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Human Rights Watch dénonce la “violente répression de l’opposition et de la dissidence”

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Human Rights Watch dénonce la “violente répression de l’opposition et de la dissidence”
Les autorités sénégalaises devraient immédiatement garantir une enquête indépendante et crédible sur les violences commises lors des manifestations dans la capitale, Dakar, et dans tout le pays depuis le 31 mai 2023, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Au moins 16 morts ont été signalés, dont deux membres des forces de sécurité, et des dizaines d’autres personnes ont été blessées. Le gouvernement devrait libérer sans condition toutes les personnes détenues pour avoir exprimé pacifiquement leurs opinions politiques ou pour avoir exercé leur droit à la liberté de réunion, et mettre fin aux interdictions arbitraires d’accès à Internet et aux réseaux sociaux.

Des manifestations ont éclaté à Dakar le 31 mai après qu’un tribunal a condamné un important dirigeant de l’opposition, Ousmane Sonko, chef du parti politique des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (PASTEF), à deux ans de prison pour « corruption de la jeunesse », compromettant ainsi ses chances de se présenter à l’élection présidentielle l’année prochaine. Le 4 juin, le ministre de l’Intérieur Antoine Diome a déclaré que les violences avaient fait 16 morts et que 500 arrestations avaient eu lieu dans tout le Sénégal. Dans un communiqué publié le 4 juin, le PASTEF a déclaré que des forces de sécurité et des « milices » avaient tué 19 personnes et que les Sénégalais devaient « se défendre par tous les moyens et à riposter ».

« Les récents décès et blessures de manifestants envoient un signe inquiétant pour l’élection présidentielle de 2024 et devraient faire l’objet d’une enquête rigoureuse afin que les responsables de ces actes rendent des comptes », a déclaré Carine Kaneza Nantulya, Directrice adjointe de la division Afrique à Human Rights Watch. « Les autorités devraient mettre fin à la répression contre les manifestants et les critiques, et garantir la liberté de réunion. »

Human Rights Watch a interrogé par téléphone 19 personnes, dont trois manifestants, trois activistes de la société civile, quatre membres de l’opposition, cinq journalistes et deux avocats. Human Rights Watch a également examiné les informations publiées par des médias nationaux et internationaux, huit photographies et huit vidéos montrant des morts et des blessés, ainsi que des images des manifestations.

Selon des témoins, les manifestants à Dakar ont érigé des barricades, bloqué les routes principales, brûlé des pneus, détruit et pillé des biens publics et privés, et jeté des pierres sur la police, qui a répliqué par des tirs de gaz lacrymogènes. « La police a tiré tellement de grenades lacrymogènes que je ne pouvais plus respirer », a déclaré un journaliste qui a couvert les événements dans le quartier des Parcelles à Dakar le 1er juin. « J’ai vu des dizaines de manifestants piller un supermarché. » Ailleurs dans le pays, notamment à Ziguinchor et Mbour, des affrontements ont également éclaté entre manifestants et forces de sécurité. Le 2 juin, l’armée a été déployée pour renforcer la sécurité à Dakar, mais les affrontements se sont poursuivis le 3 juin.

Human Rights Watch n’a pas été en mesure de confirmer l’utilisation de balles réelles pendant les manifestations, mais s’est entretenu avec un témoin qui a vu le corps de Khadim Ba, 21 ans, qui, selon lui, aurait été touché à la poitrine par un homme armé habillé en civil dans le quartier de Pikine à Dakar dans l’après-midi du 1er juin. « Nous avons emmené le corps au centre de santé Dominique à Pikine pour une autopsie, parce que nous avons clairement vu une blessure par balle nette à la poitrine », a déclaré ce témoin. « Le personnel médical a refusé et nous a dit qu’il fallait d’abord un rapport de police… Nous sommes allés à la police [...] ils ont fait un rapport, donc nous pouvons maintenant faire l’autopsie. » Les médias sénégalais ont également parlé de la mort de Khadim Ba.

Plusieurs autres témoins ont signalé la présence de « nervis » parmi les forces de sécurité. « Ces nervis roulent dans des voitures sans plaques et agissent en toute impunité sous la protection des forces de sécurité », a déclaré un journaliste qui a couvert les manifestations. L’opposition a accusé les autorités d’utiliser des civils armés aux côtés des forces de sécurité lors des manifestations. Les médias ont également rapporté des faits similaires lors de précédentes manifestations.

