LE COUP DE MASSUE FATAL A LA DEMOCRATIE SENEGALAISE

Blogs

LE COUP DE MASSUE FATAL A LA DEMOCRATIE SENEGALAISE

 Attré par les flammes irrésistibles du troisième mandat, Macky fut sauvé de justesse par un réflexe magique, selon lui, après une mûre réflexion, pour d'autres sous l'effet d'une pression intenable d'un peuple déterminé, pour d'autres encore sous l'évidence d'une défaite  électorale assurée si jamais il devait se représenter.

Quoi qu'il en soit, il est sorti grandi et honoré de ce dilemme cornélien longtemps soutenu par un " ni oui ni non" qui aura suspendu la marche du Sénégal pendant trois bonnes années.

Sauvé in extremis de cette boulimie du pouvoir, il semble cependant refuser de partir en laissant le gros morceau à un adversaire et particulièrement à l'ennemi juré. Nos hommes politiques ont trop de tours dans leur sac.

Ils me font penser à la chaîne Nat- Geo-Wild qui met en scène les luttes farouches entre fauves. J'y vois des biches et des gazelles innocentes à la merci des prédateurs, des hordes d’autres transhumants, des guépards spécialistes des pièges et autres coups bas, des tigres à l'affût, des hyènes opportunistes, des babouins farfelus aux cris stridents, des chiens sauvages voraces, sans compter les vautours et autres charognards qui finissent par remporter la mise sans même participer à l'abattage.
Le Sénégal seul pays de l'Afrique dont la démocratie est chantée sous tous les toits ne mérite pas de tomber si bas pour ressembler à une jungle.

  MAIS OÙ EST DONC PASSÉE LA PRESSE ?
Contrairement à l'an 2000 et à l'an 2012 où  la presse avaient joué un rôle déterminant pour l'installation et la consolidation de la démocratie à travers les deux historiques alternances, en 2023. elle s'est illustrée par sa passivité et son rôle complice au ligotage de la démocratie. Il suffit de lire la majorité des « unes » de nos journaux, les revues de presse et d'écouter certains présentateurs de télévision ou animateurs d’émissions pour s'en apercevoir et rire sous cape malgré la gravité de l'heure.

Ils préfèrent énumérer les péchés ou charges contre David face à Goliath au lieu de parler des dix commandements de Moise pour sauver son peuple, ou simplement des similitudes avec l'histoire évocatrice de Youssouf décrite comme le meilleur récit par le coran pour avoir été accusé de viol et condamné pour d'autres raisons inavouées avant de présider aux destinées de sa nation.

Seules quelques exceptions, semblent échapper à cette fanfaronnade des hommes et femmes de média.

Que dire de ces analystes chroniqueurs et autres commentateurs qui s'épanchent à volonté sur les effets dévastateurs et dramatiques des évènements décrits uniquement sous l'angle d'une jeunesse désœuvrée ou manipulée, oubliant les causes pourtant évitables et leurs auteurs de tout bord tout aussi responsables ?” Lu yëngu, li ko  yëngal a ko ëpp doole” disent les wolof : « La force de la cause est supérieure à celle de l’effet ».

LE SÉNÉGAL PLEURE SES LEADERS D'HIER

Alors que ses homologues au  pouvoir s'autoproclamaient Maréchal ou Président à vie,  Senghor eut le mérite d'introduire le multipartisme limité à quatre avant d’enchaîner par sa vision inattendue de céder le pouvoir sans aucune contrainte. Il avait tôt comprit que " Nguur  kenn du ko ñéed".

Abdou Diouf, précurseur du multipartisme sans limite, prit de la hauteur en acceptant sa défaite devant Wade pour inaugurer l'ère de la première alternance démocratique en Afrique. Malgré son forcing du troisième mandat, le Président Abdoulaye Wade eut aussi le grand mérite de reconnaître sa défaite avant la publication des résultats.
Non le Sénégal ne va pas abdiquer si vite pour quitter le peloton de tête, se retrouver à la queue et devenir la risée de l'Afrique. Au besoin, Il renaitra de ses cendres malgré le chaos qui semble être son destin immédiat au moment où paradoxalement les richesses jaillissent de toutes parts de son sous-sol.

L’EMPRISONNEMENT DE SONKO ET LA DISSOLUTION DE  PASTEF
La traque des partisans et sympathisants de ce mouvement, de journalistes, marabouts ou simples citoyens  qui dénoncent ces faits et qui ont rempli nos prisons, a atteint son paroxysme avec l'arrestation et le mandat de dépôt d'Ousmane Sonko sous le silence coupable de beaucoup d'acteurs de la société.
Malgré les accusations de viols répétés avec menaces de mort réfutées par la justice, les déclarations du Porte-parole du gouvernement justifiant la fin de la "résidence surveillée" du leader de l'opposition par l'absence d'appel à l'insurrection et de risque de troubles à l’ordre public, l’on s'engouffre dans le trou d'un vol ridicule de portable et de l'appel à l'insurrection déjà balayé par le  Porte-parole, pour emprisonner l'opposant no 1 et dissoudre son parti. Qui veut noyer son chien, l’accuse de rage. Le paradoxe c’est quand on réhabilite ceux que la justice a condamnés pour détournement de milliards et élimine celui qui est accusé de vol de portable même si « l’appel à l’insurrection » figure dans les raisons évoquées pour la dissolution de son parti.  

En donnant ce coup de Massue à son adversaire politique, Ousmane Sonko, et  à la démocratie, le Président Macky Sall rate une sortie à la fois honorable et mémorable.

Ce n'est pas le moment pour nos guides religieux et acteurs sociaux-religieux qui ont toujours servi de régulateurs et de médiateurs entre opposition, syndicalistes, élèves, étudiants et pouvoir, de s'éclipser alors que le Sénégal vit l'une de ses plus graves crises de l'histoire. La recherche de solutions doit être l'affaire de tous.

Vivement le retour à la sérénité avant 2024.

                           Cheikh Bamba Dioum



Cette entrée a été publiée dans Politique. Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien. Alerter

Vous pouvez lire aussi

Commentez cet article

Pseudo *

Votre commentaire :

Pseudo *

Mon commentaire *