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Yérim DIAGNE accuse : ‘ Les membres de la Fédération ont atteint leurs limites ’

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Yérim DIAGNE accuse : ‘ Les membres de la Fédération ont atteint leurs limites ’

Un grand coup de balai. C’est ce que réclame l’ancien international de football devenu le directeur technique de l’Académie Mawade Wade. Et pour Yérim Diagne, les membres de la Fédération sénégalaise de football (Fsf) ne doivent pas être épargnés par ce nettoyage des écuries d’Augias au lendemain de la déroute des ‘Lions’ du Sénégal. Autre cible du coup de balai préconisé par l’ancien latéral de l’équipe nationale du Sénégal : les joueurs qui sont devenus vieillissants.

Wal Fadjri : Comment l’ancien international de football que vous êtes a vécu l’élimination précoce de l’équipe nationale du Sénégal de la coupe d’Afrique des nations de football ?

Yérim Diagne : Avec un sentiment de profonde désolation. Avec tout ce que le Sénégal a mobilisé en ressources humaines et financières, pour une participation de qualité de notre équipe nationale, on s’attendait à beaucoup mieux que cela. Mais du début à la fin de notre parcours, rien n’a marché. Nous avons fait trois matches, sans décrocher une seule victoire. Lors de notre premier match, la Tunisie a très tôt marqué un but et s’est ensuite repliée dans ses buts. Un retrait stratégique qui a désorienté toute l’équipe, faisant dire à certains que le Sénégal avait dominé la Tunisie en ces moments, alors qu’en réalité, l’équipe du Sénégal ne sait même pas dominer, parce qu’il n’y a pas d’attaque placée dans notre équipe. Cela veut dire qu’en fait, il n’y a pas d’actions concertées. Que notre jeu collectif est très faible, que notre circulation de balle est pratiquement inexistante, que la circulation des joueurs sur le terrain est nulle, c’est pourquoi quand on laisse le jeu, nous peinons. Voilà l’enseignement à tirer du premier match. Contre l’Angola, nous avons fait un match très physique et athlétique. Cela nous a réussi pendant 45 minutes, mais en seconde période, l’équipe a craqué. Les raisons ? C’était la fatigue due à des débauches d’efforts, faites par des joueurs qui ont atteint leur fin de cycle. L’équipe a pété (excusez-moi du terme) et nous avons été battus. Pour le dernier match de jeudi, l’équipe a été bel et bien changée. Les arrières latéraux Habib Bèye et Nguirane Ndao ont laissé la place à Lamine Diatta, promu capitaine, et Ibrahima Faye. Les escapades d’El Hadji Diouf, Tony Sylva et Ousmane Ndoye ont fait que peut-être, ils n’ont pas joué. Mais c’est toujours le même problème sur le plan technique-tactique. Sur le plan de l’organisation du jeu aussi, nous avons été sérieusement ballottés par les ‘Bafana-Bafana’. Il n’y avait pas de comparaison possible entre les deux. Alors que nous comptions uniquement sur des individualités, les Sud Africains ont assis un football collectif et, avec leur technicité, ils ont fait l’essentiel.

Wal Fadjri : A vous entendre parler, on a l’impression que le Sénégal n’avait pas une équipe compétitive…

Yérim Diagne : Non, une équipe, c’est d’abord le collectif. Une bonne équipe, c’est un jeu fluide. Une équipe a un cadre de jeu rationnel. Or, au plan de notre système de jeu, il y a beaucoup de choses à dire. J’ai l’habitude de dire que le système de jeu, c’est comme un costume qu’on vous fait porter. S’il est trop étroit, le propriétaire étouffe. Mais si c’est trop large, il ressemble à un clown. Cela veut qu’il faut tenir compte des joueurs que l’on a pour asseoir son système de jeu. Au niveau de l’équipe du Sénégal, nous avions assis notre système de jeu sur un 4-4-2 qui ne l’était que de nom. Un système où les ailiers sont figés sur la ligne de touche, où il n’y avait pas de permutation. On dit également très souvent que nous avons de grands joueurs par rapport aux autres, mais il faut se raviser. Les autres équipes ont des joueurs beaucoup plus techniques maintenant que les nôtres. Nous avons beaucoup plus d’ouvriers que de techniciens. L’Afrique du Sud nous l’a démontré, la Tunisie l’a confirmé et l’Angola a séduit par un football direct et rationnel qui a eu raison de notre football. Faites la comparaison et vous verrez. Il n’y a pas matière à discussion sur ce plan. Il y a aussi que l‘équipe coachée par Lamine Ndiaye, c’était une équipe malade dès le départ. Malade de son entraîneur, malade de ses résultats catastrophiques. C’est la raison pour laquelle elle a joué pendant trente minutes et n’était plus que l’ombre d’elle-même par la suite ! C’était une équipe sans enthousiasme, sans passion aucune sur le terrain. Cela veut dire que notre équipe est malade des prestations qu’elle a faites et du départ de son entraîneur Henri Kasperczak. Ce qui fait qu’il ne fallait plus espérer quoi que ce soit avec cette équipe amputée. D’autant que, sur le plan du jeu, les autres équipes nous dament le pion.

