L’agent marketing Pape Massata Diack est sorti de sa réserve pour faire un diagnostic sans complaisance de la situation actuelle du football sénégalais qui semble se trouver dans une impasse. Selon le directeur de Pamodzi, la discipline est gangrenée par des comportements méchants et mesquins. Dans cet entretien, sans mettre de gants, Pape Massata Diack fait le tour des questions de l’heure. Entretien…
La coupe d’Afrique est derrière nous. Comment devrait-on procéder pour avancer après les différentes péripéties ?
La première chose à faire est de tenir dans les meilleurs délais une réunion critique d’évaluation où chacun dira dans le blanc des yeux ce qu’il pense. C’est la seule façon de faire rejaillir les vérités. Et, c’est à ce prix que le football ira de l’avant. Mais pour y trouver le plus grand profit, il faudra la présence de toutes les composantes de la discipline. Ainsi, on repartira sur de nouvelles bases.
La clameur s’est tue, le football traverse des passes difficiles. Que doit-on faire pour sortir de l’impasse ?
Il faudra procéder à la remobilisation des acteurs du football. Mais, le plus important est de penser au financement de la discipline à la base et du football local pour sa relance. Aujourd’hui, les principales forces du football sénégalais ont disparu. Les gens ne se font plus confiance, il n y a plus de concertation, la communion des cœurs n’est plus d’actualité. C’est la fumisterie, l’hypocrisie, la suspicion et les coups bas qui gangrènent le football.
Et, le marketing, votre domaine de compétence, a t-il un avenir dans le football sénégalais ?
Le marketing est toujours viable au Sénégal, mais le football ne fait plus rêver, il ne faut pas avoir peur de le dire. Par conséquent sa valeur marchande en reçoit un sacré coup. Aujourd’hui, sa valeur peut-être estimée entre 600 et 800 millions par an. Car, l’impact de 2001 et de 2002 s’est estompé. Toutefois nous parvenons toujours à sécuriser le minimum garanti. Mais le football Sénégal n’en demeure pas pour autant moins prisé. Il y a des pays qualifiés au mondial qui veulent jouer des rencontres amicales contre les « Lions ». La rencontre contre la Norvège est ficelée et se tiendra à Dakar le 1er mars. Il y a l’Iran et la Corée qui nous sollicitent. Pour la Corée probablement, le 23 mai, le Sénégal ira à Séoul. La non-qualification des Lions au mondial a handicapé le football. Car des sponsors comme Fuji film, Samsung et Coca Cola envisageaient de revenir. Mais les résultats les ont fait fuir.
Y a t-il une solution pour inscrire dans la durée les performances anciennes de l’équipe ?
L’Etat doit également s’impliquer davantage en mettant sur pied une politique à la dimension des résultats escomptés. Car, il faut des équipes d’excellence au niveau des sélections et des clubs et cela peut passer par l’organisation des écoles de formation et autres centres. Et, le concours du jeune footballeur doit être relancé.
Est ce à dire qu’il y a un décalage entre ce que nous faisons et ce que nous voulons notamment l’organisation de la Can 2010 ?
On doit tourner la page et faire des projections en direction du mondial 2010. Mais, il n’y a pas encore de comité de candidature pour défendre le dossier et faire le lobbying nécessaire. On a déposé le dossier de candidature, on a créé un site internet. Mais il y a un travail à faire. Car, il nous faut au moins quatre stades de qualité avant 2008. le Sénégal a des chances réelles de passer et Pamodzi est prêt à s’investir dans ce dossier si on le lui demande.
Et, la rencontre Sénégal-Norvège aura t-il lieu ?
Ce match est ficelé depuis longtemps. Et, il entre dans le cadre d’un partenariat avec Plan International. C’est une manifestation à but humanitaire. Il n y a pas d’aspect commercial dans cette rencontre. Nous avons tenu une réunion en fin de semaine dernière. Nous attendons la tutelle. Mais les choses avancent.
Avec la situation actuelle du football parvenez-vous à remplir vos engagements ?
En 2005-2006, le cap du minimum garanti a été dépassé. Et pour la Can nous avons fait une recette de 19 millions. Mais notre rôle durant cet événement n’était pas de chercher de l’argent. Il se limitait à assurer les prestations pour les sponsors habituels qui cheminent avec nous depuis toujours. D’ailleurs, pour cette Can, il n’y avait aucun besoin d’argent, l’Etat a tout pris en charge. Même des perdiems pour les supporteurs. C’est dire qu’il n’y avait aucune obligation ni pour Pamodzi, ni pour la Fédération. Nous avons fait les prestations pour les sponsors et vendu l’image des Lions à travers une brochure, des émissions et des jeux concours.
Le Sénégal a t-il toujours la côte auprès de ses homologues ?
L’équipe sera maintenant invitée pour des matches amicaux qui ne rapporteront que 70 000 dollars. Le moment est venu de changer les produits en misant sur les olympiques, les espoirs, les autres catégories.
Quelles sont vos perspectives dans le marketing sportif au-delà de la Fédération sénégalaise ?
Je suis au Togo depuis le 7 janvier dernier pour un contrat de trois ans. Ce qui semble déranger certains. J’y suis pour leur rapporter au moins 1,2 milliard. Je suis également présent au Nigeria. De même en Afrique du Sud dans une entreprise où je détiens 25% des parts (Pzoulo). Nous sommes dans le marketing et le tourisme, des filières en perspectives du mondial 2010.
Et vos bisbilles avec la justice, où est ce que vous en êtes ?
On attend que le parquet se prononce. Le dossier lui a été transmis.
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