Samuel Eto’o, le messie devenu indésirable

Samuel Eto’o a dû maudire la 90-ème minute de Cameroun-Sénégal lorsque la barre transversale a repoussé son penalty, transformant ainsi l’homme prodige et providentiel en quelqu’un d’honnis dans son pays.Personne ne pouvait pourtant s’attendre à un tel scénario même à quelques heures du démarrage de la partie quand les vendeurs à la sauvette proposaient, jusqu’au pied de l’hôtel du Sénégal, les répliques des maillots du capitaine des Lions Indomptables.On ne voyait à travers la ville que des maillots du natif de Douala qui, selon tous, détenait la clé pour régler le problème de la bande à Amara Traoré qui avait dominé (1-0) le Cameroun à Dakar dans les matchs éliminatoires à la Coupe d’Afrique des nations en 2012.

Dans les tribunes et aux abords du stade Ahmadou Ahidjo, c’était la même rengaine parce qu’il avait décidé de ‘’prendre en charge cette rencontre’’.‘’Il va régler le problème, il a la solution’’, s’égosillaient des supporters acquis à la cause de l’attaquant de l’Inter Milan, surtout après son différend avec Alexandre Song, en début de stage.L’altercation entre les deux internationaux a poussé le staff technique, via le ministère des sports, à prier le joueur d’Arsenal de quitter le lieu de regroupement.Si certains supporters qui croyaient Eto’o capable de régler le compte et de profiter de la fébrilité de Khadim Ndiaye ont écarquillé les yeux quand ils ont vu Bouna Coundoul dans les buts sénégalais, rien ne pouvait leur faire croire à cette fin de match triste.En début de partie, le triple Ballon d’or africain a même bien pris les choses en main, nourrissant un optimisme sur les gradins, en dépit de la résistance des Lions du Sénégal.Et sa décision de s’opposer au remplacement de Choupo-Moting dans le dernier quart d’heure a été saluée par une salve d’applaudissements.Mais à la 90e minute, Eto a subitement quitté les sommets. 

La barre transversale qui a repoussé son penalty lui inaugure un nouveau palmarès : celui du joueur le plus honnis du football de son pays.La star adulée de tous était devenu celui qui a tout gâché. Le grand attaquant, celui qui portait le football africain à bout de bras en Ligue africaine des champions était considérée comme le ’’paria qui doit laisser notre sélection’’, rouspétaient des supporters.Alors qu’il empilait les buts dans un des championnats les plus relevés du monde (Italie), Samuel Eto’o devenait, à 30 ans, indésirable dans la sélection camerounaise à l’image de son ancien partenaire Pierre Womé, coupable d’avoir manqué le penalty qui a privé le Cameroun d’une participation au mondial de 2006 en Allemagne.Des années auparavant, David Beckham, star adulée du football anglais expérimentait le caractère versatile des supporters. 

Auteur d’un comportement anti sportif lors d’un match contre l’Argentine en huitième de finale de la coupe du monde en 1998 en France, il a été expulsé avant la fin du match.L’Angleterre perdra par tirs au but, mais supporters et tabloïds ne se rappelleront que du geste qui avait, pour certains, transformé Beckham en ennemi public numéro 1.Des supporters sont allés jusqu’à la pendaison d’une poupée à son effigie dans un pub londonien. Un quotidien anglais, le Daily Mirror, avait publié une image du joueur se trouvant au centre d’une cible pour fléchettes.