La perversion du débat démocratique

Blogs

La perversion du débat démocratique

 

Les espaces publics (lieux physiques) se présentent, de nos jours, comme des lieux de déploiement de discours parallèles, d'addition d'appels de leaders déroulant leur plan de conquête du pouvoir. Mais il faut le concéder, ce sont des espaces du refus, il faut comprendre par là  l'environnement discursif de la revendication, formulée par l'élite au nom du peuple. Cette volonté clairement affichée est également  à  l'origine de ce qu'on pourrait appeler une perversion du moi collectif revendicateur.

La perversion du débat démocratique, qui en est la conséquence, se résume à des enjeux politiques et politiciens,  et crée un système "unijambiste"; j'entends, par là, qui fait d'un même segment de discours invalidant du processus électoral et des "manifs", quasiment, le seul membre valide de notre démocratie.

La vie politique, plus précisément, se caractérise par la tenue de manifestations, c'est-à dire par l'organisation de marches, de rassemblement divers, souvent non violents, mais parfois accompagnés d'invectives et de violences. Dans les pires moments, on peut bien résumer cela par la recherche du basculement mécanique de l'ordre républicain, une sorte d'enchaînement des événements du rouleau compresseur social ; auquel cas, on serait bien inspiré de se méfier d'une forme perverse de négation des données objectives et des processus historiques.

  Pendant ce temps, demeurent en sourdine les vrais problèmes, qui méritent que les acteurs politiques aillent vite à la rencontre de l'électorat, pour les victoires  futures, ce sont ceux de :

I) La qualité de la vie

- Le logement urbain

- Le pouvoir d'achat

- L'urgence sanitaire

- La politique migratoire

2) Le secours au monde paysan

- La restauration et la sauvegarde de la biodiversité

- L'encadrement conséquent des femmes organisées en productrices

3) La transition écologique

- Le patrimoine

- Les océans et les mers

- L'exploitation illégale des espaces maritimes

- Les menaces sur l'environnement

L'exploitation tous azimuts des espaces privés (milieu familial ou groupe restreint), si elle se généralise, constituera sans doute le lit d'une véritable régression démocratique, en ce qu'elle livrera le peuple aux médias, parfois mus par un souci de conquête de lectorat ou d'audimat, mais eux-mêmes exposés aux graves risques de judiciarisation de l'information. Pire, le "dire" et le "non dire" seront ensemble  confinés dans l'espace privé et se manifesteront, avec violence, sous formes de dérivatifs, dans des occasions imprévisibles. C'est bien une nouvelle donne, que l'utilisation du cadre familial, qu'il faut comprendre et interpréter comme un ressort souterrain  de la contestation au grand jour, un des facteurs invisibles de soubresauts populaires.  Peut-on attendre un impact de grande envergure, dans ce qui semble être une approche attentiste, lorsque le peuple se mure dans le silence ? Telle est la question qui découle de ce contexte nouveau.  Il faut, en tout cas, se méfier de celui qui ne dit rien, du peuple en l'occurrence, lorsqu'on n'entend plus sa rumeur !

 

Pr. Birahim Thioune

UCAD Dakar

Le 30/06/2022


Cette entrée a été publiée dans Politique. Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien. Alerter

Commentez cet article

Pseudo *

Votre commentaire :

Pseudo *

Mon commentaire *