Ancien chef d’Atika, branche armée du Mfdc, Kamougué Diatta est un coursier de la paix. A Ziguinchor, il a invité les jeunes à prendre en main leur destin en insistant sur la pacification de cette région. Pour lui, il est temps qu’elle devienne le moteur de cette réconciliation après les «bêtises» commises par les «adultes».
En Casamance, on multiplie les réflexions pour retrouver la paix. «Jeunesse et processus de paix, plaidoyer pour un avenir sans crainte» est le dernier thème proposé pour aider à comprendre et à mieux cerner les données du problème avec l’ultime objectif de contribuer ensemble à la recherche des voies et moyens de règlement du confit qui perdure en Casamance. Initiée par les étudiants de la région à l’Université Assane Seck de Ziguinchor, cette rencontre a été marquée par la communication de l’ex-chef d’Atika, Kamougué Diatta. Longtemps, il a été l’un des symboles de la lutte armée conduite par le Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc) dans le Sud du Sénégal.
L’ex-lieutenant du fondateur du maquis, feu Sidy Badji, a mis en relief la responsabilité historique des parents et adultes «qui ont créé les conditions négatives qui ont mis la jeunesse dans cette situation regrettable». Et faisant un survol de la crise casamançaise, Kamougué Diatta soutient «que cette jeunesse n’est pas du tout responsable de ce climat de peur, d’inquiétude et de doute sur la crise qui jusqu’ici jalonne leur vie». «Et n’étant pas responsables de cette situation malheureuse, vous avez donc une marge de manœuvre assez considérable, puisque bien que non acteurs directs du conflit, vous êtes les potentielles victimes collatérales de ses méfaits», a-t-il lancé à l’endroit de ces jeunes étudiants.
«La guerre se fait chez nous Casamançais et contre nous Casamançais»
Dans sa réflexion, l’ex-maquisard, qui prône aujourd’hui la paix, a invité les jeunes à œuvrer pour l‘avènement «d’une solution et refuser à jamais d’être les victimes soumises d’une crise dont ils ne sont en rien responsables». «C’est possible parce que vous n’êtes pas tenaillés par un quelconque sentiment de revanche et de haine face à votre entourage même si pour certains d’entre vous, ce conflit va laisser des traces indélébiles» a-t-il martelé.
Poursuivant son réquisitoire devant les étudiants et autres invités, l’ancien patron de la base rebelle de Diacaye dans le Kataba regrette «que la guerre en Casamance soit devenue l’un des plus vieux conflits de la planète. Cela n’honore ni le Mfdc et encore moins l’Etat du Sénégal». Par conséquent, il exhorte la jeunesse casamançaise à «refuser de porter cette étiquette et d’en subir les contrecoups». A en croire Kamougué Diatta, «ce sont les parents et les adultes qu’ils constituent qui avaient cru bon de penser l’avenir des jeunes à leur place en usant de méthodes qui se sont révélées contreproductives». «Vous avez votre destin en main ne nous laissez plus vous égarer. Et dans la gestion et le règlement de ce conflit, rien ne peut justifier que vous soyez de simples spectateurs. Votre implication est plus qu’un besoin vital parce que vous êtes l’avenir et la solution de ce conflit», dixit Kamougué Diatta.
Aujourd’hui, il insiste sur la voie de la paix pour sortir cette «belle» région de la crise sanglante qui retarde son processus de développement. «La jeunesse a besoin d’une autre Casamance où les armes, la haine, la vengeance cèdent la place à la paix, au pardon et au développement. Pour vos futurs enfants et les générations à venir, vous devez réussir là où nous autres avons échoué», confesse-t-il. Il les incite à prendre leur destin en main. «C’est votre droit le plus absolu, c’est votre devoir pour que les parents et les adultes que nous sommes arrêtions définitivement d’hypothéquer votre avenir. Vous ne pourrez jamais construire votre avenir dans la confusion et le voile du déshonneur créé par ce conflit», assène Kamougué Diatta.
Loin du maquis, il soutient qu’il ne «s’agit plus de tenir pour vraie ou fausse cette question d’indépendance de la Casamance dont la complexité a mené au blocage et au retard en causant aux jeunes des dommages collatéraux». «Des acteurs du conflit ont pris la responsabilité aujourd’hui de négocier en votre nom et en ordre dispersé. Cela vous engage t-il ?, s’est-il interrogé. Et du côté de l’Etat du Sénégal, il y a, note-t-il, là également, une pléthore d’émissaires du président de la République dont chacun dit être mandaté par le chef de l’Etat alors que la seule représentation aux allures officielles est celle de Sant Egidio». «Dès lors, comment se situer dans cette kyrielle de coursiers de la paix ?», s’interroge-t-il à nouveau. En définitive, il incite la jeunesse «à contrer ces acteurs armés de ce conflit, qui, dit-il, pensent qu’ils ont le monopole de l’initiative». L’ex-maquisard fonde son raisonnement sur une vérité implacable : «Il ne faut jamais oublier que la guerre se fait chez nous Casamançais et contre nous Casamançais.» Evidemment !
12 Commentaires
Inn
En Décembre, 2014 (13:34 PM)Moukoul
En Décembre, 2014 (13:46 PM)Dianke Daffe-rachow
En Décembre, 2014 (14:29 PM)Tchabou
En Décembre, 2014 (17:25 PM)Merci d'avoir repris des esprits
Ditvrai
En Décembre, 2014 (17:28 PM)Nordiste 1
En Décembre, 2014 (18:59 PM)Piscoooo
En Décembre, 2014 (20:52 PM)Benwaye5
En Décembre, 2014 (20:55 PM)Lorsque j'etais enfant, j'avais toujours eu des amis diolas, et je ne rendais meme pas compte d'une kekconque difference entre nous, c etait l'amitie, la fraternite, les matches de foot, etc.... et je n'avais jamais compris cette haine des separatistes envers nous autres.
Je me felicite que la paix revienne, la paix des braves!
vive le senegal vive la casamance
Tombon
En Décembre, 2014 (21:35 PM)Haxatawir9t
En Décembre, 2014 (18:23 PM)Casa
En Décembre, 2014 (13:07 PM)Participer à la Discussion