Plusieurs médias internationaux ont également fait état de l’utilisation de balles réelles lors des manifestations à Dakar, entraînant la mort d’un garçon de 15 ans et d’un étudiant de 26 ans.

Selon des avocats et l’opposition, du 30 mai au 2 juin, , seulement à Dakar et dans ses environs, les forces de sécurité ont arrêté au moins 250 personnes, dont des femmes et des enfants, pour la plupart des membres et sympathisants du PASTEF, mais aussi des activistes de la société civile et ont passé certaines de ces personnes à tabac. « Je représente 30 personnes parmi celles qui ont été arrêtées dans la région de Dakar », a déclaré un avocat à Human Rights Watch. « J’ai pu les rencontrer et j’ai constaté que certaines d’entre elles avaient des blessures visibles dues aux coups qu’elles avaient reçus de la part de la police. »

Le 1er juin à Richard Toll, dans le nord du Sénégal, les forces de sécurité ont arrêté 40 personnes, dont une femme et au moins 7 enfants âgés de 11 ans, après une manifestation de soutien à Sonko, selon leur avocat. Une membre du PASTEF ayant aidé la femme arrêtée et emmenée à l’hôpital après avoir été sévèrement battue par la police a déclaré : « Les policiers ont arrêté [la victime] et lui ont dit : "Nous vous connaissons, vous êtes une dirigeante du PASTEF" et ils l’ont brutalement passée à tabac. »

Un avocat représentant la femme a déclaré qu’elle souffrait de graves blessures aux mains et aux jambes et que, selon le pronostic des médecins, elle serait rétablie sous 18 jours. Il a également déclaré qu'elle avait été menacée de viol. Human Rights Watch a examiné quatre photographies montrant la victime à l’hôpital et ses blessures. Selon l’avocat, les 40 personnes arrêtées sont toujours détenues au poste de police de Richard Toll, « dans des conditions difficiles, entassées dans une cellule avec de nombreuses autres personnes ».

Les dernières manifestations se sont déroulées dans un contexte de grandes tensions à travers le pays. Depuis 2021, de violentes manifestations liées au silence du président Macky Sall sur son intention de briguer ou non un troisième mandat et à l’affaire impliquant Sonko, ont éclaté dans tout le pays. L’usage excessif de la force et les arrestations arbitraires par les forces de sécurité lors des manifestations sont devenues courantes depuis 2021, et la justice n’a pas été rendue pour ces abus. « Il est regrettable et inconcevable que, dans un état de droit, personne n’ait eu à répondre de la mort de dizaines de manifestants depuis 2021 », a déclaré un avocat qui représente plusieurs des personnes arrêtées depuis le 1er juin.

Alioune Tine, un important activiste sénégalais des droits humains et fondateur de l’organisation de recherche AfrikaJom, a déclaré à Human Rights Watch : « Jamais depuis les années 60, il n’y a eu autant de prisonniers politiques au Sénégal. »

Au cours des derniers mois, les autorités ont réprimé des membres de l’opposition, les médias et la dissidence. Les forces de sécurité ont arrêté et détenu arbitrairement des journalistes et des manifestants et ont interdit des manifestations organisées par l’opposition politique.

Lors des dernières manifestations à Dakar, les forces de sécurité ont intimidé des journalistes et les ont empêchés de couvrir les événements. « Un policier m’a arrêté, j’ai montré ma carte de presse », raconte un journaliste qui s’est approché du quartier de l’université de Dakar pour rendre compte des affrontements entre les étudiants et la police le 1er juin. Il m’a répondu : « Je me fiche de la presse » et ne m’a pas laissé passer. Le 29 mai, des gendarmes ont interpellé une équipe de trois journalistes travaillant pour le média en ligne sénégalais Senegal7, « saisi nos téléphones et nos caméras, et nous ont empêché de filmer les manifestants du PASTEF qui s’étaient rassemblés dans le quartier du Sacré-Cœur à Dakar », a déclaré l’un des journalistes.

