SDE : Panne de 2013, l'arbre qui cache la forêt

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  • Article ajouté le : 23 Jeudi, 2014 à 17h17
  • Author: mbourou pain

SDE : Panne de 2013, l'arbre qui cache la forêt

 

En Guinée toute proche, on gagne des élections avec des promesses électorales somme toutes simples : Elisez-moi et j’apporterai l’eau et l’électricité dans les coins les plus reculés du pays. Phrase banale, promesse simpliste qui peut prêter à rire en 2013, cette situation peut aujourd’hui s’appliquer à mon Pays le Sénégal : Gagner les élections en apportant des solutions aux délestages intempestives de la Sénélec, aux coupures d’eau de la SDE et apporter une solution définitive aux inondations des banlieues Dakaroises… Puisque la capitale Dakar peut rester plus de 15 jours sans eau courante et des journées entières sans électricité.

 

L’eau, l’eau est là … ont crié les Dakarois après près de 15 jours de soif imposée.

 

Penchons-nous un peu sur le problème de l’eau… donc sur la SDE… Un peu d’historique nous permet de mieux comprendre la situation actuelle.

 

La Société nationale d’exploitation de l’eau du Sénégal (SONEES) qui a été nationalisée dans les années 80.

 

Dans les années 90, avec les fameux plans d’ajustements structurels, la plupart des pays africains ont été contraints par la Banque Mondiale et le FMI de privatiser les secteurs stratégiques de leur économie. L’Etat du Sénégal, contraint, a donc cédé une partie de son capital qu’il détenait dans les sociétés nationales stratégiques. C’est ainsi que la Sonees devient propriété de Bouygues (détention majoritaire), que la Sonatel est vendue à France Telecom … et que la Senelec est cédée à … finalement le processus de privatisation a été bloqué pour la Senelec. Bloqué ne veut pas dire annulé, il suffit de rendre les coupures aussi intempestives que possible et le Sénégalais eux-mêmes exigeront la privatisation pour l’amélioration de la distribution de l’électricité.

 

Pour en revenir à la Sonees, le coup de Maitre réalisé par Bouygues avant son entrée dans le capital de la Société Nationale d’Exploitation des Eaux du Sénégal (Sonees) a été d’imposer la scission (division pour faire simple) de la société en trois : la Société Nationale des Eaux du Sénégal (Sones) qui devient juste une société de patrimoine (patrimoine de l’hydraulique urbaine, du contrôle de la qualité de l’exploitation et de la sensibilisation du public), la Société Des Eaux (SDE) qui s’occupe de l’exploitation et de la commercialisation de l’eau et enfin de l’Office Nationale de l’Assainissement du Sénégal.  Une fois la scission effective, Bouygues via sa filiale la SAUR, a acheté 51% du capital de la SDE. Qui dit mieux…

 

Ainsi la SDE signe un contrat d’affermage (est le contrat par lequel le contractant s'engage à gérer un service public, à ses risques et périls, contre une rémunération versée par les usagers, sauf que là il n ya pas de risque d’insolvabilité des particuliers, personne ne peut se passer d’eau) de 10 ans avec l’Etat Sénégal (arrivé à échéance en 2006, puis renouvelé) et donc avec la Sones… j’adore la petite phrase à ses risques et périls.

 

La SDE utilise le patrimoine (canalisation, tuyauterie, …) de la Sones et lui verse en contre partie à peu près 18 milliards de fcfa de redevance (cf article M. WANE, seneweb du 28 sept 2013) sur les 60 milliards de chiffre d’affaires annuel (en 2008). Son chiffre d’affaires est de 76 milliards en 2012. Pour faire simple, la SDE, fait des bénéfices, remonte les dividendes et laisse le soin à la Sones de s’occuper de la maintenance des infrastructures moyennant la fameuse redevance… l’eau bien public devient un bien privé qui ne paie pas ne boit pas et qui paie n’est garanti de boire, c’est la réalité des Sénégalais en 2013.

 

Tout est question après de mots pour savoir quels travaux revient à qui et dans ce domaine, la SDE appartenant à qui vous savez a noyé, la corde qui servira à nous pendre, dans un contrat de 1 000 pages avec des renvois et des formulations à faire tourner la tête même à Senghor.

 

Quand la SDE se goinfre, la Sones récolte des miettes et comment voulez-vous que les infrastructures soient aux normes… Pas besoin d’être expert pour savoir que cette panne n’est que la partie visible de l’iceberg et que si des investissements massifs ne sont pas réalisés des pannes plus graves frapperont aux portes de la capitale Sénégalaise… L’argent qui est budgétisé (sur papier) pour la maintenance sert à financer le conseil économique et social ou une autre connerie du genre …lol.

 

Et quand la SAUR s'est bien bâfré et sachant le risque de panne sérieuse probable, elle vend ses titres à une autre société qui osera affronter le mécontentement des populations (si elles arrivent un jour à comprendre).

 

Ce qu’il faut aussi savoir et qui assez important pour être souligné… Quand une société (occidentale) investit en Afrique elle exige en général un retour sur investissement au plus égal à trois ans. En investissant 100 millions elles s’attendent à récupérer en dividendes nets au bout de trois ans maximum, les 100 millions investis, à cause des risques géopolitiques (ou sois disant risque) qui  caractérisent nos pays.

 


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