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Volley: «Négligés, les meilleurs Sénégalais jouent pour le Qatar»

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Volley: «Négligés, les meilleurs Sénégalais jouent pour le Qatar»
Dans les années 70-80, la sélection masculine de volley-ball du Sénégal était dans le top 3 africain. Mais aujourd’hui, elle porte le bonnet d’âne au niveau continental. Qu’est-ce qui explique cette terrible régression? Sport News Africa (SNA) a rencontré Blaise Gnacadja (41 ans), ancien international sénégalais, reconverti en coach. Il pointe du doigt, la mauvaise gestion et les mauvais choix des dirigeants pendant plusieurs années. Ce qui a favorisé le départ des plus grands talents. «Tous les meilleurs Sénégalais jouent actuellement pour le Qatar. Même le capitaine de la sélection est sénégalais» renseigne Blaise Gnacadja. Entretien.

 
Blaise Gnacadja, vous avez été international sénégalais de volley-ball. Qu’êtes-vous devenu ?

Je vis en France où j’ai eu mon diplôme d’état en perfectionnement sportif: mention volley-ball. Actuellement, je travaille pour le Comté de volley-ball de la Mayenne. Je fais des stages de perfectionnement pour les sélections de jeunes. Et je suis aussi formateur d’entraîneurs de la Fédération française de volley-ball (FFVB). En même temps, je suis coach de l’ASPTT Laval et coach mental de haut niveau.

Le volley a son public en France mais il n’est toujours pas populaire en Afrique. C’est d’ailleurs très rare de suivre des compétitions de volley à la télé…

Je prends l’exemple de l’Afrique noire, si le volley-ball n’est pas populaire, c’est parce que les dirigeants n’ont pas assez travaillé pour le vulgariser. Il n’y a pas eu, en effet, un projet de massification. Si vous regardez bien, les présidents de la confédération africaine viennent toujours du Maghreb (Bouchra Hajj du Maroc est l'actuelle présidente de la CAVB: ndlr). Alors qu’ils sont minoritaires. Mais c’est eux qui montrent le plus d’envie dans le développement de la discipline. Au Sénégal où j’ai grandi, les choses se sont mal passées durant des années.

Qu’entendez-vous par là ?

On manque cruellement de matériel. Ça ne joue pas dans toutes les régions. C’est rare de voir les équipes avoir plus de 5 matchs par saisons. Quand j’étais international, j’ai joué sans des chaussures adéquates. Et avec des maillots prêtés par l’équipe nationale de foot. Il n’y avait pas de primes, même dans les compétitions internationales. Pourtant, le Sénégal avait un centre de développement. Mais on l’a perdu pour mauvaise gestion. Le président de la fédé (Mamadou Ndoye: ndlr) était absent pendant presque 3 ans. Or, le monsieur se permet de dire ensuite qu’il a hissé vers le haut le volley-ball sénégalais.



                       «Il faut jouer à tous les niveaux, même scolaire»

Mais un nouveau président vient d’être élu, le 27 décembre dernier. Qu’attendez-vous de lui ?

Organiser des compétitions de manière régulière. Il faut, en effet jouer et à tous les niveaux. Même scolaire. C’est ainsi que l’on peut détecter, initier et faire aimer le volley aux jeunes. Ensuite, les former et les faire grandir. La formation, le développement et le perfectionnement. Il faudra mettre les bonnes personnes à la place qu’il faut. Il y a beaucoup de bons encadrants au Sénégal. Faisons donc un projet sur 5 ans et il portera ses fruits. D’ailleurs, le nouveau président (Amadou Sèye), qui se veut rassembleur, a appelé toutes les composantes du volley à travailler ensemble, au lendemain de son élection. Il s’est rendu en Europe pour discuter et essayer de trouver des partenaires et des conseillers pour faire venir du matériel. Il se rendra aussi dans le Golfe où le Sénégal compte beaucoup de grands volleyeurs. C’est possible de remettre le volley-ball sénégalais sur de bons rails.

Justement, aujourd’hui, où situez-vous le volley sénégalais sur l’échiquier continental ?

Dans les années 70-80, le Sénégal en garçons était 3e africain. Mais, il y a eu une mauvaise gestion des équipes nationales et des compétitions. Il faut reconnaître que les pouvoirs publics ne font pas bien le travail. Il n’y a pas d’équité par rapport au foot, qui se taille la part du Lion. Pour en revenir au volley, à un moment donné, la Fédé a pris l’option d’investir seulement sur les filles. Sans pour autant essayer de conserver notre place chez les garçons. Ils ont été négligés et laissés à eux-mêmes. Après 20 ans d’investissement, les filles ont pu grimper à la 3e place sur le continent. Cependant, on aurait même pu être sur le toit de l’Afrique. Mais le revers de la médaille, c’est que chez les garçons désormais, c’est le néant. Alors que nous avons beaucoup d’expatriés dans les pays du Golfe.



