DAKAR ET TOUBA (SÉNÉGAL) ENVOYÉ SPÉCIAL ENVOYÉ SPÉCIAL - Le Sénégal ne badine pas avec ses confréries religieuses. La panique s'est emparée du pouvoir moins de dix jours avant l'élection présidentielle du 26 février, quand un policier a lancé une grenade lacrymogène dans l'enceinte de la mosquée El-Hadj Malick Sy, à Dakar. Des centaines de fidèles de la confrérie tidjane étaient réunis ce vendredi 17 février, jour de grande prière. Le ministre de l'intérieur et des cultes et le porte-parole du président ont multiplié les excuses auprès des soufis tidjanes, la confrérie la plus nombreuse du pays - 40 % de la population - et de la sous-région.
Les deux jours de colère qui ont suivi, dans un climat tendu depuis des semaines, n'étaient pas seulement liés à la profanation du lieu saint. "Il y avait un esprit de revanche chez les tidjanes vis-à-vis de la confrérie des mourides, favorisée par le pouvoir", explique Fadel Barro, l'un des leaders de Y'en a marre, le mouvement de jeunes opposé au président sortant, Abdoulaye Wade, candidat à sa succession.
Abdou Diouf, son prédécesseur, avait réussi à s'allier les bonnes grâces du calife des mourides de l'époque. Mais "Gorgui" Wade, "le vieux" en langue wolof, est allé plus loin. Il est le premier président mouride, "un président talibé" (président disciple), dit-on à Dakar. Et il le revendique.
Presque tous les candidats au scrutin présidentiel ont fait leur pèlerinage à Touba, la ville emblème des mourides, à 200 kilomètres à l'est de Dakar. Là, se dresse une somptueuse mosquée dont les quatre minarets s'imposent à la vue de très loin. C'est à Touba, dans sa vaste et modeste demeure, que Cheikh Bassirou Mbacké Abdou Khadre, porte-parole du calife des mourides, reçoit ses visiteurs, en boubou brodé. Ils s'agenouillent sur des tapis à ses pieds, baisant sa main, infiniment respectueux. Le cheikh a la parole rare, le ton bas, un visage presque enfantin.
"Il est puissant, assure l'un de ses visiteurs. C'est l'oeil, la voix, les jambes et l'oreille du calife." Autrement dit du Cheikh Maty Lèye Mbacké, l'autorité suprême des mourides. Cette confrérie musulmane d'obédience soufie, typiquement sénégalaise, pourtant moins nombreuse que les tidjanes, est considérée comme la plus puissante du pays, avec ses quatre millions de disciples revendiqués, soit un tiers de la population.
Les mourides sont un Etat dans l'Etat. Touba est placée sous l'administration exclusive du calife, puissance spirituelle, politique et économique. Et donc activement courtisée par les candidats.
A l'approche du scrutin, Cheikh Bassirou Abdou Khadre reçoit évidemment beaucoup. Le défilé n'a pas cessé pour le Grand Magal du 12 janvier, la fête annuelle célébrant l'exil forcé au Gabon, en 1895, du fondateur de la confrérie, Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké - un mystique musulman chassé par l'autorité coloniale française qui redouta son influence avant de l'utiliser.
En pénétrant humblement dans la mosquée de cette ville sortie des sables il y a un siècle, les hommes politiques n'avaient qu'une idée en tête : repartir avec un "ndiguel", un ordre donné par le calife à ses disciples. Autrement dit, une consigne de vote.
Le plus ostentatoire et singulier des requérants était sans aucun doute Abdoulaye Wade, concourant pour un troisième mandat. Une candidature soutenue malgré ses 86 ans, malgré une grogne populaire large et hétéroclite, et malgré l'avis de juristes indépendants qui la jugent anticonstitutionnelle.
A la présidentielle de 1988, le calife général de l'époque, Cheikh Abdoul Ahad, avait été clair : "Celui qui ne votera pas pour Abdou Diouf aura trahi Cheikh Bamba." Abdou Diouf, successeur de Léopold Sédar Senghor en 1981, fut réélu avec 73 % des voix. Un "ndiguel" du calife des mourides assurerait donc l'élection à la présidence du Sénégal ? Pas si simple. La victoire de 1988, triomphale sur le plan comptable, déclencha des violences puis l'état d'urgence. Pour l'opposition, cette réélection relevait davantage de fraudes électorales.
