SOULEYMANE SANE ANCIEN INTERNATIONAL INTERESSÉ PAR LES « LIONS » « On est capable de réussir là où les blancs réussissent »

Même avec un poste d'entraîneur adjoint, l'ancien attaquant international Sénégalais se dit prêt à revenir au bercail pour apporter sa pierre à l'édifice. Souleymane Sané estime pouvoir réussir lui et les autres anciens internationaux, là où les blancs réussissent. Et demande aux autorités de leur donner une chance. Il a aussi fait le diagnostic du football sénégalais et africain dans son ensemble ; tout en déplorant le comportement de certains joueurs. Ceux qui ne mouillent pas le maillot en équipe nationale. Jules est aussi revenu sur les billets d'avion qu'il paie de sa pochait pour venir jouer avec les « Lions ». Entretien

Quelles sont les nouvelles ?

Elles sont bonnes, je me porte bien.

Etes-vous toujours dans le milieu du sport ? Oui. Pour l'instance c'est la préparation de la coupe du monde. Je travaille pour une société de management de footballeurs.

Les jeunes Sénégalais peuvent-ils espérer votre appui pour monnayer leurs talents en Europe, surtout en Allemagne qui n'est pas jusqu'ici leur destination privilégiée ?

Normalement oui. Il y avait un règlement en Allemagne qui rendait un peu difficile la venue des étrangers pour un peu protéger les jeunes Allemands. C'est pourquoi c'était un peu dur pour les managers de faire venir les joueurs étrangers. Mais d'après les renseignements dont je dispose, à partir de cet été où peut-être l'année prochaine, ils vont ouvrir les portes aux étrangers.

Avez-vous des échos du football sénégalais ?

Par rapport à l'équipe nationale, je sais que la fédération cherche un nouvel entraîneur. Je sais qu'il y a un entraîneur Français qui s'est présenté, Alain Perrin. Il y a également parmi les candidats Lamine Ndiaye. J'avais l'intention aussi de déposer ma candidature (rires). Mais d'une autre façon. Il faut que je revoie tout ça. Je vais voir avec Jules Bocandé comment je pourrai exprimer les intentions que j'ai.

Etes-vous toujours dans les dispositions de déposer votre candidature ?

Je n'ai pas encore déposé officiellement ma candidature. Pour le moment, je vais essayer de voir ce que le ministère et la fédération cherchent. Il faut savoir s'ils cherchent un entraîneur ou un sélectionneur. Les Alain Perrin et Lamine Ndiaye ont la licence d'entraîneur, moi je ne l'ai pas. Donc il faut que je voie de quelle manière procéder. Je pense apporter mon « team » (équipe), avec un entraîneur Sénégalais ou étranger. Mais pour tout cela il faudra voir d'abord ce que la fédération et le ministère veulent : un étranger ou un Sénégalais.

Avez-vous en tête des entraîneurs que vous voulez proposer et appuyer ?

Oui ils sont nombreux. (Rires). J'ai pas mal d'anciens entraîneurs qui m'ont marqué. Certains sont à la tête d'équipes nationales, d'autres ont été limogés et je pense qu'ils pourraient être intéressés. Mais pour le moment, je veux savoir ce que je dois faire. Je vais me renseigner auprès de Jules Bocandé pour savoir ce que le ministère ou la fédération cherche exactement. A partir de là, je pourrai rapidement déposer ma candidature et voir quel entraîneur je pourrai proposer et cheminer avec lui pour aider le football sénégalais à sortir de l'ornière.

Expliquez un peu votre projet ?

Je n'ai pas de fixation sur le poste d'entraîneur titulaire. Tout ce que je veux c'est de revenir à la maison et contribuer au développement du football de mon pays. Je pense pouvoir le faire en apportant le système allemand. Je vous donne l'exemple de l'équipe nationale d'Allemagne avec Birof qui en est le manager général, entouré de collaborateurs, avec à la tête du staff l'entraîneur Jürgen Klinsmann. Je pense également amener d'anciens internationaux pour qu'ils puissent encadrer les jeunes. Ça peut se faire avec un Blanc ou avec un Sénégalais comme Lamine Ndiaye qui a déposé sa candidature.

Vous n'excluez pas de former un duo avec Lamine Ndiaye ?

Non. Pourquoi pas ? On a joué ensemble. Lamine Ndiaye a acquis beaucoup d'expérience aussi bien durant sa carrière de joueur que durant celle d'entraîneur. Je me demande pourquoi on ne donnerait pas la chance aux Sénégalais, surtout les anciens comme nous. Nous avons l'expérience qu'il faut pour aider les jeunes. Il faut qu'on nous donne au moins la chance de montrer ce qu'on a appris en Europe. Je pense qu'avec l'expérience que nous avons, si le peuple sénégalais nous soutient, nous pouvons réussir.

