Le Blogs de : Mbacké Ndiaye

javascript:nicTemp(Cliquez ici pour voir la vidéo de l'interview en Anglais de EU Reporter avec Mbacké Ndiaye);

La terrifiante actualité du Darfour, n'est-elle ravalée au plus bas de l’échelle des catastrophes, se produisant régulièrement dans le monde, qu’au nom d’un hypothétique classement hiérarchisé des indignations médiatiques ?

Comment en conséquence et sur quelles bases serait-on légitimitée à capter l’attention d’une opinion publique quelconque ? Comment, dès lors, est t-on fondé à s’attirer les faveurs ou simplement l’intérêt, pour ne pas dire la sympathie, des médias internationaux, quant à la primeur du choix de traitement de la brûlante actualité du monde ?

Le débat mérite légitimement d’être posé et la question qui est déjà très prégnante devient lourde de conséquences quand on l’aborde sous l’angle du traitement de l’actualité relative au drame qui se joue au Darfour dans l'ouest du Soudan !

Bien curieusement, contre toute logique et à l’opposé de tout bon sens, même ce traitement médiatique s’avère fort calamiteux ! L’indignation sélective, les statistiques alarmantes, les images insoutenables, la composition sociologique exclusive des victimes afrisiennes1, etc. On a que l'embarras du choix pour parler des atrocités de cette guerre ! Tout dans ce conflit en effet, indique un gigantisme des paradoxes pointant la démesure de la catastrophe humanitaire dans cette région où semble régner une atmosphère de fin du monde : Apocalypse now ! Pour pour ce peuple d’agriculteurs afrisiens, installés depuis toujours sur cette partie du territoire soudanais, un pays longtemps soumis à la coupe réglée de l’ex-dictateur Omar El Bachir, écarté du pouvoir depuis 2019 à la faveur d’un coup d’état militaire !

Ses tombeurs, Abdel Fattah Al Burhane, chef de l’armée conventionnelle du Soudan et Mohammad Hamdane Daglo chef de file de la rébellion ! Le premier nommé, est un général de l’armée régulière soudanaise formé en Egypte, tandis que le second un ancien homme de main abonné aux basses besognes et désormais général autoproclamé. Les deux hommes convertis en chef de factions ennemies, appartenant à deux ethnies différentes, s’entredéchirent impitoyablement depuis le15 avril de l'année en cours, pour le contrôle du pouvoir central à Khartoum, la capitale du pays

Au Darfour, le gigantisme du déni médiatique traduit-il du mépris, de l’indifférence ou s’agit-il d’une simple mais néanmoins coupable ignorance ?

Il ne s’agit pas pour nous de tenir un discours aux relents uniquement moralisateurs sur le drame humanitaire qui se joue, en ce moment même, dans ce pays. Mais il est encore et surtout question de pointer précisément un doigt accusateur vers cette triple ignorances dont il se drape ou dont il est couvert, c’est selon l’endroit où l’on se place sur le globe terrestre et dans l’univers médiatique international : ignoré par la rue publique de Bruxelles et européenne, en général, pour des préoccupations, que l'on pourrait facilement deviner, pendant que les leaders africains, comme à l’accoutumée, temporisent et font semblant d’ignorer le caractère intenable et inhumain de la situation, cachés derrière le petit doigt, invoquant le faux alibi du principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat souverain, tandis que, de leurs côtés, les pétromonarchies du Golf arabique peaufinent leurs discours et s’attellent à faire un prêche orienté de la situation à leurs opinions publiques du haut des "minbars" de leurs diplomaties respectives, justifiant le pont aérien entre les Emirat Arabe Unis et Khartoum par la solidarité religieuse, ethnique et humanitaire mais qui, comble de paradoxes, ne ravitaille qu’un seul camp, ne privilégiant qu’un seul des belligérants dans ce conflit opposant, pourtant, deux groupes professant la même foi en Allah, Le Dieu Unique et Absolu trônant dans le cœur et l’esprit des deux camps.

Cette rivalité ethnique est attisée par "deux généraux", alliés d’hier et grands ennemis aujourd’hui ! Ce grand déploiement stratégique, déployé par les pays du Golf, à travers cette solidarité protocolaire, purement de façade, est destiné à masquer la préférence ethnique, arabe en l’occurrence et pour arracher, du même coup, l’acquiescement, l’approbation et la complicité de leurs peuples, lesquels, très habitués à la pilule de docilité en grands adeptes de "l’opium religieux", sont très réceptifs, voire accro à la manipulation médiatique enrobée de conviction religieuse et tendant à les faire ignorer toute la vérité du drame que subissent les populations afrisiennes vivant dans l’ouest du territoire Soudanais

