ENSEIGNEMENT : LA GOUVERNANCE DEMOCRATIQUE EN QUESTION

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ENSEIGNEMENT : LA GOUVERNANCE DEMOCRATIQUE EN QUESTION

La situation sociopolitique du pays est affectée ces temps-ci par une ébullition sur le front politique et social. La tension politique provoquée par des procès, des dérapages verbaux et des arrestations a noyé l’agitation syndicale faite de débrayages inaudibles aux oreilles sourdes du gouvernement. Ces mouvements sociaux sont suivis par la majorité écrasante des enseignants. Quelle que soit la légitimité ou la pertinence supposée ou niée de leurs doléances ou revendications, le gouvernement, au nom du respect du principe de démocratie fondé sur le principe de majorité, n’avait d’autre issue que de recevoir et de discuter avec les représentants élus et porte-parole de cette majorité silencieuse. A la place, le gouvernement a choisi de réprimer le droit syndical et le droit de grève par un blocage des salaires dont les conséquences désastreuses sur les conditions de vie des enseignants et de leurs familles sont incalculables. C’est une violence gratuite et humiliante qui ne se justifie pas !

Ni un gouvernement ni un conseil d’administration ne peut se substituer aux enseignants, aux étudiants et à leurs collaborateurs, les PAST, pour décider de leur sort. La gouvernance démocratique doit avoir un sens ! Le concept de gouvernance démocratique est fondé sur l’acceptation, la motivation, l’engagement et la responsabilité du groupe. Une décision démocratique est toujours acceptée. Elle motive, engage et responsabilise.

L’Université est le seul espace public qui s’est évertué à acquérir le droit de sortir de l’espace politique. L’autonomie de l’Université est nécessaire et sacrée. Le conseil d’administration (CA) renvoie à un concept d’ouverture. L’Université qui s’est repliée pendant longtemps sur elle-même a compris l’intérêt qu’elle a de s’ouvrir vers l’extérieur pour s’enrichir d’idées et d’expériences nouvelles utiles à la construction, à l’exploitation et à l’utilisation du savoir. Un conseil d’administration ne saurait signifier la mort de l’autonomie universitaire. Au contraire, il doit renforcer cette autonomie en apportant la qualité et l’efficacité requise au travail de conception, à la définition de stratégies et à un management efficient. Il est pertinent et rationnel que le poids des membres du CA issus de l’Université domine dans la prise de décision du conseil pour une meilleure sécurité de leur avenir. La solution brutale apportée par le gouvernement pour résoudre le conflit montre que les intérêts des enseignants et du gouvernement peuvent entrer en contradiction. Un CA, courroie de transmission d’un gouvernement assujetti aux recommandations du FMI et de la Banque Mondiale, peut menacer sérieusement la sécurité sociale des travailleurs de l’Université. Si l’unique souci du gouvernement repose sur une volonté d’enrichir le système de management des universités, le rapport de force exigé par les enseignants ne doit poser aucun problème. Je ne vois aucune raison de confrontation pour affecter aux enseignants un poids dominant raisonnable dans la prise de décision. L’Université est notre outil de travail, notre employeur qui nous nourrit, nous ne sommes pas fous pour la détruire. Le gouvernement a le plus grand intérêt à calmer la situation.

Ce conflit confronte la légitimité électorale du politique à la légitimité morale et professionnelle des enseignants qui incarne l’intérêt général identifié au service public. Il faut rétablir les rôles ! Il faut noter que l’élection consacre la fiction de l’unanimité sociale par la majorité (qui n’est pas tout le peuple) et celle de la durée du mandat par le moment électoral (le jour du vote). Ce qui s’extrapole par « le peuple m’a élu pour cinq ans ». L’élection n’est pas un étalon de légitimité démocratique. Elle n’est qu’une procédure de désignation des gouvernants et d’autorisation à diriger. La légitimé démocratique se développe en deux directions concurrentes et antagonistes. Elle repose sur la conciliation de la légitimité institutionnelle des conflits ( droit syndical, droit de manifester,…) et de l’aspiration au consensus. La nécessite de l’arbitrage, de la prise de décision et du besoin de consensus dévoile le caractère dualiste de la démocratie qui se résolve dans l’art de gouverner. Le mandat électoral est donc à la fois un mandat de confiance et de défiance. La défiance populaire s’invite naturellement dans la gestion démocratique. Le peuple électeur, source du pouvoir, devient un peuple qui surveille, qui juge, s’insurge et sanctionne. La légitimité démocratique n’est plus jugée par rapport

à son origine électorale mais plutôt par rapport aux effets des actions gouvernementales sur la transformation des conditions socio-économiques des populations. La légitimité démocratique exige plus qu’une simple volonté de répondre aux aspirations des masses. Elle se confond à des actions concrètes aux effets positifs reconnus sur nos conditions de vie mais aussi et surtout à des attitudes tendant à nous reconnaitre comme des citoyens jouissant de tous leurs droits. Nous n’avons usé que de ces droits. Le gouvernement n’a pas le droit de nous réprimer.

 

Dr. Abdoulaye Taye

Enseignant à l’Université Alioune Diop de Bambey


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