Wal Fadjri : Cela veut-il dire que la réorganisation du football sénégalais s’impose ?

Yérim Diagne : Bien sûr ! Mais il ne faut pas s’arrêter à la mauvaise prestation de l’équipe. Le football, c’est un tout. L’équipe nationale a toujours été l’arbre qui cache la forêt par des résultats acceptables. Et maintenant que nous savons que cette équipe n’est pas aussi forte qu’on le pensait, il faut s’arrêter. On se rend compte que, derrière ce football, il n’y a aussi absolument rien. Ce qui veut dire que tout est à refaire. D’abord sur le plan local, au niveau de l’équipe nationale seniors et de l’administration de notre football.

Wal Fadjri : Quelles solutions préconisez-vous ?

Yérim Diagne : Il faut balayer

Wal Fadjri : Mais balayer qui ?

Yérim Diagne : Je suis catégorique. J’ai déjà dit que la Fédération sénégalaise de football qui est en place, doit être changée. A chaque campagne de l’équipe nationale, c’est le même scénario. Le ministre part, on cherche des boucs émissaires, et les autres restent et se repositionnent. Celui qui dirige la fédération est là depuis l’avènement de l’entraîneur allemand Peter Schnittger, en qualité de vice-président chargé des compétitions, président par intérim et maintenant président. Et, à ce niveau des responsabilités, il n’est pas le seul à devoir partir. Ils ont montré leurs limites. Ils ont atteint leurs limites et prouvé qu’ils sont incapables de diriger notre football. Il faut qu’on change, il faut que nous changions. Mais attention, il ne faut pas qu’on vienne nous dire que la Caf n’acceptera pas ceci, la Fifa ne voudra pas cela, etc. Ce n’est pas notre problème. Nous savons comment cela s’était passé la dernière fois avec El Hadji Daouda Faye qui, à ce jour, a eu raison sur tous ceux qui ne voulaient pas qu’il révolutionne le management de notre football. Malheureusement, c’était avec la complicité des médias qui avaient soutenu la Fédération sénégalaise de football (Fsf), dans un combat contre ce dernier, qu’il ne fallait pas faire. Maintenant, le peuple sénégalais est conscient que ces dirigeants ne peuvent pas diriger notre football. A entendre nos compatriotes à travers les radios et télévisons sénégalaises, on se rend compte qu’on avait fait l’erreur de prendre fait et cause pour cette fédération. Quand nous dépensons 2,5 milliards de nos francs pour récolter un échec aussi cuisant, ce n’est pas la Caf, ni la Fifa qui nous finance. C’est l’argent du contribuable sénégalais qui est dépensé. Quand nous récoltons de mauvais résultats, ça ne fait ni chaud ni froid à la Caf ou à la Fifa. C’est le peuple sénégalais qui est meurtri. Si nous n’avons pas de bons résultats, c’est les Sénégalais que cela choque. C’est notre football, et nous avons besoin de le refaire. Même s’ils nous doivent nous suspendre pendant un à deux ans, cela vaut la peine pour nous permettre de refaire notre football. C’est à nous de faire notre football, et aucune loi internationale ne peut se substituer aux lois de notre pays, en matière de législation. Il faut que cela soit clair dans la tête des Sénégalais. Nous avons besoin de refaire notre football, et personne ne viendra de la Caf ou de la Fifa pour le faire à la place des Sénégalais.