Le 1er juin, le ministre de l’Intérieur sénégalais a annoncé la mise en place de restrictions sur les réseaux sociaux afin de mettre fin à la « diffusion de messages haineux et subversifs ». Le 4 juin, le gouvernement a étendu les coupures d’accès à l’Internet mobile. Ces restrictions ont empêché les journalistes, les activistes des droits humains et d’autres personnes de communiquer, d’obtenir des informations ou de rendre compte des événements en cours, a déclaré Human Rights Watch.

Le 2 juin, en réponse aux manifestations, le porte-parole du Secrétaire général des Nations Unies et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), un bloc régional, ont condamné la violence et ont appelé toutes les parties à faire preuve de retenue. Le même jour, Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine, a appelé au respect des droits à la liberté d’expression et de réunion.

Le droit international des droits humains et la constitution sénégalaise protègent le droit à la liberté de réunion et d’expression et interdisent l’usage excessif de la force par les forces de l’ordre. Les Lignes directrices pour le maintien de l’ordre par les agents chargés de l’application des lois lors des réunions en Afrique stipulent que les agents des forces de l’ordre ne peuvent recourir à la force qu’en fonction de la gravité de l’infraction et que l’usage intentionnel de la force létale n’est autorisé que lorsqu’il est strictement inévitable pour protéger la vie. Il prévoit également que l’armée ne doit être utilisée pour contrôler les rassemblements « qu’en cas de circonstances exceptionnelles et uniquement en cas de nécessité absolue ».

La Déclaration de principes de l’Union africaine sur la liberté d’expression et l’accès à l’information en Afrique exige que les restrictions d’Internet soient à la fois nécessaires et proportionnées et stipule que les gouvernements ne doivent pas interférer avec la liberté d’opinion de qui que ce soit.

« Les autorités sénégalaises doivent mettre un terme aux arrestations arbitraires, libérer les personnes détenues à tort, notamment les enfants, et respecter le droit des Sénégalais à manifester et à protester pacifiquement », a déclaré Carine Kaneza Nantulya. « L’Union africaine et la CEDEAO devraient user de leur influence pour pousser les autorités sénégalaises à mettre fin à la répression des manifestations et des critiques. »


Human Rights Watch


15 Commentaires

  1. Auteur

    Bruno

    En Juin, 2023 (12:27 PM)
    C est meme passe sur CNN news.  Ce pouvoir prendre fin in cha allah. 
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    • Auteur

      Reply_author

      En Juin, 2023 (12:29 PM)

      Macky Sall est le seul et l’unique responsable de cette tragédie et de cette honte nationale.
      Le pire c'est qu'il nous coupe l'internet et ne nous parle même pas, alors que nos frères ont été tués.
      Quel mépris!!
      Quel manque de respect!!
      Laissez cette jeune femme partir!! Elle n'a rien fait de grave.
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    • Auteur

      Human Rights

      En Juin, 2023 (13:02 PM)
      Cette position de Human Right n'est pas sérieuse.
      Et ceux à qui on a brûlé et saccagé leurs maisons, ils n'ont pas des droits?
      Et ceux qui ont vu leurs commerces, leurs voitures, ... saccagés, ils n'ont pas des droits?
      Les pyromanes, les agresseurs ont-ils plus de droits que les honnêtes citoyens qui se battent pour survivre?
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    • Auteur

      Diplomatic Incident

      En Juin, 2023 (13:49 PM)
      diplomatic agression against Rwanda by a  influential member of  Sall's  Parti (  Moustaphata Diakhasseh ) -  calling Paul Kagame a dictator while responding to the critics of the top Cream of the Senegalese writers and intellectuals ( awards winnersm in art and literacy) who heavily spoke out against Macky's horrific  governance of corruption, political clientelism, exclusion, clanisme, judicial corruption,  power abuse and violence:
      Kigali proteste contre la sortie d'un élément de Macky Sall accusant Paul Kagame de dictateur la cela n'était nullement nécessaire ( affaire strictement senegalo Sénégalaises ). -  maladresse de Moustapha Diakhasseh en répondant aux critiques des grands écrivains Sénégalais ( Boris Diop Fulmine Sarr et autres.
       
