
Après leur premier face-à-face à Bargny, samedi dernier, Yékini et Bombardier vont remettre ça cet après-midi. C’est le prétexte qu’a saisi Le Messager pour questionner Serigne Mour Diop, sur ce choc du 2er janvier prochain. Le journaliste-consultant en lutte se prononce ici sur les enjeux du combat, pour les amateurs et les deux lutteurs, ainsi que les forces et faiblesses des deux athlètes sur les plans communication, bagarre et technique. Entretien…
Le Messager : Un combat Yékini Bombardier tombe-t-il toujours à pic ?...
Serigne Mour Diop : Je vais vous raconter une histoire. Au début des années 60, les deux meilleurs lutteurs de l’arène sénégalaise étaient Falaye Baldé et Boy Niague : ils se sont affrontés six fois et malgré tout, le public en redemandait. C’est un exemple qui étaye la thèse selon laquelle Yékini doit effectivement affronter Bombardier au moins une fois chaque saison. C’est cela qui fait le charme de la lutte. Les amateurs raffolent de ce genre de combats. Yékini et Bombardier sont actuellement les meilleurs, au niveau de leur catégorie de super lourds et ils doivent le prouver. Il y a eu lieu entre eux un premier affrontement, qui s’est terminé dans la confusion avec ce fameux coup de Bombardier sur Yékini derrière les sacs, ce qui lui valut d’être disqualifié et sanctionné par le CNG. Personnellement, j’estime qu’on a bel et bien respecté le règlement avec cette sanction, mais qu’il n’y a pas eu véritablement de vainqueur. Puis il y eut un deuxième combat, au terme duquel l’arbitre accorda la victoire à Yékini, ce que Bombardier contesta. Il faut donc absolument un combat, au sortir duquel le verdict ne souffrira d’aucune contestation, pour que tout soit enfin clarifié. C’est pourquoi, je suis d’avis que c’est la logique de lutte avec frappe qui impose ce combat.
«Yekini et Bombardier doivent éviter les sacs»
Côté communication, ne pensez-vous que Bombardier a fait vaciller Yékini, d’habitude très serein ?...
J’ai déjà protesté contre les déclarations va-t-en guerre de certains lutteurs et, Dieu merci, j’ai vu que le président du CNG, Alioune Sarr, a donné une interview à l’APS pour lancer la même alerte. Les écoles de lutte et les écuries doivent apprendre à leurs pensionnaires à bien communiquer. Il y a des choses qui ne se disent pas à la radio où à la télévision. Même si nous sommes dans un sport très lucratif qui crée de l’émulation, je ne vois l’opportunité de dire qu’il faut appeler une ambulance où un corbillard comme si l’on avait l’intention de tuer un adversaire. C’est même indécent de relayer ce genre de paroles. Je reproche aux chefs de télévision d’avoir laissé sortir ces mots. On devait censurer. On ne peut pas prendre la responsabilité de relayer, en direct à la télévision, une personne qui dit qu’elle va tuer quelqu’un. C’est comme un crime prémédité qu’on annonce dans les médias. Et si par accident, il arrivait mort d’homme, que va-t-on dire ? Les lutteurs doivent apprendre à rester posés et pondérés, car tout cela reste dans le cadre du sport et du fair-play. C’est n’est pas seulement ce cas d’espèce avec Yékini, mais peu de lutteurs savent communiquer. Le rare lutteur qui le fait sans déraper, c’est Lac de Guiers 2. Pour le reste, la plupart servent des propos désobligeants qui sortent parfois du cadre strictement sportif.
«Techniquement, Yékini, c’est le lutteur le plus complet de l’arène»
Comment analysez-vous les qualités des deux lutteurs en technique de lutte pure…
Personne ne fait mieux que Yékini. C’est un garçon qui a d’abord étalé ses compétences dans les Mbapats, ensuite dans le haut niveau de la lutte sans frappe avec les championnats d’Afrique, le Sabre d’or du Niger, le tournoi de la CEDEAO. Partout, il a prouvé qu’il était un technicien hors pair. Dans l’arène ce qui lui manquait, c’était la puissance physique et la boxe ; et il s’est bonifié dans ces domaine en côtoyant de grands entraîneurs. Egalement, il est allé travailler sa musculature pour devenir plus puissant. Techniquement, c’est le lutteur le plus complet de l’arène. De plus, son entraîneur est un spécialiste de la lutte gréco-romaine. Amadou Katy Diop, qui a été capitaine et aussi entraîneur adjoint de l’équipe nationale du Sénégal, a fait toute sa carrière en lutte gréco-romaine. Et à son contact, Yékini s’est essayé lui aussi à cette forme de lutte.
«Bombardier a une puissance qui lui permet de déraciner n’importe quel lutteur»
Parlons maintenant des prédispositions de Yékini et Bombardier à la bagarre, voire à la boxe…
La technique de boxe de Yékini est plus affinée, mais Bombardier me paraît plus puissant à la frappe.