‘Avec les entraîneurs expatriés, il y a eu trop de faits divers (…) Les entraîneurs locaux Laye Sarr et Amara Traoré ont mieux géré qu’eux’

Wal Fadjri : Ce football peut-il se faire avec les techniciens locaux ?

Yérim Diagne : Je suis catégorique sur ce plan. J’ai côtoyé pas mal d’entraîneurs que l’on décrit de haut niveau. J’ai fait ma formation avec ces ‘toubabs’(Blancs) à l’Inseps de Paris. Je connais leurs limites. Et ceux qui sont venus, ont montré leurs limites. On sait que, sur le plan du jeu, ils sont très moyens de même qu’au plan de la stratégie. En fait, leur tâche est facile. Ils font chaque mois un match amical avec des joueurs professionnels qu’ils retrouvent en Europe pendant trois à quatre jours, et à la fin du mois, ils perçoivent des millions du contribuable sénégalais, pour ne rien nous apporter. Il faut arrêter ce cirque. J’aurais préconisé, compte tenu que ces joueurs sont tous en Europe, de plus payer au mois l’entraîneur expatrié, si nous sommes toujours dans la logique d’en prendre un, mais à la tâche. Il y a match, il fait sa sélection, la coache, le match se termine, on lui donne son fric, il s’en va.

Wal Fadjri : Le technicien sénégalais n’est-il pas capable de le faire ?

Yérim Diagne : Mais ce qu’ils font, un entraîneur sénégalais de très petit niveau peut le faire. C’est trop facile ce qu’on leur permet. Or, dans ce pays, il y a des entraîneurs très bien formés, qui ont des compétences avérées en la matière. Il faut leur faire seulement confiance. Il faut les considérer comme ceux qui viennent d’Europe. Il faut créer pour eux les conditions de réussite à l’image des moyens qu’on met entre les mains des techniciens expatriés qui débarquent chez nous. Avec ces mêmes moyens, ils sont capables de faire plus et mieux qu’eux. Ce sont des Sénégalais qui vivent parmi nous, qui connaissent notre environnement sociologique, nos us et coutumes, nos interdits et aspirations, pourquoi avoir le complexe de les mettre dans les mêmes conditions de réussite que les entraîneurs blancs. Il faut se départir de ce complexe.

Wal Fadjri : Mais on reproche aux entraîneurs sénégalais de n’avoir pas de poigne envers les joueurs expatriés.

Yérim Diagne : Je suis désolé d’entendre ces déclarations de mauvais goût. Les entraîneurs ‘toubabs’ ont prouvé qu’ils n’ont pas de poigne avec ces joueurs. A titre d’exemple, après le départ de Guy Stephan, ce sont deux Sénégalais qui ont dirigé l’équipe nationale à la coupe d’Afrique des nations de 2006 et il n’y a eu aucun fait divers avec eux. Par contre, avec Bruno Metsu, il y a eu des faits divers. Avec Guy Stephan, il y en a eu et avec celui qui vient de démissionner, on en a connu.

Wal Fadjri : Malgré tout, ne vous attendiez-vous pas à ce que les ‘Lions’ jouent les premiers rôles du Ghana ?

Yérim Diagne : Pour les gens avertis, cela coulait de source que le Sénégal n’allait pas jouer les premiers rôles. Nous avons des joueurs dont la plupart ont atteint la limite d’âge. C’est la fin de cycle pour eux. Et ils constituent l’écrasante majorité dans notre équipe nationale. Ensuite, l’entraîneur franco-polonais n’a jamais assis une équipe sur laquelle on pouvait compter. Il n’a fait que des tergiversations jusqu’à Tamalé et personne n’a rien dit. La preuve : il a fait venir Ibrahima Sonko que tout le monde souhaitait voir sur le terrain et il l’a mis sur la touche pour faire jouer Diagne Faye. On peut en citer d’autres. Du point de vue du travail technico-tactique, on se rend compte qu’il n’a rien de fait. Pour dire qu’il n’a jamais trouvé son équipe depuis qu’il est à la tête de l’équipe nationale de football du Sénégal. Dans ces conditions, qui aurait pu penser que le Sénégal irait en finale ? Je me disais qu’au pire des cas, on irait peut-être en quarts de finale même si notre valeur intrinsèque ne nous prédisposait pas à franchir le premier tour de cette compétition.



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