Des trimarans de 72 pieds (22 mètres) ultramodernes glissant dans la mythique baie de San Francisco, avec comme décor l'emblématique Golden Bridge et la non moins fameuse île d'Alcatraz. Une organisation "carbone neutral", un public nombreux, enthousiaste et enchanté, et des retombées économiques mirobolantes. L'image, légèrement caricaturale, reflète néanmoins celle que l'organisation de la 34e édition de la mythique Coupe de l'America – qui se déroulera en juillet et septembre prochains – a fait miroiter à la ville californienne, aux médias et aux investisseurs privés. Problème : ces derniers ne sont pas venus en masse soutenir financièrement la compétition, et c'est la ville de San Francisco qui va en faire les frais.
D'autant que les projections faites en 2010 prennent aujourd'hui des allures de doux rêves. Selon le cabinet d'étude Bay Area Council Economic Institute, la mairie de San Francisco a surestimé un certain nombre de chiffres. Au lieu de quinze équipes, seulement quatre seront sur la ligne de départ. La faute à la crise, mais aussi au prix des bateaux AC 72, qui atteignent des sommes astronomiques (le trimaran de Team Oracle, qui défendra son titre, a coûté 10 millions de dollars). Ces désistements réduiraient considérablement le nombre de spectateurs et, de fait, les retombées économiques. Au lieu des 1,4 milliard de dollars prévus, elles sont estimées aujourd'hui à 900 millions.
20 MILLIONS DE DOLLARS À LA CHARGE DU CONTRIBUABLE
Dans l'accord initial entre le comité d'organisation de la Coupe de l'America et la mairie, la ville avait voté une enveloppe de 32 millions de dollars en infrastructures et dépenses diverses pour accueillir cette course créée en 1851. Le comité comptait sur des investisseurs privés qui se seraient "efforcés" de lever les fonds nécessaires pour que le contribuable n'ait rien ou presque à payer. Mais ces investisseurs sont restés discrets, et l'addition s'élève à 20 millions de dollars, qui viennent s'ajouter au déficit de 500 millions de dollars de la ville.
Aidé par l'ex-présidente du Congrès Nancy Pelosi et la sénatrice Dianne Feinstein, le maire, Ed Lee, est donc activement parti à la recherche de fonds pour alléger la douloureuse. Mais déjà l'opposition s'insurge contre cette mauvaise surprise. Fer de lance de la fronde, John Avalos, membre de l'assemblée législative de la ville de San Francisco, qui déplore le manque de transparence au moment du vote du budget. "J'avais publiquement crié au scandale pour dire mon opposition à l'emploi du terme bancal 's'efforceront', et je peux aujourd'hui dire que tous les membres de l'assemblée se sont fait foutrement avoir," a-t-il déclaré le 20 février dans l'hebdomadaire SF Weekly.
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