Le chercheur sénégalais Cheikh Mbow préconise des recasements planifiés de populations touchées par l’érosion côtière, combinées à la mise en œuvre de "solutions naturelles comme la stabilisation des plages par les plantations d’arbres", en lieu et place de murs de protection pour lutter contre ce phénomène.
"Je crois personnellement qu’on a perdu du temps avec cette question et on fait du colmatage stérile. On sait que l’océan va envahir plusieurs sites et des cartes de vulnérabilité côtière le démontrent. Il faudra pour ma part avoir le courage de planifier des recasements avant que des désastres se produisent", a préconisé l’universitaire sénégalais, expert en télédétection et sciences de l’environnement.
"L’alerte précoce sert à préparer des réponses et anticiper les catastrophes au lieu de réagir après désastres. Pour le cas de Kayar et Saint louis, la météo avait fait une excellente prévision mais sans effet en termes de préparation", a souligné le chercheur.
Selon le chercheur, "tout en préparant les communautés à planifier une adaptation durable, il est important de prendre en compte les solutions naturelles comme la stabilisation des plages par les plantations d’arbres comme cela a été le cas pendant les années 1970 avec la légendaire bande de filaos, devenue très dégradée d’ailleurs".
‘’Je préfère cette approche à celle très couteuse des murs de protection. Des pays beaucoup plus nantis comme le Japon n’ont pas pu arrêter la mer par des murs de protection qu’on a eu tort de promouvoir au Sénégal à des prix exorbitants’’, a-t-il indiqué.
Il a dit avoir alerté quand sous le président Abdoulaye Wade, les pouvoirs publics avaient commencé à miser "des milliards de FCFA pour quelques mètres de murs de protection qui finissent par disparaitre dans les flots".
"Ces milliards peuvent servir à recaser les populations et réserver le littoral pour des activités de production qui bénéficient aux communautés locales. Tout cela nécessite une révision de la politique nationale sur le domaine littoral et la législation du domaine public maritime très loin d’ailleurs d’être appliquées au Sénégal", a indiqué Cheikh Mbow.
Il note que "l’érosion côtière est une réalité qui nous rappelle au quotidien une facette du changement climatique", notamment à Rufisque, Kayar, Guet-Ndar, Doun Baba Dièye, Djffer, principales zones touchées par cette réalité au Sénégal.
Cheikh Mbow rappelle qu’il s’agit d’un "sérieux problème qui résulte de la double action de l’élévation du niveau de la mer et des fortes houles que cela génère, mais aussi de l’effet de l’homme avec une occupation non rationalisée de l’espace".
"Malheureusement, les sites affectés par l’érosion côtière sont des villages traditionnels et de sites touristiques dont les activités sont orientées vers les ressources marines", a déploré le chercheur.
Cheikh Mbow, qui a enseigné plusioeurs années à l’Institut des sciences de l’environnement (ISE) de l’Unioversité Cheikh Anta Diop (-UCAD) de Dakar, est actuellement le directeur exécutif actuel du Programme START International, basé à Washington, aux Etats-Unis.
Il est le lauréat de l’édition 2018 du "Prix Danida Alumni", qui recompense chaque année un ancien participant au programme de bourses du même nom ayant "contribué considérablement à une transformation positive dans son pays d’origine ou dans son champ d’études".
Ce prix est décerné par le Danida Fellowship Centre, en charge des programmes d’apprentissage de courte durée, des activités de renforcement de compétences et des projets de recherche de l’Agence danoise d’assistance au développement (Danida), une institution autonome du ministère des Affaires étrangères du Danemark.
4 Commentaires
Anonyme
En Décembre, 2018 (16:49 PM)Probablement le journaliste n'a pas été à la hauteur pour retransmettre correctement les propos de ce monsieur !
1. "sérieux problème qui résulte de la double action de l’élévation du niveau de la mer et des fortes houles que cela génère, mais aussi de l’effet de l’homme avec une occupation non rationalisée de l’espace".....IL N Y A PAS DE PREUVES SCIENTIFIQUES QUAND A UNE ELEVATION DU NIVEAU DE LA MER.......ET LES HOULES NE SONT CERTAINEMENT PAS GENEREES PAR CETTE PSEUDO "ELEVATION" .......
2. "tout en préparant les communautés à planifier une adaptation durable, il est important de prendre en compte les solutions naturelles comme la stabilisation des plages par les plantations d’arbres comme cela a été le cas pendant les années 1970 avec la légendaire bande de filaos, devenue très dégradée d’ailleurs"....... LA BANDE DE FILAOS N A PAS ETE POUR STABILER LES PLAGES ..... MAIS POUR STABILISER LES DUNES BLANCHES/JAUNES DE LA ZONE DES NIAYES, DE DAKAR AU GANDIOLAIS ET UN PEU DANS ST LOUIS, CONTRE L EROSION EOLIENNE.
Et 3. Concernant les DIGUES, OU LES CAISSONS DE BLOCS DE BASALTES, ELLES SONT BELLE ET BIEN OPERATIONNELLES POUR LIMITER L ACTION DE L EROSION MARINE COTIERE. Seulement elles coûtent chères et ne sont rentables que dans le cadre d'un partenariat global avec le PRIVEE,les POPULATIONS TOUCHEES, les COMMUNES LOCALES TOUCHEES, l'ETAT, et les DONS INTERNATIONAUX.
Pour le cas de St Louis, il me semble que il n' y a que la commune de St Louis en partenariat avec l'AID du gouvernement Français, et bien sûr l'Etat du Sénégal qui y sont impliqués. Comme y impliquer les populations locales et le secteur privée ? toute la question, est là, il faut un projet technique à consolider et partager dans une démarche inclusive et participative avec les différents partenaires dans lequel chacun y trouvera son compte. J'arrête pour ne pas me faire pirater inutilement par les politiciens aventuriers en cette période pré électorale ! Mais je soumettrais cette idée de projet à la commune de St Louis pour une participation citoyenne au développement de mon pays.
Anonyme
En Décembre, 2018 (19:05 PM)Anonyme
En Décembre, 2018 (19:56 PM)Mettons en place un plan decennal de relocalisation et rasons sur une largeur de 50 metres tous les villages traditionnels atteints par les vagues sur la cote
Anonyme
En Décembre, 2018 (20:02 PM)Participer à la Discussion