      The Southern Pacific diaspora:  Davenport Tasmania 
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    • Auteur

      Reply_author

      En Juin, 2023 (17:49 PM)
      Vous savez ses organisations humanitaires soutiennent les lobbies homos. Lgbt, c'est une occasion de prendre leur revanche sur le nom de Macky, pour leur ouverture au Sénégal 
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  2. Auteur

    En Juin, 2023 (12:38 PM)
    Le senegal a subit des attaques terroristes à cause de la naivete de beaucoup de personnes.

     
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    Auteur

    En Juin, 2023 (12:40 PM)
    Human right n'a rencontré que les opposants pour présenter  un dossier contre l'état .
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    Auteur

    Bathie

    En Juin, 2023 (12:44 PM)
    je ne comprends pas, Ok l'état aussi a fait des erreurs, mais qui brule les magasins? les universités? qui lance des coktails molotovs? les organisations ne condamnent pas ça?
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    Auteur

    En Juin, 2023 (13:00 PM)
    Trop de fumisterie ,le senegal gerera sa securité contre vent et maree ,human right watch est un organisme partisan ,donc on laisse des irresponsables criminels voler, piller ,bruler, appeler a l'insurection et les fds laissent faire les bras croisés !!! Que des fumiers encagoulés .mais le senegal est souverain et gerera sa sécurité .Vous pouvez toujours prendre pour argent comptant les temoignage d'opposants bien choisis,cela n'ebranle pas l'etat souverain du senegal .Si nos fds n'etaient pas aussi professionnelles,il y"aurait des milliers de morts .j
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    Auteur

    En Juin, 2023 (13:07 PM)
    On constate complot international contre le président et le sénégal avec la complicité macabre d'une certaine opposition traitre. 
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    Auteur

    En Juin, 2023 (13:25 PM)
    L indignation sélective de ces ONG venues de l Occident est a un tel niveau de 2 poids 2 mesures,qu elles n ont plus aucune crédibilité.

    Combien de pauvres civiles perdent tout a cause de groupuscules ou de gens malhonnêtes? Mais lâ ,ces ONG gardent leur silence complice.

    Quand un État ne sert plus les intérêts des États qui nourrissent ces ONG,il l objet de toutes sortes de calomnies,d affabulations et de dénigrement.

    Ces ONG ne sont que les portes paroles de ces imperialistes
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    Auteur

    En Juin, 2023 (13:33 PM)
    Maky  on t'a laissé une République et si tu dois partir laissé nous une République. Les décisions de justice doivent être appliquées. Les violeurs en prisons. Si tu le fais tu peux partir

    Il ne faut pas céder à la terreur. Sonko doit être en prison. 
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    Auteur

    Sénégal

    En Juin, 2023 (13:52 PM)
    Ousmane Sonko et un danger pour le Sénégal sont Partie et une Organisation terroriste pour le Sénégal il faut Dissoudre tous que nous demandons à là juste sénégalais 
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    • Auteur

      Reply_author

      En Juin, 2023 (14:37 PM)
      Un président de merde + un ministre de la justice de merde = une justice de merde. Dans ce pays, seuls les partisans du benno bok bakkar de merde et leurs souteneurs de merde font semblant de croire à leur justice de merde. Tant que votre régime de merde persiste dans ses complots et ses mensonges de suppôts de satan, ce pays ne connaître plus ni la paix ni la quiétude. Cela, il faut faut être le pire des imbéciles pour ne pas le comprendre.
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    Auteur

    En Juin, 2023 (15:03 PM)
    UN SEUL RESPONSABLE, C'EST LE DIABLE SONKO!!!!
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    Auteur

    En Juin, 2023 (15:03 PM)
    UN SEUL RESPONSABLE, C'EST LE DIABLE SONKO!!!!
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    Auteur

    En Juin, 2023 (15:03 PM)
    UN SEUL RESPONSABLE, C'EST LE DIABLE SONKO!!!!
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    Auteur

    En Juin, 2023 (15:03 PM)
    UN SEUL RESPONSABLE, C'EST LE DIABLE SONKO!!!!
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    Auteur

    En Juin, 2023 (15:03 PM)
    UN SEUL RESPONSABLE, C'EST LE DIABLE SONKO!!!!
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    Auteur

    Alioune Line

    En Juin, 2023 (16:09 PM)
    ces ong ne veulent pas de paix dans les pays parceque c'est leur gagne paim, quand il ya pa la guerre ils n'existent pas alors ils font semblant de féfendre une partie et tirent le file.
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