57ans. Marié et père de deux filles et d’un garçon, François Collin, Vérificateur général d’Etat, traque les détourneurs publics avec le poids d’un nom qui n’est pas sanctifié au Sénégal.
Assis au premier rang, face au président de la République, François Collin conserve cette élégance un peu guindée et reste aussi droit qu’un I dans sa tenue immaculée d’Inspecteur général d’Etat (Ige). Il a ce brin de retenue à l’ancienne, propre à la vieille école. François Collin distribue des poignées de main cordiales, empreintes de solennité, sort à l’occasion un sourire discret, sans effusions superflues. Vanté par Macky Sall, l’homme mégote sur son plaisir. Il met toujours en avant ce qui a jusque-là fait son succès : sa sobriété. Aussi furtif que son ombre, l’Ige réajuste sa casquette et revérifie les plis de sa tenue comme pour se parer à un nouveau départ. Presque inconnu du grand public, François Collin, 57 ans, a pris les rênes de l’Inspection générale d’Etat. Il réajuste son képi et se retrousse les manches pour guider les missions de vérification qui s’empilent sur sa table de big boss de l’Ige. Les audits et enquêtes concernant l’Anoci, la gestion des universités, des services de santé, de l’éducation et de la formation, des audits vérifications et enquêtes du ministère de l’Economie et des Finances, les enquêtes relatives aux conditions de privatisation ou de cession des biens meubles et immobiliers de l’Etat. Le chantier est aussi exaltant que la fonction. Il sait que le travail d’un Vérificateur général n’est pas comme celui d’un facteur qui sonne toujours deux fois. L’Ige est un corps réputé «prestigieux» dont l’aura repose en partie sur le fil invisible qui relie leur brillance à un esprit, une exigence esthétique liée à la traque des deniers publics détournés. En interne, une partie de son efficacité vient de cette même aura qui est parvenue à tirer le meilleur de ses troupes, admiratives de leurs fonctions.
Sous le magistère de Nafi Ngom Ndour, l’institution a vacillé pendant certaines périodes. Il y a eu l’affaire des Chantiers de Thiès. Il s’en est suivi la sortie médiatique de l’ex-Vérificateur. Des experts et le Parquet avaient jeté le rapport à la poubelle. Les débats passionnés sur les conditions d’augmentation de ses émoluments portés à 5 millions de francs Cfa ont provoqué une montée d’adrénaline dans l’establishment politico-médiatique. Côté histoire, il affiche treize années de bons et loyaux services à l’Ige, entrecoupées d’un passage dans plusieurs départements ministériels. Macky Sall, président de la République, ne s’embarrasse point de doutes sur la réussite de sa mission. Au moment de succéder à la très médiatique Nafi Ngom Keïta Ndour. Il dit : «Je félicite également le nouveau Vérificateur général du Sénégal M. François Collin et lui souhaite une réussite éclatante dans l’accomplissement de ses nouvelles charges. Il ne fait aucun doute M. Collin que vous exercerez ces fonctions avec compétence, loyauté, honneur et rigueur. Votre parcours par le passé vous prédestine à cette prestigieuse fonction. En tout cas, vous avez toute ma confiance pour la réussite de cette mission.» Sa longévité lui a permis de connaître les rouages administratifs. Expert-liquidateur de la caisse de la Caisse de péréquation et de stabilisation des prix, François Collin gagne le pari. C’était au début des années 1990.
Acharné à préserver sa vie personnelle, François Collin a été «outé» comme «le gars le plus puissant de la Fonction publique» après sa nomination comme Vérificateur général d’Etat. Le must de la Fonction publique sénégalaise. Son silence a été impérial. Comme toujours. Sous le halo des projecteurs et des crépitements des flashes, il a voulu rester dans l’ombre. La lumière ne l’attire pas. Les belles histoires s’écrivent avec plus ou moins de panache.
