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Qui est Marc Ladreit de Lacharrière, nouveau champion du Web français ?

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Qui est Marc Ladreit de Lacharrière, nouveau champion du Web français ?

En mai, il a repris la société française Webedia, qui édite les sites PurePeople, PureCiné, PureMédias... Mardi, on a appris qu’il rachetait AlloCiné au fonds d’investissement américain Tiger (a priori une bonne affaire : il paierait 70 millions d’euros pour un site bénéficiaire dans lequel le vendeur Tiger a investi 120 millions d’euros...). A lire Paris Match, il aurait même regardé de près le dossier Dailymotion, autre « pépite » du Web français...


Marc Ladreit de Lacharrière est un monsieur de 72 ans à la mine malicieuse. Tranquillement, il indique qu’AlloCiné et ses différents sites « pure » accueilleront au total « un tiers des Français qui vont sur le Web tous les mois ». Selon le communiqué de Fimalac (sa holding) on assiste à la naissance du « quatrième groupe média numérique français », « leader sur la thématique du divertissement ».


Une fois de plus, ce financier original surgit, tel un lutin, là où on ne l’attend pas trop. C’est ainsi qu’il a bâti son groupe depuis 22 ans.

58e fortune de France cette année


Ancien numéro deux de L’Oréal, il a subitement claqué la porte du groupe en 1991 pour fonder un petit groupe, Fimalac, en partant d’une société coquille vide qu’il avait discrètement achetée en Bourse.


A l’époque, il avait choisi d’investir dans des secteurs très peu médiatiques. J’ai souvenir qu’il s’en amusait : « J’ai choisi les secteurs les moins sexy possible pour que les médias me fichent la paix. » Fimalac a démarré comme un bric-à-brac industriel invraisemblable : outillage à main (Facom), services logistiques, stockage de produits chimiques, applications industrielles pour métaux précieux, et notation financière (une activité qui n’intéressait alors pas du tout le grand public). Mais financièrement, en quelques années, la mayonnaise a pris. Aujourd’hui, Lacharrière est la 58e fortune française du classement 2013 de Challenges.


Le groupe s’est simplifié, Fitch Ratings prenant de l’importance. L’agence de notation financière est devenue la troisième du monde, derrière Moody’s et Standard’s & Poors. La querelle sur le rôle de ces agences dans la crise de 2008 a sorti Lacharrière de l’ombre, et l’a affecté. Il a écrit un livre pour défendre l’honneur de cette activité. Dans le même temps, Fimalac a reculé dans le capital de Fitch : il a revendu 10% de ses parts, au profit de Hearst Corporation, les deux actionnaires sont désormais à 50-50 dans le capital.


Avec le rachat de PurePeople et d’AlloCiné, nouveau virage, nouvelle surprise. On est désormais loin du stockage des matériaux chimiques. Mais on s’approche plus des deux passions qui font vibrer Marc Ladreit de Lacharrière : les médias et, roulement de tambours, la défense de la France.

De droite mais pas sarkozyste


Marc Ladreit de Lacharrière n’est pas très « web », c’est le moins qu’on puisse dire. Mais sa compagne et bras droit, Véronique Morali, l’est d’avantage : elle a fondé le site TerraFemina avec succès.


Lui, en revanche, a toujours aimé les médias. On raconte dans les magazines économiques qu’il a fondé à 21 ans un magazine pour adolescent, Mademoiselle, qu’il a ensuite revendu à Filipacchi (j’aimerais en avoir confirmation). Il a ensuite, avec son cousin Jérôme Talamon, développé les éditions Masson. Puis il a sauvé de l’oubli La Revue des deux mondes, possédé un temps Le Journal des finances et Valeurs actuelles. Il a enfin été le concurrent malheureux de Bernard Arnault pour la reprise des Echos – son offre était massivement soutenue par la rédaction du quotidien.


Politiquement, il est d’une prudence de Sioux. Il a des amis de tous bords, de Gérard Longuet à Martine Aubry. Il est de droite, mais Sarkozy n’est pas sa tasse de thé (litote). Il professe un libéralisme social mâtiné d’audace sur certaines questions sociétales, comme la diversité pour la promotion de laquelle il a monté une fondation (Culture et diversité) et, avec Yamina Benguigui, une société de production spécialisée, Elemiah. Son grand homme est le consensuel Philippe Séguin, camarade de promotion de l’ENA. Il a un temps recruté chez Fimalac l’ex-plume de ce dernier, l’essayiste Nicolas Baverez.


Il adore en tout cas le débat politique et économique. Il sponsorise le « prix du livre politique » et le « prix du livre économique », dont les jurys sont composés de journalistes (c’est dans ce cadre que je le croise de temps à autre).

Opération « Blitzkrieg » sur le spectacle


En dehors des médias et de la politique, ce qui le fait bouger, c’est la défense de la France face à l’hégémonie anglo-saxonne. L’aventure Fitch, déjà, cette agence de notation qu’il a hissée au troisième rang mondial, était en partie motivée par la volonté de ne pas laisser le terrain aux Américains.


Je me souviens d’une discussion avec lui, lorsque Jean-Claude Camus, le tourneur de Johnny Hallyday, est parti sous pavillon américain (chez Warner Music). Il était tout bonnement scandalisé. C’était début 2008, et à l’époque, Live Nation, numéro un du spectacle, commençait à s’implanter en France. Il voyait l’ensemble de la chanson française basculer sous la coupe anglo-saxonne, et ça l’attristait.


Il est intervenu dans le jeu : Fimalac a commencé à développer une activité de promotion et de distribution de spectacles. Tout en restant minoritaire (ce qui ne lui ressemble pas) la holding est entrée dans le capital de Gilbert Coullier Productions (Céline Dion, Gad Elmaleh, Michel Sardou...) et d’Auguri Productions (Diam’s, Vanessa Paradis, Julien Doré, Thomas Dutronc). Elle a racheté Vega (salles de spectacles, dont les Zénith), pris 40% des casinos Lucien Barrière, qui sont dotés de salles de spectacles, racheté le théâtre parisien le Commedia au début de l’année. Une sorte d’opération « Blitzkrieg ».


A son instigation, Johnny est passé en septembre 2010 dans l’écurie de Gilbert Coullier. Le 15 juin dernier, le généralement si discret Lacharrière exultait parmi les people, au Palais omnisports de Paris Bercy pour le spectacle des 70 ans du chanteur tricolore...


Les rachats de Webedia et d’AlloCiné sont le prolongement de cette diversification. Commence pour Fimalac une troisième vie : après les services « pas du tout sexy » aux entreprises, après la controversée notation financière, le groupe met le cap vers le divertissement et le cinéma, en intégrant verticalement Web, billetteries, tourneurs, salles de spectacle. Ce faisant, Lacharrière sait qu’il foule les platebandes de trois groupes français plutôt coriaces, Lagardère, TF1 et Vivendi. Mais il est clair que cela l’amuse.



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