DE LA DÉGÉNÉRESCENCE POLITIQUE D’UNE JEUNE DÉMOCRATIE

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DE LA DÉGÉNÉRESCENCE POLITIQUE D’UNE JEUNE DÉMOCRATIE

 

 

Les dirigeants politiques actuels, outre le fait qu’ils tiennent à leurs privilèges, ont une vision inadaptée aux réalités et leurs décisions sont de plus en plus ridicules. Ce qui est devenu assez flagrant, c’est le Retard de l’Etat, pas seulement le nôtre. Son corps est devenu trop lourd : l’activité principale du Pouvoir consiste à dénoncer les fake news, à perdre du temps à corriger les fautes dans son discours, à faire du bavardage dans l'attente d'une conséquence médiatique, à inventer des termes au visage d’un dieu de l’Inde : (employabilité, flexibilité, adaptabilité, protection sociale), à accorder des privilèges à ceux qui n’ont pas la plus grande utilité sociale.

 

Dans une démocratie, les choix de santé publique, d’éducation, d’environnement doivent être l’affaire de tous et non des experts et des dirigeants. Il ne faut pas minimiser le bon sens de la population, croyant que les gens, les gouvernés je veux dire, ne maîtrisent pas les questions techniques. Ainsi ceux qui font carrière dans la politique, qui font métier de la politique, qui ne travaillent pas la plupart du temps seraient-ils les seuls compétents et le peuple passerait presque pour un irrémédiable crétin.

 

Ils ont aujourd’hui perdu trop de crédit et ils sont toujours en retard. Et à cause de ce retard, et sans doute de la méconnaissance du "terrain", ils ne cessent de prendre des mesures absurdes. Ils n'ont pas une maîtrise rationnelle de la réalité sociale.

Le débat public n’est pas un débat politique et il faut éviter qu’il le soit. Une vraie démocratie c’est d’abord l’exigence d’un débat public dans lequel les gouvernés donnent leurs avis, et émettent leurs avis sur les institutions qui règlent leurs vies. La politique concerne l’institution explicite globale de la société, et les décisions concernant son avenir. Il ne faut surtout pas la confondre avec les intrigues de cour ou la bonne gestion du pouvoir institué qui existe partout, ces machineries qui tiennent à l’exercice de la majesté, au vicariat de la divinité, au commandement des armées ou à la gestion des intérêts pour parler comme Jacques Rancière. Dans ces conditions, le débat public reste un élément crucial du développement démocratique des sociétés modernes.

 

Mais les dirigeants politiques sont devenus gênants du fait de la paix civile qu'ils ne cessent de menacer. Il semble assez aisé de constater que la politique est devenue en ce sens l’obstacle et non la solution, et les politiques n’ont plus un contrat de confiance avec leur peuple, ce peuple dont ils méconnaissent la vie et les problèmes.

 

On ne peut aussi manquer de constater qu'il est très difficile pour nos politiques de relancer l’économie parce qu'ils sont nuls en matière de prospective Il n'est pas inutile d'avoir le regard sur le rétroviseur, cela peut permettre d'éviter les erreurs du passé et surtout se poser les bonnes questions, dont celle-ci: dans quelle société allons-nous vivre ?

 

Les décisions prises en catastrophe comme dans cette crise que nous traversons, masquent mal le manque d’anticipation, de vision.

On perd souvent du temps à jouer dans l'heuristique de la peur. Les gens sont en danger ils le savent mais peuvent-ils se protéger efficacement d’eux-mêmes ? Les populations ont besoin d'un Bouclier qui protège, d'une Machine qui veille sur toutes les ressources et qui les redistribue, conformément au Droit. Un État sert à quoi ? Il y a un vrai problème de politiques publiques dans les Etats importés, comme le nôtre, qui en panne d'inspiration joue de plus en plus la carte de la terreur pour faire taire les vrais citoyens.

 

Richard Sall

Professeur de philosophie


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