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Salif Diao : « Les joueurs de 2002, ce n’était pas une génération spontanée »

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Salif Diao : « Les joueurs de 2002, ce n’était pas une génération spontanée »
Ferdinand Coly situe en 2000, sous Peter Schnittger, les premiers jalons du succès de la ‘Génération 2002’. Salif Diao, lui, a sollicité davantage la machine à remonter le temps de la ‘Tanière’. L'aiguille, le joueur de Stoke City la fixe six années plus tôt. Dans cet entretien dont nous publions la première partie, l'ancien joueur de Liverpool rappelle que les performances à la Can malienne et en Asie ne sont pas un fait du hasard. C'était, selon lui, le fruit d'un processus enclenché au début des années 90, notamment dans le cadre du centre de formation Aldo Gentina où il était pensionnaire en même temps que Tony Sylva, Amdy Faye, Moussa Ndiaye, entre autres figures de 2002. Cette précision apportée, Salif Diao a appelé les responsables du football à s'inspirer de cette histoire pour rebâtir, à partir de maintenant, le future sélection nationale.

Wal Fadjri : Salif Diao, après avoir réussi avec Stoke City à vous maintenir en Premier League anglaise, vous êtes en vacances au Sénégal depuis quelques jours. Comment se déroule votre séjour ?

Salif Diao : Tout se passe bien. Je me ressource aux côtés de ma famille, de mes parents et de mes amis. Je reviens de ma ville natale (Kédougou), il y a seulement trois jours (l'entretien a eu lieu dimanche, Ndlr). Je suis très content d’avoir revu tout le monde. Je me sens très bien.

Wal Fadjri : Récemment, vous avez déclaré vouloir poursuivre en Angleterre, notamment à Stoke City, mais que vous aviez des contacts en France et en Italie. Comment se dessine la suite immédiate de votre carrière ?

Salif Diao : Je suis encore là. Je me sens bien. Je vais encore continuer à jouer au football. Pour Stoke City, on est toujours en discussions. Rien n’est encore défini. Je rentre la fin de la semaine prochaine. Une fois sur place, on verra bien.

Wal Fadjri : Depuis le 11 octobre 2008 et le nul (1-1) contre la Gambie ayant conduit à l'élimination du Sénégal de la course pour la Can et le Mondial 2010, vous n'avez plus porté le maillot national. Quels souvenirs gardez-vous de cet épisode sombre ?

‘On ne comprend que l’équipe soit restée depuis notre élimination sans entraîneur et jouer fréquemment des matches amicaux. Alors que c’est maintenant qu’il faut commencer le travail en vue des éliminatoires de la Can de 2012.’

Salif Diao : (Hésitation) Un souvenir très amer. On n’a pas eu la chance qu’on espérait. C’est-à-dire, se qualifier à l’étape suivante. C’est un match qu’on pouvait gagner. On a même mené au score avant que l’adversaire n’égalise en toute fin de partie. C’est dommage ! C’est regrettable pour nous et pour le peuple sénégalais, en général. Mais, ce sont des choses qui arrivent dans le football.

Wal Fadjri : Comme vous le dites, les choses avaient bien débuté et le Sénégal semblait avoir une maîtrise de son sujet. Que s'est-il passé par la suite ?

Salif Diao : Je pense que ce n’est pas le moment de revenir sur ce qui s’était passé ce soir-là. Le Sénégal est éliminé de la course à la Can et au Mondial 2012. C’est fini ! Il faut tirer les enseignements pour éviter un coup pareil dans l’avenir. On a assez polémiqué. On a assez fait de débats. Il est temps d’arrêter et de se mettre au travail. Il est regrettable de constater que tout est flou. On ne comprend rien de ce qui se passe.

Wal Fadjri : C’est-à-dire ?

Salif Diao : On ne comprend que l’équipe soit restée depuis notre élimination sans entraîneur et jouer fréquemment des matches amicaux. Alors que c’est maintenant qu’il faut commencer le travail en vue des éliminatoires de la Can de 2012. On doit arrêter les débats pour se mettre au travail. J’espère que les autorités compétentes vont trouver très bientôt des solutions dans ce sens.

Wal Fadjri : A la fin du match contre la Gambie, les supporters ont laissé éclater leur colère. Comment avez-vous vécu ces événements ?

Salif Diao : Difficilement. Il était regrettable de voir des supporters casser tout ce qui leur tombait sous les mains. Les joueurs avaient mal, autant sinon plus qu'eux. On voulait gagner ce match. Malheureusement, tel n’a pas été le cas. Mais, ce n’est pas une raison pour que les supporters détruisent tout sur leur passage. Tout ceci appartient désormais au passé. Le Sénégal est éliminé, il faut tourner la page pour penser au futur. Il est temps de chercher à préparer les éliminatoires de 2012. Il est temps de mettre les choses en place pour préparer la future équipe nationale du Sénégal.

Wal Fadjri : Par quels moyens ?