Donc le Sénégal a de bons joueurs expatriés sans avoir une bonne sélection masculine ?

La plupart sont naturalisés au Qatar parce que leur pays les a laissés en rade. Vincent Coly était le capitaine de l’équipe nationale du Qatar. Il a été plusieurs fois champion. Il a gagné la Ligue des champions asiatique. On l’a plusieurs fois désigné sportif de l’année au Qatar. Même l’actuel capitaine du Qatar est sénégalais. Il s’appelle Ibrahim Gadiaga. Lui aussi s’est fait un gros palmarès là-bas. Aboubakry Ndir, Pape Ciss Ngom et Chérif, Birama Faye, jouent tous pour le Qatar.

Chérif a d’ailleurs participé aux JO avec le Qatar. Leur pays les a négligés, ils sont partis monnayer leur talent ailleurs. C’est pour vous dire que le Sénégal a le potentiel pour être parmi les meilleures nations africaines en filles et garçons. Mais il faut un projet d’investissement. Aujourd’hui, on se fait battre par la Gambie, la Guinée, Cabo Verde. Je crois que l’on doit être dernier chez les garçons.

Quelles sont donc actuellement les meilleures nations africaines au volley-ball ?

Ce sont les pays où il y a le plus de salles : les pays maghrébins. A Tunis, il y a 250 gymnases où on peut s’entraîner et jouer. Au Sénégal ? Je n’en connais pas. Après, il y a la Cameroun, le Rwanda, l’Afrique du sud, la Côte d’Ivoire… Des pays comme Cabo Verde, la Gambie... sont en train de bien bosser, malgré leurs maigres moyens.

Blaise Gnacadja, avez-vous un projet personnel pour le volley sénégalais ?

Personnellement, j’ai décidé de collecter du matériel pour les clubs au Sénégal. Surtout les plus démunis. Ensuite, avec mes frères du Qatar, on va organiser des tournois de grande envergure et des formations aussi pour les encadrants. On a toujours voulu faire ces projets. Mais comme la Fédération nous avait tourné le dos, ce n’était pas possible. Le sport demande beaucoup de moyens techniques et administratifs. Le volley-ball sénégalais doit se mettre également à l’ère du temps. Il faut d’ailleurs une section communication, envahir les réseaux sociaux. Faire, effectivement, la promotion de nos joueurs, créer des compétitions internationales.



                    «L’Egypte, la Tunisie, le Cameroun… sur la bonne voie»
 

Au dernier Mondial de handball, l’Egypte a atteint les quarts de finale et a frôlé l’exploit contre les champions du monde. Pensez-vous qu’au volley, les nations africaines peuvent décrocher des médailles mondiales ?

Pour le moment, ce sera compliqué. Mais les équipes telles que l’Égypte, la Tunisie, le Cameroun et l’Algérie n’y sont pas loin. Elles sont sur la bonne voie.

Sinon, comment avez-vous chopé le virus du volleyball ?

Par le biais d’un oncle qui s’appelle Gérard Sambou. C’était une référence pour moi. Car il était militaire, rigoureux et joueur de l’ASFA (équipe des Forces armées). Les après-midis, il venait d’abord me donner des cours de maths et ensuite je l’accompagnais au terrain. C’est comme ça que j’ai pris goût au jeu. Gérard Sambou fut un ancien international sénégalais. Il a ensuite créé le Centre sportif de Fayda. C’est lui qui a fait de moi le joueur que j’ai été. L’enseignant et l’éducateur que je suis devenu par la suite.

Il faut ensuite noter que je viens d’une famille de sportifs. Mon oncle Edouard Gnacadja était, en effet, un grand footballeur. Edouard a d’ailleurs été capitaine de l’équipe nationale du Sénégal. Il a même joué contre Pelé lors d’un match de gala si je ne me trompe pas Brésil contre Reste du monde. Il y a aussi Adrien Gnacadja qui a évolué à Toulon, Mulhouse... Et mon cousin Auguste Gnacadja qui était à Sochaux avec Omar Daf.

Vous auriez donc dû devenir footballeur…

J’ai, en effet, longtemps hésité entre le foot et le basket où j’excellais. Mais mon oncle Gérard Sambou était radical. Il me demandait de me concentrer sur le volley. Cependant, en cachette, je jouais en Championnat de Basket avec l’USO de Ouakam. Mais un jour après une blessure contre l’AS Douanes, j’ai compris que c’était le volley ma voie. Avec beaucoup d’humilité toutefois, je peux dire que j’étais bon dans tous les sports que je touchais: natation, basket, rugby, scrabble, foot… Mais le volley est spécial

 


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