L’essence du travail

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L’essence du travail

 

L’humanité est un projet qui se réalise dans un processus historique. Autrement dit, l’humanité n’est pas donnée, elle se construit à travers l’action. Le travail humain est un moment de transition vers l’humanité. En travaillant l’homme se perfectionne et en même temps fait sa dignité humaine. La seule chose qui nous différencie des animaux est, selon Marx, notre travail, (cf. Manuscrits de 1844). Le travail humain permet, dans son essence, l’humanisation de l’homme. L’homme n’est, en effet, devenu civilisé que par son travail sur la nature qu’il transforme à son image, en lui imprimant sa volonté. Engels disait, en ce sens, que le travail « est la condition fondamentale première de toute vie humaine, et il l’est à un point tel que, dans un certain sens, il nous fait dire : le travail a créé l’homme lui-même[1]. »

 

Le travail est créateur de culture et donc de valeur. En travaillant, l’homme sort de son animalité et devient un être culturel ; la culture est ce que l’individu a de spécifique, c’est ce qui constitue sa valeur au sein de la société. D’autre part, le produit du travail est une valeur matérielle. Dans son étude de la marchandise, Karl Marx distingue deux types de valeur : la valeur d’usage et la valeur d’échange. La première corresponde à l’utilité du produit (déterminé par ses propriétés) et la seconde valeur corresponde à la quantité de produit qu’elle représente lorsque l’on veut l’échanger. (Par exemple 2 bananes égales à une orange ou à 300f.)

 

Ainsi, le travail est dit humain lorsqu’il est effectué en vue de sa valeur d’usage, c’est-à-dire lorsqu’il permet la satisfaction des besoins les plus humains de l’homme. Au cas contraire, le travail devient un cauchemar pour l’homme. Il devient une aliénation comme l’avait constaté Marx au XIXe siècle. L’ouvrier travail mais il ne gagne pas ; il produit mais il ne possède pas de produits. Le salaire ne récompense pas la valeur du travail de l’employé, il ne représente que le nécessaire permettant de satisfaire les besoins animaux de l’homme (manger, boire, se loger.)

 

La journée du premier mai est un moving day permettant de revendiquer l’émancipation des conditions de travail des ouvriers/employés. Au Sénégal, précisément, les ouvriers travaillent dans des conditions misérables parce que tout simplement les employeurs ne pensent pas à ce que Baay Pène appelle « mujje ». Des milliers de personnes sont exploités, sans remords, par un seul homme ou un petit nombre d’individus, des rémunérations injustes et illégales. Cette exploitation de l’homme par1 l’homme doit être combattue et abolie dans nos sociétés. Le premier mai commémore la journée de manifestation des syndicats des ouvriers pour l’amélioration de la condition du travail. Donc c’est l’occasion, aujourd’hui, pour tous les ouvriers et employés sénégalais qui souffrent dans leurs lieux de travail, de se faire entendre et de revendiquer ce qui leur revient de droit. C’est aussi l’occasion d’attester un grand hommage à notre cher Baay Omar Pène, un porteur de voix. Sa voix est la voix des ouvriers sans voix ("mujje", métier, le chômeur, etc.) Bref, un vrai Marx de notre époque.

 

Ibrahima DIALLO, maitre es philosophie contemporain, UCAD.

 

 


[1] F. Engels, le rôle du travail dans la transformation du singe à l’homme, œuvres choisies, p. 66.


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