François Collin ? Sur le papier, cela sonne très bien. Pourtant, son nom n’a pas une consonance glamour. Il y a d’abord l’atavisme : il est le fils du craint et du honni Jean Collin. Tour à tour, ministre de l’Economie et des Finances, ministre de l’Intérieur et secrétaire général de la présidence de la République, il était l’omnipuissant régulateur de la vie publique et politique sénégalaise. Jean Collin cristallisait les rancœurs d’un Sénégal qui sortait difficilement des siècles de domination française. Ce patronyme n’est pas sanctifié au Sénégal. Lui n’a jamais voulu loger sa vie à la même enseigne que celle du pater cité toujours comme le parrain des différents complots politiques. Anne Marie Senghor, sa cousine, dit : «A cause de ce nom, il a passé toute sa vie à raser les murs. Il a dû beaucoup souffrir de son nom. C’est pourquoi, il a été toujours discret dans sa vie. On ne l’a jamais entendu dans des scandales de fils à papa. Il est resté davantage discret après la mort de son père. Il est cultivé et courtois.» A-t-il été victime d’ostracisme ? Un ami de la famille : «Sans doute. Il a été retardé dans la progression de sa carrière et son avancement à cause de son nom. Cette nomination est un couronnement parce qu’il a trimé pour atteindre ce poste.» Secret et solitaire, il est aussi un «homme attentionné». Sokhna Mbacké, une cousine germaine, ajoute : «Ce matin (hier), il m’a envoyé un message à 7 h pour me rappeler de l’anniversaire d’un décès. Il est extrêmement discret, attentionné et très délicat.» Sa nomination ne devrait rien changer à ses habitudes de bosseur compulsif. Il est connu pour son caractère épouvantable. «Si lui ne hurle jamais, ses silences sont mortels», ajoute-t-on.
Blessure
Il est né avec une cuillère d’argent dans la bouche. Fils de Adèle Senghor, première chirurgienne-dentiste du Sénégal, nièce de Léopold Sédar Senghor, il a grandi au Palais présidentiel sous l’ombre de l’ancien académicien. Entre Normandie, Dakar et Joal, il partage son enfance avec Philipe Maguilen Senghor. Ainsi que sa sœur unique, Renée. Mariée à un Canadien, elle coule ses jours au Canada. Mme Mbacké : «Ils ont été éduqués ensemble par le Président Senghor. Ce sont des enfants qui s’entendaient à merveille.» Il est habité d’un similaire désir de concrétiser ses rêves envers et contre tout. Elève au Collège Sacré-Cœur, il a passé tout son cursus scolaire et universitaire dans ce pays. Docteur en Droit, François Collin, de son vrai nom François Robert Lat Collin, débute une carrière de fonctionnaire comme conseiller au ministère des Affaires étrangères. Avant de se présenter avec succès au concours des inspecteurs généraux d’Etat. Adjoint du directeur de cabinet du ministre des Affaires étrangères, il a été aussi directeur de Cabinet du ministre du Tourisme, El Hadji Malick Sy. En mars 1995, il devient secrétaire général adjoint aux services présidentiels drivés par Ousmane Tanor Dieng.
Marié à un ingénieur informaticien, fille du général Waly Faye, ancien Haut commandant de la gendarmerie et père de trois enfants (deux filles et un garçon), il est un «fervent catholique». «Sa femme est une fervente musulmane», informe Mme Mbacké. Le mariage entre Jean Collin et Adèle fait partie des premières unions mixtes en Afrique», témoigne Mme Mbacké. Derrière sa carapace et sa froideur se cachent des blessures tenaces. Imprévisible, Jean Collin avait «abandonné» sa maman pour convoler en secondes noces avec Marie Turpin. Lui n’est pas rancunier, il fait souvent le pèlerinage à Ndiaffate (18 km de Kaolack) pour se recueillir sur la tombe de l’éternel Pape. François vient de sortir de l’ombre. Comme un nouveau Pape.
19 Commentaires
Jo
En Août, 2013 (12:58 PM)Autant Mme Ndour servait sa famille, M. Collin est un homme sobre, intègre et travailleur. Tout le contraire de son prédécesseur qui, selon certaines indiscrétions, n'aurait jamais dû occuper ce poste. Les gens s'interrogent jusqu'à présent du comment est parvenue a être chef de l'IGE.
M. Collin est un est grand homme, un vrai commis de l'Etat. Il ne confond pas service et entreprise familliale.
Maintenant il doit réparer toutes les injustices commises par Mme Ndour qui ne pensait qu'à placer sa famille et user des biens de l'IGE.
Lui il est compétent, il ne s'adosse pas sur les autres pour faire semblant d'être compétent. IL EST COMPETENT.
