Henryk Kasperczack va peut-être bâtir sa réputation au Sénégal sur sa manie à prendre le contre-pied des «suiveurs» de l’Equipe nationale, à offrir, à chaque convocation, de petites surprises à la «tanière». Pour son premier exercice à la tête de la sélection, il avait dribblé tout son monde en rappelant le vieillissant Khadim Faye (36 ans), qui a pris l’étoffe d’une doublure de Tony Sylva après sa belle prestation devant la Côte d’Ivoire à Tours (16 août, 1-0).
Ce matin (11 h), au Salon d’honneur du stade Léopold Sédar Senghor, le Franco-Polonais devrait vraisemblablement sortir de son chapeau, non pas El hadji Diouf dont le retour épouse la logique, mais… Bayal Sall. Le milieu de terrain de l’Us Gorée est attendu comme la principale curiosité de la liste des Lions qui vont recevoir le Mozambique le 2 septembre à Dakar, pour le premier match des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations 2008 de football.
Mais qu’est-ce qui pourrait, en logique sportive, justifier la sélection de l’imposant milieu récupérateur insulaire ? Non retenu pour le match du 16 août face aux Eléphants, Bayal est également à court de compétitions depuis la fin du championnat du Sénégal, au mois de juillet dernier. Après avoir hissé son club à la troisième place, avec en poche un ticket pour la Coupe de la Caf, le Goréen est en train de traverser l’Hexagone pour décrocher son premier club professionnel. Après ses passages non concluants au Fc Bruges l’année dernière, et à l’Olympique de Marseille cette saison, la «muraille insulaire» se trouve présentement à Saint-Etienne où il quête un emploi chez les «Verts». En plus, avec les retours probable d’Abdoulaye Diagne Faye (Bolton) et incertain d’Amdy Faye (Charlton), qui ont retrouvé la compétition avec leurs clubs en Premiership, et le comportement assez satisfaisant à Tours des Malick Bâ (Fc Bâle, Suisse), Sylvain Ndiaye (Levante, Espagne), Ousmane Ndoye (Academica Coimbra, Portugal) et Pape Bouba Diop (Fulham, Angleterre), il y aura un embouteillage monstre dans l’entrejeu des Lions. Devant cette pléthore de récupérateurs, le choix prêté à Kasperczak de rappeler le Goréen dans la «tanière» peut naturellement intriguer la critique.
Mais tous ces arguments semblent d’une légèreté confondante pour s’ériger en contrepoids de la haute estime dont jouit Bayal Sall auprès du nouveau patron de la «tanière». Le sélectionneur des Lions a été épaté par la prestation du Goréen à Séoul, lors de Corée du Sud-Sénégal (1-1, mai 2006), baroud d’honneur d’Abdoulaye Sarr et d’Amara Traoré. Par ses impressionnantes qualités athlétiques et ses bonnes dispositions techniques, Bayal Sall (21 ans) avait tapé, le jour de sa deuxième sélection, sur l’œil averti de Kasperczack, avant même qu’il n’entre en fonction comme patron du staff technique des Lions.
Connu pour sa boulimie des joueurs «locaux» qui a fini d’asseoir sa réputation africaine, le Franco-polonais les avait «oubliés» pour Sénégal-Côte d’Ivoire. Mais il avait tenu à chanter publiquement les qualités de Bayal Sall : «J’ai vu jouer le milieu de terrain de Gorée à Séoul pendant 20 mn. Durant cette rencontre, il a étalé tout son talent.»
Un jugement flatteur pour ce joueur qu’il aimerait revoir certainement à l’œuvre sur le pré de Léopold Sédar Senghor, afin de se faire définitivement une religion sur son talent encore brut de décoffrage. Pour sa troisième sélection, Bayal Sall, qui a étrenné son premier maillot chez les A le 1er mars 2006 à Dakar devant la Norvège (2-1), sera peut-être le premier à être surpris de sa sélection. Comme Khadim Faye qui soupçonnait un canular lors du coup de fil décisif de Kasperczack.
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