Moustapha Diop est mouride, comme la plupart de ses collègues chauffeurs de taxi. En atteste, collée sur son tableau de bord, la reproduction de la seule photo connue de Cheikh Bamba : une frêle silhouette en boubou blanc animée d'un regard perçant. "Ce n'est pas un marabout qui va me dire pour qui voter", tranche pourtant Moustapha Diop. "Les Sénégalais sont très croyants mais ils font la différence entre leur vote et leur confrérie", décrypte Abdou Latif Coulibaly, un journaliste d'investigation célèbre au Sénégal, passé depuis peu en politique. "Cela dit, c'est toujours mieux d'avoir le soutien des marabouts", reconnaît-il.
Au lendemain de sa victoire de 2000, Abdoulaye Wade avait couru se prosterner aux pieds du calife de l'époque, Cheikh Saliou Mbacké. Son geste lui valut un éditorial acide d'Ousseynou Kane, professeur de philosophie à la prestigieuse université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), dans le quotidien Walfadjri. Sous le titre "La République couchée", l'éditorialiste s'indignait : "En allant avec autant de précipitation et d'ostentation faire acte d'allégeance ailleurs, c'est comme si l'on volait au peuple sa victoire. L'image du futur président, crâne baissé devant le calife a choqué jusqu'aux plus croyants."
Douze ans plus tard, avant le Grand Magal de Touba, le président récidive : "Le pouvoir que je détiens vient de Touba. C'est pourquoi, je privilégie Touba sur tout." Conviction religieuse ou espoir d'un retour sur investissement ? Hélas pour lui, le calife général a (officiellement) choisi de rester neutre avant cette bataille électorale explosive.
"Avant, les grands marabouts étaient comme des grands électeurs. Ils faisaient gagner les élections facilement. Le monde est plus complexe aujourd'hui", explique Sidy Lamine Niasse, directeur du groupe de presse Walfadjri. Si les grands marabouts hésitent à soutenir ouvertement Wade, "ce n'est pas le cas dans les mosquées de quartier. Les mourides constituent encore sa base électorale", analyse Babacar Gueye, président de l'université privée des sciences sociales de Dakar.
"Wade fait du communautarisme", tranche sans ménagements Cheikh Bamba Dieye, le maire de Saint-Louis, candidat anti-Wade à la présidentielle, et lui-même mouride. "Il essaie d'acheter les consciences", ajoute, sous couvert d'anonymat, un autre mouride influent. Une enquête de l'hebdomadaire La Gazette révèle ainsi qu'à la veille de l'élection présidentielle de 2007, Wade avait offert "plus de 900 hectares de forêts" à Cheikh Saliou Mbacké. Le président avait aussi lancé le programme quinquennal de modernisation de Touba. Les rues principales de la deuxième ville du Sénégal se sont couvertes d'asphalte.
Des cadeaux auxquels la confrérie n'est pas insensible. "Les mourides sont des grands marabouts charismatiques et cultivateurs d'arachide dont le prestige tient davantage à la qualité de thaumaturge et de "patron" qu'à la science islamique", écrivait Christian Coulon, dans Les Musulmans et le pouvoir en Afrique noire (Karthala, 1983).
Des "patrons" ? Dans les rues sablonneuses du quartier de la Petite gare à Touba, les camions et les boutiques débordent de sacs en toile de jute gonflés comme des baudruches. L'arachide brute ou transformée en huile figure parmi les principales exportations du pays. "Bienvenue dans le centre national du commerce des arachides", s'exclame Diadji Fall, prospère commerçant de Touba. Un monopole né pendant la période coloniale que les mourides ont su diversifier. "Le travail accompagne l'éducation des mourides et comme nous sommes nombreux - un vrai lobby -, nous avons la mainmise sur l'économie", se réjouit-il.
"La religion est incontournable et ses intérêts recoupent ceux de l'Etat", confirme Sidy Lamine Niasse. Le patron de presse souligne que l'urbanisation, l'électrification, le développement, tout passe par les chefs religieux qui peuvent mobiliser de la main-d'oeuvre, des terrains, des réseaux. "C'est utile même pour obtenir un passeport, constate-t-il. Et à ce jeu, les mourides sont meilleurs que les autres." Ce fin islamologue, et tidjane influent, estime pourtant que "l'étroite complicité entre les religieux et les politiques se termine".
Car l'engagement ostentatoire d'Abdoulaye Wade, président en fin de parcours, en faveur des mourides dérange. "L'islam sénégalais est très ouvert mais il est important de préserver la laïcité de l'Etat", explique l'abbé Alphonse Seck, secrétaire exécutif de la commission épiscopale Justice et paix.
"Wade favorise une confrérie au détriment des autres", dénonce un disciple layène, une autre confrérie sénégalaise, minoritaire. Les layènes de Dakar se battent depuis des années pour faire déplacer la centrale d'épuration des eaux de la capitale qui vomit ses miasmes sur la plage de leur commune. "Si nous étions mourides, le pouvoir aurait trouvé une solution", s'offusque Libasse Hane, l'un des animateurs du collectif écologiste des layènes.