La Presse, cet étrange mais incontournable quatrième pouvoir

Cependant, très optimiste, je crois encore en l’intelligence de la communauté internationale Intelligence, dans le sens Anglo-saxon du terme, c’est-à-dire une aptitude dans l’art de relier ou relayer des éléments informatifs ou informationnels en fonction de leurs pertinences et leurs capacités à résoudre ou à cerner des problématiques complexes auxquels elle s'attaque ! A toutes les échelles et sous tous les angles que l’on tente d’aborder la question du Darfour, on bute invariablement sur une montagne d’incompréhensions : Think global, act local Gouverner de loin, administrer de près Aux problèmes africains, une solution africaine Toutes ces expressions tirées du politiquement correct pour n'affirmer au final qu'une seule chose : " nous ne sommes pas concernés "

Or, une conscience profonde d’appartenir à une même communauté de destin devrait s’imposer ipso-facto à nous et nous devrait nous obliger travailler à ensemble afin de construire et d'ériger une conscience universelle citoyenne, fondée sur la nécessité d’un ordre international qui pose les bases et les fondements éthiques de la communauté mondiale dont les leitmotivs sont la responsabilité entière et le partage équitable, c’est-à-dire la responsabilité de prendre soin de nous-mêmes, de notre prochain et de notre cadre de vie

Ainsi, entre le gigantisme de la catastrophe humanitaire, observé dans cette partie du monde, et le gigantisme de l’indifférence des médias internationaux, il ne reste plus que le cri obsessionnel et catégoriel de ceux qui refusent une légitimation du traitement différencié de l’information, établie en fonction d’une échelle subjective de valeurs, polluée par ce phénomène de refoulement constitutif d’une indignation sélective des émotions selon un critérium variant entre des notions raciales, ethniques, religieuse, géographiques et idéologiques. Le Darfour agonise et se meurt sous les regards détournés de l’opinion publique internationale et semble se retrouver, ainsi, suivant cette logique de traitement médiatique différencié de l’actualité, au plus bas de ce classement graduel des indignations par les médias "mainstream" !

Cette attitude, qui pourrait être vue ou vécue comme un phénomène psycho sociologique et idéologique, reflétant un traumatisme complexe, se manifeste par ce sentiment de refoulement qu’on pourrait qualifier d’intuitif ou de culturel, traduisant, d’une manière blessante et corrosive, ce constat ou cette volonté d’occultation, de banalisation de la mort et de la destruction criminelle, fruit d’une politique sombre, pensée, planifiée pour soutenir des revendications hégémonistes à desseins d’épuration ethnique pure et simple

Ces faits de nature graves, attestent que la réalité de la notion de communauté internationale est fortement remise en cause par ce déni de presse flagrant. Et cette négation du réel inhibe une logique de choix prioritaire et préférentielle d’une bonne et correcte prise en charge de la couverture médiatique de ce conflit, opposant des arabes à des afrisiens, tous pourtant, citoyens du même pays mais surtout, tous, "Humains", donc, appartenant à part entière à la communauté internationale !

Par conséquent, le courage de redonner du sens à la vie communautaire internationale, en redimensionnant le contenu de cette notion de communauté internationale, devient une œuvre urgente de Culture et de Civilisation ! Des organisations intergouvernementales et transnationales comme l’Union Africaine, le Bloc de l’Afrique de l’Est et l’IGAD ainsi que les partenaires traditionnels de l’Afrique, tels que les Nations Unies, l’Arabie Saoudite, les USA et l’Union Européenne principalement, ont la responsabilité de mettre un terme définitif au combat, que dis-je, au génocide, aux massacres qui continuent de plus belle encore aujourd’hui au Darfour et frappent toujours les mêmes populations. Qui donc, pour prendre la défense des Massalites et des Zaghawa ?

Mohamed Hamdane Daglo, cet autre général, co putschiste évincé ?

Non et non et non, trois fois non

La communauté internationale ne saurait abandonner le sort des populations du Soudan aux seules ambitions de ces deux "bouchers" dont le seul argument, les ayant décidés à se faire la guerre, est tout "bêtement" épidermique ! On voit donc bien à quel niveau d’intelligence on est ici confronté ! Voilà pourquoi, on compte déjà et pour l’heure, plus de trois cents milles morts et le décompte macabre ne s’estompe toujours pas, il se poursuit toujours plus aveugle et plus vaste. Tous les cessez-le-feu, négociés jusqu’aujourd’hui, n’ont été signés le matin que pour être aussitôt violé le soir. On dénombre au moins cinq tentatives d’imposer le silence aux armes, en vain !

Car, jamais une trêve n’a duré plus longtemps qu’il n’a fallu à l’encre ayant servi à écrire les accords pour sécher ! On dénombre, à l’heure actuelle, plus de trois millions de déplacés involontaires Femmes, enfants et vieillards sont morts de famine organisée ou par suite de brutalités ciblées et perpétrées par la milice Janjawides soutenue par Khartoum et son général ethniciste et sanguinaire Abdel Fattah al Burhane. Les risques immédiats sont l’augmentation continuelle des flots de migrants qui se bousculent aux portes de l’Europe et de l’Amérique ! Les statistiques concernant les demandes d’asile sont affligeantes et requièrent une attention toute particulière car la législation internationale sur le Droit d’asile impose l’accueil de ces réfugiés qui fuient une folie guerrière réelle, sanglante et meurtrière ! Les pays limitrophes, pauvres et mal gérés pour la plupart, sont dépassé par l’ampleur de ce drame humanitaire et sont dépendant finalement de la générosité et de l’aide de la communauté internationale pour la gestion des camps de réfugiés installés de manière sauvage sur leurs territoires respectifs !