Mais, contre Tyson, Yékini, par sa boxe, avait ensanglanté le visage de son adversaire…
Tout à fait. Il avait donné un coup à la bouche de Tyson, mais Yékini avait aussi pris des coups lors de ce combat. Aussi, regardez son combat contre Tapha Guèye : quand ils sont allés derrière les sacs, Yékini a envoyé cinq coups de poings sans toucher Tapha Guèye qui les a tous esquivés, sans même parer. Cette phase du combat illustre les grandes qualités du lutteur Tapha Guèye, tout en révélant quelques failles de son adversaire dans sa manière de frapper.
La puissance de frappe de Bombardier pourrait être déterminante en cas de bagarre…
Absolument, lors de leur deuxième confrontation, Yékini avait pris un coup de Bombardier, qui l’avait mis groggy. S’il prend deux coups de cette intensité de la part de Bombardier, ça peut vraiment lui faire mal. Cela pourrait être une des clefs du combat, si les deux lutteurs viennent pour une confrontation dans le sens de la bagarre. Un coup de Bombardier dans le mille pourrait être fatal à Yékini. Par contre, s’ils optent pour la confrontation en technique de lutte pure avec le corps à corps, on peut assister à un beau combat de super lourds. Certes, Bombardier est moins technique que Yékini, mais il n’est pas aussi nul que ça. En plus, il possède une puissance physique qui lui permet de combler cette limite. Cette force lui permet de déraciner n’importe quel lutteur. Mais, il faudra qu’ils évitent d’aller vers les sacs de sable, c’est pourquoi l’arbitre devra être vigilant pour ce combat.
«L’augmentation de poids pourrait atténuer la beauté de ce combat»
Et leur poids dans ce combat…
Bombardier est plus grand, plus jeune et visiblement plus mobile. Mais sa mobilité n’a pas une bonne assise au sol. Là aussi, cela peut constituer une chance pour Yékini. Mais du point de vue du poids, ils doivent avoir sensiblement le même.
Yékini a pris un plus de volume, à son retour des USA…
Lui-même l’a avoué. Il a augmenté son poids en proportion à la puissance physique de Bombardier. Cela peut atténuer la beauté de ce combat et, quand on est très lourd, on n’est pas agile ni rapide sur certaines actions. Aussi, on ne peut pas faire beaucoup de flexions. Vous imaginez un Yékini prendre Bombardier et tenter une flexion ? S’il le fait, il chute inexorablement avec lui. Généralement avec les super lourds, on n’a pas de beaux combats, mais des combats de mastodontes et les amateurs adorent ces chocs de titans. Mais, je ne pense pas que le poids règle la question dans ce combat. Ce sera plutôt une question de technique et surtout d’intelligence dans la façon des deux lutteurs d’appréhender ce combat.
Et quel regard portez-vous sur la qualité de l’encadrement des deux lutteurs ?...
L’encadrement joue un rôle prépondérant dans un sport de combat. Un athlète, quelle que soit sa compétence, sa puissance et sa technique, a besoin d’un staff technique pour lui donner les consignes idoines. Des spécialistes qui maîtrisent la chose. Ce n’est malheureusement pas le cas pour Bombardier. Par contre, Yékini a d’anciens lutteurs comme Katy Diop et Robert, qui sont d’anciens champions de lutte. Katy Diop est un technicien diplômé, qui a une certaine poigne sur ses lutteurs. Katy Diop peut décider que Yékini ne boxera pas pour ce combat et il ne boxera pas contre Bombardier. Qui peut se prévaloir de ce statut dans le staff de Bombardier ? Quand Zale Lô, en 1996, allait à Fatick, il était encadré par la grande écurie de Fass de l’époque, qui s’était investie à fond pour que Zale remporte ce drapeau du chef de l’Etat. Yékini, lui, était venu sans encadrement avec juste ses petits frères et quelques bouteilles de Safara et il a perdu le combat. Il n’y avait personne pour lui dire ce qu’il devait faire sur le plan tactique. Il a ainsi perdu un combat qu’il aurait pu gagner. C’est là qu’il a compris qu’il avait besoin d’un staff technique, si bien qu’aujourd’hui, il dispose de l’un des meilleurs encadrements de l’arène. Et cela pourrait être déterminant dans ce combat.
15 Commentaires
B52
En Décembre, 2010 (16:25 PM)Fatim
En Décembre, 2010 (16:26 PM)Senericain
En Décembre, 2010 (16:26 PM)Jauz
En Décembre, 2010 (16:27 PM)Jauz
En Décembre, 2010 (16:30 PM)Wa Joloff
En Décembre, 2010 (16:34 PM)Zaaaaaaaa
En Décembre, 2010 (17:12 PM)Fagadaga
En Décembre, 2010 (17:13 PM)@Orthographiquement, ton comportement n'est que méchanceté et jalousie, mais inchallah la victoire reviendra au roi Yekini
Biké
En Décembre, 2010 (17:36 PM)Daouda
En Décembre, 2010 (18:28 PM)SENEWEB ENCORE
Biribiri
En Décembre, 2010 (18:59 PM)Doum
En Décembre, 2010 (19:42 PM)Fall
En Décembre, 2010 (22:33 PM)Mimi
En Décembre, 2010 (08:18 AM)Binta
En Décembre, 2010 (09:56 AM)Participer à la Discussion