Pas de quoi nourrir pourtant les ferments d'un affrontement entre confréries. "Le Sénégal n'est menacé ni par l'ethnicisme ni par le radicalisme religieux", tempère Sidy Lamine Niasse.
Mais les confréries pèsent toujours de façon diffuse sur le débat politique. "Il n'y a pas un animal politique au Sénégal comme Wade. Il sait ce qu'il fait en favorisant Touba", commente le directeur de Walfadjri. Quitte à écorner le principe de laïcité. Cheikh Bassirou Mbacké Abdou Khadre illustre la question à sa façon : "Le mouridisme et l'Etat sénégalais sont comme les deux cornes d'un boeuf : elles ne se rencontrent jamais mais sont inséparables." Abdoulaye Wade l'a compris depuis longtemps.
32 Commentaires
Yofffois
En Février, 2012 (21:31 PM)Le Khalife de Yoff des Layennes a bien reçu Wade et a prié pour sa victoire. Je suis proche voisin du Khalife
l'opposition de Wade c'et la Presse
Sopargni
En Février, 2012 (21:34 PM)sopargni ak macky sall
sopragni ak macky sall
sopargni ak macky sall
Arwataame Galgal
En Février, 2012 (21:34 PM)Pari réussi, Alioune Tine va encaisser ton cheque car tu as réélu Wade
M23 etait du coté de Wade pour sacrifier l'opposition
Lui
En Février, 2012 (21:39 PM)Moi je suis musulman ( pas de tarikha), mais j'ai eu un grand respect et une admiration pour feu Serigne Saliou. Et je trouve que c'est grave que les enfants de Serigne Saliou acceptent sans reagir l'utilisation du nom de leur vénéré pére par Bethio Thioune.
Mais ce comportement de Bethio montre autre chose; c'est le délitement de la hiérarchie mouride. En effet la parole (ndigueul) a été toujours détenue par Serigne Touba incarné en ce moment par Sidy Makhtar. Comment se fait-il que celui-ci ne donne aucun ndigueul et qu'un autre qui n'est même pas de la descendance du fondateur du Mouridisme se permette d'en donner un en utilisant le nom d'un ex Khalif.
En tout cas si les enfants de Serigne Saliou ne réagissent pas pour faire respecter la ligne de conduite de leur defunt pére, celà veut dire qu'ils sont complices.
Fromsomewhere
En Février, 2012 (21:40 PM)Loiiii
En Février, 2012 (21:40 PM)Diaff
En Février, 2012 (21:42 PM)Melastikou
En Février, 2012 (21:42 PM)Niogou
En Février, 2012 (21:46 PM)alr thi gatal dama beuguon rek khamal len dara senegal amul opposition je né pa de carte dumeu votél domou adama mé nalen lér yen ngiy dem vote vous avé already perdu abdoulaye wade a remporté lé election
dama rouss si nit yiii
Elhadji Gueyee
En Février, 2012 (21:48 PM)pour la victoir de wade inchallah
Gabar
En Février, 2012 (21:55 PM)Equite
En Février, 2012 (21:56 PM)Ibou
En Février, 2012 (22:11 PM)Makowakh
En Février, 2012 (22:14 PM)j aim mon pays je vote goorguiiii
Nts
En Février, 2012 (22:19 PM)Ahmed Tidiane
En Février, 2012 (22:23 PM)Zeina33
En Février, 2012 (22:25 PM)Kholy
En Février, 2012 (22:30 PM)Mama
En Février, 2012 (22:43 PM)Muridoula
En Février, 2012 (23:06 PM)Diam
En Février, 2012 (23:09 PM)Sama Yobanté
En Février, 2012 (23:13 PM)Sur samayobante. com il y a des personnes qui souhaitent envoyer leurs colis vers des destinations comme Dakar, Paris ... (partout)
Si vous devez aller à Dakar ou à ces autres destinations contactez-les, ils vous attendent.
Notez que beaucoup de membre souhaiteraient être contactés pas leurs amis et proches. Inscrivez-vous et retrouvez vos proches sur samayobante. com
Invitez aussi vos amis sur le site, votre réseau sera plus gros et plus efficace.
L'utilisation du site est gratuite, inscrivez-vous, annoncez vos colis ou vos voyages.
Ce site est le seul moyen pour ne plus passer des heures au téléphone à chercher quelqu'un qui voyage dans votre entourage.
