Le rituel, lorsqu’on débarque à Paris, c’est la visite de la ville et on a beau avoir les pieds sur terre, on ne peut s’empêcher de se sentir happé par un monde parallèle. Le lendemain de mon arrivée, avec mon toubab, nous avons marché jusqu’à la Place Vendôme, un sanctuaire dédié au nec plus ultra, avec ses bijoutiers joailliers tels Van Cleef et Arpels, Cartier et Dior, entre autres marques, qui symbolisent le summum de l’opulence.
Après, ce fut un tour au Faubourg Saint Honoré, le temple d’Hermès, où le prix des foulards avoisine le salaire d’un fonctionnaire moyen sénégalais. Vers midi, Eric Madelin et moi avons mangé à la Place Saint Michel, avant d’aller nous promener au jardin de Luxembourg, qui est aussi enchanteur qu’un aperçu de l’Eden. On peut tout reprocher aux Blancs, sauf l’entretien de leur cadre de vie. Les dépotoirs d’ordures, les eaux sales et stagnantes, les pissotières improvisées à chaque coin de rue, sont inimaginables à Paris et on se demande quel sentiment habite les maires de nos villes africaines lorsqu’ils se baladent dans Paris.
Il en est de même pour les commerçants, on emballe aucune nourriture avec du papier sale, personne ne manipule le pain pour en vérifier le croustillant avant d’en choisir un. La propreté est un reflexe, elle est instinctive. Ceci étant dit, le même jour, j’ai aussi découvert avec mon toubab un autre visage de Paris : Pigalle, qui n’était pas éloigné de notre rue. Lorsqu’on parle de Pigalle, la pudeur interdit d’entrer dans les détails et ce qu’il faut savoir, c’est qu’il s’agit de tout un quartier dédié à la sexualité, avec des sex shop et où trône surtout une imposante bâtisse dénommée sexodrome, comme d’autres parlent d’hippodrome. Et c’est là aussi, sur cette même rue, qu’est érigé le musée de l’érotisme. Après Pigalle, c’est Barbés la cosmopolite et le marché Château rouge où plus tard, lorsque j’ai eu mes repères, j’allais acheter du tamarin et du «beugueudj» surgelé pour mon riz au poisson. Je ne m’y rendais que pour cela, parce qu’on y croise des immigrés vivant d’allocations familiales et oisifs dont le passe temps est d’aborder les Africaines dans un français débrouillé. C’est à se demander s’il n’y a pas un réseau de prostitution clandestine dans cet endroit de la ville.
De l’autre côté de Paris, là où je vivais, rien n’est traumatisant, du moins en apparence, tout porte à croire que la vie est belle et éternelle. Dans cette société, les vieillards sont relégués dans les maisons de retraite et les cimetières sont si fleuris qu’on les prend pour de simples espaces verts. Seulement, les bustes, les noms de certaines places et des hôtels comme le Ritz, rappellent ce que je nomme la tragédie des icônes. La mort surprenante qui frappe de plein fouet des jeunes femmes belles à qui tout réussissaient comme pour faire revenir dans les mémoires qu’il y a Quelqu’un qui a droit de vie et de mort sur Ses créatures, même si personne ne L’évoque et qu’on ne croit même pas en Lui. Parmi ces icônes emportées alors que personne ne s’y attendait, il y a la sublime Dalida, dont le buste érigé sur une place à Montmartre, révèle le désespoir qui peut se nicher derrière les paillettes.
Cette chanteuse et actrice hissée au rand d’idole, s’est suicidée dans sa maison, parce que ne pouvant plus supporter la vie. La jolie Dalida ne lui a pas trouvé un sens, malgré tout ce qu’elle lui a offert. Il y a aussi l’histoire de Marie Trintignant, une autre femme issue d’une célèbre famille d’artistes, que son compagnon, un artiste estimé par le public, a battu à mort un certain soir, à cause d’une histoire de jalousie. A la place Vendôme, la même qui fait rêver, avec ses enseignes, le souvenir de Lady Diana plane à l’hôtel Ritz et les circonstances de son accident alimentent encore la polémique. A Paris, il n’y a pas que Louis Vuitton, Cartier et Chanel. A Paris, il n’y a pas que des jeunes gens qui rigolent sur les terrasses des cafés. A Paris, l’ange de la mort s’invite aussi, mais même avec cela, on oublie Dieu. A Paris, on a les cheveux longs et les idées courtes, pour paraphraser Schopenhauer.
15 Commentaires
Kheuweul
En Novembre, 2013 (19:04 PM)Kocc
En Novembre, 2013 (19:23 PM)Soyez Serieux
En Novembre, 2013 (19:36 PM)Mane
En Novembre, 2013 (20:00 PM)Avocat
En Novembre, 2013 (20:00 PM)On se croirait lire un roman littéraire. Je vous conseille d'en faire un Roman!!!
Gal Gal
En Novembre, 2013 (21:49 PM)Mais venir nous faire un copie-collé sur paris vraiment tu es tombée très bas
Racontes nous la vie de cette célibataire de 40 ans qui nous fait rigoler
Aw
En Novembre, 2013 (22:35 PM)Titen
En Novembre, 2013 (00:50 AM)Gnil
En Novembre, 2013 (01:26 AM)Barra
En Novembre, 2013 (03:56 AM)Tiscali
En Novembre, 2013 (08:52 AM)Tout est déjà dit....
Tiscali
En Novembre, 2013 (09:13 AM)Tout est déjà dit....
Dr.house
En Novembre, 2013 (10:17 AM)Pelé
En Novembre, 2013 (16:22 PM)Esprit_léger
En Novembre, 2013 (19:08 PM)Propreté et gestion des déchets à Paris hier et aujourd'hui
Par Bassana Richard FOROT
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