Salif Diao : Il faut d'abord commencer le travail dès à présent. Prenons l’exemple de 2002 : tout le monde en parle. Mais, 2002 n’est pas tombé du ciel. Contrairement à ce que beaucoup pensent, en 2002 nous ne formions pas une génération spontanée. Notre succès a été le couronnement d'un processus qui a démarré depuis 1994 pour aboutir en 2002. Les fruits du travail entrepris en 1994 ont été cueillis sept ans après, à partir de 2001 et de 2002. Par conséquent, il faut qu’on arrête de parler de génération spontanée. J’étais au centre Aldo Gentina en 93, 94 avec Amdy Faye, Tony (Sylva), Moussa Ndiaye… Il y avait vraiment une politique sportive qui a abouti à ces brillants résultats de 2002. Il est temps que les gens se remettent en question pour se mettre au travail. 2012 n’est plus trop loin. Le temps va très vite. C’est maintenant qu’il faut se mettre au travail pour avoir de bons résultats en 2012. Malheureusement, l’état actuel des choses n’augure rien de bon. Si ça continue ainsi, il sera très difficile d’avoir quelque chose en 2012.

Wal Fadjri : Pourtant, d'aucuns jugent conséquent le potentiel du Sénégal en vue des échéances futures...

Salif Diao : Le problème, ce n’est pas seulement d’avoir de bons joueurs et penser que la qualification va se ramasser très facilement. Il y a toute une stratégie, toute une organisation à déployer pour bâtir une très grande équipe du Sénégal. L’équipe nationale de France qui avait gagné le Mondial 98 n’avait pas été constituée en deux trois ans. Elle a été conçue à la base. Ce n’est vraiment pas les talents qui manquent au Sénégal. Il y en a plein. Mais, le talent seulement ne suffit pas. Il y a le côté mental qui est très déterminant en football, maintenant. Dans le sport de haut niveau, la différence se fait au niveau mental. Malheureusement, les gens négligent beaucoup cet aspect au Sénégal. En Afrique, il y a des magiciens du ballon. Mais, cela ne suffit plus.

Wal Fadjri : Quel est votre plus beau souvenir sous le maillot du Sénégal ?

‘J’ai eu beaucoup de moments très forts avec l’équipe nationale du Sénégal. De sorte qu’il m’est très difficile de dire avec exactitude, c’est tel moment qui m’a le plus marqué. Ma plus grande déception, par contre, c'est de n'avoir gagné une coupe d’Afrique.’

Salif Diao : (Il cherche) Il me sera très difficile d’en citer un seul. Il y a eu beaucoup de moments très forts. Des exploits. Il y a ce but contre le Danemark (1-1 : après avoir causé le penalty de l'ouverture du score danoise, Diao égalise sur une superbe contre-attaque, Ndlr) en phase de poules de la coupe du monde en 2002. Mais, il y a aussi le but que j’avais marqué à la Can de 2002, en demi-finale contre le Nigeria. Il y a eu vraiment des moments très importants. J’ai eu beaucoup de moments très forts avec l’équipe nationale du Sénégal. De sorte qu’il m’est très difficile de dire avec exactitude, c’est tel moment qui m’a le plus marqué.

Wal Fadjri : Votre plus grande déception ?

Salif Diao : C'est de n'avoir gagné une coupe d’Afrique pour le Sénégal. Cela me fait trop mal. Je pense toutefois qu’on peut encore le faire. Peut-être en tant qu’entraîneur. C’est possible.

Wal Fadjri : Le poste de sélectionneur vous intéresserait-il ?

Salif Diao : Je ne sais pas. On verra dans l’avenir.

Wal Fadjri : Justement, depuis le limogeage de Lamine Ndiaye, le Sénégal n'a pas de sélectionneur. L'intérim est assuré par le Directeur technique national, Amsatou Fall. Que vous inspire cette transition qui perdure ?

Salif Diao : Il est regrettable de constater que depuis notre élimination, il y a presque un an, l’équipe nationale ne fonctionne plus. Elle ne participe à aucune compétition internationale, à part les deux matches joués en Asie. Au lieu d’attendre la veille des compétitions pour ameuter tout le monde, c’est maintenant qu’il faut se mettre au travail. En descendant au niveau de la base pour construire une nouvelle équipe nationale du Sénégal. Une équipe qui sera différente du colmatage auquel on a toujours assisté. C’est le moment de tenir périodiquement des stages d’entraînement pour les joueurs des sélections de jeunes en vue de bâtir une future grande équipe nationale du Sénégal. Malheureusement, il me semble que les gens veulent attendre les deux ou trois dernières semaines avant les éliminatoires de 2012 pour se mettre au travail. Ce n’est pas une bonne chose.

Wal Fadjri : Technicien étranger ou local, vous penchez pour quelle expertise à la tête de l'équipe nationale ?

Salif Diao : Je n’ai pas d’avis là-dessus. Que le futur sélectionneur national soit local ou étranger m’importe peu. Le football est un langage universel. Je pense toutefois qu’il faut trouver un entraîneur qui connaît bien le football sénégalais et africain. On ne gère pas un joueur africain comme on gère un joueur européen. Ce n’est pas évident pour quelqu’un qui ne connaît pas les réalités d'un pays d'y réussir. La priorité, c’est de trouver un bon entraîneur capable de rebâtir l’équipe nationale.

Wal Fadjri : Vous pensez à qui pour occuper le poste ?

Salif Diao : Il y a beaucoup d’anciens internationaux et beaucoup de techniciens sénégalais pouvant pleinement jouer ce rôle. Il y a beaucoup d'entraîneurs locaux qui ont les qualités pour prendre cette équipe nationale. Mais, je pense qu’il faut déjà qu’ils s’unissent entre eux. Parce que, je n’ai pas l’impression qu’il y a une union sacrée entre eux. Il semble qu’il y a, malheureusement, des problèmes entre eux. Il faut qu’ils mettent fin à tout cela pour parler le même langage. Ne serait-ce que pour l’intérêt supérieur du football sénégalais.

A suivre



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