondu que je peux frapper comme eux et il m’a donné sa bénédiction et son autorisation. C’est comme ça que je suis entré dans la lutte.»

UN SOCE AU CŒUR DES WALO-WALO

C’est comme ça aussi que le jeune socé a décidé d’intégrer les walo-walo pour décrocher une écurie de tutelle. Il décide alors de porter le nom de «Lac de Guiers 2», son lutteur adoré quand il était de l’autre côté de l’arène. «Je l’admirais énormément et j’aimais sa façon de lutter. Aujourd’hui, c’est un frère pour moi et je lui dois tout dans la vie», apprécie-t-il. Non ! L’histoire ne s’arrête pas là. Entre ces deux, c’est un véritable conte d’amour. On dirait même une histoire divine. Car, la vie dans ses soubresauts indescriptibles et mystiques avait décidé de sceller leurs destins en songe pour le «meilleur et pour le pire». «Son nom m’est apparu dans un rêve. Je luttais dans un mbapatt et à chaque fois, je gagnais mes combats et en finale, je terrasse mon adversaire. Les amateurs criaient le nom de Lac de Guiers. Depuis ce jour, j’ai choisi ce nom. Et cela m’a beaucoup porté chance», révèle-t-il.

Le rêve est vraiment transposable à la réalité. Car, il ne cesse d’aligner les prouesses et les gestes d’orfèvre au sein de l’arène qu’il a représentée pour la première fois en 2000, au stade Amadou Barry de Guédiawaye face à Moussa Diop. Il continue de feuilleter rapidement son album photo pour s’arrêter sur la pose de Babacar Diallo de l’écurie Fass qu’il a étalé le 4 mars 2006 à l’arène Amadou Barry en zappant le Ko orchestré contre Batika de Fass. Assez affûté mais nourri au stoïcisme pour combattre la douleur émanant de la fracture de son index, il livra une courageuse bataille pour ensuite remporter le combat face au Fassois. Ce duel fut vraiment grandiose. D’une voix calme et posée, il raconte : «C’était mon deuxième combat et j’ai vraiment souffert. J’ai supporté la douleur et Dieu m’a donné ensuite la victoire. C’est vraiment le combat le plus difficile de ma carrière», avoue-t-il.

LA NOTORIETE DU MINI-CHAMPIONNAT

Après cette épreuve, «Lac 2» décida alors de carburer au kérosène pour creuser le sillon de sa carrière et inonder l’arène de tout son talent. De son savoir-faire. Et Gaston Mbengue, dans sa quête d’innovation, lance l’idée d’un mini-championnat et le contacte. Le garçon, dans l’intention d’enrichir davantage son palmarès, accepte les propositions du promoteur et signe son contrat de prestation à 20 millions de francs Cfa. L’enfant de Sédhiou, jusqu’ici noyé dans l’anonymat, se met sous le halo des projecteurs du «Sénégal de la lutte». Avec un sourire juvénile et modeste, il ouvre grand la bouche. Devant un râtelier étincelant de blancheur, il dresse le bilan de son tournoi qui a baissé ses rideaux le 8 avril 2007 au stade Demba Diop : «Effectivement, ce tournoi a changé beaucoup de choses en moi. Car, il m’a permis de me connaître et de me faire un nom à travers tout le pays. Mais je suis resté le même parce que je n’ai pas pris la grosse tête, au contraire, je suis resté plus simple encore.»

Comme dans l’arène, on est avide de renouvellements, on rêve de bousculer les icônes déjà en place ; on a fini presque d’adouber Pape Cissé, ce «Lac de victoires». Car, on peut toujours compter sur lui pour épicer d’autres après-midis de «sports de chez nous». Aujourd’hui, le peuple de l’arène ne tarit pas d’éloges sur celui qu’il présente comme un futur grand champion. Avec son talent hors du commun et son répertoire technique assez dépouillé, il a son avenir devant lui. Alioune Camara dit Boy Bambara qui a blanchi sous le harnais, l’abreuve aussi de substantifs techniques qui frisent même la flagornerie. «Il est très technique, très serein et toujours concentré. Il frappe bien et respecte toujours son adversaire. Ça, c’est l’arme des grands champions», décrypte l’ancien champion de lutte. «Lac de Guiers 2», un joyau de technicité et de puissance, est tout simplement une prometteuse alchimie pour l’écurie Walo. Jacques Diène, un grand analyste de l’arène, lève un coin du voile sur les autres facettes techniques de ce lutteur. «C’était un grand puncheur. C’est un fin technicien et un grand bagarreur. Mais, il l’impose pour juste trouver la faille», analyse l’ex-président des managers.