Pepes
En Août, 2013 (13:20 PM)Man
En Août, 2013 (13:34 PM)A.mactar.gningue
En Août, 2013 (13:38 PM)Jo à Mm
En Août, 2013 (14:06 PM)Chuut : fais attention dans son intérêt.
Deug
En Août, 2013 (14:15 PM)Sans-vergogne
En Août, 2013 (14:31 PM)Ensuite durant la période, elle a eu a quitter son domicile pour aller en vacances au ...Novotel de Dakar avec son mari et ses enfants payée gracieusement avec l'argent public.
De qui se moque-t-on? Je n' ai rien contre cette femme a part le fait qu' elle est corrompue jusqu' aux os car qui a un tant soit peu de patriotisme dans ce pays pauvre très endette ne peut pas s' octroyer un salaire de 5.000.000 F. Même en Europe d' ou nous copions et importons tout ce que nous consommons, de grands magistrats et autres grands fonctionnaires de l' état n' ont pas ce salaire cumulé a d' autres privilèges a ne pas finir.
Et quand un journaliste occidental (qui sait exactement ce que gagnent les dirigeants de son pays) leur tend un micro pour un interview, les élites politiques sénégalaises ne se gênent pas de sire qu' ils ont bénéficié des ...largesses de wade ou que leur fortune se justifie par leur niveaux salariaux. Seulement d' ici quelques mois ce même journaliste reverra macky sall quémander a Francois Hollande ou Barack Obama quelques millions de rallonge budgétaire alors que son patrimoine déclarée est de plusieurs milliards et que chaque année, les députes sénégalais alloue des dizaines de milliards a la présidence de la république sans parler de ces honteux fonds politiques. Et dire que le patrimoine de macky sall est plus élevé que celui de Obama et de Hollande mis ensemble malgré le fait que ces 2 messieurs ont commencé a travailler bien avant lui et ont eu des boulots beaucoup mieux payés que le sien.
Dilate La Rate
En Août, 2013 (14:49 PM)On Se Souvient Encore De Colli
En Août, 2013 (15:06 PM)Les policiers radies, Sadibou Ndiaye etc.
Nous ne sommes pas amnésiques, ni rancunier.
Jugeons le maçon au pied du mur (sans jeu de mots).
Patriote
En Août, 2013 (15:53 PM)Je ne parle pas des compétences ou de la personnalité de ce monsieur parce que je le connais. Mais compte tenu de sa filiation, on peut supposer qu'il connaît bien son pays, son Etat et son administration. Personnellement, je ressens un plaisir certain après sa nomination. Qu'il soit sénégalais d'origine étrangère ne change rien, au contraire pour quelqu'un comme lui, c'est un sacerdoce parce que son feu père, Jean Collin, en a fait et en a entendu. Au moins, il prouve qu'il aime son pays, que c'est bien le Sénégal son pays. Que les gens arrêtent de nous parler de son patronyme. Aujourd'hui, Collin et Diaz et les autres sont aussi sénégalais que les SOW, les BA, les Diop, les SARR, les Nidiaye, les Gomis, les Badji et les Fall.
Souhaitons-lui, bonne chance.
Jo
En Août, 2013 (15:53 PM)Elle s'est très très bien servi de l'Etat et n'a malheureusement pas beaucoup servi l'Etat. Tout est à cause Wade.
Jo
En Août, 2013 (16:55 PM)Du courage M. Collin nous te soutiendrons aussi longtemps que tu agiras dans le sens des intérêts de l'Etat. Comme on t'a toujours connu, on ne doute pas que tu soulèveras très haut le flambeau de l'IGE mis en mille morceaux par cette femme.
Vérité
En Août, 2013 (19:56 PM)Saf
En Août, 2013 (20:26 PM)FRANCOIS COLLIN ET MOHAMED EL MOUSTAPHA DIAGNE ONT ETE RECRUTES PAR JEANN COLLIN COMME INSPECTEUR GENERAL D'ETAT.
D'OU VIENNENT LES IMMENSES RICHESSES DE JEAN COLLIN BASEES AU CANADA ET EN FRANCE??????
Ma Ko Wax
En Août, 2013 (22:23 PM)Ngeniene
En Août, 2013 (22:49 PM)Iseo
En Août, 2013 (23:02 PM)Tasssss Guine
En Août, 2013 (03:06 AM)Amicalement
En Août, 2013 (10:14 AM)Participer à la Discussion