Insécurité alimentaire : le projet Rbg-Amo1, une alternative

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  • Article ajouté le : 12 Vendredi, 2017 à 20h05
  • Author: abdoulaye taye

Insécurité alimentaire : le projet Rbg-Amo1, une alternative

Le quotidien gouvernemental, le Soleil du 10 mai 2017, qui rapporte les conclusions du conseil interministériel sur la sécurité alimentaire annonce un « risque de famine » qui menace « 428.000 personnes…, en raison de 10 personnes par ménage, soit 42.800 ménages dans 6 départements du pays». Le bétail n’est pas non plus épargné. L’Etat du Sénégal décide de débloquer 4,291 milliards F CFA pour les assister selon la même source. Une action ponctuelle et conjoncturelle qui dure le temps d’une rose. Par ailleurs, les incidences de la pauvreté concernent plus de la moitié des sénégalais (56%).  La religion de la croissance accoudée au déterminisme technologique de l’économie(les robots arrivent en masse dans l’industrie), à la dictature du marché, à la course au profit et à la mondialisation précipite les populations dans le gouffre des inégalités et dans les mailles des inutilités telles que le chômage, le désœuvrement, la mendicité, l’assistance, la misère, la vulnérabilité, etc.  Huit (8) individus détiennent l’équivalent des revenus de la moitié de la population mondiale selon le Directeur d’Oxfam au récent sommet de Davos de janvier 2017 en Suisse. Notre actuel modèle économique libéral ne fonctionne donc plus que pour une infime minorité de la population. L’indice de GINI des inégalités tend inexorablement vers 1. Les dérives de la financiarisation de l’économie finissent par exposer le monde à un ordre de plus en plus inégalitaire source d’instabilités sociales, politiques et économiques.  Toutefois, il est urgent de trouver des réponses pertinentes et réalistes face à ce modèle inégalitaire. Elles passent par une économie et une société plus équitable et plus démocratique. C’est pourquoi nous proposons le projet RBG-AMO comme l’une de ces réponses. Le projet est un modèle social, économique et démocratique innovant basé sur une approche de l’émergence par les ménages et l’entreprise. Il se présente comme un investissement économique à effet social. Il est composé d’un système de cinq operateurs démocratiques structurants qui constituent ses fondamentaux : - Le revenu de base généralisé (RBG) ou la démocratisation de l’accès au pouvoir d’achat - L’assurance maladie obligatoire (AMO) ou la démocratisation de l’accès aux soins de santé et aux médicaments   - La bourse universelle pour les bacheliers (BUB)  ou la démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur - L’éclairage par le solaire photovoltaïque (ESP) ou la démocratisation de l’accès à l’énergie - Le fonds d’investissement et de garantie associé à un actionnariat populaire (FIGAP) ou la démocratisation de l’accès au capital Ce système d’opérateurs est  piloté par cinq (5) logiciels et s’appuie sur l’économie numérique et l’économie rurale qui dessineront particulièrement l’environnement économique.  En outre, nous envisageons pour le financement du projet onze (11) stratégies optionnelles. Le projet devrait donc être financé sans recours au budget excepté les dépenses et allocations sociales traditionnelles de l’Etat. 

La pertinence et le réalisme de ces opérateurs se trouvent dans leur enracinement dans les besoins sociaux et économiques des populations. Le modèle, contrairement aux autres en vigueur, cible le ménage,  le citoyen sénégalais et l’entreprise. Il s’appuie sur deux concepts : le concept d’irradiation et le concept de système dynamique autonome. 