La plupart de vos anciens coéquipiers actuellement à l'étranger expriment ce vœu …

C'est normal. Tous les anciens professionnels qui ont joué avec moi, après leur carrière, ils sont dans des clubs en Europe. Et je dis que les jeunes qui sont actuellement en équipe nationale peuvent prendre exemple sur nous. On peut beaucoup leur apporter. On est sorti avant eux et on sait ce qui se passe dans le monde du football. Je ne veux pas critiquer les entraîneurs locaux mais il faut du respect. Moi quand je me présente devant un El Hadji Diouf est-ce qu'il va me demander si j'ai joué en Europe etc ? Avant qu'il n'arrive j'étais depuis longtemps professionnel. Lui, il était dans les tribunes et rêvait de faire comme nous. Nous aurons ce plus par rapport à certains qui n'ont pas eu cette expérience. Ce n'est pas pour attaquer les locaux. Eux aussi sont capables de faire des choses. Mais je pense qu'on a donné des chances à ces entraîneurs locaux. Maintenant ça doit être au tour des anciens internationaux. Qu'on nous donne notre chance et après on verra. Si on réussit c'est bien si on ne réussit pas on saura au moins qu'on nous aura donné notre chance.

Quelle chance vous donneriez-vous face à ces entraîneurs étrangers avec à leur tête Giovanni Trapattoni ?

Je suis Sénégalais donc je dois être un peu avantagé (rires). Un entraîneur comme Trapattoni je ne dirais pas qu'il n'est pas bon. Je le connais bien, il a été ici en Allemagne. C'est un bon entraîneur et il l'a prouvé en Italie et ici en Allemagne. Je pense que du point de vue du palmarès, je ne peux pas me mettre en concurrence avec lui. Mais la question se trouve ailleurs. Je suis Sénégalais, j'ai joué pour le Sénégal et je me suis toujours battu pour mon pays. La moindre des choses est qu'on nous donne notre chance de mettre en pratique ce qu'on a appris en Europe. On est capable de réussir là où les Blancs réussissent.

Certainement un Sénégalais à la tête des « Lions », ce sera moins coûteux ?

C'est sûr et certain que le Sénégal va dépenser moins. Mais il faudra nous donner des moyens nous permettant de nous concentrer sur le football sénégalais. Mais il est sûr et certain que le Sénégal dépensera moins avec un ancien international qu'avec un Italien, un Français ou un Allemand. Mon problème est de savoir si la fédération va nous dire : « On vous donne votre chance à vous les anciens, avec Lamine Ndiaye aux commandes ». Je ne serais pas gêné de voir un Sénégalais à la tête de l'équipe et de l'aider. Mais si la fédération veut un Blanc il n'y a pas de problème, elle peut le mettre et nous serons là pour le soutenir.

Même avec le poste d'adjoint vous êtes prêt à venir ? Ça c'est sûr et certain.

N'est-ce pas écœurant de voir un joueur se défoncer en club et de se réserver en équipe nationale ?

Ça fait mal. L'équipe nationale ce n'est pas comme n'importe quelle équipe. Une coupe du monde ou une coupe d'Afrique ne se joue pas tous les samedis contrairement aux championnats où le joueur a la possibilité de se rattraper le week-end qui suit.

Regrettez-vous d'avoir eu à payer vous-même votre billet pour venir jouer en équipe nationale ?

Non ! ça je l'ai fait à plusieurs reprises parce que j'aime mon pays. C'est quelque chose que je ne peux pas regretter ; d'autant plus qu'à ce moment on avait beaucoup de problèmes en équipe nationale. Financièrement on n'était pas tellement bien. Quand je le faisais je n'hésitais même pas. On m'appelle, je prends mon billet et je viens. Si on me rembourse c'est bien si on ne me rembourse pas, il n'y a pas de problème. La plupart de mes primes, je ne les prenais pas je donnais ça aux joueurs locaux qui étaient dans le groupe. Je me suis beaucoup battu pour eux.

Cette fibre patriotique l'avez-vous retrouvée chez les jeunes d'aujourd'hui ?

En certains oui mais pas tout le monde.

Avez-vous la nostalgie du pays ?

Le mal du pays on l'a. Je travaille ici et ça fait longtemps que je ne suis pas retourné au Sénégal. Donc forcément le mal du pays, je l'ai. Quand tu travailles avec des joueurs tu ne peux pas toujours répondre présent au pays.