TRANSFERTS - Liverpool prête l’international sénégalais en D2 anglaise : Stoke option pour Diao
Borduré à Liverpool, l’international sénégalais a accepté d’être prêté pour 3 mois à Stoke City, club de deuxième division anglaise, afin de relancer sa carrière.
L’humour, potache, est d’un trait douteux. Mais il laisse dégouliner quelque chose d’une subtile impertinence : «C’est grâce aux footeux sénégalais que nos élèves assimilent la géographie de l’Angleterre. Avant, ils ne connaissaient que Manchester, Londres ou Liverpool, aujourd’hui ils causent Wigan, Portsmouth, Wolverhampton ou Reading.»
Pour cette rentrée, nos joyeux chenapans ont une nouvelle découverte au tableau : Stoke City. C’est dans cette bourgade, jusque-là inconnue de l’annuaire des footballeurs sénégalais, que Salif Diao veut se redécouvrir compétiteur de haut niveau. Stoke, club de Championship (D2 anglaise), a conclu le prêt pour…trois mois du milieu de terrain de Liverpool. L’international sénégalais, 29 ans, a finalement accepté le deal le week-end dernier, et s’est entraîné pour la première fois, avec les Potters, lundi.
Le roman anglais de Diao est extraordinaire en soi. Il homologue tout ce que l’on croyait savoir du sport moderne et même du monde actuel comme il tourne. L’individualisme inhérent au foot et la pluie d’argent qui irrigue la Premiership anglaise ont eu une prise irréelle sur l’enfant de Kédougou. Accusé de «garçon cupide» par Rafael Benitez, le joufflu manager espagnol des Reds, traité «d’incompétent pour la Premiership» par une partie de la presse anglaise, Diao a longtemps fait le dos rond, affalé sur son douillet canapé de Livres sterling. «Parce que l’Angleterre, ça ne se quitte pas comme ça. Là-bas, répète-t-on dans le milieu, on ramasse le blé comme nulle part ailleurs.»
40 MILLIONS PAR SEMAINE
Ce n’est donc pas pour l’amour du mythique maillot écarlate, ni pour les chants magnifiques qui descendent du légendaire kop que le Sénégalais s’était littéralement attaché aux poteaux d’Anfield Road. Là-bas, aux bords de la Mersey, il se faisait avancer 40 millions F Cfa par…semaine. Et ce n’est pas les affres du fog ou les œillades poussées de clubs français ou du Recreativo Huelva (Liga espagnole) qui lui feront se détourner d’un pareil magot. «C’est dommage qu’un garçon puisse rester dans un club juste pour de l’argent», a même pesté, un matin, Benitez, qui a multiplié les manigances pour s’en débarrasser. Et pour le bouter hors du champ d’un manager surbooké en récupérateurs de classe mondiale (Gerrard, Xabi Alonso, Momo Cissokho voire Zenden), Liverpool s’est même obligé à prendre en charge un gros pourcentage de son salaire. Car Stoke City, prévenant, n’a pas voulu se laisser faire les poches par l’ancien Sedanais.
En faisant ses valises, Diao a cependant tenu à dire tout haut qu’on ne le renverra pas comme ça de ce royaume où règnent Elizabeth II et, surtout, le lucre : «Ma carrière à Liverpool est terminée, mais pas ma carrière en Angleterre», a-t-il déclaré au journal La Sentinelle de Stoke. Il ajoute, comme pour se donner bonne conscience : «J’aime la passion des gens ici, et j’aimerais rester longtemps dans ce pays, plutôt qu’aller à l’étranger. Je sens que j’ai quelque chose à prouver, particulièrement en Angleterre, parce qu’en dehors de ma première année à Liverpool, j’ai été malheureusement blessé. Je suis une personne très orgueilleuse, et c’est l’une des raisons pour lesquelles je veux rester en Angleterre. Je sais que je suis bien meilleur joueur que vous n’avez vu jusqu’à présent.»
Dans le royaume, le sujet de sa Majesté préfère singer Saint-Thomas, il attend de voir pour le croire. Car, passé le souvenir de sa première saison 2002-2003 (26 matches de championnat ; 5 de Coupe d’Europe), tout le peuple liverpuldien se demande si Gerard Houllier, l’entraîneur français qui l’a fait venir de Sedan, n’a pas jeté 5 milliards francs Cfa -le prix de son transfert- par la fenêtre. Souvent blessé, objet de prêts infructueux à Birmingham (2004-05) puis à Portsmouth (2005-06), le Sénégalais est toujours revenu à Anfield, sans jamais prendre de l’envergure dans le panorama. Et les dernières semaines, il a plutôt passé son temps à parcourir les tabloïds et à éructer : «Parfois, vous lisez dans les journaux que vous êtes un ratage, et cela vous fait très mal.»
«GARÇON MERVEILLEUX»
Stoke City lui offre une occase de refaire son portrait de footballeur, de casser une image qui ne le grandit pas dans le métier. L’intéressé soutient adhérer au projet: «On a parfois besoin de descendre pour remonter encore plus haut. Je suis heureux d’être ici. Je suis impressionné par tout ce que je vois, et tout le monde est heureux de me voir ici.» En tout cas, Tony Pulis, le patron des Potters, vautrés avec 9 points à la 21e place de la Championship et à 14 longueurs du leader, Cardiff City (23 points), ne touche presque plus terre : «Diao est seulement prêté, mais c’est le genre de signature qui va convaincre les gens que le club est très sérieux dans ses ambitions futures. Nous sommes absolument enthousiasmés de faire signer un joueur de la qualité de Salif, et nous sommes extrêmement reconnaissants à Liverpool d’avoir accepté l’accord.» Il connaît à peine de quel bois est fait l’enfant de Kédougou, mais il le crayonne déjà à l’encre de l’amour : «Salif est un garçon merveilleux, et nous espérons qu’il a faim et a envie de prouver quelque chose, pour notre profit. Il peut jouer à l’arrière, mais je le vois plus comme un milieu de terrain chez nous. C’est le type de joueur qui se donne pour l’action, très compétitif et un bon passeur. Nous avons fait nos entraînements et avons vérifié sa forme physique. Il semble être à 100%, et il est en lice pour être aligné dans l’équipe qui va jouer à Leeds, samedi.» Diao n’aura donc pas le temps de la gamberge. Il a trois mois pour redevenir un footballeur de haut niveau.
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