En irradiant par ses effets induits tous les secteurs, le système d’opérateurs exprime un fort potentiel de transformation sociale, économique et démocratique. L’irradiation, par ses impacts sur la demande sociale et économique, crée un environnement d’émergence pour chaque citoyen en répondant à ses besoins fondamentaux. Le concept d’irradiation est fondé sur l’analyse des besoins du ménage en corrélation avec la promotion sociale et économique des populations mais aussi et surtout avec la promotion de l’Etat de droit.  Le concept de système dynamique autonome vise à affranchir l’Etat et les populations des contraintes de financement par une dynamique d’autonomisation financière à court ou long terme. Tous les opérateurs sont conçus pour atteindre, dans une durée plus ou moins longue, leur autonomisation financière, garantie de leur durabilité. Au demeurant, il devient de plus en plus évident que l’expertise politique et économique de notre planète a confiné l’activité économique dans un ordre qui a atteint les limites de son potentiel de développement humain. Devant les échecs répétés et les cul-de-sac d’un ordre technologique, commercial et économique international inégal source de chômage, de récession économique, d’inégalités et de crises de toutes sortes, favorisant l’exode rural et l’émigration clandestine, excluant des milliards d’individus de la consommation, appauvrissant 3/5 de la population mondiale et enrichissant une minorité de milliardaires, nous sommes bien à la croisée des chemins. Faut-il donc renouveler la pensée, les méthodologies et les habitudes face aux modèles socioéconomiques usés et vieillots des politiciens et des économistes ? C’est la raison pour laquelle nous avons osé penser autrement et audacieusement pour apporter une nouvelle approche de l’émergence mais aussi et surtout un nouveau ton au débat et une  originalité à la démarche politique.  L’approche classique de l’émergence basée sur les infrastructures (le PSE par exemple) qui résonne en Afrique plus comme un concept gadget de communication et de marketing politique est fondée sur une logique des grands cabinets internationaux (McKinsey par exemple) de servir les intérêts de la haute finance et des multinationales. C’est la haute finance qui finance les grands projets et c’est les multinationales qui les exécutent. Tout le produit de la croissance traverse les océans. Cette approche se traduit par un endettement excessif, un service de la dette explosif et un taux de pression fiscale très élevé qui grignote le pouvoir d’achat des ménages sans tenir compte de l’effet d’éviction induit par les intérêts qui frappent la dette. Plus de la moitié des ménages sénégalais sont devenus pauvres (56%) ! Par contre, notre approche par les ménages et l’entreprise repose sur cinq operateurs démocratiques fondamentaux dont nous ne retiendrons ici que deux : le revenu de base généralisé (RBG) et l’assurance maladie obligatoire(AMO) dont la version gouvernementale est la bourse de sécurité familiale et la couverture maladie universelle(CMU). Le revenu de base généralisé remplit deux fonctions.  Il se présente comme un instrument de redistribution de la croissance et comme une technique d’injection de l’argent dans le circuit économique à l’instar de la dette pour ne retenir que ces deux aspects. Le revenu de base généralisé s’inscrit dans un cercle vertueux où l’argent quitte la  production par les impôts et taxes, se transforme en RBG et revient à la production par la consommation. C’est le rôle joué par notre vieille technique de la dette pour injecter de l’argent dans la production à travers l’investissement. Mais la différence ici, rien ne se perd (pas de déperdition financière) rien ne se crée (pas d’intérêt), tout  se transforme ! Le RBG augmente le pouvoir d’achat national du pays, booste la consommation et tire la production, donc crée de la croissance et des emplois en contribuant à la réduction de la pauvreté. Il permet la distribution du pouvoir d’achat sur tout le territoire national, la réduction des prix à l’intérieur et à l’extérieur du pays et la diminution de la dette publique intérieure. Les impacts de cet outil sur l’économie, la société, la démocratie et la culture sont insondables L’assurance maladie obligatoire (AMO) dont le caractère obligatoire assure la pénétration à 100% dans les populations est un concept très adapté aux pays sous-développés et pauvres. Elle favorise un redéploiement des cliniques privées et des plateaux techniques médicaux sur tout le territoire national en créant une véritable économie décentralisée de la santé puisque l’assurance paie désormais les factures. Le paysan, l’éleveur, le pécheur, l’ouvrier, le chauffeur, … deviennent plus productifs grâce à un accès aux soins et aux médicaments plus facile et moins couteux voire gratuit. L’insécurité sanitaire liée à la vente des médicaments dans la rue disparait. Le 21e siècle est un siècle de rupture. Il boucle 2000 ans de civilisation. Il ferme un cycle d’histoire de la pensée et de l’action. Il nous faut renouveler notre réflexion et notre pratique pour réorienter notre histoire et notre destin dans le cadre d’un nouvel ordre sécuritaire bâti sur le progrès social et économique, la démocratie, la paix et une qualité environnementale durable. Le projet RBG-AMO n’aspire qu’à la pertinence de cet objectif. Il s’agit donc pour nous  de déclencher une dynamique populaire pour créer un rapport d’influence qui puisse orienter la volonté des autorités gouvernementales et politiques à prendre en charge la mise en œuvre de ce projet innovant. La valeur des idées ne dépend que de leur pénétration dans l’opinion et de leur appropriation par les populations. Il faut convaincre les sénégalais de la justesse et du réalisme du concept Rbg-Amo pour que le projet ait la chance de se mesurer à la réalité en brisant les barrières érigées par l’esprit de système au moyen des murs de la dépendance intellectuelle et psychologique des technocrates, des politiciens et des économistes.  Bien sûr, certains esprits pressés diront sans nul doute que ce projet coute cher, il ne pourrait pas être financé par nos maigres recettes budgétaires. Je suis tenté de leur répondre, savez-vous :  Combien coutent la malnutrition et la sous-alimentation des enfants à la société ? Combien coutent l’abandon et la déperdition scolaires des enfants à la société ? Combien coutent des mères et des pères de famille malades à la société ? Combien coutent les accidents de la route à la société ?  Combien coutent les prisonniers à l’Etat et à la société ? Combien coute la criminalité de survie à la société ? Combien coutent la prostitution et la délinquance à la société ? Combien coutent l’insécurité et le terrorisme à la société ? Combien coutent la dégradation de l’environnement à la société ? Combien coutent l’effondrement moral et la perte des valeurs à la société ?  Tous, des phénomènes induits par la pauvreté et la misère. Combien coute donc la pauvreté à la société, 10 fois plus que le RBG, n’est-ce-pas !!!? Si le RBG est cher, choisissons de rester dans la pauvreté !

 

 

Dr. Abdoulaye Taye Enseignant-chercheur à l’Université Alioune Diop de Bambey Initiateur et Promoteur du Projet RBG-AMO

 


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