Toute les litanies morbides des statistiques et bilans de conflits sévissant sur d’autres territoires du globe, telles que celles en Ukraine, en Israël Palestine, en Afrique de l’Ouest, confronté au djihadisme islamiste, si elles étaient toutes compilées sur la même période, c’est-à-dire depuis approximativement 2003, puis mis en parallèle avec l’actualité du Darfour, ne résisteraient pas à la comparaison devant l’immensité du drame qui se joue sous nos yeux dans cette seule région du Soudan Ce conflit bat tous les records de morbidités, de désœuvrement et d’errance humaines. Bientôt, le cap de vingt-cinq millions de déplacés sur quarante-cinq millions de soudanais sera franchi : ce qui dénote d’une apocalypse totale Le scandale médiatique et le désastre humanitaire sont permanents depuis presque vingt ans et se joue dans une indifférence quasi générale, à la fois de la rue et des opinions publiques internationales ! La dénonciation des instruments de mesures à géométrie variable : les deux poids, deux mesures, l’inconfort de la position géographique ou géo-localisation du conflit, sont autant de raisons de se pencher sérieusement sur le retour de la Paix dans le monde ! Les liaisons satellitaires entre les USA, les EAU, l’Arabie Saoudite, le Qatar, établies et entretenues sur des toiles de fond marqués par la référence à des ingénieries financières et des transactions immobilières impliquant une floppée de pétrodollars, injectées par ces mêmes bailleurs du Golf. Cette manne financière est mise au service d’une vision géopolitique à travers une géostratégie d’accaparement des biens et terres appartenant à des économies à faibles revenus (PIB), souvent peu soucieuse de la dimension altruiste ou philanthropique des rapports humains Ainsi, de toutes les souffrances, celles causées par l’injustice et l’iniquité sont les plus difficiles à supporter et c’est ce que font subir les miliciens Janjawides aux populations civiles du Darfour à travers la main invisible des puissances du Golf. La barbarie et la terreur sont ainsi érigées comme symboles de puissance et comme méthodes de règne et de domination ! Le Darfour constitue ainsi la plus grande injustice et la plus sombre tragédie du monde contemporain Pourtant, comme le stipule le contrat d’adhésion à la communauté internationale, il est mis à la charge de cette instance, l'obligation lourde de défendre prioritairement ses membres les plus vulnérables et les plus mal lotis ! C’est pourquoi, la crainte exprimée par l’impasse légale, qui se décline par "Comment contourner le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un pays souverain", derrière lequel s’abrite l’Union Africaine, pour justifier son immobilisme, doit être envisagé comme un défi et non pas comme une limite !

Peut-on encore légitimement avoir confiance en l’avenir de la communauté internationale ?

Une communauté, comprise comme le devoir de soumission et de respect à un ordre mondial fondé sur une prise en compte d’un traitement égalitaire des souffrances humaines. Elle commence par une prise en charge des problèmes, en ne se laissant guider que par des critères objectifs, justifiés et directement liés à la gravité, à l’ampleur, à la probabilité ou au risque d’embrasement, de débordement ou de généralisation sous régionale ou régionale d’un conflit ou d’un fléau alentours !

La force d’une chaîne étant égale à la force du maillon le plus faible, notre conscience doit incliner vers plus de solidarité et d’entraide mais surtout d’empathie particulière que nous devons témoigner pour les populations des zones les plus vulnérables de notre humanité !

Ainsi, si nous voulons que la voix de la communauté mondiale reste la plus forte et la plus audible en résonnant plus fort dans le concert des nations, il faut que dans sa manière de voler au secours de ceux de ses membres qui en ont le plus besoin, la priorité soit déterminée et accordée par la conformité à l’appel le plus retentissant. L'attention doit être focalisée sur les victimes chez qui, se manifestent les symptômes les plus caractéristiques et les plus alarmants de la tragédie humaine !

Seulement celle-ci doivent mériter qu’on leur prête une attention particulière en les faisant bénéficier du privilège de l’intervention prioritaire !

J’espère du fond du cœur que le silence de la communauté internationale devant la tragédie que vit le peuple Massalite ne vaut pas approbation !

Car, à toutes les échelles où l’on mesure, pour ne pas dire l’on compare, la profondeur d’une tragédie humaine, quelle réaction est plus glaçante et plus méprisante que ce silence que la communauté internationale adopte, en ce moment, face à ce drame du Darfour ?

Serait-ce pour l’occulter ou pour le faire ignorer des opinions publiques et du reste du monde ? Mais a quelles fins alors ?

Voilà l’immense détresse sécuritaire et l'insoutenable iiniquité médiatique auxquelles sont confrontés le Darfour et son peuple Massalite dans leur ensemble !