A L’ASSAUT DES DIEUX

Aujourd’hui, l’œuvre est à poursuivre. L’histoire est toujours à écrire. Et le palmarès à sauvegarder. La «pression» est pour le moment «énorme» sur ce jeune lutteur, solide sur ses 25 ans auquel on vient peut-être de demander, de façon implicite, de remplacer le «Lac 1» à pied levé. Mais, le jeune homme n’a pas peur de porter le costume de chef de file de l’écurie Walo. «Non ! Je n’ai pas peur de porter ce titre honorifique parce que j’ai les capacités de le porter. Pour l’instant, je suis encore jeune et je continue de faire mon apprentissage dans la lutte. Car, je suis venu pour prouver dans l’arène sans brûler les étapes», freine-t-il. Même s’il veut continuer à calibrer ses investissements en fonction de ses priorités sans «brûler les étapes», il est clair que son ascension météorique est synonyme de déclaration de guerre aux «seigneurs» de la lutte. Avec 110 kg, il a ce répondant physique des terreurs du moment. Car, il a la légitimité morphologique pour aller titiller la «cour des grands» où cohabitent jalousement Yékini, Balla Bèye II, Gris Bordeaux et autres. C’est une autre musique, mais saura-t-il la danser ? «Je suis jeune et j’ai l’avenir devant moi. Je ne me fais pas de fixation sur un lutteur. Je suis prêt à lutter avec tout le monde sauf Bombardier», précise-t-il d’emblée. Car entre lui et le champion Mbourois, l’enjeu sportif ne primera jamais sur l’aspect affectif pour expliquer son refus de lutter contre le premier tombeur de «Tyson». «Je ne vais jamais lutter contre lui parce que c’est un oncle et un frère pour moi. L’argent ne me poussera jamais à le faire. Je suis vraiment clair là-dessus. Je ne le ferais jamais de ma vie», tranche Papis. Cet aveu lui a collé la réputation, pas toujours usurpée, d’être une personne «loyale et honnête» dans les relations qu’il entretient avec ses amis. Mohamed Bâ, le pétaradant préparateur physique qui travaille depuis quatre ans à tailler le joyau, fait remonter à la surface la «belle humanité» qui habite cette personne. «C’est une personne généreuse, honnête et digne. Dès le départ, on a abordé le sujet de notre collaboration et l’on a joué franc jeu tout de suite en instaurant un climat de confiance qui ne s’est jamais démenti. Il l’est dans la vie et dans l’effort. Aux entraînements, il se donne à plus de 110 %. C’est juste pour vous donner une image de ses qualités humaines», souligne Mama Bâ. «Humain», c’est le qualificatif qui revient le plus souvent spontanément dans les portraits qui sont dressés de lui. Oui, «humain» dans l’entière acception du terme.

UNE VIE DE CASANIER

Avec les élans, les états d’ombre et de grâce, il est toujours resté lui-même. Ce jeune homme «facétieux, affable, respectueux et très simple». «Il est honnête dans ses relations avec les gens. Il respecte tout le monde et il partage vraiment tout ce qu’il gagne dans la vie. C’est vraiment un exemple au sein de toute l’écurie», témoigne Alioune Sèye, son manager qui continue de guider ses pas qui, espère-t-il, le mèneront sur le toit de l’arène.

Célibataire et sans copine, Pape Cissé est un drôle d’enfant. Un mélange de doux épices. Un enthousiaste éternel sur les terrains, mais un homme apaisé par la vie. Et pour la vie aussi. Ce garçon, qui a été à la meilleure école de la discipline dans le Sud, s’est soustrait de l’encombrante tutelle de la mondanité qui règne dans la capitale où il a grandi. Pas de soirées sulfureuses dans les boîtes de nuit ou de séance de thé nocturnes. Après les heures d’entraînement sur la berge sablonneuse de l’Atlantique ou sur les dunes de Guédiawaye et à la salle de musculation de la Piscine olympique de Dakar, il meuble son temps au lit et emprunte quotidiennement cinq fois le chemin de la mosquée pour accomplir son devoir de musulman. «Je m’entraîne et je dors. Après les cinq prières quotidiennes que j’effectue à la mosquée du quartier, je passe le reste de mon temps à la maison pour récupérer», note-t-il. Il sait qu’aujourd’hui qu’il est taillé pour aller au bout de ses rêves de grandeur. Avec son goût du risque, son incontestable caractère et talent, il peut continuer à bâtir son palmarès. C’est une nouvelle étoile qui est partie pour briller longtemps dans le ciel du «Sénégal de la lutte». On pourra l’apercevoir peut-être dés ce soir scintiller au dessus de Demba Diop.



0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email