SALIF DIAO, INTERNATIONAL SÉNÉGALAIS « Mon rêve, c’est de revenir en équipe nationale … »

La blessure ?

Ça pourrait être mieux. Depuis quelques années, je ne suis pas épargné par les blessures. Pour moi chaque fois que je peux me retrouver sur les terrains, m’entraîner et rejouer avec mes potes, c’est vraiment un gros plaisir pour moi. Malheureusement, j’ai eu une petite déchirure qui m’a écarté des terrains depuis trois semaines. Mais j’ai repris aujourd’hui (l’interview a été réalisée lundi) les entraînements avec le groupe. C’est un énorme plaisir pour moi. Il nous reste deux matches et nous sommes en bonne position. Comme la balle est dans notre camp au point où l’on en est.

Le défi de la montée

C’était un grand défi pour moi de venir à Stoke City. Certains se posaient la question à savoir qu’est-ce que Salif va faire en D2. Il y a peut-être deux ans, si l’on me disait que j’allais jouer en Championship, je n’y croirai pas. L’année dernière, je suis venu, j’ai passé une très bonne saison avec Stoke City. Ça m’a très bien plu. Il y avait une très bonne ambiance dans le groupe. Nous avons loupé de très peu la montée et cette année c’était un gros défi de revenir. J’en avais discuté avec le coach qui a bien voulu me faire signer un contrat mais j’étais resté 6 mois sans m’entraîner. Donc c’était un challenge pour moi de revenir et de monter avec le Stoke. On est à deux matches de l’exploit.

Son avenir à Stoke City

J’ai une option d’une année, donc tout va dépendre de ce qui va se passer en fin de saison. Il y a beaucoup de choses qui sont sous point d’interrogation. Tout dépendra de ce qui va se passer d’ici à deux semaines. Est-ce que nous allons monter ? Est-ce que nous allons jouer les play-off ? Après je vais m’asseoir avec les dirigeants et nous verrons ce qui va se passer. Pour l’instant, nous avons une mission, c’est d’essayer de monter cette année. Nous sommes bien placés. C’est à nous de réussir l’exploit. C’est sûr que ça serait une grosse déception de rester en deuxième division l’année prochaine. Dans ma tête, je voulais faire une année en D2 pour me relancer, malheureusement l’année dernière nous avons raté les derniers matches du play-off, ensuite je me suis blessé. Je suis resté pendant 6 mois sans jouer. Donc ce n’était pas trop évident d’aller directement dans un club de Premier League. J’avais des contacts, mais j’ai préféré revenir en Championship où le coach, le kiné, tout le monde me connaissait très bien. Ils savaient comment me gérer pour me permettre de jouer le maximum de matches.

Les propositions ?

Oui il y en a, mais la vie est faite de challenges, j’ai pris le challenge de monter avec Stock. Aujourd’hui, j’ai une grosse possibilité de le faire, je me concentre là-dessus. Je vais prendre les défis un à un. Pour l’instant, dans ma tête c’est un défi de venir à Stoke et de monter avec l’équipe. Si j’arrive à réussir ce pari, je serai très fier. Maintenant, pour ce qui est de mon avenir, tout dépendra de ce qui va se passer. Si l’on monte, pourquoi pas ? Si l’on ne monte pas aussi, je vais m’asseoir avec les dirigeants. Nous verrons ensemble quelle décision prendre. Comme je l’ai dit, j’ai eu 6 mois difficiles. J’ai même pensé arrêter de jouer au football. J’en avais marre des blessures. Mais les dirigeants ont toujours été là. Ils m’ont suivi. Le coach voulait me faire signer malgré ma blessure mais je n’avais pas envie de signer juste pour m’asseoir prendre mon salaire sans jouer. Comme à Liverpool où je suis resté un an sans jouer. Je suis parti à Portsmouth, j’ai fait 15 matches ensuite j’ai été blessé. Je prenais mon salaire sans jouer. Pour moi, c’était frustrant. J’avais l’impression de prendre l’argent du club sans être utile. Ça m’agaçait un peu, c’est pourquoi, je ne voulais pas signer. J’avais dit au coach d’attendre, quand je serai en mesure de m’entraîner avec le groupe, je signerai le contrat.

