Attendu depuis plusieurs années et concocté par Jared Kushner, gendre et conseiller du président Trump, le plan de paix pour le Proche-Orient doit être présenté ce mardi à Washington, en présence du Premier ministre Benjamin Netanyahu. Il est déjà largement rejeté par l'Autorité palestinienne et par le Hamas.
Après plusieurs reports, le plan de paix américain pour le Proche-Orient, baptisé le "très grand plan" par Donald Trump, sera dévoilé mardi 28 janvier à partir de 12 h 00 (18 h 00 à Paris) par le président des États-Unis aux côtés du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, mais en l'absence d'un représentant palestinien. Ce plan, salué comme "historique" par Israël, n'a que peu de chances d'aboutir tant il est rejeté d'avance, avec force, par les Palestiniens.
Comme pour mieux souligner à quel point Washington s'est rapproché de l'État hébreu sous sa présidence, Donald Trump sera accompagné, pour cette annonce solennelle depuis la Maison Blanche, du Premier ministre israélien, son "grand ami" Benjamin Netanyahu, reçu dès lundi dans le Bureau ovale.
L'objectif ambitieux, confié au gendre et conseiller du président, Jared Kushner, au printemps 2017, est de concocter une proposition susceptible d'aboutir à "l'accord ultime" entre Israéliens et Palestiniens : réussir là où tous ses prédécesseurs ont échoué. "Cela fait de nombreuses, nombreuses, nombreuses années, des décennies et des siècles, que l'on recherche la paix au Proche-Orient. Et ça, c'est une opportunité d'y parvenir", a réaffirmé Donald Trump avec Benjamin Netanyahu, lundi.
"Je pense qu'il a une chance" de favoriser la paix, a-t-il ajouté, affichant un optimisme à toute épreuve malgré le "non" catégorique de l'Autorité palestinienne qui juge que Washington n'a plus la crédibilité nécessaire pour agir en médiateur après une série de décisions favorables à Israël. "Nous pensons qu'in fine, nous aurons le soutien des Palestiniens", s'est-il même risqué à prédire, misant sur l'appui, loin d'être acquis, des autres pays arabes.
Mystère sur le projet d'un " palestinien"
Les États-Unis ont présenté en juin le volet économique de leur plan, qui prévoit environ 50 milliards de dollars d'investissements internationaux dans les Territoires palestiniens et les pays arabes voisins sur dix ans. Mais les détails concrets de ce projet restent l'objet de spéculations.
Selon les Palestiniens, le plan américain comprend l'annexion par Israël de la Vallée du Jourdain, vaste zone stratégique de la Cisjordanie, et des colonies en Territoires palestiniens, ainsi que la reconnaissance officielle de Jérusalem comme seule capitale d'Israël.
Y aura-t-il un État palestinien dans la proposition américaine ? Le mystère demeure. Mais Donald Trump et Jared Kushner ont refusé jusqu'ici d'utiliser le terme, rompant avec la position traditionnelle de la communauté internationale en faveur d'une solution "à deux États".
"Déjà mort"
Selon de hauts responsables palestiniens, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a refusé au cours des derniers mois les offres de dialogue du président américain et juge son plan "déjà mort". Et le Premier ministre palestinien, Mohammed Shtayyeh, a appelé par avance la communauté internationale à boycotter le projet, contraire selon lui au droit international. "Ce n'est pas un plan de paix pour le Moyen-Orient", a-t-il martelé, jugeant que l'initiative visait avant tout à protéger "Trump de la destitution" et "Netanyahu de la prison".
Signe que le calendrier est délicat, à un mois de nouvelles élections en Israël où Benjamin Netanyahu est aux prises avec une inculpation pour corruption, le locataire de la Maison Blanche a aussi reçu lundi son principal opposant, Benny Gantz. Mais c'est avec le premier qu'il a choisi d'apparaître devant les caméras. Et comme à chaque fois qu'il se trouve en présence de Donald Trump, le Premier ministre israélien n'a pas dissimulé son enthousiasme.
"Merci pour tout ce que vous avez fait pour Israël", a-t-il lancé, citant la ligne dure adoptée contre l'Iran, la reconnaissance de Jérusalem comme capitale de l'État hébreu ou encore la décision de ne plus considérer les colonies israéliennes en Cisjordanie comme "contraires au droit international" -- autant de virages diplomatiques qui ont braqué les Palestiniens.
Rejet unanime chez les Palestiniens
Dimanche, Saëb Erekat, secrétaire général de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), a indiqué à l'AFP qu'il se réservait le droit de se retirer des accords d'Oslo, qui encadrent leurs relations avec Israël. Aux termes de l'accord intérimaire dit d'Oslo II de septembre 1995 entre l'OLP et Israël, la Cisjordanie avait été partagée en trois zones : A, sous contrôle civil et sécuritaire palestinien, B, sous contrôle civil palestinien et sécuritaire israélien, et C, sous contrôle civil et sécuritaire israélien. Or le plan de Donald Trump "va transformer l'occupation temporaire en occupation permanente", a dénoncé Saëb Erekat.
Le projet américain a aussi été rejeté par le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, enclave palestinienne de deux millions d'habitants séparée géographiquement de la Cisjordanie, où se limite l'autorité de Mahmoud Abbas.
Le chef du mouvement islamiste Ismaïl Haniyeh a mis en garde contre une "nouvelle phase" de la lutte palestinienne contre l'occupation israélienne.
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