Odile SECK, le rossignol ndut

Blogs

Odile SECK, le rossignol ndut

 

Elle est de taille moyenne, avec un teint noir harmonieusement contrasté par des dents blanches qui illuminent son visage d’enfant très jovial. Détrompez-vous c’est une femme de caractère. En effet, elle a confiance en elle ; elle est intéressante. Elle est très belle et élégante. Son mari Monsieur HOLZHAUER, nous excusera du reste. « La beauté est ce que vous ressentez à l’intérieur et qui se reflète dans vos yeux. Ce n’est pas quelque chose de physique. », dit Sophia LOREN. Mais, l’important n’est pas là. Il est dans ce qu’elle aime : la musique.

Puisque c’est d’elle qu’il s’agit, Odile Hombéline SECK est née à la fin des années 1970 à Mont-Rolland. Fille d’un infirmier, elle s’est cependant très tôt intéressée à l’art.

En effet, son amour de l’art est né à l’école primaire Notre Dame de Mont-Rolland. «Le moment idéal pour moi durant tout ce temps que j’eus fréquenté l’école primaire, c’était quand mon maître me demandait de passer au tableau pour chanter lors des compositions ou de faire du théâtre avec mes camarades ». Pour elle, il n’y a pas plus noble que la musique et le théâtre.

C’est fort de cette conviction, qu’elle a suivi son étoile qui l’a emmenée tour à tour aux chorales de l’Eglise notre Dame de Mont-Rolland et de celle de la Bienheureuse Annuarite de Sébikhotane. Son passage dans ces deux formations l’a beaucoup marquée. Elle en parle avec énormément de plaisir. « Spirituellement, j’ai puisé pas mal de forces aux chorales et techniquement, ça m’a beaucoup aidée dans ma façon de chanter ».

Ce petit bout de bois de Dieu, qui dégage une forte personnalité, pouvait briller dans d’autres domaines de la vie. Peut-être dans la santé pour prendre le relai d’Edouard SECK, son infirmier de père aujourd’hui à la retraite. Cependant, sentant l’artiste qui dormait en elle, Odile prit, en 2001,  la décision de s’inscrire à l’Ecole nationale des Art (ENA) où elle subit une rude formation en chant et piano  sous la férule d’excellents professeurs comme Adolphe COLY.

Après six (6) bonnes années de théories et de pratiques, l’ENA finit par réveiller cette musicienne. Elle en sortit avec une voix soprano et une connaissance très poussée des techniques de chant. Elle devint alors la convoitise des chanteurs de musiques traditionnelles sérères ndut (bilim ou nghel) qui sollicitent ses services pour leurs chœurs.

En 2003, ce fut le groupe Juboo de Moussa GUEYE (Fouloume) qui l’accueillit. Ainsi, elle interprèta deux morceaux ("je t’aime" et "la pauvreté") dans l’album intitulé « Khom Ndakaroura ». Malheureusement ou heureusement, après avoir quitté le groupe Juboo, elle s’installa à Mbour et fit successivement les beaux jours d’orchestres établis à Saly tels Tabala System, Kandia, Pongo Orchestral, Hybride et Tabou 2 dont elle est aujourd’hui sociétaire.

C'est bien cette image de musicienne et d’actrice de développement de la culture ndut que tout Mont-Rolland conserve de cette femme fan de Céline DION et de Baba MAAL qui veut, à tout prix, mettre le nom de son Ndut natal sur la carte culturelle du monde. Et, c’est dans cette optique que la cousine de Dread Maxim Amar, de Jah Milk et  Marcel Salem s’est décidée à sortir un album solo de six (06) titres avec le groupe OSCAR (Odile SECK et ses Compagnons en ARt) qu’elle a mis sur pied. Dans ce produit attendu, les mélomanes y retrouveront très prochainement des morceaux très variés allant du reggae au mbalax, en passant par le jazz et l’acoustique. Un enregistrement qui vaut son pesant d’or et dont 99% des morceaux sont en dialecte ndut :

 - d’abord, « Jammi africa, une chanson qui est un appel lancé à l’endroit des africains pour l’arrêt des guerres dans les foyers de tensions et la culture de la paix partout sur le continent noir ;

- ensuite, Doctori Ndut (L'infirmier de Ndut), une louange faite pour rendre hommage, non seulement à mes parents chantés dans le morceau, mais à tous les parents, partout où ils se trouvent ;

- puis, Yambing qui essaie de remonter les bretelles aux filles qu’on taxe, souvent, à tort de s’adonner à la débauche. Il est dédié à notre vaillante grande sœur Khady CISS ;

- il y a aussi Koga Bétoura (Le bébé abandonné) qui est une sorte de blâme destiné aux jeunes filles ou femmes, en général, irresponsables et jeteuses de bébés ;

- de surcroît, le retour au bercail pour l’agriculture consacre le morceau Yène Tiilé Faam (Retour au bercail). En fait, la perception qu’on avait de Dakar est fausse. La capitale n’est pas un pays de cocagne ;

- enfin, Amy Woné (Maman Amy, décide-toi) est composé pour lutter contre les mariages forcés auxquels on assiste souvent chez nous au Sénégal ». Voilà l’explication que donne cette diva qui parle avec une aisance inouïe l’Allemand, en sus du Français, du Wolof et de sa langue maternelle (Sérère ndut), sur son produit très thématique qui s’écarte à bien des égards des sentiers battus du "badaboum" musical du Djolof.   

Ine fine, avec cet album annoncé à grande pompe, Odile Seck HOLZHAUER se présente comme une figure si emblématique dans son terroir, puisqu'elle remet à sa juste place la culture ndut qui était tant soit peu léthargique.  Et, à ce rythme où va son travail, elle pourra, à coups sûrs, redorer le blason de la musique des sérères manté (Mont-Rolland) quasi-absente sur l’échiquier du show-biz national. Pour cela, elle tend la main à tous pour la réalisation de son projet.

                                                                                         Cheikh Ahmed Tidiane DIOUF

 


Cette entrée a été publiée dans Politique. Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien. Alerter

Vous pouvez lire aussi

Commentez cet article

Pseudo *

Votre commentaire :

Pseudo *

Mon commentaire *