L’équipe nationale

C’est difficile à prouver. En tant que joueur, je pense qu’en 2002, tous ceux qui étaient dans l’équipe étaient titulaires dans leurs clubs. Ils étaient des leaders dans leurs clubs. On avait assez de leaders. On avait une équipe soudée. Ce qui n’est plus vraiment le cas. Depuis 2002, on n’a pas eu tous les cadres ou le groupe de joueurs qui compétissaient régulièrement. Si l’on regarde les rescapés du groupe de 2002, il y a quatre ou cinq joueurs qui jouent régulièrement les autres sont soit blessés ou ne sont pas titulaires dans leurs clubs. C’est un des facteurs, ensuite il y a eu tellement de changements dramatiques. Les gens ont voulu faire trop vite des changements. Une équipe ne se construit pas en trois ans. On a vu l’équipe de France qui a gagné la coupe du monde en 1998. Ils ont travaillé pendant au moins 10 ans avant de gagner finalement la coupe du monde. Une équipe nationale ce n’est pas quelque chose qu’on change du jour au lendemain. Surtout que l’entraîneur n’a qu’une semaine avec ses joueurs pour préparer les matches. Donc, il faut une ossature.

Pour plusieurs raisons, après 2002, on n’a jamais eu l’ossature présente. Ce sont souvent des joueurs qui n’étaient pas titulaires en clubs ou des joueurs blessés ou un nouvel entraîneur qui venait et qui voulait changer afin d’imprimer ses marques. Et tout cela n’a pas marché.

Le rêve ?

Comme je l’ai dit précédemment, l’année dernière j’ai failli arrêter ma carrière. Mais la seule motivation qui me pousse à jouer, c’est le rêve de me qualifier avec le Sénégal encore à une coupe du monde surtout que celle-ci se joue en Afrique. J’ai 31 ans et je ne suis pas bousillé. Je suis encore frais. Il faut juste que j’arrive à passer dessus toutes les blessures que j’ai. Ce qui me fait tenir aujourd’hui, c’est ce rêve de revenir en équipe nationale et de jouer encore une coupe du monde. C’est ce qui m’a plus poussé à re-signer à Stoke City pour rejouer et redevenir compétitif. C’est ça qui me fait courir encore aujourd’hui. Mais l’homme propose Dieu dispose.

Les éliminatoires ?

Je ne pense pas que cela soit possible de revenir aussi tôt. Je reviens de blessure. Je fais le maximum pour pouvoir être présent pour nos deux derniers matches de la saison qui sont très intéressants. Je ne sais pas si l’on va passer ou jouer les play-off. Je vais me concentrer sur le championnat, une fois qu’on termine, je ne prendrai même pas de vacances. J’irai voir un spécialiste aux Usa à Colorado pour vraiment, une fois pour toute, régler mes histoires de blessures et revenir en force l’année prochaine. Je rêve encore d’une coupe du monde. Si toute se passe bien et que je redevienne compétitif, si le coach pense que je peux lui rendre service, je reviendrai.

Le terrain humanitaire ?

Mes expériences personnelles ont fait que j’ai ouvert les yeux. J’ai relativisé. En tant que footballeur professionnel vous vous réveillez le matin, vous rêvez d’aller sur le terrain et de courir. On ne réalise pas la chance qu’on a. On vous paie pour que vous fassiez quelque chose que vous aimez. Blessé, je suis prêt à payer de l’argent pour pouvoir m’entraîner. C’est important pour un être humain de garder ses capacités, de pouvoir courir, de pouvoir marcher. J’ai eu des moments difficiles et tout ça me manquait. J’ai eu le sentiment d’être un handicapé. Ça m’a rapproché et ça m’a fait réfléchir. Aujourd’hui, je serais prêt à payer s’il fallait changer mes jambes pour que je puisse jouer. C’est un honneur pour moi de pouvoir aider un enfant qui est condamné à ne plus marcher. J’ai des amis européens qui se déplacent jusqu’en Afrique pour le faire. Je me suis dit, en tant qu’Africain, je devrais être le premier à bouger. C’est un peu honteux de voir des gens qui viennent de l’étranger pour aider nos frères et soeurs alors que nous sommes là, nous pouvons faire la même chose au lieu de regarder les autres faire. Ce sont toutes ces raisons qui ont fait que je me suis lancé dedans. L’union fait la force, parfois, ce n’est même pas une question d’argent mais de donner une ou deux minutes de ton temps à une association humanitaire. Ça peut changer la vie d’un petit garçon et de toute une famille. En Afrique quand quelqu’un réussit c’est toute la famille qui en bénéficie. C’est pour cette raison que je suis à 100% dans l’humanitaire. J’encourage tous mes amis, tous les gens de bonnes volontés qui sont des milliers au Sénégal à en faire de même. Au lieu de tendre tout le temps la main pour qu’on nous aide, aidons-nous nous-mêmes. Au niveau de Caap Afrika, on paie une formation aux chirurgiens. C’est un volet très intéressant. Comme on dit, au lieu de donner à quelqu’un tout le temps du poisson, apprends-lui comment pêcher. On est parti de ce principe pour donner aux jeunes chirurgiens des stages à Monaco. Ils pourront avoir une formation en chirurgie et retourneront au pays s’occuper de leurs frères et sœurs.