Retrouvez-vous tous sur samayobante. com
Modou Bissap
En Février, 2012 (00:07 AM)mieux diviser pour régner ;attention sounougala ----na nou diowado et respectons la dur loi des nurnes
QUE DIEU NOUS GARDE TOUS
Sol
En Février, 2012 (00:47 AM)A L'attention De La Presse
En Février, 2012 (01:26 AM)JE VOUS LE DEMANDE DE TOUT COEUR
DIEU VOUS PAYERA....
VOTRE ROLE EST CRUCIAL...
VIGILANCE VIGILANCE VIGILANCE VIGILANCE
JE VOUS DEMANDE PAR LA GRACE DE DIEU, VOUS LA PRESSE DU SENEGAL DE VOUS DONNER TOUS LES MOYENS NECESSAIRES AFIN DE COUVRIR L'ELECTION SUR TOUT L'ETENDU DU TERRITOIRE SANS QUITTER UNE SECONDE LES BUREAUX DE VOTE DE L'OUVERTURE A LA FERMETURE...
JE VOUS LE DEMANDE DE TOUT COEUR
DIEU VOUS PAYERA....
VOTRE ROLE EST CRUCIAL...
VIGILANCE VIGILANCE VIGILANCE VIGILANCE
JE VOUS DEMANDE PAR LA GRACE DE DIEU, VOUS LA PRESSE DU SENEGAL DE VOUS DONNER TOUS LES MOYENS NECESSAIRES AFIN DE COUVRIR L'ELECTION SUR TOUT L'ETENDU DU TERRITOIRE SANS QUITTER UNE SECONDE LES BUREAUX DE VOTE DE L'OUVERTURE A LA FERMETURE...
JE VOUS LE DEMANDE DE TOUT COEUR
DIEU VOUS PAYERA....
VOTRE ROLE EST CRUCIAL...
VIGILANCE VIGILANCE VIGILANCE VIGILANCE
JE VOUS DEMANDE PAR LA GRACE DE DIEU, VOUS LA PRESSE DU SENEGAL DE VOUS DONNER TOUS LES MOYENS NECESSAIRES AFIN DE COUVRIR L'ELECTION SUR TOUT L'ETENDU DU TERRITOIRE SANS QUITTER UNE SECONDE LES BUREAUX DE VOTE DE L'OUVERTURE A LA FERMETURE...
JE VOUS LE DEMANDE DE TOUT COEUR
DIEU VOUS PAYERA....
VOTRE ROLE EST CRUCIAL...
VIGILANCE VIGILANCE VIGILANCE VIGILANCE
Un Citoyen
En Février, 2012 (01:30 AM)Souvenons-nous du règne du wadisme l’homme et ces déficients intellectuels ces bandits de la république, ce régime qui n’a rien à envier à celui de Bagbo, toux ceux qui tirent sur dés manifestations autorisées par la loi commettent des crimes contrôle l’humanité et finiront probablement au TPI .
En 12 ans de gestion de la chose publique « ce régime exotique du géni des Carpates » a plongé littéralement le Sénégal le pays de la téranga, dans l’obscurité sociologique, socio-économique et philosophique totale ; on se souviendra longtemps qu’il donna ordre à ses calots qui ont infiltré notre police républicaine l’ordre de jeter des bombes lacrymogènes dans la tanière de tous disciples de Cheikh Ahmed Tijane « c est comme si ce vieux franc-maçon à la retraite pissa sciemment sur la tombe du prophète (psl).
N’oublions jamais que ce régime après des années de gâchis a eu l’élégance de devoir nous léguer un pays en état de léthargie, une administration en état de coma très avancé, une dette colossale, l’extinction des PME/PMI, une économie à croissance négative, une super inflation, bref le chao.
La seule porte de sortie de ce « petit vieux grand peuple » eût été un suicide collectif. Cependant ce vieux pays engorgé d’érudits de toutes confessions que le monde entier nous envie, sera en révolte permanente jusqu’à ce justice soit faite.
L’exigence de la rupture de ce peuple socialement fracassé par des bandits qui savent à peine lire et écrire ; d’anciens cireurs de chaussure, d’étudiants, de courtiers et de femmes aux mœurs très légères devenir immensément riches.
Un citoyen
Ces incultes n’ont rien compris qu’après le 11 Septembre le monde a changé, jeunesse sénégalaise allait voter en masse pour ne point être éternellement au chômage, dans tous les scenarios vous avez déjà gagné.
Vive le Sénégal, vive le peuple, vive notre vaillante armée républicaine et démocratique.
Un citoyen
Repugnant
En Février, 2012 (01:48 AM)Zouss
En Février, 2012 (03:34 AM)Faso
En Février, 2012 (09:06 AM)Saer
En Février, 2012 (11:38 AM)Boy Sandika
En Février, 2012 (16:07 PM)Diop
En Février, 2012 (17:08 PM)Participer à la Discussion